Hello !
Une fic longue. Encore une. Eeeeh oui. Mais j'ai pas fait exprès, cette fois !
Je suis partie en vacances deux semaines, et cette petite histoire est la seule chose que je suis parvenue à écrire. J'ai six "chapitres" (si on peut appeler ça comme ça) pour le moment.
C'est clairement pas prise de tête, c'est beaucoup moins travaillé que mes autres fics, mais je trouvais ça drôle, alors voilà. Cadeau.
Le premier chapitre est un peu différent du reste, parce qu'il fallait bien que j'explique la situation, mais le reste collera davantage au résumé. Pour ce qui est du titre... cherchez pas.
1. Sortir du trou
La lune, toute ronde, comme une assiette brillante plantée au milieu d'une nappe de nuit noire. Ce fut la première chose sur laquelle les yeux de Ventus se posèrent lorsqu'il se réveilla.
Quoique « se réveiller » ne traduisait pas tout à fait ce qui lui arrivait. Il n'était pas en train de dormir, même si certains faisaient cette analogie en parlant de la mort comme d'un long sommeil. Il n'existait aucun mot, aucune comparaison pour décrire l'état de non-existence qui caractérisait le fait de ne plus vivre, mais celle-ci s'en approchait tant bien que mal.
Car Ventus était réellement très très mort. Du moins jusque cette nuit de pleine lune.
Ce n'est pas normal.
Il sentait le plancher de bois du cercueil tout contre son dos. Il voyait le ciel dépourvu d'étoiles, masquées par les lumières de la ville. Il sentait un léger vent frais lui effleurer les joues, faire onduler ses cheveux. Et il voyait un visage.
« Bon alors, tu te lèves ? »
Il entendait la voix agacée, impérieuse, souffler ses vibrations jusque dans le fond de sa tombe. Il voyait deux yeux luisants, tout jaunes, surmontés de deux sourcils froncés d'agacement, fixés dans sa direction. On aurait presque dit que ce garçon le fixait.
Minute. Est-ce qu'il… s'adressait à lui ?
Mais je suis mort...
Et pas qu'un peu. Le dernier souvenir de Ventus était celui d'une moissonneuse lui fonçant dessus à toute vitesse. Et ensuite, plus rien, sinon l'assurance d'avoir été mort pendant longtemps. D'où lui venait cette certitude ? Ça…
« Lèves-toi » ordonna de nouveau le garçon.
Il paraissait de fort méchante humeur. Ventus cligna des yeux, puis s'en étonna. Il pouvait bouger ? Mais…
« Allez, quoi ! J'ai tout fait comme il faut ! Y a aucune raison que ça marche pas…
-Euh…
-Ah ! »
Ventus s'étonna du son que produisait sa propre voix. Juste une note hésitante. Pourtant, c'était bien sa voix, telle qu'il s'en souvenait, d'avant. Il ne s'y connaissait pas beaucoup en biologie, cependant il lui semblait que ses cordes vocales auraient dû se décomposer depuis belle lurette. De même que ses paupières.
« Tu vois, tu peux parler et bouger ! Dépêche-toi de sortir de là, j'ai pas toute l'éternité, moi ! »
Ce fut là, en réfléchissant à ce qu'il convenait de faire, que Ventus s'aperçut qu'il respirait. Le mouvement lui semblait tellement naturel, tellement instinctif, qu'il ne l'avait pas remarqué auparavant, mais oui. Ses poumons se gonflaient d'air, qu'il sentait passer à travers sa gorge. Définitivement pas quelque chose qu'une personne décédée ferait.
Est-ce qu'il… était revenu à la vie ?
Quelque chose lui disait que le type qui vociférait au bord de sa tombe connaissait les réponses à ses questions.
Allez, c'est parti…
Doucement, toujours saisi par la surprise, Ventus entreprit de s'asseoir, de faire fuir les quelques bestioles qui courraient le long de ses bras, et puis se leva. Il avait une conscience accrue de ses muscles qui se mouvaient, des sensations que ça lui procurait, de l'odeur de terre et de nuit d'été.
Il entendait l'autre souffler et grommeler dans une barbe inexistante, mais, eh, il venait de ressusciter ! Il n'allait tout de même pas se presser pour lui faire plaisir ! Non, il comptait plutôt prendre tout son temps, puisque le destin lui en accordait à nouveau.
Le bord de la tombe se situait quelques mètres au-dessus de sa tête, alors il lui fallait sauter. Ventus baissa les yeux vers ses jambes, les remua un peu. Il n'y voyait pas grand-chose, à la clarté de la nuit, mais ses muscles paraissaient aussi en forme qu'avant sa mort. Il aurait crû que la moissonneuse les auraient réduites en charpie…
Bon, ce devait être une connerie magique. Il verrait une fois en haut.
Priant pour que ses jambes ne se déchirent pas ou quelque chose du genre, il fléchit les genoux et sauta pour agripper le bord. Péniblement, il se hissa sur la terre ferme, et atterrit devant une paire de converses élimées.
« Ah ben, pas trop tôt ! »
Il leva le menton vers le propriétaire des converses. Le garçon semblait agacé, d'après ce que Ven parvenait à en voir dans l'obscurité. Ses yeux brillaient un peu dans le noir, comme ces machins fluorescents qu'on accrochait au plafond des enfants.
Se rappelant des mécanismes de politesse profondément ancrés en lui depuis l'enfance, Ventus se mit à sourire.
« Salut ! »
L'autre lui répondit par un grognement. Bien. Super, l'accueil. Cette histoire s'annonçait déjà compliquée.
« Euh, je m'appelle Ventus.
-Je sais. C'est marqué sur ta tombe.
-Mais tu peux m'appeler Ven.
-Non.
-Si, tu peux ! Je préfère.
-J'ai pas envie.
-Ah… »
Le mort-plus-trop-mort se mit debout, épousseta ses vêtements maculés de terre et inspecta les environs. Un cimetière, mais il s'en serait douté. Sur le côté de sa tombe reposait une masse impressionnante de terre fraîchement retournée. En dessous, dans la fosse, il contempla son cercueil ouvert, avec une impression d'étrangeté. Il ne le reconnaissait pas comme son cercueil… mais après tout, il était déjà mort quand on l'avait déposé là-dedans, alors il n'avait pas eu l'occasion de développer un lien émotionnel avec le lieu de son dernier repos.
Il n'osa pas regarder la pierre tombale.
« Euhm… Je suppose que tu peux m'expliquer ce que je fiche ici. Je veux dire, en vie.
-Euh, t'es pas tout à fait en vie, expliqua l'autre de mauvaise grâce. Pas tout à fait mort non plus.
-Je suis quoi alors, un zombie ? »
L'autre haussa les épaules, se penchant pour ramasser un gros bouquin posé dans l'herbe.
« Un truc comme ça. »
Bon. Ventus ne sut pas trop quoi faire de cette information.
Il supposa que c'était toujours mieux que d'être complètement mort.
« Et donc euh… Ça ne répond pas à ma question de base. »
L'autre garçon, celui qui était vivant, paraissait presque étonné de devoir répondre à des questions aussi basiques. Ven prit sur lui pour éviter de lui faire une remarque désobligeante – ce serait une mauvaise idée de le vexer alors qu'il possédait des informations vitales (ah, ah !) pour lui.
« Pfff… Ben euh, je suis un mage noir et je t'ai ressuscité. T'es content ?
-Non ! s'indigna Ventus. C'est pas une explication ! Pourquoi t'as fait ça ? Pourquoi moi ? »
Ça expliquait au moins les yeux fluorescents qu'il dardait vers lui. La magie faisait cela à ses utilisateurs. Ven était à peu près sûr que la nécromancie était illégale, à moins d'une très bonne raison. En tout cas, de son temps, ça se passait comme ça. Tiens, ça faisait combien de temps, depuis son trépas ? Les vêtements de son interlocuteur ne lui paraissaient pas trop étranges, donc sans doute moins d'un siècle.
L'autre haussa les épaules. Il se comportait un peu comme un ado capricieux, alors qu'il devait avoir la petite vingtaine.
« Fallait bien que je m'entraîne sur quelqu'un. Ç'aurait pu être quelqu'un d'autre, ça revient au même pour moi.
-Quoi, tu m'as fait revenir à la vie pour une expérience ? »
Mais il n'arrivait même pas à s'énerver, en fait. Même s'il reconnaissait l'absurdité de la situation. Quel toupet, franchement !
« Tu préfères que je te ramènes dans ta tombe ? »
Ventus réfléchit, mais pas très longtemps.
« Non…
-Tant mieux. Parce que j'ai aussi dû apprendre un sort de déterrage pour enlever toute cette terre, et c'était presque plus difficile que la nécromancie. »
Faute de trouver quelque chose à rétorquer, Ven croisa les bras.
« Ok. Soit. Ça t'avances à quoi ? »
L'autre le dévisagea un moment, avec toujours la même indifférence teintée de bouderie. Il réfléchissait.
« Seuls les mages noirs les plus puissants peuvent ressusciter les morts » déclara-t-il.
Oh, il paraissait tellement fier de lui, d'un seul coup, avec son petit sourire suffisant… Ventus n'était pas le genre de personne à frapper les gens, mais dans cette situation, il comprenait qu'on puisse être tenté de recourir à la violence.
« Et donc ? insista Ventus.
-Donc, je suis puissant, paraphrasa le mage comme s'il s'adressait à un idiot.
-Ok. C'est toujours interdit, la nécromancie ?
-Ouais.
-Ça te sert à quoi, d'être si puissant, si personne ne peut le savoir ?
-Moi, je le sais, ça me suffit, renifla-t-il. Et toi aussi, tu le sais.
-Ok, capitula Ventus. C'est débile, mais ok. Et maintenant ?
-Maintenant, je vais dormir. Salut ! »
Et il commença à s'éloigner, son grimoire sous le bras, l'air beaucoup trop guilleret. Ventus n'eut pas l'idée de le rattraper tout de suite, tellement la situation le sidérait. Il se contenta de le regarder bêtement s'éloigner de quelques mètres. Quel genre de mec faisait ce genre de choses ? C'était tellement cruel…
Puis la panique le gagna et il se mit à se lancer à sa poursuite. Sa main se referma sur le bras de l'autre garçon.
« Attend !
-Lâche-moi !
-Tu peux pas me laisser ici tout seul ! »
Le mage noir se dégagea de sa poigne et lui lança un regard noir. Néanmoins, il ne reprit pas sa marche. Quelque chose comme une hésitation transparaissait sous toute sa mauvaise humeur.
« T'as pas de la famille à aller retrouver ? Genre surprise, c'est moi, je suis revenu vous hanter !
-Euh, ben, pas vraiment, non… » répondit Ven en baissant les yeux au sol.
Wouah, il portait des supers chaussures. Il n'en revenait pas que ses parents aient achetés ça rien que pour l'enterrement. En fait, il ne comprenait pas l'intérêt de bien vêtir les cadavres avant de les mettre en terre. Il avait toujours pensé qu'il fallait mieux les habiller comme dans la vie de tous les jours, en accord avec leur personnalité, pour que leurs proches puissent garder un souvenir authentique d'eux.
Mais ouais, il portait des chaussures super classes. Et probablement le costume qui allait avec, quoique salement attaqué par les vers et la moisissure.
Il y eut un silence qui dura longtemps. Ventus releva la tête, s'appliquant à faire les meilleurs yeux de chiens battus de sa vie – façon de parler. Ça marchait toujours, avant. Presque toujours. Pas de bol cette fois, il n'arrivait pas à faire sortir les larmes qui allaient de paire avec son air tristoune. Peut-être que les zombies ne pleuraient pas. Cela dit, ça pouvait très bien fonctionner sans.
L'autre finit par détourner les yeux, l'air à moitié renfrogné et à moitié fautif. Gagné.
Il haussa les épaules.
« Bof… Je suppose que tu peux zoner chez moi le temps de trouver une solution. J'ai un canapé et un compte Netflix. »
Ventus n'avait aucune idée de ce qu'était un compte Netflix. Il se mit à sourire de toutes ses dents – qu'il possédait toujours, il avait vérifié.
« Chouette, merci !
-T'emballes pas, c'est temporaire. »
Oh, mais Ven ne s'inquiétait pas. Une situation temporaire pouvait durer longtemps. Il savait y faire. Et puis, bon, l'autre était responsable de lui, non ? On n'avait pas idée de ressusciter de braves gens et les relâcher dans la nature, comme ça, sans les aider…
« Ouais, ouais, t'inquiètes. Tu t'appelles comment, au fait ?
-Vanitas.
-Ah, c'est… original.
-Ferme ta bouche, Ventus.
-J't'ai dit de m'appeler Ven !
-Et j'ai dit non ! »
Ventus n'avait pas peur. Pas vraiment. Il n'encaissait pas encore tout à fait la situation, mais il ne pouvait rien y changer, alors autant l'accepter…
Et puis, ça valait mieux que de rester mort, non ?
Re coucou !
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