Premier chapitre d'une nouvelle fic sur Dragon age ! J'avais envie d'écrire sur un type de guerrier que l'on n'a pas vraiment l'occasion de voir dans le jeu.
Dans cette fic, je vais prendre certaines liberté sur l'histoire du jeu donc on peut dire, pour ceux qui le souhaitent, que c'est un AU très proche du jeu !
Sur ce, bonne lecture et n'hésitez pas les commentaires !
Edit: j'ai uploadé une nouvelle version de ce chapitre, changeant certains noms et corrigeant quelques fautes mais tout le reste est là! :) bonne lecture!
Chapitre 1 : les naufragés d'Ostagar
L'odeur piquante de la fumée chargée de chair brûlée et de sang carbonisé la fit revenir à elle plus violemment que des sels ne l'auraient fait. Se redressant malgré elle, elle vomit de la bile, le liquide acide brûlant sa gorge et sa bouche. Les spasmes déclenchèrent de violentes douleurs dans son corps meurtri. Avec une grimace, elle porta la main à la blessure sanglante de son ventre. Cette saloperie l'avait littéralement embrochée. Mais elle avait eu de la chance, la lame n'avait que traversé les chairs de son flanc. Le coup de pied que lui avait asséné ensuite l'engeance, en pleine poitrine, pour dégager son épée, avait fait bien plus de dégâts. Chaque respiration était douloureuse. Elle craignait que ses poumons aient été perforés par des côtes cassées. Elle étouffa un cri de douleur alors qu'elle essayait de se redresser. Elle ne sentait plus ses jambes ! Paniquée et écrasée par la souffrance de tout son corps, elle jeta un coup d'œil à ses pieds. Et manqua de cesser de respirer. Un ogre se trouvait allongé là, en travers de ses jambes. Mort. Retenant des larmes de terreur et de douleur, elle se contorsionna pour s'extraire de sous la carcasse. Peu lui importait la souffrance ou le bruit qu'elle faisait, elle voulait juste sortir de là !
Au bout d'interminables minutes, elle réussit et rampa le plus loin possible de la carcasse, pataugeant dans le sang et la boue. La fumée et les odeurs étaient insoutenables, des montagnes de chair fraiches et décomposées s'entassaient tout autour d'elle et surtout le silence, un silence de mort pesait sur la contrée. Elle s'arrêta, à bout de force, haletant sourdement, ne pouvant plus bouger ne serait-ce qu'un doigt. Oui, ce silence…la bataille était terminée. Qui l'avait remportée ? Hommes ou engeances ? Vie ou mort ? De là où elle était, il était impossible de le prédire bien que la mer de sang écarlate dans laquelle elle se trouvait lui laissait présager le pire.
Avec des gestes fébriles, elle porta la main à son col et, avec difficulté, tira sur la petite chaîne d'argent qui s'y trouvait. Un sifflet grossier en os s'y trouvait. Elle le porta à ses lèvres exsangues, tremblantes, et tenta de souffler. Une toux terrible la secoua, son sang se répandant dans sa bouche et aspergeant le sol. Retenant un sanglot face à la vague de désespoir qui l'envahit, elle inspira profondément et essaya de nouveau. Aucun son ne sortit du sifflet. Elle continua, encore et encore, ne tenant que quelques secondes avant de tousser de nouveau. Elle finit par se laisser retomber sur le sol, épuisée. Peut-être était-ce la fin après tout…Son père avait eu raison. Elle avait toujours été inutile. Elle qui rêvait d'héroïsme et d'honneur, de noblesse et de reconnaissance, voilà qu'elle crevait comme une moins que rien, noyée dans le sang des braves. Combien d'ennemis avait-elle occis ? Deux à peine. Le troisième l'avait embroché. Et voilà. Fin du combat. Pitoyable.
Elle sanglotait tout à fait à présent, pitoyable et pathétique. Inutile. Parfaitement inutile, jusqu'à la fin. Ce fut alors qu'un mouvement attirant son attention. Ainsi qu'un éclat doré au milieu d'un océan d'écarlate. Son cœur se mit à battre plus fort dans sa poitrine, répercutant sa douleur dans tous ses os. Mais peu importait. Car une seule personne possédait une armure dorée. Le roi.
Sans plus penser à ses blessures et soudain remplie d'une nouvelle force, elle réussit à se redresser et avança à quatre pattes en direction du rayon de lumière. Son enthousiasme retomba aussi vite qu'il était venu. Le roi était mort. Broyé horriblement, ses yeux écarquillés de terreur et vitreux, le visage crispé en une grimace monstrueuse. Elle sentit de nouveau des larmes couler sur ses joues. Ils avaient perdu. Les monstres les avaient vaincus. Et devaient certainement envahir Férelden à cet instant même, ne rencontrant aucune résistance. Tout était fini.
De sa gorge s'échappa un profond gémissement, alors que sa tête lourde basculait en arrière. Elle avait mal…si mal. Elle était perdue, au milieu de cette immensité écarlate, sans personne pour la guider vers le rivage.
Quelque chose frôla sa jambe. Elle n'eut même pas la force de sursauter. Elle posa simplement ses yeux clairs sur le cadavre qui se trouvait aux côtés de celui du roi. Cadavre qui remua les doigts. Son cœur bondit de nouveau dans sa poitrine alors que rapidement elle se penchait sur le corps, pressant la main gantée dans la sienne :
-Vous m'entendez ? demanda-t-elle d'une voix rauque qu'elle ne reconnut pas comme la sienne. Par le Créateur, répondez-moi…
Avec un effort surhumain, elle réussit à retourner l'homme sur le dos. Et reconnut aussitôt le Garde des Ombres qui suivait le roi partout.
-Garde des Ombres ! appela-t-elle plus fort, ses yeux balayant les nombreuses blessures sanglantes qui balafraient le corps de l'homme. Garde des Ombres !
Les lèvres de l'homme remuèrent. Elle se pencha vivement, essayant de capter des paroles dans le souffle inaudible du mourant. Elle sentit quelque chose de dur dans sa main qui tenait celle de l'homme et y posa les yeux pour y voir un pendentif ensanglanté. Un petit griffon en argent.
-Hérit…souffla l'homme. Roi…
-Le roi est mort, sanglota-t-elle en serrant les doigts du garde des Ombres dans les siens. Je suis tellement navrée…Nous avons perdu…
Le garde de Ombres demeura silencieux de longues minutes, au point qu'elle crut qu'il était mort. Puis, de nouveau, les lèvres mates bougèrent :
-Trouver…Alis… Protéger…Trône…
Elle le dévisagea, ne comprenant pas vraiment, mais hocha la tête. Jamais il ne lui serait venu en tête de refuser les dernières volontés d'un mourant. Jamais. Même si pour cela il fallait mentir.
-Je ferai mon possible pour protéger le trône et cette Alice, où qu'elle soit. Vous avez ma parole Garde des Ombres. Que le Créateur veille sur vous.
« Et sur moi » ajouta-t-elle silencieusement. Le corps de l'homme sembla se détendre soudain et les doigts s'affaissèrent dans sa main. Elle la retira doucement, regardant le pendentif en argent, incapable de savoir ce qu'elle allait faire ensuite. Tout espoir ne semblait pas avoir disparu. Si ce Garde des Ombres s'était battu aussi longtemps contre la mort pour délivrer ce message, ce dénommé Alis devait être quelqu'un d'extrêmement important. Elle devait le retrouver. Oui, mais comment? Elle était elle aussi dans un état pitoyable, ne sachant pas si elle pouvait faire ne serait-ce qu'un pas seule. Sans parler de ses organes internes…Si seulement un guérisseur était là. Si seulement…
Et soudain le voile de désespoir se déchira. Car dans le silence de mort un aboiement retentit. Un aboiement qu'elle aurait reconnu entre mille.
-Raki ! s'écria-t-elle, entraînant une nouvelle violente quinte de toux.
Alors que ses poumons brûlaient, elle gardait toute son attention reportée sur l'aboiement. Celui redoubla d'intensité après son appel, mais semblait hésitant. Incapable de crier de nouveau, elle porta le sifflet à ses lèvres et souffla. Aussitôt l'aboiement se transforma en jappements d'excitation et bientôt le bruit d'une galopade parvint à ses oreilles. Il jaillit d'entre les cadavres, ses yeux bruns brillants de joie, et ralentit brutalement pour ne pas la percuter, ses puissants muscles se bandant à l'extrême pour freiner son corps imposant. Pleurant de joie, elle entoura l'énorme col de ses bras alors que le mabari fourrait son museau dans ses cheveux maculés de sang, la léchant avec vigueur. Elle le sentait vibrer sous ses doigts et elle se mit à rire aux jappements de son compagnon. Sa deuxième moitié. Son alter ego. Celui qui faisait d'elle un guerrier cendré.
L'angoisse l'envahit alors que ses mains caressaient les poils enduits de sang. Rapidement, elle ausculta l'animal et fut soulagée de voir qu'aucune blessure n'était sévère. Trois flèches étaient plantées dans son épaule et un coup d'épée avait entaillé sa cuisse. A part ça, rien de bien grave. Elle palpa le ventre à la recherche de lésions internes mais l'animal ne broncha pas, continuant à essayer de laper son visage. Elle sourit en saisissant la grosse tête pour embrasser la truffe mouillée. Il n'avait rien ! Un miracle ! Mieux, il était tout ce dont elle avait besoin pour continuer à espérer.
Elle détacha le harnais qu'elle portait toujours à la taille et le lui passa. Puis, s'agenouillant sur le bouclier du Garde des Ombres, elle s'y accrocha. L'animal se tendit, prêt à partir. La jeune femme posa une dernière fois ses yeux sur les deux corps allongés sur le sol.
-Je ferai de mon mieux, souffla-t-elle. J'espère que ça suffira.
Elle posa la main sur le flanc de son chien qui attendait impatiemment l'ordre de départ :
-Allez Raki. Emmène-nous loin d'ici.
Avec un aboiement bref, l'animal se mit en marche, traînant avec difficulté sa maîtresse glissant sur le bouclier derrière lui. Le chemin n'aurait rien de facile. Mais ils étaient tous les deux. Et ça leur suffisait pour y croire.
A suivre
Chapitre 2 : Sur le chemin de Golefalois
