Tout était froid. Si froid... en réalité, il faisait même si froid qu'il devenait difficile de même ressentir le froid. Petite Écume se sentait dériver au milieu de tout ce froid, se demandant pourquoi la neige devait être aussi froide, pourquoi il devait y avoir autant de vent, et pourquoi elle ne pouvait pas simplement être au chaud sur son lit de mousse à la maison.
Pourquoi Maman les avait-elle amenés ici ? Le froid ne la dérangeait-elle pas ?
Peu importe la force avec laquelle la petite femelle se pressait contre le ventre maternel, le froid ne partait pas. Il l'endormait, sournois, et elle ne savait lutter.
Après tout, peut-être se réveillerait-elle dans la pouponnière si elle s'endormait maintenant.
Elle renonça, et laissa ses paupières lourdes se fermer.
Puis, elle fut réveillée de nouveau.
Le froid était parti. Elle ne sentait plus le vent contre sa fourrure et la faim ne torturait plus son estomac. Était-elle de retour au camp ? Elle se leva, lentement, ses yeux soudain aveuglés par une lumière étrange et brillante, et fit quelques pas mal assurés. Elle cligna des yeux plusieurs fois, la lumière se dissipant, et réalisa qu'elle était toujours au milieu du vent et de la neige. Mais ses petites pattes ne s'enfonçaient plus dans la poudre blanche et le vent ne la ballottait plus dans tous les sens.
Puis, elle leva les yeux et vit devant elle un nouvel individu, qui lui était inconnu. Il s'agissait d'une femelle blanche, le bout de ses oreilles sombres et ses yeux brillant comme si des centaines d'étoiles les parsemaient. Son entière silhouette semblait briller de même, auréolée de lumière comme Petite Écume n'en avait jamais vu auparavant.
La nouvelle venue pencha la tête et un doux sourire se dessina sur son visage.
"Viens", murmura t-elle, et sa voix sembla résonner dans toute la forêt.
Puis elle pivota avec grâce et s'engagea d'un pas presque flottant en direction des rochers enneigés. La chatonne s'empressa de suivre, réalisant alors qu'elle courait qu'elle se sentait plus légère que jamais auparavant. Ses foulées étaient souples et ses pattes ne s'enfonçaient plus dans la neige. En regardant ces dernières, Petite Écume réalisa qu'elles brillaient comme celle de la mystérieuse inconnue.
Elle se sentait libre comme l'air. Elle avait une soudaine envie de rire, de se rouler dans la neige, de laisser libre cours à une joie envahissante. Mais une inquiétude occupait son esprit.
Elle s'arrêta et regarda en arrière, sa nouvelle amie s'arrêtant à son côté pour observer. Là, la petite femelle grise et blanche vit sa famille, lutter contre le vent et la neige. Eux n'étaient pas lumineux et semblaient toujours souffrir. Petite Écume ne comprit pas pourquoi ils ne les suivaient pas.
Sa mère tourna alors la tête et regarda directement sa fille perdue et sa guide. Les yeux de la guerrière étaient trempés de larmes et pleins de désespoir. Ses deux autres petits, eux, semblaient trop préoccupés par le simple fait de rester debout pour regarder. Petite Écume leva de nouveau les yeux vers la femelle blanche.
"Ils ne viennent pas avec nous ?"
"Leur heure viendra, mais ils n'est pas encore temps pour eux de nous rejoindre", répondit la femelle avec douceur. "Mais si tu me suis, tu pourras veiller sur eux depuis les étoiles - et un jour, ils t'y rejoindront."
"Nous allons dans les étoiles ?" s'exclama Petite Écume, fascinée.
L'autre sourit, puis pivota de nouveau et reprit sa course. La chatonne réalisa que la magnifique lumière qu'elle avait vu plus tôt était revenue, et qu'elle venait d'engloutir sa nouvelle amie.
Alors Petite Écume sourit, et s'y élança à son tour.
