Le Merrow
Disclaimer : Tout est à JK Rowling (sauf l'indécence, j'imagine qu'elle me la laisse... xD)
En date du 17 janvier 2011, je remplace les 3 chapitres que j'avais déjà publiés par des versions mises à jour. J'ai beaucoup retravaillé cette histoire, et dès que l'écriture en sera complétée, je publierai le reste de façon régulière. L'idée au départ était une fic légère avec du yaoi gratuit... mais c'est finalement devenu plutôt sérieux et sombre, et beaucoup plus long que prévu (~35 000 mots.)
Notes avant de débuter : présence de slash, de courts lemons, d'un peu d'horreur/drame/romance. :) Il ne s'agit toutefois PAS d'une relation explicite Draco/merrow ou quoi que ce soit de tel. Haha quand même ... x_x
Chapitre 1
Ce jour-là, durant sa sieste, Draco fit un rêve où figurait un homme-sirène vivant dans le lac de Poudlard. Le merrow émergeait des eaux soudain troubles et tournait son visage humain vers la berge. Sa queue aquatique se tortillait près de la surface de l'eau, lançant des éclats verts et dorés sous le soleil.
Puis d'un mouvement vif de son bras musclé, il écartait une mèche de ses longs cheveux rouges et ses lèvres parfaites s'entrouvraient. S'échappait alors de sa gorge une voix grave et suave, berçant une mélodie irrésistible, qui émut Draco et qui semblait l'appeler...
Puis sa voix glissa et se changea en celle de Gregory qui annonçait d'un ton bourru :
-Draco, tu dois te lever.
Draco se redressa péniblement sur ses coudes, levant la tête avec difficulté. Son oreiller était humide. Il avait eu très chaud, ou pleuré, ou bavé. La voix du merrow résonnait toujours dans ses oreilles.
-Tout le monde est parti manger, dit Gregory. On t'attendait, mais tu as dormi longtemps.
À ses côtés se tenait silencieusement Vincent.
Soupirant, Draco se leva, s'assura devant le miroir que son allure était adéquate, et il suivit ses amis pour le repas. Le soleil avait déjà commencé à baisser dans le ciel.
Quelques minutes plus tard, alors que Draco s'asseyait enfin à côté de Milicent, un bruit sourd fit écho dans la Grande Salle. Hagrid avait brusquement ouvert la porte donnant sur le hall et il avançait en trombe vers la table des professeurs, un paquet dans ses bras.
Draco tendit le cou pour voir ce qu'il transportait. Son coeur s'arrêta net.
Crispé dans les bras du géant, esquissant de petits mouvements, se trouvait l'homme-sirène de son rêve.
Ses cheveux rouges et ruisselants glissaient emmêlés en une couette dans son cou. Une longue queue de poisson aux écailles vert émeraude s'agitait faiblement entre les bras de Hagrid, son extrémité fourchue arrosant les élèves qu'il passait de quelques gouttes d'eau.
Draco le suivi des yeux, bouche bée, essayant de mieux le distinguer et de voir son torse.
La Grande Salle, presque pleine à cette heure, se trouvait soudain étrangement silencieuse. Tous les regards étaient braqués sur le merrow.
-Professeur Dumbledore! Je l'ai trouvé près du lac. Il a dit qu'il voulait s'adresser aux élèves, expliqua Hagrid.
Puis sa voix s'éleva, étrangère en ses paroles et sa sonorité. Draco réalisa qu'il n'avait pas non compris les mots dans son rêve. Quand le merrow se tut, le Serpentard n'eut qu'envie de l'entendre à nouveau.
Dumbledore l'écouta attentivement. À ses côtés, Snape arborait un drôle d'air, les yeux plissés.
Puis Dumbledore sembla furieux.
-Ce sont des coutumes que nous ne tolérons plus depuis des années, annonça-t-il d'une voix calme, mais la lourdeur des mots semblèrent frapper la créature.
Le merrow s'adressa à nouveau au directeur d'un ton sec. Sa voix fit frissonner Draco. Il lui semblait impossible de la décrire, à la fois douce et puissante, gracieuse, mais déchirante. Blaise lui jeta un regard perplexe.
-Ramenez-le au lac, commanda sombrement le directeur.
-Bien sûr, Professeur Dumbledore.
Immédiatement, Hagrid fit un demi-tour sur lui-même. Avec l'élan, la queue écaillée du merrow décrit un demi-cercle parfait, éclaboussant les élèves les plus proches de gouttes d'eau. La plupart d'entre eux en semblèrent ravis et transis.
Puis alors qu'il procédait à travers les tables, la voix du merrow s'éleva en une longue plainte.
Pansy échappa un sanglot. Elle n'était pas la seule à être émue, remarqua Draco avec désarroi. Plusieurs filles parmi les élèves essuyaient furtivement quelques larmes.
Il était vrai que la douleur de cette mélodie était insoutenable. Innommable.
Quand Hagrid sortit à l'extrémité de la Grande Salle, des murmures excités s'élevèrent parmi les élèves et le brouhaha usuel se réinstalla. Le regard de Draco resta quelques instants dans le vague, à l'endroit où avait disparu le merrow. Il n'avait semblé rien peser, dans les bras de Hagrid.
Puis le regard de Draco se posa par hasard sur Potter. Granger et lui étaient toujours tournés vers l'entrée de la Grande Salle. À leur droite, Weasley s'était remis à manger, sans la moindre classe.
Draco secoua la tête et chercha Dumbledore à la table des professeurs. Il n'y était plus.
-Ils ne sont pas supposés être laids, d'habitude ? s'enquit Milicent.
-Et avoir un tient affreux, ajouta Pansy l'air rêveuse, assise en face d'elle.
D'autres élèves autour d'eux se posaient la même question. Draco se rappela les êtres grisâtres aux cheveux foncés et à la dentition éparpillée qu'il savait vivre dans le lac de Poudlard. La créature qu'il venait de voir – et celle qui l'avait visité en rêve – n'étaient rien de tel.
-Il doit seulement s'agir d'une autre espèce que celle du lac, proposa Blaise.
Il ne semblait pas particulièrement enchanté de l'intérêt que portaient les filles au merrow.
-Et tu as vu ce qu'il a entre les deux jambes ? s'exclama Milicent à l'adresse de Pansy.
-Il n'a pas de jambes, intervint Blaise d'un ton exaspéré.
-Mais tu as vu ? Je ne pensais pas qu'ils avaient de tels attraits masculins.
Draco secoua la tête, déçu de ne pas avoir remarqué. Puis il se dit que c'était une pensée très déplacée.
À ce moment, le demi-géant réapparut dans la Grande Salle, portant toujours la créature dans ses bras. Tout le monde retint son souffle.
-Où est le professeur Dumbledore ? s'exclama-t-il.
Le merrow agita sa queue violemment. Hagrid resserra sa poigne.
McGonagall sauta sur ses pieds, se dressant de toute sa grandeur.
-Hagrid ! Vous avez compris ce qu'on vous a demandé ?
-Bien sûr ! grommela le demi-géant. J'ai très bien entendu. Mais je ne peux pas.
Draco observa Snape un instant, qui était resté figé à la réapparition du merrow, sa fourchette toujours levée au-dessus de son plat et une moue soucieuse sur les lèvres. Son regard glissa immédiatement pour rencontrer celui de Draco, qui tourna la tête.
Dans les bras de Hagrid, l'homme-sirène agitait paresseusement sa queue de poisson, un drôle de sourire sur les lèvres. Draco remarqua cette fois ce qu'il avait manqué la première fois. Son torse était finement bâti mais définitivement musclé, ses épaules larges, sa taille menue. Et au bas de son ventre se dressait sa partie d'anatomie, très humaine, qui avait tant choqué Milicent. Ça avait quelque chose de très indécent.
-Et pourquoi ne pouvez-vous pas ? s'enquit sévèrement McGonnagal.
Le silence régnait à nouveau dans la Grande Salle.
-Le lac est gelé.
Draco aurait juré voir le sourire s'agrandir sur les lèvres du merrow. Mais il était trop loin pour le garantir. Un frisson lui parcourut l'échine.
-On est au mois de septembre, déclara Snape froidement.
-Allez voir par vous-même, grommela Hagrid. Moi, je dois avertir le professeur Dumbledore avant que ça se gâte.
Puis il contourna la table des professeurs et disparut en un pas précipité vers l'intérieur du château.
Alors que McGonnagal se rasseyait, le visage perplexe, Snape déposa délicatement sa fourchette, se leva silencieusement et se lança sur les pas du demi-géant.
Draco et Pansy se dévisagèrent un moment. La Grande Salle résonnait d'exclamations excitées.
-Le lac, gelé ? Je vais voir ça de mes propres yeux ! s'exclama la jeune fille.
Draco secoua la tête, sceptique.
-Je vais à la bibliothèque, répondit-il.
Ce ne fut d'aucune surprise, évidemment, d'y trouver Granger, le nez déjà penché dans un livre plus lourd qu'elle. Elle leva la tête quand Draco passa près d'elle, fit mine de ne pas le reconnaître, et retourna à sa lecture.
Pendant quelques minutes, il chercha un livre en particulier, qu'il avait déjà lu et dont il se rappelait un chapitre sur les merrows, selkies et êtres des eaux, mais qu'il n'avait lu qu'en diagonale, les trouvant à l'époque d'un profond et mystique ennuie.
Ce bouquin n'était nulle part.
Puis avec irritation, il comprit que c'était sans doute le livre que Granger avait entre les mains. Impatient, il se dirigea vers elle.
-J'ai besoin de ce livre, dit-il d'un ton impérial.
La Gryffondor eut l'arrogance de terminer de lire son paragraphe avant de lui porter attention, puis elle haussa les épaules.
-D'accord, dit-elle en refermant la couverture en un claquement.
Elle fit glisser le livre sur la table en direction de Draco. Celui-ci la dévisagea avec incrédulité, s'étant attendu à plus de résistance.
-Il n'y a rien d'intéressant là-dedans, déclara-t-elle. Toutes les créatures qu'ils mentionnent n'ont rien de semblable à celle de tout à l'heure.
Draco resta silencieux, à l'observer.
-Il faudrait l'ouvrage du professeur Gobe-Planche, poursuivit-elle, mais une fille de Serdaigle l'a emprunté un peu plus tôt, selon les registres de Madame Pince. C'est un exemplaire quasi-unique.
Elle croisa les bras, visiblement contrariée.
-Tu avais déjà entendu parler d'un être des eaux à l'apparence si humaine, toi ?
Draco ne répondit pas et ouvrit le livre. Il parcourut les pages à la recherche du chapitre dont il avait souvenir. Il était venu à la bibliothèque spécialement pour ça et ne se fierait certainement pas qu'aux recommandations de Granger.
-Page 536, lança-t-elle. Mais tu verras, il n'y a rien. Au fait, pourquoi ça t'intéresse ?
Draco ne lui répondit pas. Il avait quelques fois échangé avec la Gryffondor au sujet de lectures, quand ils se trouvaient tous les deux seuls à la bibliothèque. Granger était une fille très intéressante, mais il n'aimait pas tellement avoir à faire à elle Draco aurait préféré quelqu'un de moins intelligent, mais avec au moins des parents sorciers et des amis décents.
Et justement, un de ses amis indécents choisit ce moment pour faire son apparition.
-Hermione, appela Weasley en trébuchant entre deux étagères.
Il remarqua Draco, grogna silencieusement puis s'adressa à Granger :
-Harry est parti voir le lac, annonça-t-il.
Granger haussa les épaules.
-Il ne pourra sans doute pas s'y rendre, s'il est vraiment gelé, déclara-t-elle. J'imagine qu'ils vont interdire l'accès et empêcher les élèves de s'en approcher…
Weasley parut hésiter, jeta un coup d'œil à Draco, puis dit d'un ton qui voulait laisser entendre plus que ses paroles :
-Heum, il a pris sa cape …
Draco comprit qu'il s'agissait de la fameuse cape d'invisibilité de Potter.
-Malfoy, qu'est-ce que tu veux ? Pourquoi tu restes là à écouter ? demanda brusquement Weasley en tournant un visage indigné vers le Serpentard.
Ses yeux rencontrèrent ceux de Granger. Elle lui fit un vague sourire, puis Draco s'éloigna. Il entendit derrière lui la voix de Weasley raconter que Harry avait semblé très étrange, et Granger le rassurer qu'il n'y avait pas de quoi s'inquiéter.
Draco haussa les épaules pour lui-même, très embêté.
Granger aussi lui avait semblée étrange, à y repenser. Elle avait le visage coloré, les joues roses d'émotion, et à son ton terre-à-terre habituel s'était mêlé autre chose, un certain engouement peut-être.
Draco frissonna. Il détaillait à nouveau la silhouette du merrow dans sa tête. Ses cheveux rouges mouillés. Sa longue queue de poisson verte s'agitant d'un mouvement doux, mais captivant. Et son torse musclé, au bas duquel son attrait masculin reposait, appelant de sa simple présence tous les regards…
-Professeur Snape ?
Il n'y eut aucune réponse pendant un moment, si bien que Draco manqua cogner à nouveau. Puis la porte du bureau du maître des potions s'entrouvrit et parut Snape, le visage caché par la noirceur du bureau.
-J'aimerais vous parler, demanda Draco avec plus de respect qu'à son habitude.
Snape ouvrit un peu plus la porte, mais resta dans l'embrasure, l'air lugubre.
-À quel sujet ?
-Je me questionne sur ce qui s'est passé ce soir, expliqua Draco. Et je me suis dit que vous pourriez peut-être me renseigner …
-Il a été remis à l'eau, affirma brusquement Snape. Aucune raison d'en discuter, c'est terminé.
Draco scruta son visage, perplexe. Snape le dévisagea, le regardant de haut en levant le menton.
-Bonne nuit, Monsieur Malfoy.
Puis il referma la porte. Draco resta un moment silencieux, puis fit demi-tour vers la salle commune. Il commençait à être tard et les élèves se faisaient rares dans les couloirs. Draco fit un détour avant de rentrer aux donjons, pour le plaisir de marcher dans le château silencieux. La tête penchée sur le plancher, il regardait défiler les dalles, ne pouvant chasser le merrow de ses idées.
Puis soudain, il percuta quelqu'un. Sa tête résonna un moment d'avoir frappé celle d'un autre, puis il vit la cape d'invisibilité de Potter glisser sur le sol et le Gryffondor apparaître près de lui.
-Malfoy ! Regarde un peu où tu vas !
Sa colère s'embrasa immédiatement. Il se frotta la tête, regardant Potter avec hargne.
-Tu devrais faire attention ! Ce n'est pas moi qui me balade sous une cape d'invisibilité !
-Ça me regarde. Je n'avais pas le choix.
Draco se sentit indisposé. Ce n'était pas le point de la conversation - il n'avait envie que d'insulter Potter, mais il venait de se rappeler que celui-ci était sorti voir le lac.
Il y eut un moment de silence.
-Tu devrais rentrer aux donjons avec tes semblables, lança Potter avec mépris en reprenant sa marche.
-Attend, lança-t-il. Potter, attend.
Le Gryffondor s'arrêta et se tourna vers lui.
-Tu es allé au lac ?
Potter haussa les épaules.
-Tu crois que je te le dirais ? Tu vas aller me dénoncer, devina-t-il en riant. Ils ont promis une semaine de retenues à quiconque essaierait de sortir.
-Ah, fit Draco. Ils ont vraiment bloqué l'accès.
Potter lui jeta un regard incertain.
-Oui, puisque le lac est gelé, déclara-t-il. Tu n'as pas entendu ? Je parie que tu as mieux à faire que d'écouter les professeurs parler, n'est-ce pas ?
Bien qu'irrité par les attaques du Gryffondor, Draco voulait à tout prix avoir des informations.
-Mais tu l'as vu? demanda Draco. Il est réellement gelé ?
L'autre haussa les épaules.
-Oui.
-Qu'est-ce qu'il y a d'autre ? s'enquit le Serpentard.
Potter secoua la tête.
-D'autre ? Qu'est-ce que tu veux dire ? Il n'y a rien d'autre. Le lac est gelé, c'est tout.
-Pas de trace de magie ?
Potter fronça les sourcils. Évidemment, pensa Draco. Il ne remarquerait pas ce genre de subtilités. Quel idiot.
-Alors ils n'ont pas pu le remettre à l'eau, en conclut Draco.
-J'en sais rien, répondit l'autre garçon avec arrogance. Qu'en penses-tu ? Hagrid a peut-être fait un trou dans la glace et y a jeté la sirène.
Draco rigola.
-Ce n'était pas une sirène, crétin.
-Un sirène, une sirène, enfin, peu importe. Cette chose.
Draco remarqua alors que Potter avait rougi, et qu'il semblait étrangement énervé et excité, dans ses propos, dans sa posture, dans le ton de sa voix. Il ne put s'empêcher de faire un parallèle avec l'état de Granger un peu plus tôt. C'était curieux.
-Bon, Potter. Va te coucher maintenant.
-Va te coucher toi-même, répondit ardemment le Gryffondor.
Draco ricana.
Puis ils passèrent leur chemin comme s'ils ne s'étaient pas croisés.
