Sombre facette.

Chapitre 1 : Kidnapping.

Je peste en serrant les dents, ma voiture lancée à vive allure. Bordel, ce qu'ils peuvent être chiants, ces agents du FBI ! Je rage à cause d'une erreur de Vodka. Quel con, celui-là ! M'appeler alors que j'étais en pleine mission ! Ça a réveillé le gosse que je devais enlever, et les parents ont appelé les flics. Et bien sûr, fallait qu'une voiture du FBI soit dans le coin !

Comment ça a commencé ? C'est simple ! Un homme assez riche et ayant de bonnes relations se mêlait un peu trop des affaires du syndicat. Ano Kata aurait pu le flinguer, mais ce gars avait des données assez compromettantes sur nous et il les avait dissimulées. D'où le kidnapping d'ailleurs.

Les bruits des balles me ramène à la réalité. La Porsche a des difficultés à aller vite. Forcément avec toute cette neige ! Je prends le col de la sorcière blanche, surnommé ainsi en raison d'une femme hurlant au volant dans les virages, terrifiant tous ceux qui la croisait.

Je serais plus du genre à l'abattre, le genre une balle entre deux yeux, plutôt que de me laisser gagner par la panique. Les fantômes n'existent pas.

C'est marrant, mais ça me fait immédiatement penser à Sherry. Sherry. Elle est la seule qui m'échappe encore et toujours. La seule qui m'excite et que je veux flinguer mais en même temps laisser en vie.

Comment a-t-elle fait dans cette chambre à gaz, où elle devait mourir sous l'ordre du Boss ? Comment s'est-elle échappée de l'Haido City Hotel, où Vodka et moi étions sur le toit, Pisco en bas ? Même si elle avait été aidée en haut par un inconnu dont la voix ne me dit rien encore aujourd'hui, Pisco n'aurait pu la rater en bas, avant de se faire descendre.

Peut-être aurais-je dû l'écouter avant de le tuer ? Mais le temps pressait...

Un grognement se fait entendre à l'arrière. Je jette un vif coup d'oeil dans mon rétroviseur interne et constate que le marmot de quatre ans seulement vient de se réveiller. Il se contente de me regarder avec ses yeux grands ouverts, mais encore embrumés par le chloroforme.

Il ne bougera pas. Pas dans cette côte si imposante, au beau milieu d'une tempête de neige, qui vient de se lever, comme pour masquer ma vue à la voiture du FBI qui me suit toujours.

Je prends un virage à 90°C sans réfléchir. Puis un autre. La nuit s'épaissit. Les nuages assombrissent ma vision -déjà pas terrible- et m'empêchent aussi de tirer dans les pneus de la voiture à l'aide de mon Beretta et du rétroviseur droit. Qu'une seule option. Rouler. Et espérer. Et espérer.

Le gosse finit quand même par se rendre compte qu'il n'est pas là où il devrait être et commence à chialer. La chose qui devrait m'amuser en temps normal me fait chier. Avec cette putain de route, j'ai autre chose à faire qu'a entendre les diverses supplications de mes victimes.

- Ferme-la ! Ordonnais-je sans regarder dans le rétroviseur interne. Ou je risque de me planter !

Nouveau virage.

- MAMAN ! PAPA !

- JE T'AI DIT DE LA BOUCLER !

Le mioche hurle toujours. Je me retourne et lui lance un regard du genre 'tu vas vite la fermer ou je te bute', ce qui le fait taire aussitôt.

J'aime faire ça. Je suis fier en quelque sorte de ce regard que je suis le seul de tous les agents à faire. Mais je n'ai plus le temps de me féliciter de ça. En effet, par regarder le gosse, ça voulait dire aussi quitter la route des yeux. Et je n'ai pas vu ce virage.

Je retiens mon souffle. Et ma Porsche enfonce la glissière de sécurité avant de tomber dans le vide.

Black out.