Disclaimer : Albator et Warius appartiennent à leur créateur M. Leiji Matsumoto
Les autres sont à moi
1.
Songeur, Alérian fixait sans vraiment la voir la mer d'étoiles qui défilait derrière la baie vitrée de la passerelle de la Flamboyante.
Nymiel se rapprocha.
- Du souci, Alie ?
- Oui, bien sûr ! se récria le jeune homme à la crinière d'acajou où tranchait la mèche blanche qui pointait à hauteur de sa tempe gauche. Nous allons à l'inconnu et un de mes meilleurs amis est prisonniers d'horreurs sans nom !
- Tu étais pourtant parti vers ma Ruche Originelle, remarqua le colossal Ergul. Ça t'a permis de nous découvrir, de nous comprendre…
- Et d'un jour trouver le moyen d'anéantir le gros de vos forces, compléta Alérian en se tordant machinalement les mains. J'espère qu'il en sera de même cette fois-ci, bien que j'ignore aussi sur quoi je vais tomber… Toshiro doit m'envoyer les enregistrements de mon père avant la fin de la journée.
Alérian soupira, respirant lentement et profondément pour retrouver son contrôle.
- Tu m'aides, Nymiel, mais je ne peux pas te promettre de pouvoir veiller sur ton Drakkar et ton petit équipage, avoua-t-il alors tout de go.
- Comme si tu n'avais pas étudié les Drakkars sous toutes les coutures depuis le temps où les miens ont envahi tes mondes !
- Ta Flamboyante n'a plus grand-chose avec les Drakkars d'il y a plus de dix ans ! Tout comme mon Firestarter n'est en rien comparable aux Destroyers habituels de la Flotte de Warius… Des vaisseaux neufs, jeunes, et presque expérimentaux encore… S'il faut se battre, nous n'y arriverons pas, Nymiel…
- Pour le combat, je peux esquiver. Toi, ne songe qu'à la mission de sauvetage que tu t'es fixée en premier lieu.
Le jeune homme se leva, secouant la tête de façon négative.
- Warius le prétendrait haut et fort s'il était là : ce n'est pas lui la priorité mais la mission justement ! J'ai à le rejoindre, ensuite tout ne sera qu'improvisation.
- Je te laisse libre. Dis-moi juste le moment venu en quoi je peux t'aider, mon ami ?
- J'essayerai.
- Où vas-tu ? lança l'Ergul alors que le jeune homme se dirigeait vers les portes de la passerelle.
- Manger. J'ai l'estomac dans les talons !
- Ne pille pas les réserves, le voyage de retour pourrait être long si les investigations dans le monde des Ghéoriens se prolongeaient !
- Si nous avons un voyage de retour…
Allongé sur le matelas bourré de boules de feuilles de céréales, Alérian tâchait de prendre du repos, sachant que le moment venu il n'aurait sans doute guère le temps de souffler entre la collecte de renseignement et ses efforts pour extraire son amiral du piège où il s'était volontairement plongé.
« Quelle folie, Warius. Même moi, je n'aurais pas eu une idée aussi tordue ! En fait, quoi qu'il ait été prétendu durant tant d'années, tu n'es pas un rat de bureaux, tu es la pire tête brûlée qui soit ! Tu as le sens du devoir chevillé au corps. Quelle que soit la façon dont cette histoire se termine, nous ne pouvons que nous incliner profondément devant ton courage et ton abnégation ! ».
Le jeune homme se redressa, tournant comme un lion en cage, ne s'arrêtant que pour se verser un verre de grenadine et le vider en quelques gorgées.
« Pourquoi les Erguls ne boivent-ils pas d'alcool et n'ont-ils en guise de boisson forte qu'un horrible truc qui ne goûte que le foin ? ».
Alérian s'assit sur l'accoudoir du canapé du salon de son appartement sur le Drakkar.
« J'ai tellement peur de ce qui nous attend… Et pourtant c'est contradictoire quand on considère l'apparence physique des Ghéoriens que j'ai vu sur les enregistrements de mon père : aussi petits et ronds que les Erguls étaient gigantesques et imposants ! Mais je sais parfaitement qu'il ne faut pas s'arrêter à leur aspect un peu rigolo, ils ont prouvé qu'ils sont autant des conquérants impitoyables que ne l'étaient les Erguls à l'époque ! Oh non, ces Ghéoriens sont sans nul doute pire encore que mes alliés d'aujourd'hui, enfin la poignée de ceux aux ordres de Nymiel ! Nous sommes si peu nombreux et je fonce à mon tour droit dans la gueule de ces rondouillards Ghéoriens ! ».
Passant dans la salle de bain, le jeune homme se passa de l'eau fraîche sur le visage et la nuque.
« Pourquoi mon intuition me souffle que c'est là la pire mission suicide dans laquelle je me sois lancé depuis mes premiers galons ? Tu es foutu, Alie, et voilà tout ! Tu n'as aucune chance de t'en sortir ! ».
Alérian serra les poings.
« Et pourtant, j'ai à réussir, c'est aussi simple que cela, un point c'est tout ! ».
