You'll Be Mine
! Âmes sensibles, s'abstenir !
[I : Destins Croisés] ~ Chapitre 1 : Le jour de la fin de ma vie (Izuku)
Je contemplai les nuages noirs s'amonceler dans le ciel gris tandis que je restais étendu sur le dos, immobile et perdu. Je n'ai pas compris ce qui venait de se passer ou... Je ne voulais pas comprendre ? Peut-être un peu des deux.
La journée avait pourtant bien commencée : Je partais, comme tous les matins depuis un mois, pour le lycée privé Yuei où j'avais entamé ma première année. Compte tenu de tous les sacrifices qu'avait fait ma mère pour m'y faire entrer, j'étais résolu à me concentrer uniquement sur mes études pendant les trois années que j'allais passer là-bas.
Timide de nature et plutôt introverti, je m'étais par miracle fait des amis et trouver une place dans cette classe si géniale...
Il y avait juste un tout petit problème...
Il était là aussi...
- Salut Ochaco ! Lançais-je gaiement, en posant mon sac à dos sur la table.
Cela ne faisait qu'un mois que nous ne connaissions, elle et moi mais je pouvais déjà affirmer la considérer comme ma meilleure amie. J'aimais tout chez elle. Par-dessus-tout, son caractère d'un optimisme à tout épreuve... J'arrivais à me confier avec une facilité déconcertante, ce sentiment de la connaître depuis toujours ; comme si nous nous étions déjà rencontrés au cours de nos vies précédentes, chaque fois que nous parlions ensemble.
Elle discutait avec Tsuyu, une fille plutôt mignonne, très agile aux cheveux d'un noir de jais, virant parfois au "vert", quand j'étais fatigué... Elle avait de grands yeux d'un noir profond.
Dès qu'elle m'entendit, Ochaco tourna la tête vers moi et ses yeux pétillèrent.
- Salut Deku, tu vas bien ?
Ce que j'adorais quand elle m'appelait comme ça... A chaque fois que je l'entendais prononcer ce surnom, sa voix me faisait l'effet d'un baume cicatrisant sur mes anciennes plaies, toujours douloureuses...
A cause de lui.
- Ça va... Répondis-je en m'installant sur ma chaise. J'ai bossé tard, hier. Un peu fatigué et toi ?
Elle s'approcha de ma table et se pencha légèrement vers moi. L'odeur de son parfum vint en douceur me chatouiller les narines.
- Je... Chuchota-t-elle, d'une voix à peine audible. Je suis sortie avec Tenya, hier.
- C'est vrai ?! M'exclamais-je, surpris.
Elle se mit à rougir violemment et me regarda gênée.
- En tout bien, tout honneur bien sûr... Crut-elle bon de justifier. On est allés au cinéma, c'était très sympa... Il est beaucoup moins terre à terre qu'il n'y parait, j'ai été surprise.
Tenya était le délégué de notre classe. Très à cheval sur les règles, il prenait son rôle un peu trop à cœur parfois mais sa droiture forçait l'admiration. Cela dit, j'avais du mal à l'imaginer dans un contexte autre que son rôle rigide de délégué de classe...
Je gardais néanmoins cette réflexion pour moi et sourit à mon amie.
- Vous allez vous revoir ? Demandais-je.
Elle regarda autour d'elle, comme si la réponse se trouvait quelque part.
- Peut-être bien... J'ai passé un bon moment, après tout, alors pourquoi pas ?
Ochaco et Tenya... Cette association paraissait impensable.
- TOUS A GENOUX DEVANT KING BOMBERKILL ! Cria soudain une voix du seuil de la classe.
Je soupirais soudain, déjà fatigué.
Il était là.
Katsuki Bakugo.
Katchan, pour les intimes.
Mon ami d'enfance, mon bourreau, plutôt.
Pour une raison qui m'échappait encore, nous n'avons jamais été séparé. Nous avions grandi ensemble, fait notre maternelle ensemble, notre collège ensemble... et quand je pensais enfin m'être débarrassé de lui, de son emprise sur moi, surprise, il est venu jusqu'à chez moi me mettre sa lettre d'admission sous le nez...
Je le détestais du plus profond de mon être. Lui et son caractère explosif, pour tout ce qu'il m'avait fait subir, les humiliations, les coups... Tout chez lui m'insupportait.
Étrangement, il faisait partie des meilleurs élèves de la classe. Ses notes n'étaient pas du tout en adéquation avec son caractère insupportable... même si et, j'en fus le premier étonné, tout le monde a très bien su s'adapter à ses sautes d'humeurs et la manie qu'il avait de toujours nommé les gens par des surnoms rabaissant.
Tout à coup, sortie de nulle part, apparu dans mon cerveau une image de la tête de Katsuki visser au corps de Tenya.
Je pouffai de rire, malgré moi.
Il le vit aussitôt.
Merde. Pensais-je en croisant son regard enflammé.
Je me sentis soudain à l'étroit sur ma chaise, écrasé par son aura meurtrière...
Lentement, il s'approcha de moi, obligeant Ochaco à se décaler sur le côté.
Il jeta son cartable qui atterri sur sa table, sans me lâcher des yeux, la mine renfrognée.
- Pourquoi tu ris, sale débile ?
Dans un désir de garder mes distances, je plaçais timidement mes mains devant moi.
- Pour rien... Je... Pensais... Quelque chose de drôle... Bégayais-je de façon incontrôlée.
Je détestais vraiment la peur que je ressentais dès qu'il m'adressait la parole. Elle me ramenait automatiquement à mon enfance, quand il prenait un malin plaisir à m'humilier.
- Partage ! Ordonna-t-il en criant. J'te dirai si c'est drôle !
Ochaco tenta de venir à mon secours :
- Calme-toi, Bakugo...
- Ta gueule, la Minipouss ! Coupa-t-il d'un ton sec. C'est à l'autre nerd que je m'adresse !
Je ne savais plus où me mettre. Ses yeux lançaient des éclairs.
Je me mis à prier silencieusement pour que quelqu'un me vienne en aide...
- Le professeur Aizawa ne va pas tarder, tu ferais mieux de te mettre à ta place, Bakugo.
Je reconnu instantanément cette voix.
C'était celle de Shōto Todoroki.
Tel que je le percevais, Shōto était un garçon venu de l'espace. Il avait deux particularités physiques.
Il possédait des cheveux blancs à droite, et rouge à gauche.
Et ses yeux... Ils étaient aussi de deux couleurs différentes : gris à droite et d'un bleu turquoise à gauche.
Il était grand, svelte et athlétique.
La majorité des filles de la classe craquait complètement pour son caractère froid, calme et tranquille... Et elles avaient raison.
Ce jeune homme était magnifique.
Katchan ne bougeait pas, défiant mon sauveur du regard. Depuis la rentrée, il voyait clairement un rival en lui, celui qui en imposait le plus. Intérieurement, j'étais pour Shōto.
Devant le regard glacial de ce dernier, qui ne sourcillait pas, l'explosif fini par capituler et lui obéit, après un dernier regard meurtrier à mon encontre.
- Tu vas bien ? Me souffla Ochaco qui réapprenait à respirer.
Je hochais la tête et me risquais un regard vers Shōto.
- Merci... Dis-je prudemment.
Il posa sur moi ses yeux venus d'un autre monde.
Je rougis aussitôt.
Sans un mot, il prit place, tandis que mon cœur essayait de retrouver un rythme normal.
- Faut quand même dire la vérité ! S'exclama Ochaco au déjeuner, Todoroki en jette un max !
- Ah oui ? Fit Tenya, qui tenta de paraître désinvolte.
Bien qu'il essaya de le dissimuler, je perçus une note d'agacement dans sa voix.
Ochaco qui n'avait rien remarquer, commença à énumérer, à l'aide de ses doigts :
- Il est grand, il est beau, super athlétique et froid comme de la glace ! Vous l'avez senti aussi, non ? Je pense que je tenterai d'avoir un rendez-vous avec lui, si j'étais pas certaine de n'avoir aucune chance !
Tenya avala sa bouchée de travers et toussota bruyamment.
- Pourquoi tu n'aurais aucune chance ? Voulus-je savoir, amusé.
- Il a l'air tellement hors de portée... Bakugo a une aura explosive tu vois, c'est une bombe à retardement. Todoroki lui est froid comme de la glace. Il marche, parle mais j'ai l'impression que rien ne l'intéresse... Parfois, j'ai même la sensation qu'il vient ici par obligation.
Cette analyse attisa tout de suite ma curiosité. Je pris une décision dans l'instant.
Je ferai tout pour être l'ami de Shōto, apprendre à le connaître et briser sa carapace.
Sur le chemin du retour, à la fin de la journée, je fus accosté par Katchan.
- Hé, le nerd.
Qu'est-ce que tu me veux, encore...
- Tu veux bien jouer avec moi ?
Quoi ? Un jeu ? On a plus quatre ans !
- J'ai pas le temps, dis-je rapidement.
J'accélérai le pas pour passer devant lui mais il me saisit par le coude.
- Tu viens !
Autoritaire, criarde et sans appel. Lui tout craché.
Il me traîna à cet endroit où il nous arrivait de jouer enfant et me força à me mettre devant le point d'eau.
Là, il sortit de sa poche deux appareils, sorte de dentier qu'il tint dans chaque main.
- Mets ça, ordonna-t-il.
Il m'en tendit un. C'était plus léger que ça semblait l'être, de prime abord.
Je fus intrigué malgré moi.
- Qu'est-ce que c'est ?
- T'occupe, dit-il. Mets-le, c'est tout.
Pas méfiant et franchement curieux, je m'exécutai sans broncher et plaçai le petit appareil dans ma bouche qui épousa la forme de ma dentition au niveau de ma mâchoire inférieure à la perfection.
Il mijotait quelque chose, cela se voyait. A son tour, il plaça ce drôle de dispositif dans sa bouche.
- On va jouer. Si tu fais plus de ricochet que moi, tu auras droit à un cadeau, si c'est moi, le cadeau me revient.
Katchan affichait un sourire cruel.
- Que la partie commence ! Annonça-t-il.
Dans mon cerveau, se déclencha une sorte de clic.
- C'était quoi ce bruit ?
Ignorant ma question, il me mit un caillou dans la main.
- A toi l'honneur.
J'étais nul à ce jeu et il le savait.
Sans envie, j'essayais d'en faire au moins un. Sans succès, la petite pierre retomba dans l'eau.
Réprimant un fou rire, ce fut à son tour, il en fit cinq.
C'est là que ça a commencé...
Je sentis quelque chose se briser dans mon subconscient. La douleur était purement psychologique, très intense. Je tombai à genoux, pétrifié, transit de peur.
J'avais trop mal.
Je ne comprenais rien de ce qui se passait en moi.
Debout, Katchan m'apparaissait tel un géant. Je me sentais diminué, encore plus qu'à l'accoutumé.
J'avais des sueurs froides, je suffoquais violemment, en cherchant à reprendre mon souffle.
- Deku.
Je relevais difficilement la tête vers lui, j'avais l'impression qu'elle menaçait à tout moment d'imploser...
Doucement, Katchan posa un genou à terre et s'abaissa à ma hauteur, le bras retombant négligemment sur son genou replié.
- Tu es à moi.
Il ne disait pas ça pour plaisanter.
Je l'avais senti aussi.
Il me suffisait de regarder ses yeux brillants d'une flamme sadique pour que la minuscule petite étincelle d'espoir qui restait, s'envola.
- Enlève ton haut, m'ordonna-t-il, d'une voix calme.
Je me mis à trembler.
Non !
Non !
Tu ne dois pas faire ça, résiste ! Hurlait une voix, quelque part.
Pourtant, avec ces tremblements qui ne voulaient pas s'arrêter et malgré cette voix qui résonnait dans ma tête...
Je m'abandonnais totalement à son ordre, me retrouvant torse nu face à lui.
Katchan me regardait, légèrement incrédule.
- J't'avoue Deku... J'étais pas sûr que ce SCM marcherait...
Ses yeux descendirent vers mon torse laiteux et galbé.
-... mais on dirait que si...
Sa flamme se fit plus vive et il passa sa langue sur le contour de ses lèvres.
Mon cerveau ne fonctionnait plus, incapable de parler, de penser...
J'étais paralysé.
Katchan avait totalement pris le contrôle.
Lentement, il se releva et me tourna le dos, me laissant ainsi, frigorifié, tremblant et torse nu.
Une image de moi enchaîné par lui, riant, sadique, s'imposa avec force dans mon cerveau.
Désormais, je lui appartenais entièrement...
Ainsi s'achevait le dernier jour de ma vie, sous le tonnerre et la pluie.
