Résumé : Quand une obsession trop longtemps enfouie conduit à une pulsion incontrôlée brisant une longue amitié et la vie de deux mages...

Drame - Angst - Hurt comfort

Yaoi (HxH) : Homophobes s'abstenir ! - Légère romance NatsuxGray

Spoil : après les Grands Jeux Magiques et Eclipse

/!\ Avertissements /!\ : cette fanfic aborde des sujets graves comme le viol, la violence, l'alcool ou la drogue.


Nda : Voici le prologue et premier chapitre de cette fanfic. Une histoire très sombre ici avec une scène difficile. Je préfère vous prévenir qu'ici j'évoque à nouveau le sujet grave du viol mais que je traite différemment que dans Son sourire… pour ceux qui l'ont lu.

/!\ Présence explicite d'une scène de viol. (uniquement dans ce chapitre)


Disclaimer : Les personnages et l'univers de Fairy Tail ne m'appartiennent pas tout est à Hiro Mashima.


Quand l'amour mène à la folie

oOoOo

- I -

Tentation

Leur vie bascula un soir de pleine lune…

Une goutte d'alcool de trop, une pensée interdite, une pulsion, un geste. Comment en étaient-ils arrivés là ? Comment deux hommes se vouant un respect et une amitié sans bornes finirent par se détester ? Comment l'obsession d'un seul homme finit par les consumer tous les deux, les avalant de sa bouche vorace ?

oOoOo

Ce soir là à la guilde de Fairy Tail, tout se passait comme chaque soir ou presque, les tonneaux d'alcool se vidaient, les rires retentissaient, l'ambiance était joyeuse et détendue digne de la guilde la plus forte du pays mais surtout la plus bruyante au détriment du voisinage. Cette bonne humeur perdura jusqu'à ce qu'une bagarre n'éclate encore une fois, plongeant la salle remplie de mages dans un brouhaha et un vacarme assourdissant.

Au loin on voyait Elfman voler contre Cana qui renversait son tonneau, qui lui-même se déversa lamentablement sur le sol déjà souillé, transformé pour l'occasion en véritable patinoire réjouissant Roméo qui se fit une joie d'en profiter.

Loin de cette cohue générale, Erza, Lucy, Wendy, Natsu, Gray, Happy et Charuru discutaient tranquillement à leur table devant un verre. Mais si l'on s'approchait un peu plus près, on pouvait voir que l'un d'eux ne tenait pas en place. Il agitait nerveusement les jambes, ses pupilles se dilataient d'excitation et ses narines frémissaient. En d'autres termes l'individu en question était prêt à sauter à corps perdu dans la rixe. Natsu trépignait sur sa chaise, ne supportant plus l'inactivité exaspérante de ses camarades.

— Tu viens te battre le glaçon ?! demanda finalement le jeune homme à son rival et ami.

— Pas ce soir l'allumette, demain je pars en mission à la première heure, répondit Gray de sa nonchalance habituelle.

— Pfff…, répondit-il d'un air déçu.

Natsu, contrarié, tourna à nouveau la tête vers le centre de la salle digne d'une véritable foire d'empoigne. Sa fascination l'éloigna momentanément de la discussion bien trop ennuyeuse qui se déroulait juste derrière lui.

— Tu pars seul ? demanda Erza.

— Non, je pars avec Juvia, déclara-t-il tout en finissant son verre de bière d'un seul trait.

— Oh je vois…, réagit-elle en faisant un petit sourire en coin.

— Tu vois quoi ? demanda-t-il perplexe.

— Rien Gray… Et toi non plus d'ailleurs, se désola la jeune femme.

Le jeune homme regarda son amie ne comprenant pas où elle voulait en venir au juste. Mais il se sentait bien trop fatigué pour réfléchir à ses mots. Il savait à quel point Erza pouvait se montrer énigmatique parfois. Il préféra plutôt oublier sa remarque et se leva, prêt à quitter la guilde bruyante alors que Natsu se jetait tout droit dans la mêlée qui s'était formée au centre.

Avec un sourire amusé, Gray prit sa veste et s'apprêta à quitter le vacarme de la guilde pour rejoindre la quiétude de son appartement du centre ville.

— Ce n'est pas que je m'ennuie mais je préfère ne pas me coucher trop tard, bonne nuit tout le monde !

Gray quitta la guilde en essayant tant bien que mal d'éviter les projectiles qui volaient tout autour de lui, tout en songeant encore malgré lui aux paroles énigmatiques de son amie. Qu'avait bien pu vouloir dire Erza ? Pourquoi les filles se montraient-elles aussi mystérieuses et tournaient toujours autour du pot alors qu'il était tellement plus simple de dire franchement les choses ? Bien sûr, il savait que sa franchise déconcertait un peu ses amis parfois mais au moins on savait à quoi s'en tenir avec lui.

Il poussa la lourde porte grinçante et aspira une grande bouffée d'air qui chassa instantanément l'ambiance étouffante de la grande salle.

Le calme qui régnait à l'extérieur contrastait agréablement avec la cacophonie qui envahissait la guilde. Il profita de la douceur de la nuit pour se griller une cigarette. Il le faisait encore de temps en temps, profitant d'un moment calme, et quand il se sentait bien. Les moments comme celui-ci étaient bien trop rares à son goût et Gray décida donc d'en profiter. La première taffe lui fit du bien et le jeune homme la dégusta précieusement, s'émerveillant au passage, du ciel étoilé qui recouvrait la ville de Magnolia endormie, puis plongea comme souvent dans ses souvenirs.

Depuis la victoire de Fairy Tail aux Grands Jeux Magiques, le moral était au beau fixe bien que souvent il ne pouvait s'empêcher de repenser au sacrifice d'Ultear avec un pincement au cœur. La reverrait-il un jour ? Il aurait aimé mieux la connaître, elle ressemblait tellement à Ul qui lui manquait toujours autant malgré les années qui passaient ! Depuis les évènements survenus sur l'île de Tenrô, il s'était senti proche d'Ultear, comme s'il y avait eu entre eux un lien fraternel. Il ne l'avait pourtant pas souvent côtoyé mais ce fil invisible était bien là, créant un passage étroit aux contours incertains entre leurs deux cœurs. Mais aujourd'hui, il ne pourrait plus jamais développer ce lien, non plus franchir cette route à jamais fermée. Et ce constat creusa un vide en lui, un manque qu'il ne pourrait plus jamais combler.

Il fut interrompu dans ses pensées par un bruit qui retentit derrière lui, le faisant sursauter. Gray se retourna brusquement et essaya d'identifier la présence d'un quelconque individu dans la nuit. Au même moment, un chat traversa la rue promptement pour aller fouiller les poubelles sur le trottoir d'en face. Mais mis à part cette ombre furtive, il ne discerna pas le moindre mouvement ni la moindre forme malgré la pleine lune qui éclairait de ses pâles rayons la ruelle.

— Il y a quelqu'un ? demanda-t-il malgré tout méfiant.

Ce n'était pas la première fois que Gray se sentait suivi et épié depuis son retour de Crocus mais il ne s'était pas vraiment inquiété jusqu'à maintenant.

Cette fois-ci, c'était différent.

Gray fut saisit d'un mauvais pressentiment lui oppressant la poitrine sans savoir vraiment pourquoi. Il pressa le pas jusqu'à son appartement qui n'était plus qu'à deux rues d'ici, le cœur battant frénétiquement dans sa poitrine. Une peur sourde et incontrôlable s'infiltra insidieusement lui faisant perdre momentanément ses moyens.

Il écrasa rapidement sa cigarette devant l'entrée du petit immeuble aux murs gris dans lequel il vivait depuis quelques années, s'engouffra à l'intérieur puis monta les marches quatre à quatre. Son appartement était situé au troisième étage. Il ouvrit la porte tout en vérifiant qu'il était bien seul dans le couloir et entra rapidement en la claquant sans ménagement derrière lui. Il referma le loquet et veilla à bien la verrouiller. Gray se plaqua enfin le dos contre la porte, essoufflé, le cœur battant à tout rompre. Il respira finalement une grande goulée d'air et se mit à rire nerveusement devant cette frayeur absurde.

— Si Natsu te voyait dans cet état mon pauvre Gray ! se moqua-t-il de lui-même.

Le fait est qu'il se sentait ridicule de réagir ainsi d'autant plus qu'il était tout à fait capable de se défendre en cas d'agression. Il balaya d'un revers de la main cette peur insensée et alla se chercher une bière dans le frigo qu'il sirota calmement sur le canapé le temps de reprendre complètement ses esprits.

Le jeune homme se demanda soudainement s'il ne devenait pas parano. Depuis son retour, il avait remarqué qu'il était plus méfiant vis-à-vis de ce qui l'entourait. Attentif au moindre danger. Il se doutait qu'inconsciemment, il était encore perturbé par sa mort contre les minis dragons. Bien qu'il s'était efforcé d'oublier cette image des lasers le transperçant de toute part, elle était toujours là, présente dans sa mémoire mais aussi quelque part dans sa chair et conditionnait son comportement actuel.

Après un rapide passage à la salle de bain dans laquelle il se passa de l'eau fraîche sur le visage qui l'aida à chasser définitivement son angoisse, Gray prépara son sac pour la mission du lendemain. Il devait rejoindre Juvia à sept heures tapantes à la gare et préférait que tout soit prêt dès maintenant. Au moins, il n'aurait pas grand-chose à faire le lendemain matin à part boire un bon café noir, prendre une douche glacée et s'habiller en espérant conserver ses vêtements assez longtemps…

Enfin prêt, il enleva ses habits déjà à moitié défaits, sa chemise pendant nonchalamment le long de ses bras, il se demanda d'ailleurs, comment il avait réussi à ne pas en perdre en route cette fois-ci. L'adrénaline sans doute, se disait-il.

Gray se coucha enfin, nu comme à son habitude, sous les draps frais. Avant d'éteindre sa lampe de chevet, il regarda comme chaque soir la petite photo qui s'y trouvait : Ul et chacun de ses disciples sous un bras qui essayaient de se frapper sans succès. Le sourire de celle qu'il avait aimé comme une mère, le rassura puis il ferma les yeux, apaisé. Il ne mit pas longtemps à rejoindre les bras de Morphée et à gagner le pays des songes.

Derrière la fenêtre de la chambre restée entrouverte, deux billes argentées brillant dans le clair de lune l'observaient avec un intérêt évident. L'homme attendit un moment, finissant la dernière goutte de vodka qui restait dans sa bouteille, avant de pénétrer par la fenêtre.

oOoOo

L'homme titubant s'approcha doucement du lit et observa le corps endormi. Un corps aux doux reflets d'albâtres contrastant avec la chevelure épaisse, noire corbeau. La respiration lente de Gray faisait doucement se soulever le drap fin qui recouvrait son corps. L'homme pouvait aisément deviner les formes alléchantes à peines voilées sous le tissu, réveillant un à un ses sens.

La passion dévorante qu'il éprouvait pour son ami, le consumait peu à peu depuis plusieurs mois déjà. Des mois pendant lesquels il s'était plongé lentement dans cette folie douce et qu'il cherchait à oublier, honteux, enfermant ses pensées interdites à double tours puis les noyant dans l'alcool, croyant ainsi les endormir. Mais c'était tout le contraire qui s'était produit. Au lieu de disparaître dans les limbes de son âme, ses sentiments avaient envahi un à un chaque parcelle de sa peau, chaque cellule de son corps, s'infiltrant dans ses veines, gagnant son cœur pour l'infester de ce poison. Tout en lui, ne respirait plus que par lui : Gray.

Il le suivait maintenant depuis quelques semaines sans jamais oser l'approcher de trop près, s'abreuvant simplement de sa vue mais ne parvenant cependant pas, à étancher sa soif de plus en plus insoutenable.

Mais cette fois-ci était différente…

Il s'était lentement laissé conduire de l'autre côté de la vitre qui jusqu'à présent l'empêchait de franchir la frontière interdite. Mais ce jour-là, Gray avait laissé sa fenêtre ouverte, comme un signe et un appel à outrepasser justement cet interdit, et qui le poussa à pénétrer dans cette chambre où l'objet de ses désirs l'incitait à venir vers lui, toujours plus près.

Tentation.

Il se sentit de plus en plus attiré, se rapprochant du lit sans faire le moindre bruit. L'observer de si près le grisait, l'attirant comme un aimant.

Incontrôlable.

Les battements de son cœur s'affolèrent, sa main tremblait mais s'approcha toujours plus de la peau attirante. Cette même main hésitante souleva lentement le drap, fébrile, presque tremblante, pour dévoiler l'objet de son obsession. Il était là dans sa nudité la plus totale, la plus belle et la plus pure.

Gray était couché sur le ventre, les deux mains sous son oreiller. Son dos se soulevait doucement au rythme de sa respiration lente et apaisée par le sommeil. Les yeux de l'intrus retracèrent les courbes harmonieuses, partant de son dos large et musclé, descendant le long de la cambrure délicate du bas de son dos, s'arrêtant un instant sur ses hanches fines et s'achevèrent sur l'arrondi de ses fesses tentatrices. Sa main se rapprocha et se posa, caressante. Un mouvement du jeune homme le fit se figer.

Non… Il se retournait simplement, dévoilant sa virilité endormie.

La respiration de l'homme s'accéléra. Il sentit le désir le brûler, le dévorant de l'intérieur. Non, il n'avait pas le droit. Il savait que c'était mal et qu'il n'y aurait plus de retour en arrière possible après ça, et pourtant… La tentation était bien trop forte, son bas ventre lui criait, le suppliait de le soulager ! Cette pensée s'insinuant dans son esprit, il était déjà perdu.

Sa main se posa à nouveau, moins timide cette fois et commença à caresser la peau pâle qui brillait légèrement sous les rayons de la lune filtrant dans la chambre. Il se rapprocha du visage de l'endormi et déposa un baiser sur ses lèvres délicates, s'enivrant de son odeur parfumée, fraîche et citronnée qui se mêla à son souffle encore légèrement marqué par la cigarette.

— Gray…, murmura-t-il.

Prononcer son prénom rendit la chose réelle et palpable. Gray était bien là, offrant son corps divin à son regard voyeuriste. S'offrant à lui, ni plus ni moins.

L'homme se déshabilla, pressant, et s'étendit nu sur le corps tiède qu'il plaqua à nouveau sur le ventre, sous le poids de son propre corps.

Ce désir d'abord souverain et délectable, lui faisait maintenant mal. Il avait besoin de le sentir, de le toucher, qu'il lui appartienne pour de bon ! Ses lèvres brûlantes se déposèrent sur son dos, goûtant la peau salée avec avidité. Sa verge tendue se frottait contre le postérieur aguicheur. Il ne pouvait plus attendre. Tant pis s'il se réveillait. Tant pis s'il le haïssait après ça. Il devait le faire ! Il n'avait plus le choix.

Haletant, l'homme se positionna prêt à pénétrer l'intimité offerte. Tremblant, il s'inséra par de petits coups de hanches, violant son postérieur le plus doucement qu'il le pouvait. Il ne voulait pas lui faire mal, surtout pas, pourtant il savait quelque part qu'il en souffrirait mais il préférait chasser cette idée de sa tête. Se persuadant que malgré la cruauté de son acte, la douceur qu'il lui procurerait atténuerait la douleur.

Mensonge.

Mais c'était sans compter son désir qui lui criait de le posséder pour de bon. Ce cri était insoutenable, il devait le faire taire, le sceller dans la glace au plus vite.

Alors il ne se retint plus, comme possédé par une quelconque entité, cette folie le consumait complètement, rien ne comptait plus que son désir. L'assouvir.

Il commença, par de profonds déhanchés, à malmener le corps toujours endormi, s'enfonçant d'avantage dans le corps chaud dont il s'emparait égoïstement. Seuls quelques gémissements étouffés parvenaient à s'échapper des lèvres du brun dont le visage se crispait à mesure que les coups s'intensifiaient.

Il se réveillait.

oOoOo

Il haletait, l'air lui manquant, il suffoquait essayant de récupérer le précieux élément. Gray émergeait des ténèbres peu à peu, tremblant et fiévreux. Un malaise. La douleur. La sensation d'étouffer, d'être oppressé.

Une douleur fulgurante dans le bassin le fit soudainement se redresser, se réveillant en sursaut, le front en sueur. Gray essaya de se soulever.

Un poids sur son corps, une odeur d'alcool, un souffle chaud. La douleur encore, suffocante, l'empêchaient de se mouvoir. Des larmes perlaient dans le coin de ses yeux. Son cœur se serra dans sa poitrine. Sa respiration s'accéléra subitement. Il ne comprenait pas. Où était-il ? Que se passait-il ? Etait-ce un cauchemar ? Allait-il se réveiller ?

— Qu'est-ce que… ?! essaya-t-il de s'exclamer mais son cri resta bloqué dans le fond de sa gorge.

Il suffoquait, encore.

Ce n'était pas un cauchemar.

Gray essaya de se dégager de l'emprise qui pesait sur son dos mais la douleur le fit hurler. Le jeune homme sentait quelque chose ou plutôt quelqu'un, sur lui, que faisait cette personne ? Se pouvait-il que…?

— Non ! Arrêtez ! réussit-il à sortir de sa gorge malgré la douleur foudroyante qu'il ressentait, toujours plus intense.

C'était bien réel, la douleur était réelle et la vérité lui explosa en plein visage. Quand Gray comprit ce qu'on était en train de lui faire, l'horreur et la panique l'envahirent. Il se débattit de toutes ses forces mais la douleur était insupportable et les larmes commencèrent à rouler sur son visage crispé par la souffrance, la terreur et se sentiment qui s'insinuait, vicieux, l'humiliation et la honte.

Gray essaya de crier mais l'homme à présent déchaîné lui plaqua la bouche contre l'oreiller tandis que sa poigne ferme s'empara de ses poignets pour qu'il cesse de bouger. Il continua sa besogne sans relâche, en poussant des gémissements rauques. Resserrant sa prise autour des poignets endoloris.

Quand allait-il arrêter ? Allait-il le tuer après ça ?

L'agresseur ne se contrôlait plus, son plaisir était trop intense, il ne pouvait plus s'arrêter, Gray lui appartenait, son corps lui appartenait ! Il se sentait plus puissant que jamais, entendant à peine les gémissements et les pleures étouffées de sa victime. Il entendait son cœur battre, tambourinant dans sa poitrine à un rythme effréné. Le dominer, le faire sien, le posséder entièrement, son corps et son âme. Il ne s'était jamais senti aussi bien, à l'intérieur de Gray il se sentait tout puissant !

— Non ! Je vous en prie, arrêtez…, supplia le jeune homme secoué par les sanglots.

Toutes ses forces le quittaient, le laissant complètement impuissant, dans le désarroi le plus total. L'homme lui lâcha enfin la tête lui permettant à nouveau de respirer. Mais c'était trop tard.

— J'ai…j'ai mal…, souffla Gray qui avait encore du mal à respirer, tant la douleur le faisait souffrir.

Les lèvres de son violeur se posèrent, délicates sur son dos. Les yeux de Gray s'écarquillèrent d'effroi mais surtout de dégoût. Cette douceur si soudaine était aberrante au vu de ce que cet homme lui infligeait. Gray avait envie de vomir, de hurler mais il n'en avait plus la force. Il essaya encore en vain de se dégager mais l'homme au-dessus de lui le maintenait fermement, ne relâchant à aucun moment sa prise. Gray ne voulait pas abandonner mais son corps ne suivait pas sa volonté, l'abandonnant lâchement à son ravisseur.

L'homme repris à nouveau son rythme incessant, sentant la future délivrance arriver. Alors il accentua ses coups, plus profonds, plus secs. Gray hurla de douleur mais son assaillant ne semblait pas l'entendre, ses mains toujours crispés sur ses poignets, il était secoué par de derniers soubresauts, prêt à se libérer.

Le jeune homme le sentit se cambrer et pousser un râle, un liquide chaud le remplit puis les coups cessèrent brusquement. Le corps se fit plus lourd sur le sien. Il ne bougeait plus. Mais Gray sentait son cœur battre la chamade dans sa poitrine tout contre son omoplate. Il n'osait plus bouger. Gray qui se réveillait à peine pensait faire un cauchemar. Oui il rêvait et allait se réveiller ! Le lendemain il partirait avec Juvia en mission et tout redeviendrait comme avant. Oui ça ne pouvait être que ça. Ça ne devait être que ça !

Non.

Gray sentit des mèches de cheveux lui caresser la joue puis des lèvres se posèrent dans son cou. Il tressaillit.

— Pardonne-moi Gray, murmura l'homme d'une voix tremblante.

Gray se figea.

Cette voix…

Il hoqueta quand il reconnut cette voix qu'il connaissait si bien. Non ! Ça ne pouvait pas être lui… Maintenant il en était sûr, il rêvait. Ça ne pouvait tout simplement pas être la réalité.

L'homme se retira finalement de l'intimité meurtrie laissant échapper la semence indésirable mélangée à un filet de sang et se releva chancelant. Gray eut un rictus quand l'intrus se dégagea de lui, ne lui laissant plus que la souffrance et l'humiliation comme seule compagnie. Il tourna la tête, tremblant, vers son agresseur et, malgré ses yeux brouillés par les larmes, il put voir avec horreur son visage.

Ce visage.

La stupeur, la colère, la déception et le dégoût l'envahirent comme une vague déferlante, dévastant tout sur son passage. Gray eut l'impression que tout son monde s'écroulait, tout ce en quoi il croyait s'effritait juste devant lui.

Il regarda cet homme qu'il avait cru connaître pendant toutes ces années, les larmes coulant de plus belle. Ce visage qui lui avait tant de fois sourit, parfois tendre mais le plus souvent moqueur et espiègle, le regardait, laissant entrevoir des regrets, profonds et sincères qui achevèrent d'écœurer Gray jusqu'au tréfonds de son âme.

Il ne rêvait pas. Ce n'était pas un cauchemar. Non il était bien dans la réalité, une réalité cruelle et répugnante.

— Non…, murmura-t-il en prenant pleinement conscience de l'identité de l'homme qui lui faisait face. L'homme qui venait de le violer. Pas toi… Tout mais pas toi ! cria-t-il.

— Pardon…, s'excusa l'homme les larmes aux yeux. Gray, je ne voulais pas…

— Dégage de chez moi ! hurla Gray en proie à une colère sans nom.

L'intrus le regarda, l'air sincèrement contrit, légèrement vacillant sur ses jambes il semblait émerger lentement des ténèbres, reprendre pieds.

— Va-t-en et ne reviens plus ! Jamais ! Enfoiré…, s'effondra Gray en larmes.

L'homme sursauta devant la fureur de sa victime. Son ami. Il le regardait encore, d'un air triste cette fois-ci, semblant prendre enfin conscience de la portée de son acte. C'était trop tard, beaucoup trop tard. Il le savait maintenant, il en avait pleinement conscience. Puis la mort dans l'âme, il prit ses vêtements et ressortit par la même fenêtre qui lui avait permis d'entrer. Cette fenêtre de l'interdit, cette fenêtre qui ne s'ouvrirait plus.

Gray essaya de se lever, complètement hébété et bouleversé. Mais ses jambes flanchèrent et il s'effondra lourdement sur le sol. Il n'avait plus la force de se redresser. Il avait mal, tellement mal ! Il y avait la douleur physique mais surtout… Un mélange de sentiments contradictoires le submergea d'un seul coup. La honte, la colère, la déception, l'incompréhension et la haine. Une haine sourde envahissant chacune de ses veines. Il sentit la nausée le submerger d'un seul coup, du plus profond de son estomac et remonter le long de sa gorge comme un poison à expulser.

Il vomit à même le sol, dans l'incapacité de faire le moindre mouvement. Ses muscles étaient tendus, endoloris, son corps souffrant, tremblait sans s'arrêter. Des dizaines de questions se bousculaient dans sa tête. Pourquoi ?! Pourquoi lui ?! Gray éclata en sanglots, les poings se crispant dans ses cheveux, les larmes coulaient pour ne plus s'arrêter. Elles s'échappaient de cette plaie ouverte désormais à vif.

Il avait envie de hurler sa détresse et sa colère mais une fois de plus ses forces le quittaient peu à peu pour laisser place à un trou béant, qui ne se refermerait sans doute jamais.

oOoOo


Nda : Voilà pour ce premier chapitre.

Alors votre avis ? Ce n'est pas très joyeux tout ça, n'est-ce pas ?

J'aborde ici les deux points de vue, celui du violeur et celui de la victime mais bien sûr dans les futurs chapitres je me concentrerais plutôt du côté de Gray. Contrairement à Son sourire…, l'agresseur ici n'est pas une brute épaisse, c'est un ami de Gray, sans doute avez-vous deviné lequel.

Dans les prochains chapitres, je vais m'attacher à la psychologie des personnages plus en profondeur et sur leur ressenti. C'est pourquoi ici j'ai fait le choix de "développer" la romance au deuxième plan parce qu'elle ne sera pas centrale mais aura malgré tout son importance.

Je publierais le deuxième chapitre, Désolation, dimanche prochain.

J'attends vos commentaires, positifs ou négatifs. N'hésitez pas à me dire ce qui va ou ce qui ne va pas dans ce chapitre pour que je puisse l'améliorer. Faites-moi part de vos attentes aussi pour la suite, en espérant pouvoir vous satisfaire.