Note : Hello tout le monde ! Ça faisait bien longtemps que je n'avais pas publié sur ce site et je suis très heureuse de revenir, pour vous présenter le premier chapitre de cette fic, qui est un cadeau d'anniversaire à ma merveilleuse amie (et bêta) Maya Holmes ! Maya, tu sais combien ce premier (JE SAIS.) chapitre oscille entre le "Déso" et le "TMTC". J'espère que la surprise te plait. Déso. TMTC. Mais déso aussi. Mais avoue, on est content, un peu :p
En tout cas, J'espère que vous allez toutes et tous bien et que cette année 2018 vous a été douce et pleine de merveilleuses surprises. De mon côté, j'ai publié mon premier roman (15/30/45, de Claire Some, chez Mix Editions), et oui j'en parle à chaque intro, au cas où vous n'ayez pas vu les pubs passer à la télé... non, bien entendu, la seule pub c'est celle que Mix Editions et moi-même faisons, d'où les petits rappels :3
Note bis : ce que vous trouverez dans cette fic :
- des chapitres
- quasiment tous les personnages de l'univers X-Men
- un romantisme assumé (période de Noël oblige)
- beaucoup de description de plats, desserts, cocktails en tout genre
- beaucoup, beaucoup de drague
- du smut, oupsy.
Bêta : Nalou et Nauss, en mode turbo. MERCI les filles !
Bonne lecture :D !
Dans le taxi qu'il avait choisi au hasard, à la sortie de l'aéroport, Charles Xavier ne relevait pas les yeux de son ordinateur. Il y avait branché son téléphone pour profiter de la 4G et répondait ainsi à la petite soixantaine d'emails reçus pendant son vol. Il avait quitté la délicatement fraîche New York et, sans surprise, c'était l'impérialement glaciale Edimbourg qui lui ouvrait les bras. Malgré le mois de janvier, il n'y avait pas de neige, à son désarroi, ce qui n'empêchait pas le bout de son nez d'être rouge et ses mains de se frictionner à chaque chargement de page.
"Vous voulez que j'augmente le chauffage ?" demanda le chauffeur, le doigt tapotant déjà l'écran tactile.
"Ne vous donnez pas cette peine," répliqua Charles, son accent anglais cognant malgré lui contre les rouages de celui écossais.
"Il fait pas si froid, dans l'Oxfordshire ?"
"Je reviens de New York, pour être exact."
"Mais vous venez pas de là-bas, hein ?"
"Non, Dieu merci," plaisanta Charles, accompagné par le rire de l'homme devant lui. "J'y ai vécu cinq ans."
Arrivé devant le 121 Harrington Street, il récupéra ses deux valises et replaça sa longue écharpe autour de sa mâchoire, avant de proprement regarder l'immeuble de quatre étages dont il était désormai le propriétaire. La façade avait été refaite dans les années quatre-vingt-dix, même s'il ne l'avait pas lu dans le dossier préparé par le notaire, il l'aurait deviné. Les pierres étaient couleur sable, ce qui était malin, puisqu'elle seyait aussi bien la rudesse d'un hiver que la trop rare chaleur d'un été. Le plus important pour Charles se trouvait au rez-de-chaussée : le restaurant Mire. Par chance, on avait conservé, à la hauteur des passants, la devanture initiale, typique du Scottish Baronial Style. Deux alcôves présentaient des fenêtres aux montants noirs. Au centre, la double porte en bois incarnait la promesse de trouver à l'intérieur un univers plus beau encore.
Charles n'allait avoir aucune surprise. Il n'avait pas encore visité le restaurant avant de l'acheter, mais grâce à la technologie, à la centaine de photos et à sa soeur, Raven, qui s'y était rendue pour lui, il avait pu se faire une idée plutôt précise des lieux. Il poussa la porte, prit une grande inspiration de plaisir en ressentant la chaleur et hocha la tête. Oui, l'endroit était exactement comme il l'avait imaginé.
On entrait dans une première pièce, où sur la gauche se situait le bar. Il devait dater des années 50 et sans dire qu'il était moche, il était loin d'être une pièce maîtresse des lieux. Géométriques en bronze, seules les suspensions, pourraient être gardées. Il poursuivit son exploration en avançant dans le couloir, passa une tête par la porte à gauche où se trouvaient les cuisines - vides, bien sûr - et poursuivit jusqu'à arriver à la pièce qui l'avait poussé à inscrire sa signature sur un chèque d'une valeur inédite.
Sous une immense verrière du début du vingtième siècle, la pièce principale faisait effet de bijoux inestimable. Le parquet, bien que marqué par les années, avait un charme fou. Les immenses miroirs doublaient le volume de la pièce et le bleu un peu passé des murs fit penser à Charles qu'il ne les repeindrait pas.
Il sourit en réalisant que ce restaurant était son chez lui.
Enfin, son chez lui qu'il partageait avec six investisseurs et le personnel du Mire, qu'il avait choisi de garder.
Toute l'équipe était déjà là, d'ailleurs, ainsi que le notaire, maître Russel, et deux des investisseurs. L'ambiance n'était pas aussi tendue que Charles le craignait, mais il ne leur avait pas encore fait signe, lui, le nouveau patron. Il les regarda quelques secondes boire et picorer dans des assiettes garnies, puis rassembla tout son courage pour annoncer d'une voix aussi chaude qu'il le pouvait :
"Bonjour tout le monde !"
Il retira son manteau et son écharpe sur les quelques mètres qui le séparaient du reste du groupe, puis les posa sur une chaise. Il fit rapidement le tour pour serrer la main des personnes qu'il connaissait déjà et prit le temps de s'arrêter pour se présenter à l'équipe dont il était maintenant le responsable :
Il rencontra Sean Cassidy, commis aux cuisines, et Alexandre Summers, sous-chef, qui eurent la même hésitation au moment de lui serrer la main - signe qu'ils étaient plus habitués aux checks, comme les jeunes de leur âge.
Il rencontra Emma Frost, barmaid, qui lui adressa un regard sans doute aussi froid que ses glaçons.
Il rencontra Angel Salvadore, serveuse, qui lui adressa un regard sans doute aussi chaud que les plats qu'elle servait.
Il rencontra Pietro Maximoff, serveur, qui se présenta si vite que Charles eut du mal à saisir son nom.
Il rencontra Armando Muñoz, le commis de salle, qui le salua d'une petite révérence.
Il ne rencontra pas Erik Lehnsherr, le chef, pourtant le seul avec qui il avait déjà échangé par email.
"Monsieur Xavier, souhaitez-vous un verre de champagne ?" proposa maître Russel, rayonnant de fierté d'avoir conclu un deal aussi financièrement avantageux.
"Merci, peut-être plus tard. Monsieur Lehnsherr n'est pas là ?"
Le notaire grimaça, amusé, et fit disparaître son rictus derrière son verre. Obligé de répondre, il expliqua :
"Si, si. Enfin, il m'a envoyé un texto, il arrive."
Charles trouva la réaction quelque peu puérile. Il était évident que maître Russel pensait beaucoup plus qu'il ne parlait ; à quoi bon ? Charles ne rentra pas dans son jeu et ne lui fit pas le plaisir de lui demander ce que son regard appuyé voulait lui faire comprendre. Certes, Lehnsherr était un retard, ce n'était pas si grave.
Il arriva d'ailleurs dix minutes après. Il faisait du bruit bien avant d'arriver dans l'immense pièce où le reste de l'équipe continuait de faire connaissance avec Charles. Lorsqu'il se retourna, Charles le vit, Erik Lehnsherr, lui l'homme avec qui il avait parlé, de manière très succincte, par emails nécessaires pour que Charles lui assure qu'il ne virerait personne, maintenant qu'il était propriétaire du Mire. Restaurant dont il allait changer le nom. Mais ça, il le leur dirait plus tard.
Erik Lehnsherr se présenta donc, tout en mètre quatre-vingt et quelques, veste en cuir et casque de moto, qu'il posa sur une des tables. La liste de ce que Charles connaissait de lui était plutôt courte : Lehnsherr était Allemand, il travaillait au Mire depuis sept ans, il avait servi dans plusieurs restaurants en France, Italie et Danemark. Leurs quelques échanges n'auraient jamais pu laisser prévoir combien Erik Lehnsherr était beau.
Charles laissa sciemment maître Russel passer devant lui, comme un cobaye, pour vérifier comment Erik saluait - et pour ainsi ne pas se ridiculiser. Il constata qu'Erik offrait des poignées de main viriles et franches. Charles caressa une seconde ses propres phalanges, comme pour s'excuser d'avance.
"Et voici Charles Xavier," commença maître Russel, en les présentant, "Votre nouveau patron !"
La fin de sa phrase - inutile, vraiment - crispa le chef une fraction de seconde, avant que sa main ne serre celle de Charles. Elle ne lui écrasa même pas les doigts. Pour la deuxième fois de la journée, Charles rougit - sans que ça ait à voir avec la température.
"Erik Lehnsherr," se présenta-t-il d'une voix agréable.
Euphémisme, bien sûr, puisque tout était bien plus qu'agréable chez cet homme, et il ne fallut pas plus de 2,7 secondes à Charles pour s'en apercevoir. La couleur de ses yeux, son sourire, son ossature, son corps musclé, la douceur de sa voix, tout fit penser à Charles cette chose si simple et si terrible à la fois : je pourrais tomber amoureux d'Erik Lehnsherr.
La poignée de main s'arrêta et Erik alla sans attendre se servir un verre. Comme s'il était une rockstar, le reste de l'équipe lui sauta dessus. Ils parlaient tous à la fois, cherchant manifestement son approbation sur plusieurs sujets. Charles ne doutait pas que la moitié de leurs questions le concernaient. Il le comprenait.
On passa finalement à une présentation plus formelle, préparée par Charles. Il montra sur l'écran de son ordinateur portable quelques graphiques sur les objectifs du restaurant, étudiés avec sa soeur et leur ami comptable, Hank McCoy, ainsi que quelques croquis de la rénovation de la décoratrice d'intérieure Moira MacTaggert (dont Charles était inconditionnellement fan). L'équipe était assise sur les chaises tout autour de la plus longue table, les investisseurs prenaient des notes sur leur ordinateur. Seul Russel était resté debout et Erik s'était assis sur une table, les jambes écartées, au grand dam de la bienséances et de la concentration de Charles.
Globalement, cette première rencontre se passa bien. Peut-être que si Charles remplaçait un patron aimé de ses employés, l'ambiance aurait été toute autre, mais puisque le précédent propriétaire, monsieur Shaw, s'était un peu trop amusé avec la caisse (et par amusé, il faut bien comprendre qu'il avait été coupable de détournement de fonds pour s'acheter maisons et bateaux un peu partout dans le monde), il ne paraissait pas impossible que son nouveau rôle n'était pas si difficile à accepter.
Vers quinze heures, on se mit à récupérer ses affaires et à se dire au revoir. Charles précisa à chaque employé qu'il était disponible à tout moment de la journée et qu'il ne fallait pas hésiter à venir le voir, pour toute question ou remarque. Il leur rappela que, pour des raisons économiques, le restaurant rouvrirait dans deux jours, histoire que la clientèle n'oublie pas de s'arrêter au 121 Harrington Street et éviter ainsi qu'elle s'en aille chez la concurrence. Pour le simple plaisir de prononcer son nom à nouveau, il répéta que les travaux de rénovation et de décoration ne commenceraient pas avant février.
Par un miracle assez sadique, il ne resta plus que Russel et Lehnsherr avec lui. Il n'avait plus rien à dire au notaire, mais celui-ci ne cessait son débit de parole. Lehnsherr ne semblait pas s'y intéresser, tout en hochant sérieusement la tête, à chaque fin de phrase. Cet homme paraissait tout à la fois distant et concerné. Il allait être un vrai mystère et Charles détesta ça, sur le champ. Il ne voulait pas que son imagination trouve une place entre Erik et lui. Cette coquine avait le don de s'inventer les scénarios les plus romantiques (et les plus sexuels) et il était hors de question que Charles tombe amoureux de son chef. Ou pire, qu'ils couchent ensemble.
"Xavier, quand est-ce qu'on se voit ? Seul à seul," demanda Erik d'une voix forte.
Russel se tourna également pour le regarder. Charles se concentra sur son ordinateur qu'il rangeait, pour ne pas montrer ses joues rougissantes.
"Quand vous voulez, monsieur Lehnsherr. De quoi voulez-vous parler ?"
"De la carte."
Charles se redressa. Il y avait quelque chose qu'il voulait changer, bien avant le nom, c'était effectivement la carte. Il ne savait pas comment Erik le prendrait, aussi il avait soigneusement évité le sujet.
"Sur ce, je vais vous laisser. Monsieur Xavier, nous nous revoyons dans un mois ! Bonne soirée," s'exclama Russel en estimant, soudain, qu'il était temps qu'il se rende dans un endroit où il était un peu plus utile.
Erik ne bougeait pas de la table où il était encore assis. C'était un peu étrange, car Charles était assez loin, l'espace entre eux paraissait exagéré. Charles se rapprocha.
"Que pensez-vous de la carte actuelle, monsieur Lehnsherr ?" l'interrogea-t-il, prudent.
"Vous savez que c'est l'autre enculé qui l'avait mise en place ?"
"J'imagine que vous voulez dire, monsieur Shaw ?"
"Non, je veux dire, l'autre enculé. On ne prononce pas son nom, ici."
Charles sourit. Erik Lehnsherr était sérieux. Dans les affaires, on ne pouvait pas se permettre d'en vouloir à celles et ceux qui trichaient. Erik, lui, le pouvait. Charles aimait ça.
"Je le sais, oui. Voulez-vous la garder ?"
"Que voulez-vous en faire ?"
"Ça n'a pas d'importance, la vraie question est : voulez-vous garder cette carte ? Ou voulez-vous la changer ?"
Erik recula légèrement sa tête sous la surprise, les sourcils froncés.
"Vous ne voulez pas vous en occuper ?"
"J'aimerais goûter vos propositions, mais je ne suis pas chef. C'est votre domaine."
"Et en goûtant vous me proposerez de mettre moins de viande pour être plus rentable, d'avoir la main lourde sur le sel, pour vendre plus de bouteille d'eau pétillante..."
"Vous me proposerez ce que vous estimez être le mieux et nous verrons ce qu'il est possible de faire."
Erik plissa les yeux. Il était évident qu'il se demandait s'il pouvait faire confiance à son nouveau boss. La sonnerie de son téléphone interrompit ses réflexions. Il répondit sans baisser la voix :
"Oui, Emma ? Deux bouteilles, ça ira. Ok, on se retrouve devant le restaurant. Je sors."
Il sauta de la table, reprit ses affaires et Charles constata difficilement que même voir cet homme enfiler une veste était sexy. Il allait vite falloir qu'Erik présente des défauts, car Charles n'était qu'un homme avec un coeur trop sensible pour s'empêcher de tomber amoureux.
"On en reparlera."
"Oui. Il faudrait que la nouvelle carte soit prête pour février, en adéquation avec la rénovation," rajouta Charles, même si c'était évident.
Il rangea rapidement ses affaires et suivit Erik, curieux de savoir si la Emma à qui il avait donné rendez-vous était la barmaid rencontrée plus tôt. Une fois dehors, il eut la triste confirmation que la magnifique femme blonde était plus qu'une collègue : ils allaient passer la soirée ensemble.
Elle salua à nouveau Charles d'un signe de la tête, tendit un sac de course à Erik qu'il prit sans broncher. Finalement, ça n'avait rien de triste qu'Erik soit en couple avec une femme, au contraire, Charles se rendit compte qu'une certaine compétition interne qu'il s'était lancé s'était évaporée : Erik Lehnsherr était hétéro et rien ne pourrait se passer entre eux. Voilà qui simplifiait grandement les choses.
"Et bien bonne soirée entre amoureux," lança-t-il, joyeux.
Emma haussa un sourcil, sans faire le moindre effort pour dissimuler son antipathie. Erik grimaça.
"On est pas ensemble," commença Erik.
Oh, non, pitié pensa Charles.
"On va à un anniversaire."
Ne le dis pas, pensa Charles encore plus fort.
"Celui de mon mec."
Et merde, conclut Charles avec la même sensation dans son ventre que s'il venait d'avaler Stonehenge.
"Et Xavier," reprit Erik, à des années lumières de comprendre ce qu'il venait de provoquer.
Il s'approcha de Charles, tendit la main pour l'inviter à faire de même, et lui confia une paire de clés. Leurs doigts se frôlèrent.
"C'est vous le boss, maintenant."
Il hocha la tête pour le saluer et fit cette chose perfide, qui consiste à relever la commissure de ses lèvres : oui, Erik Lehnsherr sourit.
Et Erik Lehnsherr était gay.
Tout comme Charles Xavier.
Qui lui-même était déjà, de la manière la plus idiote qui soit, irrémédiablement amoureux.
