Ceci est une fic policière sur fond de mafia et de corruption, en espérant que ça te plaira, la bleue. En joie.

Playlist :

Cops and Robbers – The Hoosiers

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Are you, are you ?

Coming to the tree

Where they strung up a man

They say who murdered three…

Where the dead man called out for his love to flee…

Wear a necklace of hope, side by side with me.

The Hanging Tree – cover by Holly Henry

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Jeudi 20 août 2015, 09 :12

L'ascenseur tinta en ouvrant ses portes et Tony manqua de sautiller en y entrant. Il était déjà neuf heures du matin mais c'était son heure d'arrivée habituelle. En fait, il avait envie de sautiller parce qu'il y avait un nouveau à la brigade, parce que sa raison de vivre était le bizutage et qu'en plus c'était un pistonné, alors son pote Steve (qui trouvait le pistonnage injuste) fermerait les yeux si des œufs volaient ou s'il n'y avait qu'un seul nom sur tout le planning des corvées.

Bref : c'était une bonne journée qui commençait.

L'ascenseur l'avertit par son jingle qu'il avait juste le temps de se recoiffer avant la porte ne s'ouvre. Il sortit avec un petit sourire en coin, la démarche détendue malgré son manque offusquant de ponctualité.

« Tu es en retard, Tony, l'accueillit son collègue, ayant manifestement un conflit avec son ordinateur, en train de refuser d'envoyer un mail important.

-Tu es emmerdant, Stevy, récita-t-il. Mais tu dois savoir que je t'aime malgré tes défauts, le rassura le lieutenant en s'installant au bureau voisin.

Le couloir les séparait, et Tony lui devait sûrement la vie. Parce que le lieutenant Rogers était très musclé et qu'il lui arrivait de perdre son calme quand son ami lui parlait pendant trop longtemps.

Comme tous les matins, Steve s'interdit donc de sortir son arme de service pour l'abattre et préféra continuer son combat de tous les instants contre la technologie.

-Alors, il est où le bleu ? s'enquit Tony avec un sourire carnassier.

En lui jetant un œil Steve crut soudainement voir l'affiche des Dents de la Mer.

-Du calme Tony, lui lança Natasha, passant devant eux avec des dossiers sous le bras. Fury lui a donné rendez-vous à dix heures.

-Et Thor Odinson, le type de la brigade anti-gang ? lui demanda-t-il en se dévissant le cou pour garder son attention et avoir une réponse.

-Il a pris un jour de congé, sa copine astrologue passe quelques jours sur la côte est, répondit-elle en finissant par faire une pause ici. Et il répète que même s'il en avait très envie, ce n'est pas grâce à lui que son frère intègre la crim'.

-Cool, et je suis Ellen Degeneres, répliqua Tony. Bien sûr que c'est du pistonnage, ce type a un frère qui travaille à la brigade et un père qui est la personne la plus influente de toute la ville. Sans parler du fait… sourit-il encore.

C'est le sourire : je sais quelque chose que vous ne savez pas car je suis un génie de l'informatique- en fait barrez « de l'informatique ».

-…Qu'il a un Cv déplorable. Rien qui justifie son arrivée ici. J'ai cracké les dossiers secrets du boss et-

-Vous avez piraté qui ? s'enquit le directeur Fury juste à coté de lui, arrivé discrètement.

-La B.O.S, Bank of Sacramento chef, répondit-il en faisant tourner son siège, ils ont un client avec des revenus très louches, on le soupçonne d'avoir fait le nettoyeur dans l'affaire Williams.

Steve leva les yeux au ciel, Natasha apprécia la rapidité et la crédibilité de la réplique d'une moue approbatrice et Clint, ayant tout entendu du bureau de derrière, se leva et le félicita d'une tape discrète sur l'épaule en passant, car il doit de toute façon descendre voir Bruce.

Comment ce type, Anthony Stark, arrivait à être si au courant des affaires en cours alors que son principal job consistait à colporter les ragots, pirater des trucs et avoir une intuition une fois par mois, restait un des mystères les plus insondables de la brigade criminelle de la police newyorkaise.

-Bien essayé Stark, mais de un j'espère pour vous que vous connaissez vos pronoms mieux que ça, de deux le Dr Banner m'a transmis son rapport sur Williams ce matin, et c'est vraiment un suicide. Pas un meurtre maquillé en suicide. Ce qui veut dire pas de nettoyeur, pas de banque of Sacramento, et vous avez encore piraté mon ordi et je vais encore vous menacer de vous mettre à la porte. »

Tony eut une grimace douloureuse tandis que Fury le fusillait de son œil unique. Ce dernier releva la tête vers le reste de son équipe, et fit le discours d'usage.

« Ok, donc on a un bleu à partir d'aujourd'hui, et tout ce que je vous demande c'est de lui foutre la paix. Ah si, j'ai un truc à vous demander en fait, se rappela-t-il avant de soupirer. Qui veut le coacher ? A part Stark, demanda-t-il.

Parce que des années après, il espérait toujours (c'est beau tout de même).

Le temps qu'il finisse sa phrase Natasha s'était rappelé que Darcy lui avait demandé de passer urgemment et Steve reçut un appel de Bucky, son pote des stups, qui avait un suspect à lui montrer.

Tony s'était dit que s'il levait la main pour se porter volontaire il allait vraiment se faire virer, donc il contenta de taper avec légèreté sur son clavier en attendant que ses collègues ne s'enfuient. Il jeta une œillade à son chef quand il l'entendit soupirer de nouveau, et promit :

« Je vais lui apprendre toutes les ficelles du métier et s'il fait des erreurs je les lui expliquerai avec patience et compréhension. Juré, rajouta-t-il.

-Faites diagnostiquer votre mythomanie Stark.

Mais il partit tout de même, signe de son accord.

Tony était au comble du bonheur.

D'ailleurs quand Jarvis se mit à miauler près de lui la seconde d'après il se redressa, le prit dans ses bras et l'emmena près de sa gamelle vide en lui racontant ô combien tout allait être drôle et en lui grattant le cou.

En décembre dernier, un chat avait traîné plusieurs jours d'affilée devant la brigade. Un siamois bâtard et errant avec des puces. Et chacun l'avait regardé chaque matin en hésitant, puis l'avait caressé tout de même, puis avait regardé le bâtiment de la NYPD en hésitant, mais l'allergie du directeur aux chats avait toujours fini par dissuader même les cœurs les plus tendres.

Et puis Tony s'était ramené un matin avec le chat dans les bras ainsi que deux gamelles, des croquettes, une litière et un couffin dans son sac à dos. Il avait déposé le tout à coté de la photocopieuse et s'était ensuite installé à son bureau, commençant à travailler comme si rien d'inhabituel ne s'était passé. L'intégralité du service avait rejoint sa campagne silencieuse, et avait tout aussi silencieusement commencé à réfléchir à pourquoi fallait-il absolument garder ce chat afin de démontrer la chose par a plus b au directeur.

Steve considérait qu'avoir une mascotte permettrait de souder une équipe parfois en désaccord voire même en conflit, et les chats étaient des créatures tranquilles et apaisantes, donc l'espèce parfaite pour ça.

Clint voulait bien retirer toutes ses pétitions sur le remplacement du chauffage central s'il avait une bouillote constamment disponible dans les bureaux.

Darcy trouvait que les chats c'était vraiment trop mignon et elle voulait bien s'occuper de ses puces et de ses soucis de santé (Darcy avait fait des études vétérinaires avant d'entrer dans la police scientifique. Darcy avait fait bien trop d'études pour concorder avec son jeune âge, donc on présumait qu'elle n'en avait pas fait la moitié.). Et elle comptait mettre du death métal à fond pendant six mois s'il était mis dehors.

Natasha comptait dire qu'il était la preuve vivante que Tony avait un peu d'humanité et un bon fond, caché derrière une grosse couche d'emmerdeur, et qu'il était utile d'avoir l'animal sous les yeux quand on avait envie d'étrangler l'être humain.

Bruce, mis au courant un peu plus tard, avait construit son argumentation sur le fait qu'avoir un animal à caresser, et surtout un animal aussi paisible qu'un chat, permettrait de tranquilliser ses nerfs.

(Le Dr Banner, le grand génie de l'autopsie, prenait un traitement pour sa schizophrénie, mais était tout de même sujet à d'imprévisibles et violentes sautes d'humeur, ce qui entraînait une grande écoute de ses demandes de la part de toute la brigade, et surtout de la part de celui qui signait le budget de réparations tous les ans) (en clair Fury écoutait Bruce même s'il trouvait qu'il lui coûtait cher en maçons et plombiers).

Sûrs ou presque de leur succès, ils attendirent patiemment que Fury tombe sur la boule de poil en surveillant à tour de rôle le coin près de la photocopieuse.

Et il le fit.

Sauf qu'après avoir vérifié qu'il n'y avait personne aux alentours, il se mit à le prendre dans ses bras et à lui murmurer que ça faisait un moment qu'il le voyait dans la rue sans oser le ramener et que c'était bien que quelqu'un ait eu assez de cœur pour le faire.

(Ils avaient été trop loin pour entendre ça, mais Tony avait récupéré la vidéo de surveillance et Natasha avait lu sur ses lèvres. C'était dur à croire en côtoyant le directeur presque tous les jours, mais il y avait cette rumeur comme quoi l'agent Romanoff était un ancien espion surdoué du KGB et qu'on pouvait donc lui faire confiance pour lire sur les lèvres) (et que de toute manière, il était dangereux de la mettre en doute tout court)

Alors on se mit à chercher la personne qui avait répandu la rumeur de l'allergie aux chats de Fury afin de la lyncher, mais elle demeura introuvable.

(Ou probablement il n'y avait qu'une seule personne ici qui répandait les ragots, et que c'était la même que celle qui avait osé ramener le chat. Et le lynchage n'avait alors plus aucune logique.)

L'affaire fut donc enterrée et le chat resta à la brigade, apaisant Bruce, réchauffant Clint, ravissant Darcy, empêchant Natasha de tuer Tony, et unissant tout le monde.

Dix heures moins dix et Tony trépignait d'impatience. On était en avance pour le premier jour à la crim' de la NYPD, non ?

L'ascenseur sonna et il se leva aussitôt.

« Je t'ai manqué à ce point ? s'enquit Clint en haussant un sourcil.

Tony lui cria un peu dessus et Clint lui répliqua qu'il était vraiment trop excité à propos des nouveaux. Ils ne les gardaient pas très longtemps de toute façon. Pas parce qu'ils en tuaient beaucoup, mais souvent ils changeaient de service d'eux-mêmes rapidement (« trop sanglant », « trop difficile », « des collègues vraiment trop bizarres ») ou alors Fury leur faisait changer pour un prétexte ou un autre, les recrutant facilement mais permettant à très peu de passer la barre des trois semaines.

Mais c'était pour ça que Tony les aimait ! Le plaisir du bizutage sans devoir les materner pendant des années. C'était jouissif comme l'invention du préservatif.

L'ascenseur tinta à nouveau et leur conversation se stoppa net. Un type grand, jean noir sweat vert, l'air sérieux mais pas coincé non plus, en sortit et marcha dans le service en cherchant discrètement le bureau du directeur.

Tony le détailla sans vergogne pour juger ce qu'il valait. Il avait… un pas assuré mais lent, comme voulant avancer qu'en n'ayant examiné chaque détail de son environnement proche. Bon point. Des longues jambes taillées pour courir. Essentiel. Tony se força à rester concentré et ne se fait pas de remarques comme quoi les couilles étaient indispensables dans la crim', car tout ça est abstrait, considérant Natasha et Darcy. Le nouveau était musclé. Pas comme Steve ni Thor, mais comme taillé à la serpe, lui donnant l'air agile. Des mains de pianiste. Pas sûr qu'ils aient besoin de musique sur une scène de crime, mais savait-on jamais, et puis ce type n'avait peut-être jamais touché un piano de sa vie malgré ses longues mains, même si dans son milieu d'origine on avait sûrement accès à un piano, et Tony se rendit compte qu'il divergeait. D'ailleurs, sa posture était droite, et là se voyait son éducation bourgeoise le destinant à dominer la planète. Bruce, par exemple, était très légèrement voûté, comme ne voulant pas imposer au monde sa présence. Lui, c'était comme si sa posture criait au monde que celui-ci devrait être honoré que le nouveau lui marche dessus. Alors que l'inspection était sur le point de se terminer et qu'un pourcentage était en train d'être établi sur ses chances de passer la Barrière (environ 43%. Ce type avait l'air trop arrogant et trop louche pour rester plus de trois semaines), il leva finalement le nez vers le visage et WOWOWOW ça c'était des jolis yeux. Mazette. Il allait avoir du mal à formuler une pensée construite et argumentée dans les secondes qui allaient suivre. Il avait une image mentale de ses neurones en train de courir partout, complètement hors de contrôle, avec du vert émeraude recouvrant progressivement toute la surface de sa boîte crânienne.

Ah, il nous regardait. Il fallait se maîtriser et répondre calmement :

« Le bureau à droite au fond du couloir. Et au fait : tu tiendras pas deux jours. »

Après un instant de réflexion Loki referma sa bouche. Bouche qui allait tout d'abord demander où était le directeur Fury, puis lancer un remerciement, et enfin balancer une insulte.

Tony avait vu tout ce cheminement sur le visage près du sien, et avait un sourire resplendissant.

Ah oui, songea Loki. D'accord. Il la jouait comme ça. Conseil à soi-même numéro un : éviter le plus possible ce flic-là (appelons-le l'Emmerdeur). Il semblait insupportable et dangereux. L'autre (appelons-le Yeux perçants) le jugeait du regard aussi, mais voulait plutôt voir ce qu'il valait que lui mettre le plus vite possible la tête dans les chiottes.

Ce qui était bien évidemment le cas de l'autre.

Il se détourna sans daigner réagir à la provocation, et Tony put reprendre son inspection.

Oui, il avait définitivement un cul à détourner l'attention des coupables pour mieux leur faire dire des trucs compromettants et ainsi les coincer. Très bon point. Très très bon. 99%.

Tony reçut une tape derrière la tête et remercia Clint dans sa tête tandis qu'il râlait à voix haute.

-J'inspectais. Putain. T'en penses quoi toi ?

-Il est louche, répliqua Steve, magiquement réapparu et s'incrustant dans le débat. Tout comme Thor l'est. Pourquoi courir après des criminels quand ils peuvent claquer des doigts et posséder le monde ? Thor nous dit que c'est à cause de la pression et que ça ne lui convient pas. Ok, admit-il tandis que Clint et Tony se fatiguaient de son soliloque, mais Odin est vraiment malchanceux si ses deux fils refusent la succession, non ? Ca fait vraiment… infiltration de la police.

Steve était un passionné de la seconde guerre mondiale. Il en connaissait les détails comme s'il l'avait vécue. Son obsession le rendait également légèrement parano que tout le bordel ne recommence, et cette paranoïa était parfois aussi exaspérante que Tony dans ses meilleurs jours (ce qui était vraiment beaucoup dire).

-'Sais pas, répondit utilement Clint.

-Il est là parce que c'est le meilleur boulot du monde, fit le hacker avec un regard si pétillant qu'il faisait peur.

-Parfois je me dis que tu es un tueur en série, Tony, soupira Clint après un instant. Et j'ai les menottes qui me démangent.

-Ne te gêne pas, mon fouet est dans un tiroir de la morgue, murmura-t-il en s'éclipsant.

Soit il allait se connecter à la vidéo de surveillance du bureau du directeur, soit courir faire des commérages à Bruce ou Darcy, soit retourner gagatiser auprès de Jarvis « Qui c'est qui a gagné un bizut tout mignon tout neuf ? C'est qui ? C'est papa, bowi mon chaton c'est papa ! ». Au choix. Le téléphone de Steve sonna juste à temps pour empêcher Tony de partir trop loin et le blond écouta son collègue de la sureté publique lui faire part d'un suicide. Clint et Tony attendirent la fin de l'appel en faisant des paris sur la future affaire tandis que derrière eux Fury sortit de son bureau, accompagné du nouveau.

« On a un pendu sur la neuvième avenue, lança Steve après avoir raccroché. MacLogan veut qu'on vienne parce que la victime est fichée chez nous. On va dire trois personnes, Tony, le nouveau et doc ?

Il regarda le directeur, qui lui donna son accord d'un signe de tête avant de se détourner d'eux, puis Tony, qui lui fit un clin d'œil.

« Loki Odinson, c'est bien ça ? demanda-t-il au bleu. Je suis Steve Rogers, enchanté, dit-il alors qu'ils se serraient la main et Loki le rebaptisa Super Poulet, car il a l'air fort, coincé et carré sur les règles. Tu as déjà rencontré Clint Barton (Yeux perçants lui fit un signe de la main) ainsi que Tony Stark (l'Emmerdeur lui sourit comme le squale qu'il est), qui s'est proposé pour être ton mentor (si c'était seulement possible, le sourire de Tony se serait agrandi et l'expression de Loki se serait faite encore plus déprimée). N'hésite pas à le rembarrer s'il va trop loin ou à demander conseil à d'autres. Si tu veux bien, Tony va te faire une visite des locaux puis vous allez passer prendre Banner avant d'y aller. Clint, tu viens m'aider à boucler le dossier Williams ? Darcy doit avoir fini le rapport balistique. »

Le bleu avait vraiment une sale tête. Il aurait sans doute eu l'air moins contrarié et désespéré si on lui avait annoncé qu'il allait passer le reste de ses jours à Guantanamo. Tout ça remonta considérablement le moral de Tony après l'attaque perfide des yeux verts, et il activa le protocole Bleu. Steve lui jeta un dernier regard d'avertissement mais rien ne put freiner son enthousiasme.

Donc, Tony adorait s'occuper des nouveaux. Il avait toute une série d'étapes à respecter scrupuleusement.

D'abord, il jugeait. Il scrutait, épiait, grattait là où ça s'écaillait. De ce jugement il déterminait un premier pourcentage qui permettait de choisir entre deux méthodes de formation. S'il était inférieur à 50% : il bizutait sans vergogne sans trop prendre la peine de faire la partie apprentissage. S'il lui était supérieur : il prenait le nouveau au sérieux, partageait son savoir et le bizutait peut-être encore plus.

Le sujet Loki avait passé cette première étape, et s'était stabilisé à 57%. Le pourcentage allait ensuite évoluer tout au long de la semaine et serait définitif jeudi prochain. Tony ouvrit le dossier de Loki qu'il avait discrètement récupéré des mains de Fury et commença à le feuilleter en entraînant son apprenti à sa suite.

« Okay le bleu : tu connais quoi de la police ?

-Je m'appelle Loki. Et vous avez mon dossier dans les mains.

Et sérieusement, qui dit encore « okay » ?

-C'est un faux dossier, on le sait tous les deux, répliqua le vieux sans jeter un œil derrière lui ni s'arrêter de marcher.

Grossière erreur ; il ne vit pas la tension des épaules de son pupille.

-T'as aucune qualification : t'es qu'un fils à papa qui sait pas quoi faire de ses journées alors tu vas voir des cadavres.

Loki se détendit.

-Yep. Parce que j'aime faire perdre du temps à des officiers de police.

-Personnellement j'adore les jouets, fit-il dans un sourire.

Il balança le dossier dans la poubelle près de son bureau. Le nouveau serra les dents d'agacement mais ne dit rien. Fury avait passé des heures à faire ce faux dossier.

Son collègue, Yeux perçants, cherchait quelque chose dans un gros meuble range-documents tout en parlant dans le téléphone coincé entre son épaule et sa joue. Cartonne, bastonne…. Barton. Il paraissait contrarié. L'Emmerdeur commença son speech mais Loki ne pouvait s'empêcher d'écouter la moitié de conversation à la place.

-Donc ici on est une équipe un peu spéciale. On dit la crim', mais en réalité on ne traite que vingt pourcents des homicides volontaires de New York, car ils sont souvent liés aux règlements de compte des mafias -brigade anti-gang-, au trafic de drogue - brigade des stups-, ou au djihadisme -les Swat ou le FBI. Nous, on a surtout la main mise sur les affaires classées.

-Oui ma puce, je sais… Mais je suis sûr qu'elle est très bien la nouvelle nounou. Tu ne la connais pas mon ange, sois sage avec elle. Papa est au travail, il revient ce soir. Tu es où là ? Comment ça tu l'as enfermée dans la salle de bain ? Ouvre-lui la porte voyons !

-Wow, tu m'écoutes le bleu ?

-Non, votre collègue a un souci avec sa fille et c'est passionnant, répondit très honnêtement Loki.

-Si tu veux être viré tout de suite, tu le dis.

-Allez, ouvre cette porte. Ton frère est très sage à l'école lui. Papa va essayer de rentrer plus tôt ce soir, continua l'agent en fermant le placard, ayant finalement trouvé son dossier. Oui, et on ira tous les trois au tir à l'arc ce week-end. Voilà. Oui, c'est promis. Tu ouvres la porte à la nounou maintenant ? Bien. Sois sage. A ce soir.

Le flic raccrocha avec toujours une expression contrariée et rencontra le regard noir de l'Emmerdeur.

-Tu déconcentres le bleu avec tes problèmes d'autorité.

-La ferme, Tony. Sa maîtresse est en dépression donc Lila doit rester à la maison, et c'est la troisième baby-sitter cette semaine, fit-il en se passant la main dans les cheveux.

-N'empêche que tu gâtes trop tes gamins.

-Ils vivent mal le divorce, répliqua Yeux perçants. Et de toute façon tu n'y connais rien.

-Tu gâtes trop tes gamins, confirma une rousse en s'approchant d'eux. C'est le dossier Han ? s'enquit-elle.

-Non, Williams, soupira-t-il en renonçant à répliquer. Mais il me semble que Bruce a un souci avec Han…

-Enfin bref, reprit Tony tandis que ses collègues discutaient en cherchant le dossier. On est huit ici, plus le directeur. Tu connais déjà Rogers et Barton…

-Bon courage le bleu ! fit Yeux Perçants en s'éloignant.

-Mais je dois encore te présenter à-

-Natasha Romanoff, le coupa la rousse en tendant sa main.

Quand Loki la serra –vache, quelle poigne-, elle s'approcha bien trop près à son goût et lui murmure à l'oreille:

-File une droite à Tony le plus vite possible pour qu'il te respecte.

Ah tiens, éventuellement ça pourrait être un très bon conseil. Loki décida qu'il l'aimait bien.

-Laisse mon bleu tranquille, Romanoff, fit Tony d'un ton agacé.

La rousse se détacha et lui tapota la joue avec un sourire. Elle était très jolie mais une petite voix dans sa tête lui disait danger et si elle te propose un verre tu dis non parce que tu aimes tes couilles par paire et puis ils ont tous l'air tarés ici de toute façon.

Elle s'en alla, Loki jeta un œil derrière lui, et définitivement, elle est sexy et elle a l'air sympa mais la fuite c'est cool aussi.

-Donc voilà, Natasha Romanoff, fit son mentor. Y'a une rumeur comme quoi c'est une espionne du KGB depuis qu'elle sait marcher, donc voilà, si elle te propose un verre tu dis non parce que tu aimes tes couilles par paire. (Loki haussa un sourcil amusé) Parce que si elle elle te fait rien, Clint s'occupe de ton amputation rapide et pas chère dès le lendemain.

Message reçu. Ils n'avaient pas l'air ensemble mais pas touche à aucun des deux sauf désir de long séjour à l'hôpital.

Finalement il allait écouter ce que lui disait l'Emmerdeur.

(Et lui filer une droite dès que possible)

-Donc, on est sept. On travaille en étroite collaboration avec les autres services, les stups, l'anti-gang... J'ai cru comprendre que tu avais un frère dans celle-là, Thor. Ton papounet doit l'avoir mauvaise, que ni lui ni toi ne vous lanciez dans la politique ?

Loki n'eut aucune réaction, donc Tony laissa tomber pour l'instant. Le pourcentage du bleu était assez haut, il aurait bien le temps de le pousser à bout à ce sujet plus tard.

Il s'arrêta pour compter sur ses doigts et marmonner « pourquoi j'ai dit sept moi ». Et puis tout d'un coup il y eut un truc contre la jambe de Loki et il porta sa main droite à son coté gauche en s'éloignant précipitamment de la chose. Puis il se dit merde et j'espère qu'il a rien vu.

Tony avait tout vu et se pencha pour prendre Jarvis dans ses bras. Maintenant il savait que malgré les apparences, le bleu avait fait de la police.

-Ah voilà. Jarvis, Loki, Loki, Jarvis. Les autres lui donnent d'autres noms mais c'est moi qui l'ai ramené donc il s'appelle Jarvis.

Il était très beau ce chat. Loki allait l'appeler FBI.

-On est à 6. Donc on est cinq agents de terrain, et il reste un ingénieur police technique scientifique ainsi qu'un médecin légiste qui sont aux étages du dessous, puisqu'ici il n'y a que les bureaux (il montra la pièce en entier) et le coin débrif juste là. (il montra un mur avec quelques chaises et un grand écran tactile. Vu comment il le couvait du regard il adorait ce joujou). On va descendre.

Il retourna près de son bureau, déposa FBI le temps de mettre un holster d'épaule et de prendre son arme de service. Loki y jeta un coup d'œil, et même s'il était customisé au ridicule (rouge et or, rest in peace la discrétion), il reconnut un glock 19. Son mentor reprit le chat sur son épaule et se dirigea vers l'ascenseur.

-Quand est-ce que j'ai mon flingue ?

-Ҫa dépend, tu sais t'en servir ? fit-il d'un ton de défi en se retournant.

-Ok, soupira Loki, notre père nous a fait subir à Thor et à moi un entraînement militaire de deux ans à notre majorité. Donc je sais me servir d'un flingue.

Il n'aimait pas devoir révéler une partie de la couverture préparée par Fury une demi-heure après être arrivé ici, mais son mentor était du type chiant.

-En gros, tu ne mentionnes pas avoir été dans la police avant, mais ta réaction face au daaangereux Jarvis laisse présager le contraire. Je te crois pour le flingue, Darcy t'en filera un. Ah, à propos de Darcy, fit-il en ayant l'air soudain beaucoup plus fatigué.

Il appuya sur le bouton d'appel et les portes s'ouvrirent. Loki monta à sa suite et ils descendirent. Les yeux bleus de FBI le fixèrent, au même niveau que lui car il était toujours sur l'épaule de l'agent (qu'est-ce qu'il était petit tout de même. Finalement il allait rebaptiser l'Emmerdeur Grincheux), et ne semblaient pas le juger, mais plutôt demander s'il aurait une souris dans ses cheveux par hasard. Le chat devait avoir un an et demi, pas plus, pour être vif et joueur comme ça.

-Pour ce qui est des personnalités, reprit Grincheux, Steve est le flic droit et parano par excellence, m'enfin ça tu le verras bien assez tôt, Clint est un marrant sauf quand il s'agit de ses gamins, et ton frère tu le connais. Par contre, pour les autres, fais gaffe. Natasha est très habile avec un couteau et notre médecin légiste a des troubles de la personnalité. N'énerve aucun des deux. Et enfin, notre ingénieure…

Quand les portes de l'ascenseur se rouvrirent, James Hetfield leur demanda pour qui sonnait le glas en leur hurlant dans les oreilles.

-… est complètement folle, termina Tony tandis que FBI saute de son épaule pour aller vers une fille en blouse et à lunettes qui ondulait une main en rythme avec la musique. Elle se retourna après deux miaulements du chat.

-Salut Cookie ! Ça va mon grand ?

Elle prit la créature dans ses bras et continua de chantonner les paroles en restant concentrée sur son ordinateur, qui comparait deux clichés de balles très endommagées. Grincheux se racla la gorge.

-Oh, salut Tony ! Musique, fit-elle à personne en particulier, et il y eut tout d'un coup beaucoup moins de basse et de guitare et c'était beaucoup mieux.

Elle s'approcha de Loki et le scruta.

-Toi je te connais pas mais t'as des jolis yeux. Ma petite amie serait trop fan. Mais Cookie a des jolis yeux aussi, sembla-t-elle réfléchir en prenant le chat à bout de bras, qui se contenta de miauler. Tu préfères quoi Tony, bleu ou vert ? fit-elle en retournant l'animal pour le lui montrer.

Et même s'il avait voulu répondre il n'aurait pas pu parce qu'elle recommença aussitôt à parler. Il semblait avoir l'habitude parce qu'il leva juste les yeux au ciel et attendit que ça passe.

-C'est quoi ton nom ? demanda-t-elle en posant FBI par terre.

-Loki, répondit-il.

-C'est beau, remarqua-t-elle en se détournant. Le feu, la ruse, la discorde, tout ça. Mais toi t'as l'air sympa. Tu vas rester ? Tu aimes les spectromètres de masse ?

Grincheux se racla la gorge et Darcy sembla se ressaisir.

-Hey, j'arrête de parler.

-Il est nouveau et il a besoin d'un flingue.

-J'amène ça.

Loki se rendit compte qu'il avait un très léger sourire sur les lèvres tandis qu'elle se dirigeait vers le fond de son labo en demandant pour qui sonnait le glas.

-Là elle a pris trop de café, précisa Tony. Elle est plus calme d'habitude.

-Je pensais qu'elle était Asperger.

-Un peu aussi.

Elle revint vers eux en tenant l'arme et la sangle du bout des doigts, loin d'elle. Loki la débarrassa de ce qui semblait la dégoûter au plus haut point et enfila l'holster, puis observa le semi-automatique. Comme il s'y attendait, c'était aussi un Glock 19. Il ne les connaissait pas très bien, il préférait les Beretta, mais il devait en avoir l'air s'il voulait être crédible aux yeux de Grincheux.

« Darcy »(… Loki n'avait pas de surnom et n'allait peut-être pas lui en donner, parce que cette fille était un alien) regarda toujours l'arme avec une expression de dégoût.

-Si t'es une hippie, tu devrais pas écouter Bob Marley ? lui lança Tony.

-Mais je l'écoute, protesta-t-elle. Sauf quand il me dit de fumer de la weed au travail. Là je lui dis : « non Bobby», parce qu'après je suis déconcentrée et là Nicolas me dit qu'il va me virer.

Ah oui. Parce qu'entendre la voix de Bob Marley était complètement normal.

C'était fait, Loki était largué.

-Fury ne te virera jamais.

-Toi non plus, mais tu l'écoutes quand même quand il te menace de le faire.

-C'est mauvais pour son ulcère de s'énerver.

-Et la weed c'est bon pour les intuitions.

-Et pour les ulcères ?

-C'est le curcuma pour les ulcères.

-Vous êtes encore là ? s'étrangla Super Poulet qui vient d'entrer.

Grincheux sursauta, et cria quelque chose comme quoi il avait besoin de ces dix ans de sa vie et que c'était illégal de surgir dans le dos des gens comme ça. Puis il se résolut à partir et fit un high five très compliqué avec Darcy, qui prit bien trois minutes et comportait le laridé du poulet ainsi que la danse du Jemenoie sans doute tiré de Pulp Fiction. Et tandis que Steve regardait sa montre parce qu'il devait vraiment boucler ce dossier, Loki cherchait la sortie de secours parce que tout cela était vraiment trop pour lui.

Ils étaient retournés dans l'ascenseur lorsqu'il s'enquit :

« C'est toujours comme ça ?

-Non, là c'est juste aujourd'hui pour te traumatiser.

Il garda une expression sérieuse jusqu'à ce que le bleu ait l'air un peu rassuré.

-Nan j'déconne, c'est toujours comme ça.

Et il sourit.

Connard.

Loki était si désespéré (il envisageait d'appeler son frère pour lui demander de le sortir de là. Appeler son frère) qu'il fallut attendre de passer la porte automatique avant qu'il ne se rende compte qu'ils étaient à la morgue. Il y avait des tables grises et des instruments et tout était très propre. Un homme plutôt baraqué en blouse blanche était en train de ranger ses affaires.

-Hey Bruce ! lui lança Tony. Regarde qui j'amène !

Lorsque le médecin leva le nez, son regard était fuyant et il avait l'air légèrement mal à l'aise. Loki le baptisa Timide et se demande s'il devait s'appeler lui-même Blanche-Neige avec ses surnoms de merde (mais dans ce cas il pourrait appeler Darcy Simplet) (ouais nan c'était de la merde).

-Bruce Banner, lui dit-il doucement en lui serrant la main, bienvenue à la brigade.

On lui avait dit qu'il était dangereux, mais il était le premier à lui souhaiter la bienvenue et à le laisser se présenter, donc il décréta qu'il l'aimait bien lui aussi. Il s'entendait bien avec les gens dangereux de toute manière.

-Loki, enchanté.

-Tony va te taquiner mais je peux voir qu'il t'aime bien. Ne te laisse pas marcher dessus.

L'Emmerdeur se racla la gorge de manière agacée. Timide était décidément le préféré de Loki. Natasha semblait louche pour une flic et « Darcy » trop… trop… folle (même s'il supposait que ce n'était qu'une question de temps et d'accommodation avant que le labo ne devienne sa seconde maison parce qu'il aimait vraiment trop les gens ayant complètement perdu la tête comme elle).

-Stevy t'a dit ? s'enquit Grincheux, on a un pendu sur la neuvième.

-J'ai eu le message et l'adresse, vous voulez venir dans le camion ?

-La terre est trop en danger pour qu'on prenne deux voitures. En avant Folamour.

En route pour la maison du pendu, Loki se dit que tout ceci était une très mauvaise idée.

-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-o-

Qu'en avez-vous pensé ? Loki est louche n'est-ce pas ? Quelle est cette histoire de faux dossier, de réflexe ? Mmh, ça pue les embrouilles, mais hey, c'est Loki, hein.

Bonne journée ou nuit à vous!