C'est affreux. Horrible. Je m'excuse à l'avance. C'était une façon d'évacuer certaines émotions, lol.

Cet OS est définitivement Daniel/Vala mais il y a une suite un peu plus gaie et Sam/Jack.

Voilà. Ne me lynchez pas svp.

La chanson est almost lover par A fine Frenzy

Almost Lover

Il laissa son regard dériver sur la large étendue sablonneuse devant lui. Il y avait ici tout ce qu'il fallait pour le rendre heureux. Ses amis, les restes d'une civilisation éteinte depuis une centaine d'années… Aucun signe de végétation. Seulement le désert. Il aimait le désert, se rappela-t-il. Dans le désert tout était clair et mystérieux à la fois. On se connaissait parfaitement dans le désert…

Répondant d'un signe tranquille au gentil appel de Sam, il détailla la façon amicale dont la jeune femme l'examinait. Il n'en éprouva que de la pitié. Que pouvait-elle y comprendre ? Qu'est ce que Cameron ou Teal'c pouvaient y comprendre ? Rien. Mais ils pensaient savoir. Ils pensaient partager sa souffrance… Ce n'était pas le cas. Il n'avait que de la pitié pour eux. Rien que de la pitié. Ils ne savaient pas. Ils avaient tous eu leur part de deuil bien sûr. Mais ils ne savaient pas.

Avec un peu plus de détermination, il recommença à creuser. Dégager ce pilier était soudain d'une importance vitale. C'était la chose la plus essentielle à sa vie depuis cet après-midi là. C'était facile… Tellement facile… Pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt ?

Le vent fouettait doucement son visage, comme une douce caresse… Comme une promesse. Il ne voulait pas des images que cette tendresse emmenait dans sa tête. Il n'en voulait pas mais il les voyait tout de même. Il ne s'en débarrasserait jamais. Il ne se débarrasserait jamais de rien.

Your fingertips across my skin
The palm trees swaying in the wind
Images

Ses mains ripèrent sur une saillie métallique. C'était impossible. Il ne pouvait pas y avoir de métal. Pas dans les traces enfouies d'une civilisation perse datant de plus d'un siècle. Et pourtant… pourtant du sang coulait à l'intérieur de sa paume. Le sang…

Il éclata de rire.

Le son, incarnation d'une tristesse désespérée, se répercuta, emporté par le vent. Il observa, incrédule, le précieux liquide goutter lentement, humidifiant le sable et le transformant en petit tas rougeâtre.

« Daniel… »

Sam lui prit la main et commença à examiner la blessure avec un air inquiet. Ce n'était pas la coupure qui provoquait ça, il le savait. Elle suggéra à Cameron de mettre un terme à l'expédition… il récupéra violemment ses doigts. Il ne voulait pas partir. Il ne s'était pas senti aussi proche d'elle depuis des semaines. Il ne voulait pas partir. Il ne voulait pas quitter cet endroit où elle n'avait jamais mis les pieds.

Devant ses yeux, le sable s'animait, créait des formes imaginaires. Il la voyait aussi clairement qu'il voyait Sam, Cam ou Teal'c. Il la voyait, l'entendait… Il n'osait pas bouger, n'osait pas rompre le charme… Et puis à nouveau ces mots… Ces mots affreux qu'elle lui avait murmurés avant de s'endormir, bien en sécurité dans le carcan de ses bras…

You sang me Spanish lullabies
The sweetest sadness in your eyes
Clever trick

Il ferma les paupières, chassant les larmes qui s'y étaient aventurées. Il ne voulait pas se rappeler de ça. Il ne voulait pas vivre ça pour toujours. Il voulait se souvenir d'autre chose… Il voulait se souvenir d'elle, du gout de ses lèvres, de la façon enfantine dont elle rejetait ses cheveux en arrière…

Un élan de colère le transperça, éclair douloureux de lucidité, et il repoussa violemment Sam qui avait eu l'audace de poser une main sur son bras. La jeune femme roula dans le sable avec un petit cri surpris, et fut immédiatement rejointe par Cam et Teal'c. Elle se tenait le poignet mais son regard, presque blessé, était fixé sur lui. Il ne lui adressa pas une parole d'excuse, n'avait aucune intention de s'excuser.

Cameron examinait son bras et lui aurait voulu hurler qu'elle cesse son cinéma. Elle respirait. Elle n'avait rien. Bordel, elle était vivante ! De quoi se plaignait-elle ? D'une petite douleur au poignet ? D'une douleur que n'importe quel docteur pourrait soigner ? Mais elle respirait ! Elle était vivante ! Elle était…

A nouveau cette fureur menaça de l'emporter aux limites de la folie. Elle n'était plus dirigée contre Sam. Elle était dirigée contre elle. Elle qui avait tout donné et tout repris. Non… Elle n'avait jamais rien donné. C'était lui qui avait donné. Lui qui avait été volé.

De quel droit ?! De quel droit avait-elle fait ça ?! De quel droit le laissait-elle dans cet état ?!

Well, I never want to see you unhappy
I thought you'd want the same for me

Haletant, il se remit à creuser, tenter de dégager le pilier. C'était une tâche sur laquelle il pouvait se concentrer, une tâche sur laquelle il pouvait se défouler. Ignorant les appels de plus en plus inquiets de ses coéquipiers, ignorant le sang qui continuer de s'écouler paisiblement, ignorant les grains de sables qui s'insinuaient dans la blessure, il continua de creuser.

Il voulait cesser d'exister. Se fondre dans le paysage d'apparence paisible et cesser d'exister. Devenir un rocher. Attendre. Attendre quoi ? Qu'importe du moment qu'il n'avait plus de conscience, plus de cœur. Plus de souvenirs. Les souvenirs étaient terribles. Juste oublier.

Oublier…

Son sang sur ses mains, sur sa poitrine… Son sang partout. Regarder son sang disparaître dans la bouche d'égout tandis qu'il se douchait. Son sang… Sa vie…

Oublier…

Son regard. Ce regard si sûr de lui quand elle avait annoncé que c'était fini… Qu'elle ne reviendrait pas avec lui. Ce regard si plein de tendresse… De remords de lui imposer ça. De remords…

Oublier…

Les regrets. Les regrets de ne jamais avoir tenté leur chance. Les regrets d'être passé à côté d'eux. A côté d'elle.

Il ne pouvait pas se pardonner ça. Non… Il ne pouvait pas.

Il tomba sur la même saillie. Sa main se déchira un peu plus et, cette fois, il éclata en sanglots.

Goodbye, my almost lover
Goodbye, my hopeless dream
I'm trying not to think about you
Can't you just let me be?

Il ne pourrait pas faire ça. Il ne pourrait pas. Il ne pourrait pas vivre avec ça. Vivre avec ces souvenirs, ces certitudes… Il ne pourrait pas.

Il devait oublier. Tout oublier. L'oublier, elle.

So long, my luckless romance
My back is turned on you
Should've known you'd bring me heartache
Almost lovers always do

Mais comment oublier ? Comment oublier ce qui le consumait ? Il mourrait de l'avoir vu mourir. Il mourait de ne pas l'avoir aimée. Il mourrait… Il…

Ce serait peut-être plus simple… Plus facile… On n'avait plus besoin de lui, ici. Il pourrait la rejoindre… Mais alors que Sam posait une main timide sur son dos, il réalisa qu'ils ne le laisseraient jamais faire. Ils l'aimaient trop pour le laisser partir comme il l'avait trop aimée pour accepter sa mort. Parce que c'était le plus triste… Ca faisait trois semaines et il n'acceptait pas.

Ses amis essayaient de le réconforter, Jack était même revenu de Washington… Mais rien n'y faisait. Il ne pouvait pas. S'il acceptait, il la trahissait. Il ne pouvait pas la trahir. Il l'avait déjà assez fait.

Combien de fois avait-elle demandé à partager autre chose de sa vie que ce qu'il lui offrait ? Combien de fois avait-il refusé ?

Il se laissa aller, sans retenue, dans les bras de Sam.

We walked along a crowded street
You took my hand and danced with me
Images

Il n'avait pas honte de pleurer. Il ne fallait pas avoir honte de pleurer ceux que l'on aime.

Il aurait simplement souhaité être dans d'autre bras… Il aurait sacrifié chacun de ses coéquipiers si ça avait pu la lui ramener. Ils le savaient. Ils le savaient tous. Et c'était affreux. Cette idée même le dégoutait. Mais c'était la vérité… La si cruelle vérité…

And when you left, you kissed my lips
You told me you would never, never forget
These images

Alors que le parfum de Sam envahissait sa tête, il pouvait parfaitement reconstituer le sien. Si naturel… si… L'éclat que le soleil donnait à ses cheveux… Ses éclats de rire contagieux…

Et c'était fini. Fini. Pour toujours. Comme ça. En un claquement de doigts.

No

Ce n'était pas juste. Elle n'aurait pas dû prendre ce tir là. C'est lui qui aurait dû le prendre. Lui qui avait déclenché tout ça… Lui qui l'avait entraînée là dedans… Lui qui l'avait convaincue tant de fois de rester et d'essayer encore alors qu'elle voulait juste partir vers d'autres horizons, refusant de s'avouer pourquoi il tenait tant à la garder près de lui.

Et maintenant, elle était partie.

Maintenant…

Well, I'd never want to see you unhappy
I thought you'd want the same for me

Il n'avait plus rien.

Well, I'd never want to see you unhappy
I thought you'd want the same for me

Sam murmurait que tout irait bien. Rien n'irait plus bien. Rien… Que pouvait-il faire ?

Il avait voulu s'enfuir. Partir très loin. Mais ça ne ferait rien pour diminuer la souffrance. Ca ne ferait qu'aggraver la sensation de manque. Et personne ne le laisserait faire. Il l'emprisonnerait de leur amour jusqu'à le faire étouffer. Et ils ne s'en apercevraient même pas.

Elle avait toujours apprécié l'ironie… Là où elle était, elle devait bien rire. Il avait passé des années à lui demander de le laisser en paix, et maintenant, il pleurait après elle, la suppliait de revenir…

I cannot go to the ocean
I cannot drive the streets at night
I cannot wake up in the morning
Without you on my mind
So you're gone and I'm haunted
And I bet you are just fine

Etait-ce lui ? Son regard brouillé se perdit sur les dunes de sables derrière l'épaule de Sam et le vent, obligeant, dessina le visage de Sha'Re. Ses traits étaient flous. Pas à cause des larmes. A cause du temps. Il ne pouvait plus se rappeler précisément de son visage. Il gardait d'elle une impression de beauté saisissante, d'adorable candeur… Il gardait les souvenirs… mais avait perdu la précision des images.

Etait-ce lui ?

Did I make it that
Easy to walk right in and out
Of my life?

Mais il avait aimé Sha'Re. Ouvertement. Il l'avait épousée. Qu'avait-il fait pour elle ? Rien. A part la repousser. Encore et encore. La repousser jusqu'à ce qu'il soit trop tard. Il ne lui avait jamais dit. Il ne lui avait jamais dit qu'il l'aimait. Même là, quand elle s'endormait chaotiquement contre lui, alors qu'il savait qu'elle n'ouvrirait jamais plus les yeux, il n'avait rien dit. Trop dur de dire ça à un cadavre.

Il regrettait. Il regrettait tellement.

Il avait accompli beaucoup dans sa vie, mais il l'avait complètement ratée. Il était passé à côté. Sa vie ne se résumait plus qu'à ses livres poussiéreux.

Goodbye, my almost lover
Goodbye, my hopeless dream
I'm trying not to think about you
Can't you just let me be?

Sha'Re disparut pour laisser une nouvelle fois la place à la silhouette déliée qu'il pleurait maintenant. La jeune femme lui sourit, à son habitude, avant de se mettre à marcher… de s'enfoncer entre les dunes brûlantes.

Il ne pouvait pas la laisser faire. Il ne pouvait pas la laisser partir.

Sa gorge était sèche, douloureuse. Des larmes et du temps qu'il avait passé sans réellement parler. Combien de temps depuis qu'il avait prononcé son prénom ? Depuis qu'elle s'était éteinte. Le dire, c'était accepter. Il n'avait pas voulu accepter.

Le fantôme disparaissait maintenant au loin, il ne voyait plus que sa chevelure noire étincelante sous le soleil lourd. C'était maintenant ou jamais…

Sa poitrine se souleva dans un sanglot dur.

Un appel.

Un cri.

« Vala ! »

So long, my luckless romance
My back is turned on you
Should have known you'd bring me heartache
Almost lovers always do

Fin