Les personnages ne m'appartiennent pas! Enfin pas tous.

Bonne lecture!


Chapitre 1

Le numéro 5521 de l'Hudson Street était une maison récente qui avait été construite avec goût et raffinement. Avant, il n'y avait sur ce terrain rien que des mauvaises herbes et des champignons. De la boue, quelques bouteilles de bière que les jeunes du quartier avaient probablement égaré durant une soirée.

Le 5521 originel avait été détruite dans les débuts du vingtième siècle car trois meurtres à intervalles de dix ans y avaient été commis. Des familles entières déchirées s'étaient enfuis de chez eux, laissant la maison à l'abandon ou la revendant pour une bouchée de pain. Cette histoire avait pris racine et quiconque parlait de la maison 5521 savait ce qu'elle représentait dans ce petit quartier pavillonnaire. On en avait conclus que c'était le nombre 5521 qui portait malheur :

5+5= 10 et 2+1= 3 - 10+3= 13

Ou encore :

55-21= 34. 34-5=29. 29-5= 24. 24/2= 12. 12+1= 13

Ou :

5+2=7. 5+1=6. 7+6= 13

Voilà ce qui avait été gravé sur la plaque « à vendre » qui trônait au beau milieu des herbes montantes.

Malgré tout cela, un jour, une jeune femme était venue voir ce terrain et on l'avait vu serrer la main du promoteur, un pâle sourire au bord des lèvres.

Quelques mois plus tard, une performance pour des ouvriers du bâtiment, il s'avère, qu'au milieu des pavillons, la bâtisse se faisait palace. L'allée qui permettait d'accéder au garage était recouverte d'un revêtement noir pailleté, les colonnes qui entouraient le porche semblaient immaculées et leur blancheur ressortait tellement lorsqu'il y avait du soleil que les passants devaient se cacher les yeux. Le reste de la maison était cachée par des arbres mais on pouvait, si on se penchait un peu, apercevoir des fenêtres avec des vitraux en hauteur.

On savait peu de chose sur la nouvelle habitante, elle ne venait pas aux fêtes de voisinage et partait à des heures impossibles. Personne n'avait vraiment pu lui parler, même pour lui dire un simple bonjour.

Ce matin-là, une voiture grise s'avança devant le portail aux grilles en fer forgée et les lourds battants s'ouvrirent afin de laisser pénétrer le visiteur. Un rouquin aux yeux d'un bleu pâle descendit de la voiture et regarda le joli terrain qui s'étendait autour de la maison. Puis, il fit volte-face et se dirigea vers la porte d'entrée. Son amie vint lui ouvrir et il la prit chaleureusement dans les bras.

-Wow ! Je m'attendais à ce qu'une servante ou quelque chose comme ça vienne m'ouvrir ! plaisanta-t-il en se reculant.

Elle sourit faiblement et referma doucement la porte.

-Tu n'étais jamais venu ? demanda-t-elle par convention.

Tous les deux savaient pertinemment qu'il n'était jamais venu parce qu'à part elle, il n'y avait pas grand monde qui pouvait passer cette porte. Elle avait besoin de se construire un havre de paix et de silence cette maison y ressemblait.

Il hocha la tête et entreprit de la renseigner sur le pourquoi de sa visite.

-Hey, je sais que… tu es en vacances mais j'ai vraiment besoin que tu jettes un œil sur ce dossier… C'est un cas que tu as suivie il y a cinq ans mais il se pourrait qu'une chirurgie soit possible très bientôt.

Elle prit le dossier entre les mains et opina silencieusement. Il ne dit plus rien et la fixa intensément. Elle avait tellement changé… ce n'était plus la même. Il ne savait plus comment se comporter face à elle, elle le rendait nerveux et bien souvent, il se retrouvait à sourire bêtement, gêné. Comme en ce moment.

Elle le détailla avec son regard glacial et déclara :

-Je le regarderai plus tard, pour l'instant… je suis un peu occupée Owen.

-Ah… dit-il en jetant un regard vers la cuisine dans laquelle il entendait du mouvement.

-Je… ne vais pas te retenir, dit-elle en ouvrant la porte.

Il se retrouva dehors avec son sourire contraint et les bras qui bougeaient dans tous les sens. Il ne savait pas où les mettre pour avoir une contenance. Il remonta dans la voiture et quitta le 5521.

Cela faisait trois ans maintenant. Trois longues années qu'elle était dans cet état. Elle était devenue l'ombre d'elle-même. Il avait pu lire la chute de sa personne dans ses yeux. Il l'avait vu se produire, devant lui : la chute d'Arizona Robins.

Les gyrophares projetaient une lumière agressive autour d'eux. Certaine sirène émettait quelques bips lancinants et les banderoles jaunes étaient secouées par le vent.

Arizona sortit de la voiture comme une furie mais elle fut rattrapée par deux bras puissants. Ceux de Dereck Sheperd. Il la serrait contre lui de toutes ses forces et elle se débattait comme un diable. Il lui hurlait quelque chose qu'elle perçut mal. Il la retourna face à lui.

-Arizona ! Attends ! Ils ne savent pas si c'est elle ! Ils ne savent même pas s'il y a vraiment un corps !

-Dereck ! il y a un légiste !

-Ce n'est peut-être pas elle !

Mary Taylor remonta du fossé dans lequel l'équipe de recherche travaillait. Elle regarda la chirurgienne et ferma les yeux quelques secondes afin de trouver le courage d'aller vers elle avec la chaussure et le bracelet. Ils étaient soigneusement enfermés dans des sacs plastiques. Elle s'avança vers le groupe de chirurgiens. Elle les connaissait tous pour les avoir rencontré durant l'enquête. Meredith, Dereck, Owen. Il manquait les autres mais ils arriveraient plus tard, elle aurait pu le parier.

-Mary ! Appela Arizona en la fixant avec des grands yeux pleins de larmes. Elle avait déjà vu ce regard des millions de fois, mais à chaque fois, elle se sentait prise de vertiges. Ce regard comportait tant de supplication, il implorait une bonne nouvelle, un mot qui aurait pu faire une fin heureuse.

Elle s'avança jusqu'au cordon jaune et soupira.

-Arizona, on a trouvé un corps et…

-Non…

-…j'ai amené quelques objets, et… j'ai besoin de savoir si vous les reconnaissez. Vous êtes prête ? demanda Mary en restant derrière le cordon de sécurité.

Arizona se détacha du petit groupe et se teint droite face à l'enquêtrice. Cette dernière sortit doucement la chaussure et la donna à Arizona.

La chirurgienne agrippa le sac plastique et sentit quelque chose tomber dans son ventre. Elle releva les yeux vers Mary et déclara :

-Ca doit être quelqu'un d'autre, une chaussure ne prouve rien…

-Il y a aussi ce bracelet, informa l'enquêtrice en tendant le second sac.

Sans prévenir, les genoux d'Arizona se dérobèrent sous elle. Une voiture arriva et Callie et Mark en sortirent. Un cri les avertit celui d'Arizona. Ils la virent, à genoux, les mains plaquées contre le sol. Dereck s'était assis à côté d'elle et il tenait la tête blonde contre lui. Il avait l'air bouleversé et faisait tout pour ne pas s'effondrer. Mary Taylor était accroupie et présentait ses condoléances à la jeune femme.

Mark courut vers le cordon de sécurité et voulu le passer mais Owen l'en empêcha.

-Ce n'est pas elle ?! Ce n'est pas elle !? Implora-t-il.

-Si… c'est elle… Mark.

Callie resta de marbre et rejoignit sa femme. Meredith lui expliqua qu'un corps avait été retrouvé. Qu'Arizona l'avait identifié.

-C'est impossible. Déclara-t-elle simplement.

-Callie, c'est certain, c'est bien elle.

-Non, je le saurai si elle était morte !

Meredith dû la faire assoir et elle lui expliqua encore.

Au loin, Arizona se releva et fonça sur sa femme.

-C'est de ta faute ! C'est de ta faute ! Tu ne l'as pas protégé ! C'est notre fille Callie ! C'est Sofia ! Tu as laissé ce malade s'en prendre à elle ! C'est… de … ta faute !

-C'est… Sophia ? demanda Calliope en saisissant sa femme par les épaules.

La blonde poussa un grand cri. Elle n'aurait pas pu décrire ce qu'elle ressentait. Elle avait l'impression qu'une force monstrueuse lui appuyait sur la poitrine, les épaules. Qu'un couteau lui cisaillait l'intérieur et qu'elle avait une masse dans le crâne.

Arizona fit passer la lame du couteau dans le rouge de la viande et piqua le morceau avec sa fourchette.

Aly lui attrapa le poignet et le dirigea vers sa propre bouche. Elle chipa le bout de viande du bout des dents et l'engloutit rapidement. La chirurgienne vint coller sa bouche contre celle d'Aly afin de sentir le gout du mets qu'elle venait de préparer.

-Qu'est-ce que c'est bon ! susurra Aly en relâchant son emprise.

-Tu parles de mon plat ou de mon baiser.

Après quelques secondes de réflexion, Aly étira sa bouche en un sourire et déclara :

-Les deux !

-Bonne réponse.

-Qu'est-ce que c'est que ce dossier ? demanda Aly en grimpant aisément sur le comptoir.

-Je ne sais pas, je ne l'ai pas encore ouvert !

-Whoo… Ca c'est un nom peu commun… Harry Porty. Ca ressemble au nom de ce gamin magicien… Arizona ? Qu'est-ce qu'il y a ? Tu es toute blanche.

-Donne-moi ce dossier !

Arizona n'en revenait pas. Ce cas était celui de Calliope et elle, il y a cinq ans. Elle se mordit les lèvres et sentit son pouls s'accélérer. Le repas allait encore être écourté. Elle sortit son téléphone et composa le numéro de Mark Sloan.

-Arizona, qu'est-ce que tu fais ? demanda Aly en arrêtant de jouer avec ses boucles brunes. Ses sourcils se froncèrent et elle descendit de son perchoir.

-Arizona ! Plus de non-dit ! rappela-t-elle en lui caressant doucement l'épaule.

-Ce n'est pas un non-dit, je dois appeler Mark pour ce cas ! C'est important.

-Ca peut sans doute attendre demain ! C'est ton jour de repos et tu as promis de le passer avec moi pour une fois ! Je te rappelle ce qu'à dit le psy…

-Ne le met pas au centre de toutes nos discussions ! intima Arizona entre ses dents.

-Ce n'est pas le cas mais j'aimerais que pour une fois, on passe cette journée toutes les deux !

Un duel silencieux commença entre les deux jeunes femmes. Aly gagna finalement.

-D'accord !

Arizona reposa le dossier et embrassa le cou d'Aly.

-Whoo… qu'est-ce que tu fais ? demanda la brune en souriant largement.

-Si on sautait le déjeuner ?

Aly s'éloigna et courut jusque dans la chambre. Sa joie de vivre apaisait le cœur d'Arizona et elle pouvait lui faire l'amour durant des heures car ses cris étouffés et ses gestes affolés lui donnaient une candeur nouvelle à chaque fois. Elle avait l'impression que tout était nouveau encore et encore.

Aly venait de s'endormir sur le côté, sa nudité dissimulée par le drap pourpre. Arizona se hissa hors du lit et récupéra son téléphone dans son pantalon jeté négligemment au sol. Elle descendit dans la cuisine et composa le numéro de Mark.

-Allo ?

-C'est Arizona, tu as eu le dossier ?

-Oui… on dirait bien qu'elle va revenir…


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