Dans une pièce d'un sombre manoir glacé, une lumière éclaire le fond de ce petit salon

1ere fois

Dans une pièce d'un sombre manoir glacé, une lumière éclaire le fond de ce petit salon. On peut y voir deux petites filles, d'âges différents. D'un premier abord, elles ne se ressemblent absolument pas mais, après quelques minutes d'observation, la ressemblance prend forme. Ce n'est par exemple, si fier, si droit. Cette peau, si blanche qui semble briller à l'éclat de la bougie. Il n'y avait aucun doute, ces deux petites faisaient partie de la même famille.

La plus âgée, avait de longs cheveux bruns, bouclés, ses yeux étaient couleur chocolat, assortis à sa chevelure. Elle portait une robe noire, en soie, toute simple avec des attaches de nacre, ce qui allait pour le mieux à la fillette. Elle avait un beau visage, avec ses sourcils bien dessinés, ses pommettes hautes et ses fossettes qui semblaient ne pas vouloir quitter ses joues. Assise sur une chaise, ses pieds se balançant dans le vide en frappant régulièrement sur le pied de la table, elle écrivait. Enfin, elle essayait, d'écrire. Sa main maladroite représentait des petites voyelles tremblotantes, mais c'était plutôt bien pour une petite fille de cinq ans. Tout en s'exerçant, elle parlait joyeusement, racontant tout et rien, sans même se préoccupé si quelqu'un trouvait son jacassement incessant intéressant, ou si quelqu'un se donnait la peine de l'écouter.

Sa petite sœur, elle, était assise sur le tapis. Elle avait trois ans, peut-être plus, peut-être moins. Ses longs cheveux blonds soyeux et brillants étaient retenus par une natte qui se terminait par un joli ruban de soie bleu clair, assortit à ses yeux et à sa robe couverte d'arabesques argentées. Elle jouait avec une petite poupée de chiffon, hideuse, sale et vieille, habillée d'un espèce de chiffon grisâtre, mais le cœur n'y était pas. Si seulement elle avait le droit de jouer à autre chose que cette vulgaire poupée qui avait traversée des siècles et des siècles !!

Elle se redressa et se dirigea vers la table où son aînée continuait d'écrire et de parler. Elle atteignit l'opposé de sa sœur et admira les crayons de couleurs. Ils étaient magnifiques. Classés de tel sorte à faire un espèces de dégradé, il y avait du vert, du bleu, du violet, du rose, du beige, du jaune, du orange, du rouge et, bien sûr, du noir et du blanc. Elle les caressa en sachant qu'elle n'avait pas le droit de les toucher. Elle s'attendait à des représailles de la part de sa sœur mais celle-ci avait levé la tête, s'interrompant dans son monologue, et la regardait sans rien dire. Elle se leva et ouvrit une très vieille armoire d'où elle sortit un parchemin qu'elle tendit à sa petite sœur.

Celle-ci s'en empara et, tirant une chaise, s'attabla aux côtés de sa sœur. Elle regarda longuement les crayons avant d'en choisir un, le bleu, pour dessiner un trai. Elle prit tous les crayons, un a un, reproduisant le dégradé qu'il y avait en face d'elle. Elle prenait bien soin de les reposer là où elle les avait prit et, quand elle eut finit, elle montra fièrement son œuvre à sa grande sœur. Celle-ci sourit en hochant la tête.

FIN