Titre : La fille du Nil, chapitre 1
Base : Papyrus
Personnages/Couple : Theti Cheri/Papyrus
Genre : gen-ish/drama
Gradation : PG / K-plus
Légalité : propriété de De Gieter, je ne cherche ni à tirer profit ni à manquer de respect.

Continuité/Spoil éventuel : retour sur La Momie Engloutie ; à situer quelques années dans le futur ; ignore Les Enfants d'Isis ; écrit avant la sortie de Papyrus Pharaon
Avertissement : je blâme entièrement Les Larmes du Géant et le coup de la vache ainsi que L'Égyptien blanc et la téléportation par essaim de guêpes interposé
pour ce que je fais dans cette fic - un canon qui est capable de trafiquer des trucs pareils doit bien pouvoir accepter des handwaves encore pires !
Nombre de mots : ~1350/18 800

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Les conspirateurs menés par le grand vizir Sinouhit, voulaient la place de Pharaon. Dieu vivant, il leur était difficile d'attenter à sa vie. Pour le supprimer, il leur fallait user de moyens indirects.
Meren-Rê, imprévoyant, n'avait un qu'un seul enfant, une princesse héritière qui transmettrait le trône à son futur époux, pour peu qu'elle en trouve un à sa mesure. Et jamais elle ne choisirait celui qui le convoitait tant. Attendre qu'elle grandisse suffisamment pour se marier, d'ailleurs, eut été trop long.
Si elle disparaissait avant, en revanche, se déclencherait immédiatement la crise de succession espérée. Elle pointerait l'erreur criante de son père. Le forcerait-elle à se dépêcher de mettre en route de nouveaux héritiers ? Ça serait de toute façon déjà trop tard.
Porter la main sur la gardienne de la légitimité pourtant, et une jeune fille innocente, lui répugnait également. Il voulait le pouvoir, et le bien de l'Égypte. Il ne voulait pas se damner en tuant. Quant à baser son règne sur le sacrifice de cette victime… Tout serait différent si Nefer Neferou Theti Cheri disparaissait sans qu'on eut besoin de la tuer.

À l'aide de drogues et d'hypnose, il la plongea en catatonie. Seule l'incompétence des médecins royaux, incapables de discerner le subterfuge, la fit déclarer morte. Il aurait pu la laisser livrer aux embaumeurs et ç'aurait été leurs couteaux qui la tueraient, pas sa propre main, mais là encore l'idée lui répugnait. Sans doute saignerait-elle, en plus, et il ne pouvait laisser cela arriver.
Mais substituer son corps, éviter qu'on la vide, et l'enrouler directement, dans son sommeil magique, des bandelettes protectrices, de leurs amulettes assorties et la faire placer endormie toujours dans son sarcophage, c'était esquiver le problème. Pour les hommes qui y croyaient, la princesse était morte et en route pour l'autre monde. Pour les dieux qui le voyaient, elle dormirait simplement pour l'éternité.
Il fit taire la petite voix qui objectait à la qualité magique du sommeil et la puissance des protections. Si elle n'était pas parfaitement suspendue mais finissait par mourir de faim et de soif ou d'étouffement dans son cercueil ?
Mais ça ne serait toujours pas sa faute à lui. Elle passerait dans son sommeil sur l'autre rive, voilà tout, le cœur toujours pur et armée à l'avance de toutes les bénédictions nécessaires. Il n'aurait sur les mains ni sang ni damnation.
Et il lui restait tout le temps nécessaire pour se décider sur la façon dont il éliminerait Pharaon lui-même. Tels étaient les grands projets de Sinouhit, qui ne s'accomplirent pas.

La Princesse fut retrouvée, vivante, tenant par la main le jeune héros qui lui avait sauvé la vie et l'avait ramenée à son père. Malgré son jeune âge, elle n'était pas dupe des intrigues de la cour qui l'avaient menée à ce qui aurait pu être son tombeau. Il fallait un successeur à son royal papa.
Elle-même avait l'appui des Dieux, la petite Déesse aux cheveux resplendissants l'avait dit : sa destinée était de régner un jour sur l'Égypte, ils le voulaient, et Papyrus serait l'instrument de sa montée sur le trône. Ça pourrait vouloir dire qu'il continuerait à œuvrer dans l'ombre pour la protéger de toutes les menaces jusqu'au jour de son couronnement. Ou bien, comme elle décida de le croire, qu'il serait là à ses côtés pendant le couronnement.
Un jour elle serait Reine, voilà son Pharaon, déclara-t-elle.
Et Pharaon en place, trop heureux de retrouver sa chère et unique fille qu'il croyait perdue, lui accorda tout ce qu'elle voulait sans y réfléchir à deux fois.
Ce petit paysan, simple pêcheur, d'extraction si basse mais l'âme grande et noble, il en fit un prince. Il lui fit don du symbole royal, l'uræus porté au front qui en faisait l'égal de sa fille et l'associait au trône. Le voilà, son futur consort.

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Papyrus vivait désormais au Palais, recevait tout ce dont il avait besoin, et resterait à proximité de Theti Cheri, puisque tel était le bon plaisir de la princesse, et qu'il était vrai qu'elle pouvait grandement bénéficier d'une garde rapprochée si dévouée.

Quelques années s'écoulèrent ainsi, pendant lesquelles ils triomphèrent de nouveaux dangers, et leurs liens et leur détermination à rester ensemble grandirent encore.
Jusqu'au jour où Theti Cheri devint bien assez adulte pour qu'il se fasse temps de songer sérieusement à son mariage.

Les courtisans virent alors d'un mauvais œil ce parvenu qui se tenait à ses côtés. Pharaon l'avait autrefois décrété égal des princes, oui, mais il n'en avait pas l'éducation, pas la prestance.
Mais quand on a sauvé la princesse de mille dangers physiques et magiques, quand on a visiblement la faveur des dieux, n'est-on pas au-dessus du commun des hommes, même les plus nobles ? Là n'était pas la question, insistèrent-il alors. Il ne pouvait être l'héritier de Pharaon parce qu'il était absolument impensable de voir un paysan sur le trône !
Pour preuve de son incompétence, il n'avait même pas la présence d'esprit de réaliser l'embarras dans lequel il mettait toute la cour ni le tact de se retirer discrètement. Malheureusement, il portait le cobra au front et si quiconque aidait à sa disparition brutale, ça entraînerait des remous. S'il était protégé des dieux, peut-être ne pourrait-on même pas le faire disparaître du tout. Seule la preuve d'une trahison permettrait à Pharaon de revenir sur sa parole donnée et lui retirer son statut. Mais chaque tentative de complot échoua l'une après l'autre.
En dernier recours, l'on fit remarquer que même s'il portait le cobra et que ça faisait de lui un prince, c'était un parmi tant d'autres, et ça ne ferait pas forcément de lui le consort de l'héritière. Si elle en choisissait un autre, l'affaire serait réglée. Même un prince étranger vaudrait mieux, osèrent hasarder quelques très mauvaises langues. Tant qu'on serait certain de sa lignée !

Pharaon lui-même était d'accord pour présenter de nouveaux partis à Theti. Il avait confiance en sa fille, elle saurait faire le bon choix. Elle avait suffisamment mûri, elle avait suffisamment en tête les intérêts de l'Égypte pour savoir renoncer à une toquade d'enfant et choisir comme époux le meilleur prince possible.

Theti vit faire tout cela avec horreur. Elle ne voulait d'aucun ! Elle n'était pas une monnaie d'échange ! Toute femme égyptienne était libre de choisir de son propre chef son époux. Il n'y avait pas de différence entre les princesses et les servantes sur ce point. On ne la marierait pas de force.
Papyrus laissa venir les choses avec tristesse. C'était le destin des princesses que d'épouser des rois et devenir des reines. Et lui…
…lui était son meilleur ami, le frère de son cœur, et elle ne saurait vivre sans lui, jura Theti. Comment oserait-elle encore le regarder si elle se mariait avec un autre ! Elle ne voulait de personne d'autre que lui. Pour toute la vie. Et l'éternité encore dans la suivante.
Papyrus n'osait pourtant accepter une telle déclaration. Il reconnaissait qu'il aimait avant tout sa princesse, mais il aimait également son pays. Leur pays. Celui où il vivait, celui qu'elle gouvernerait un jour. Lointain, espérait-il. Il souhaitait longue vie au Pharaon régnant : Theti n'avait sans doute aucune hâte de monter sur le trône si ça voulait dire d'abord la mort de son cher papa.

« Mais l'Égypte ? protesta-t-il donc, rejoignant en cela le chœur des courtisans.
- C'est elle toute entière que tu protèges et que tu a sauvée bien des fois à travers moi, rétorqua Theti.
» Tu m'as déjà juré fidélité, rappela-t-elle.
- De tout mon cœur, de toute ma vie, acquiesça-t-il à nouveau.
- Tu t'es engagé auprès de la Déesse aux cheveux resplendissants à m'aider et m'assister.
- À la mesure de mon possible, et si les dieux me prêtent la force, au delà de toute mesure.
- Si je te demande de joindre entièrement ta vie à la mienne, ton sort au mien, le feras-tu ?
- Belle princesse, tes désirs sont des ordres.
- Même les plus fous ?
- Tu sais mieux que moi-même ce qui sera bon.
- Alors épouse-moi. »