Mot de l'auteur : Je me suis lancée dans la rédaction d'une petite fanfic à propos de Pays-Bas et d'Espagne, juste pour me défouler un peu, et écrire sur eux, parce que je veux inonder ce site de ce couple que j'aime profondément. Je ne respecte sans doute pas toutes les notions et les détails historiques, mais certaines pages wikipedia m'ont clairement guidé sur certains points, certains chiffres, etc... Je prends toutes les libertés nécessaires à écrire sans me prendre trop la tête, donc d'avance désolée pour les fanatiques de l'Histoire et pour nos headcanons différents :).
Pairing : NedSpa.
Warning : Un peu angst ? Je dévierais peut-être vers du smut léger... on verra. Yaoi. Plusieurs courts chapitres.
Disclaimer: Les personnages ne m'appartiennent évidemment pas, ils sont à Himaruya Hidekaz. :D


Espagne aurait aimé que cet instant ne s'arrête jamais. Sa respiration, lente, mesurée, berçait la petite créature qui se blottissait contre sa poitrine, à demi endormie, retenant sa chemise de ses adorables mains rondes. L'atmosphère était pourtant lourde, la chaleur à l'extérieure écrasante : Italie en profitait toujours pour arrêter tous ses petits caprices et ses pleurnicheries et pour venir faire la sieste tranquillement. Espagne pouvait alors savourer de ces quelques moments de répit et de tendresse durant lesquels il n'était pas obligé de donner des ordres à l'italien auxquels ce dernier n'avait de toutes façons clairement pas envie d'obéir. La chaleur empêchait tout mouvement et toute dépense d'énergie superflue en ce milieu d'après-midi, et, installés tranquillement sur un canapé couvert de velours rouge, dans un immense salon richement décoré dans lequel le frais perdurait encore un peu, il n'était pas difficile pour eux de trouver le sommeil. Le soleil brillait à travers les rideaux tirés, et l'espagnol passait une main absente entre les mèches couleur châtain du petit garçon qui s'étalait sur lui, le tirant sans le faire exprès de ses rêves dans lesquels il était plongé depuis de longues minutes.

« Hm... »

Son air endormi lui donnait un air craquant et stupide, et l'espagnol baissa les yeux pour regarder Romano émerger tranquillement.

« Tu t'es endormi pendant que je parlais... plaisanta-t-il, parce que le petit italien s'était effectivement servi de sa voix comme berceuse.
- C'est pas vrai, je dormais pas !... marmonna la petite chose qui tenta de se redresser, fière, mais qui ne parvint au final qu'à s'étaler un peu plus, trop lasse pour bouger.
- Alors ça ne devait pas beaucoup t'intéresser... fit Espagne en souriant, sans cesser de lui caresser les cheveux.

- Évidemment que ça m'intéresse pas... » grogna le petit. Et comme il ne semblait pas décidé à bouger, Espagne ne fit pas le moindre mouvement non plus pour se lever Romano se montrait aussi peu mignon que d'habitude, mais il avait l'air trop fatigué pour être trop insupportable, et il était simplement trop fier pour avouer qu'il était bien, là, à dormir tranquillement. Sa petite silhouette ne pesait presque rien sur son torse et l'espagnol le regarda se déplacer un peu pour tenter de retrouver une position confortable, se servant de lui comme d'un fauteuil, sans plus de ménagements. Un peu plus et il se plaindrait qu'il n'était pas assez moelleux...

« Tu veux que je continue à raconter, alors ?
- Non ! Je m'en fiche ! Tu fais que te vanter tout le temps !
- … Tu trouves ?
- Oui !
- Ah.. Haha ! C'est peut-être vrai. Mais de quoi veux-tu que je te parle d'autre ? Boss fait les choses bien, tu sais !
- Tu vois, tu te vantes encore ! Crétin ! » qu'il râlait, le petit italien trop endormi pour hausser le ton, mais clairement fatigué d'entendre Espagne si sûr de lui. Il avait beau être tout jeune et tout petit, il savait très bien que cet imbécile de méditerranéen n'était pas seulement le joyeux luron un peu autoritaire mais surtout très conciliant qu'il connaissait. Il l'avait cru pendant longtemps : lorsque la jeune nation espagnole l'avait pris sous son aile (ou plutôt à son service), Romano ne voyait en lui qu'un espèce de crétin un peu à côté de la plaque. Il aurait pu continuer à le croire pendant longtemps s'il n'avait pas eu l'occasion de le surprendre en train de démoraliser dans un coin reclus, ou bien s'il n'avait pas pu entendre certaines des conversations qu'il avait avec France ou Angleterre. Trop jeune encore pour se rendre compte des efforts financiers et militaires qu'Espagne fournissait pour le protéger et pour s'occuper de lui, il ne prenait pas son comportement pour de l'ingratitude. Il était en état de servilité et cette situation était très loin de lui plaire. Sa curiosité à propos de ce que le brun avait pu échouer dans sa vie ressemblait à de la provocation peut-être en était-ce, ou peut-être était-il véritablement curieux. Ou sans doute plutôt un savant mélange entre les deux.

« Raconte-moi quelque chose que tu as raté ! »

L'espagnol fixait le plafond depuis de longues minutes, un faible sourire ornant ses lèvres, lui donnant l'air un peu pathétique. Ses gestes s'étaient fait lents, absents presque, alors qu'il réfléchissait en silence à ce que le petit garçon venait de dire. Romano avait de nouveau enfoui son nez dans le cou du plus grand et attendait, vaguement impatient, que son maître n'obéisse à son ordre. Maître qui semblait perdu dans un marasme de pensées qui obscurcissaient son ciel sans nuages.

En général, il n'aimait pas penser à ce qui lui ruinait sa bonne humeur : c'était éreintant psychologiquement, et il avait horreur d'être maussade. D'autant plus qu'il était persuadé que l'italien ne l'avait jamais vu dans ses mauvais jours, il ne voulait pas qu'il puisse voir ça alors qu'ils étaient si paisiblement installés dans l'ambiance feutrée de l'après-midi... Il ne craignait pas de raconter quelque chose de différent de ce qu'il pouvait bien baratiner habituellement, mais quand Romano avait mentionné quelque chose qu'il avait raté, la première chose qui lui avait agressé la mémoire avait effacé tout ce qu'il aurait pu dire d'autre. Cela faisait pourtant un moment que ces événements avaient eu lieu, et y penser n'aurait plus dû être aussi douloureux. Les années passaient, si courtes à leur échelle, et les nations grandissaient et vieillissaient, mais ne gardaient pas de vieilles rancœurs, passé plusieurs décennies... en général. Normalement, tout cicatrisait, tout finissait par guérir et disparaître. Mais parfois, la plaie d'une guerre ou d'une crise ne guérissait pas totalement, toujours présente, et elle hantait l'esprit de la nation à chaque instant. Parfois, elle disparaissait, cachée derrière les souvenirs des événements plus récents, et il suffisait d'y penser pour que la douleur ne réapparaisse.

Espagne enfouissait les horreurs passées derrière son optimisme, sa meilleure défense contre le monde ces dernières décennies. Sa déchéance l'avait laissé exsangue, et plus jamais il ne voulait ressentir ces sensations lancinantes au creux des entrailles... et pourtant, elles revenaient toujours à la surface, le narguant, le punissant avec la même intensité et pour les mêmes erreurs à chaque fois qu'il y repensait.

« Je vais m'endormir ! Parle, crétin ! ordonna l'italien d'une petite voix étouffée.

- Laisse-moi le temps de réfléchir... C'est qu'il n'y a pas tant de choses que ça qui me viennent à l'esprit, tu sais !
- Je suis sûr que t'as tout le choix qu'il faut ! Allez !
- Ce que tu peux être méchant, Romano... Hm... »

L'espagnol faisait mine de réfléchir, essayant de trouver une petite anecdote à raconter, qui pourrait satisfaire l'italien et le faire, peut-être, sourire un peu. Bien-sûr, il ne rirait sans doute pas à gorge déployée, mais s'il finissait par se moquer du brun d'un air sarcastique, il considérait que c'était gagné. Il ne pouvait pas décemment lui dire ce à quoi il pensait de toutes façons.
Lovino ne s'endormait pas, pourtant. Il n'avait pas posé cette question pour rien.

« Parle-moi de Pays-Bas. »

Quelques secondes interminables plus tard, dans un silence de plomb, Espagne sortit de son silence, fixant le plafond, profondément surpris par la requête de l'italien. C'était comme s'il avait lu dans ses pensées. Avait-il compris au changement du rythme cardiaque de son maître à quoi il pensait ?

« … Je ne pense pas que ça t'intéresse...

- Ca m'intéresse.
- Tu sais, c'est long et ennuyeux, vraiment, je pourrais te parler de tout un tas d'autres choses, et-
- Allez ! »

Le brun s'interrompt et cesse de sourire bêtement. Lorsque l'italien s'accrochait à une idée fixe, il s'avérait souvent extrêmement difficile de la lui faire abandonner. Et cette fois, il voulait qu'Espagne lui parle de Pays-Bas.
De toutes ses erreurs, il allait devoir lui raconter une de celles qui l'empêchaient encore de dormir parfois. Incertain de savoir comment en parler ou d'à quel moment il ne serait plus capable d'émettre le moindre son, l'espagnol ferme les yeux et caresse doucement les cheveux du petit garçon pénible entre ses bras petit garçon curieux, borné, à l'âge où l'on demandait toujours « pourquoi ? » aux adultes, adultes qui pensaient savoir toutes les réponses, et qui au final se retrouvaient confrontés à leur propre ignorance et leur propre bêtise. Comment raconter ses erreurs à un enfant et ne pas se sentir coupable encore et encore ?

« D'accord... d'accord. »


A suivre, j'espère que je saurais vous faire apprécier un peu ces bébés que j'aime follement ;_; !