Ce sera une narration Mamoru/Kenta tour à tour.

Uta no oni-san deluxe

« Que vous soyez nés, les enfants, dans une telle époque, je me sentais désolé pour vous. Seulement, j'avais tord. C'est parce que nous sommes nés à une telle époque que l'on doit changer. »

J'ai encore ces paroles de Kenta-kun dans la tête. On a du mal croire que ce type est devenu Uta no onii-san par erreur quand on le voit aujourd'hui. Il en est devenu l'incarnation parfaite. Ça me tue de l'admettre mais j'ai appris à mettre ma fierté de côté. Il est ce qu'il est et mérite d'être ce qu'il est. Après tout, je l'avais mal jugé au début. Je trouvais que c'était injuste qu'un type aussi mal élevé attire plus l'attention que moi et ait plus de fans. Je ne l'ai jamais vraiment détesté, je l'enviais, c'est surtout ça. Et je pensais que ce n'était que de la chance mêlé à cette injustice, que le monde ne récompensait que ceux qui ne le méritent et qu'importent notre dur labeur... on y gagnait rien en retour. Pourtant, il avait traversé de grosses difficultés lui aussi. A ce moment-là, je m'étais rendu compte à quel point j'avais été stupide et à quel point mes paroles et mes actions avaient du être blessantes pour lui. C'est pour cette raison que j'ai pleuré, aussi bien pour m'excuser de ma bêtise, que pour Kenta-kun que j'avais mal jugé...

Kenta-kun, Kenta-kun... Je suis content de pouvoir l'appeler par son prénom. C'est quelque chose qui est arrivé naturellement environ un mois après le début « Chantons tous ensemble Deluxe ! ». Je ne sais pas pourquoi, je ne l'ai pas appelé Yano-kun au cours d'une des pauses d'un de nos tournages. Je ne m'en étais rendu compte qu'une fois qu'on allait reprendre le tournage. J'en ai parlé discrètement à Kenta-kun d'un air gêné car c'était malpoli de l'appeler par son prénom sans son consentement, mais il a juste haussé les épaules en marmonnant un « Fais comme tu veux ! ». Par contre, je n'ose pas omettre le « - kun », ce serait trop embarrassant. Ce n'est pas le cas pour lui ! Comme on pourrait s'y attendre de sa part, il ne met pas de suffixe quand il m'appelle « Mamoru » et ça ne le dérange pas du tout. Il m'appelle comme ça pratiquement depuis notre première rencontre. Ça m'est égal, je ne suis pas très difficile sur les convenances. Si un ou une collègue veut m'appeler par mon prénom, ça ne me dérange pas. Je me serais quand même attendu à ce qu'il me demande mon avis d'abord. Seulement, Kenta-kun n'est pas du genre à agir ainsi. On s'est vraiment rapproché davantage depuis cette nouvelle version de l'émission, à moins que ce ne fut plus tôt ? Depuis notre petite bagarre par exemple ? Très franchement, je ne sais pas et ça n'a pas d'importance. Y voyant désormais un signe de notre grande amitié, je souris intérieurement à chaque fois qu'il prononce mon prénom. Je suis content de ce lien que je partage avec lui, ainsi qu'avec Urarara-san.

Elle est très mignonne. En tout cas, Kenta-kun avons pu constater que son comportement de... méchante fille était seulement du à la présence de Himuro-san. Elle voulait se trouver sous le feu des projecteurs et s'était rallié au prince afin d'attirer l'attention. Elle n'avait pas besoin d'agir de la sorte. Elle le sait maintenant, elle n'a qu'à être elle-même et c'est suffisant. Elle a ses manières de princesse de temps à autre, mais elles ne sont pas moins gênantes que le comportement habituel de Kenta-kun, bien qu'il se soit calmé plus ou moins, petit à petit, en aimant ce métier de Uta no onii-san.

J'aime ce métier, j'aime chanter et danser, j'aime Kenta-kun et Urara-san, j'aime l'émission « Chantons tous ensemble Deluxe ! ».

« Oiii ! Mamoru, tu rêves ? »

Je cligne des yeux en voyant une main secoué devant moi. Ahhh... j'aurais pu mieux choisir mon moment pour rêvasser, on était en pleine prise...

Ehhhh ? Pourquoi j'ai l'impression d'avoir entendu la foudre frapper alors qu'on est dans un bâtiment ? Oh... c'est juste Urara-san qui est en colère.

« Mamoru-kun ! Ce n'est pas le moment d'être dans la lune ! On travaille ! »

Elle se met soudainement à prendre une pose dramatique par terre comme si elle allait mourir. J'ai à nouveau une impression bizarre. On dirait qu'on assiste à la fin du film Titanic, avec la musique en fond sonore. J'ai l'impression de l'entendre surtout avec la pièce qui s'assombrit et une seule lumière qui se se pose sur elle.

« Certes, ça fait presque six mois que « Chantons tous ensemble ! » est revenu dans cette nouvelle version. Toutefois ! Il ne faut pas oublier que nous sommes en danger permanent, et que la fin vécue par la dernière émission pourrait se reproduire pour celle-ci également. Il est donc important que l'on travaille correctement et mieux qu'avant afin d'éviter de revivre cette expérience. »

Ah, les lumières et le son sont revenus à la normale. On a droit à des sermons presque toutes les semaines. Comme toujours, Kenta-kun est blasé en l'écoutant et ne le cache pas. Moi je l'écoute en souriant normalement. Elle ne dit que des choses évidentes, que tout le monde sait, néanmoins, une petite piqure de rappel de temps en temps ne fait jamais de mal. De cette façon on n'oublie jamais de donner son maximum pour satisfaire notre public d'enfants ainsi que le personnel.

Avant de reprendre le tournage, je jette un regard à mon collègue devenu mon meilleur ami avec le temps. Je sais qu'il m'aime bien lui aussi même si moi je l'aime un peu plus que je ne le devrai. Je préfère garder ces pensées pour moi. Je ne peux en parler à personne. Je vois Kenta-kun différemment depuis cette soirée pour fêter les 1 mois de la nouvelle version de l'émission. Non non non, je secoue la tête violemment, je dois me concentrer sur le tournage, je repenserai à cette histoire plus tard.

[center]*~*~*~*~* [/center]

Yahhhhh ! Je sautille le long du chemin me ramenant à la loge, en compagnie de Kenta-kun. Je lui fais part de mes impressions sur le tournage qu'on vient de terminer, de la façon dont je pense m'être débrouillé, de la façon dont je pense dont il s'est débrouillé, du fait que je me sois bien amusé, et je lui demande comment il a trouvé le tournage... Ce fut un autre des nombreux changements qu'a connu Kenta-kun, il a appris à répondre normalement autrement que par des plaintes ou des phrases de moins de cinq mots. On est loin encore d'avoir de vraies discussions comme entre deux potes... non, c'est faux. C'est une conception qui peut changer selon les points de vues. Et moi, je suis satisfait des conversations que j'ai avec Kenta-kun. Je le vois d'ailleurs sourire en me parlant, son sourire... il a son histoire ou tout du moins, une histoire particulière.

Je ne doute pas qu'il lui arrivait de sourire avant de se faire larguer par les membres de son groupe et par sa copine en même temps, mais en tout cas c'est certain, cette expérience lui avait fait perdre son sourire. Il ne parvenait plus à sourire, ne serait qu'un simple sourire de convenance. C'était vraiment triste, parfois effrayant. Quand on lui demandait d'en afficher un, il montrait une tête qui ferait peur à son propre reflet. Moi, je n'ai jamais eu aucun mal à sourire. C'était comme une seconde nature chez moi, une chose parfaitement naturelle. Je souris sans réfléchir et ça fait plaisir donc ça ne me donne que plus envie de sourire encore. J'espère que Kenta-kun a acquis un minimum de cet état d'esprit, en réalité, j'en suis convaincu.

Arrivés à la loge, on se change pour remettre nos vêtements normaux. Et à nouveau, quand Kenta-kun enlève son maillot pour mettre le sien, je profite discrètement de la vue qui s'offre à moi. C'est mal... c'est très mal d'avoir de telles pensées pour un collègue de travail qui plus est son meilleur ami... Je n'y peux rien, je ne peux pas m'en empêcher, c'est trop tentant et beaucoup trop agréable. Il n'est pourtant pas l'homme le plus musclé du monde, cependant, il n'est pas le moins musclé non plus.

« Mamoru, tu peux me passer mon maillot s'il te plaît ?

- Bien sûr. »

Il se trouve sur la chaise à côté de moi. Je le prends et le lui donne dans les mains sans me presser, voulant retarder un maximum ou son corps sera recouvert par son maillot et que je ne puisse l'avoir de nouveau sous les yeux que lors du prochain tournage pour notre émission. Du coup je suis presque en mode pause, à le regarder. Par conséquent, mon ami me regarde bizarrement et je sors la première explication qui me vient à l'esprit d'un air heureux et gêné.

« Je ne réalise pas encore la chance que l'on a de pouvoir continuer à être l'Uta no onii-san.

- Ça fait déjà un bout de temps que l'émission a repris, il serait temps ! »

Je rigole sans réfléchir. Sa répartie est amusante, je ne suis pas sûr qu'il s'en rende compte. Il termine de se rhabiller avant de partir en me saluant rapidement et moi je reste un peu gaga sur place. Je devrais vraiment apprendre à me calmer ou à maîtriser mes émotions, autrement quelqu'un finira par se rendre compte de quelque chose et puisque pour l'Uta no onii-san les histoires de cœur sont interdites...