Bonded

Première année

1er Septembre, Gare King's Cross

La première fois qu'elle le vit c'était sur le quai de la voie 9 3/4 de la Gare King's Cross. Agé de onze ans, Harry Potter était un garçon quelque peu chétif. Une touffe de cheveux noir de jais surmontait son visage enfantin. Sous les mèches qui balayaient son front, des yeux verts pétillaient d'excitation. Il devait être, tout comme elle, impatient de découvrir Poudlard, leur nouvelle école. Mais ce qui avait accrochait le regard de la jeune fille était l'énorme sourire qui ornait les lèvres du garçon alors qu'il regardait ses parents qui se chamaillaient. Un sourire qui en disait long sur la joie et l'amour qu'ils partageaient avec eux, un sourire qui découvraient toutes ses dents. Elle le vit rejeter la tête en arrière pour rire alors que l'homme qui l'accompagnait, indubitablement son père, posait un genou à terre, l'air désespéré, devant une femme aux cheveux d'un roux flamboyant qui se mit à sourire tendrement.

Touchée par cette scène de symbiose familiale, Hermione Granger se tourna vers ses propres parents pour leur dire une dernière fois au revoir. Son père lui tapota gentiment le sommet de la tête pendant que sa mère l'engouffrait dans une étreinte serrée. Elle s'arracha des bras de sa mère quand le bruit strident d'un sifflet résonna tout le long du quai. Elle se hâta d'empoigner sa valise avant de s'engouffrer dans le train rouge par la porte la plus proche. La cheminée s'orna d'un panache blanc et les roues commencèrent à s'ébranler, le Poudlard Express se mit en marche.

La plupart des compartiments étaient déjà pleins ou occupés par des élèves plus âgés. Alors qu'elle se frayait un chemin vers l'arrière du train, Hermione fût émerveillée par les jets d'étincelles qui s'échappaient de certaines baguettes, par les histoires que contaient ses futurs condisciples sur les professeurs ou le château et par les animaux de compagnie en tout genre qui piaillaient et courraient dans certains compartiments. Tout ce qu'elle voyait nourrissait son impatience d'arriver au château et d'en apprendre plus sur la Magie.

Enfin, arrivée au dernier wagon, Hermione trouva un compartiment vide. Elle y entra sans hésiter, soulagée, balança son énorme valise dans le rangement qui lui était réservé puis s'écroula sur la banquette en cuir rouge en soupirant et colla son font à la vitre pour mieux observer le paysage. La fraîcheur du verre soulagea un peu le mal de tête qui lui vrillait le crâne depuis le début de la journée. Son esprit était en ébullition, tant de nouvelles choses l'attendaient. Elle se demandait comment allait-être ses enseignants, comment allait-elle s'intégrer dans un monde qu'elle ne connaissait que depuis peu, dans quelle maison le Choixpeau allait-il la placer ?

Elle secoua la tête, ennuyée par la tempête perpétuelle de ses pensées et entreprit de sortir son exemplaire de l'Histoire de Poudlard (qu'elle avait déjà lu deux fois pendant les vacances), son livre favori, pour calmer ses nerfs à vifs. Dès les premiers mots la jeune fille se détendit. Ses paupières se firent de plus en plus lourdes alors que ses yeux défilaient le long de l'introduction et la fatigua la gagna peu à peu. Avant la fin de la première page, elle s'assoupit.


4 Septembre, Grande Salle

Avoir été placé dans la maison Serdaigle n'avait pas été une surprise pour Hermione, pas plus que le plafond magique de la Grande Salle ne l'avait étonné (après tout elle connaissait déjà son existence et cela avant même d'avoir mis les pieds dans Poudlard) ou le fait que le banquet était apparu de lui-même dans les plats devant elle. Non ce qui l'avait vraiment stupéfaite était d'avoir été réveillé dans son compartiment par le même jeune garçon qui avait attiré son regard le matin même. Harry Potter avait été son compagnon de voyage pendant tout le trajet et avait eût la gentillesse de la réveiller suffisamment tôt pour qu'elle puisse se changer avant leur arrivée à Pré-au-Lard. Il lui avait doucement secoué l'épaule et, avec un petit sourire gêné s'était rapidement présenté. Elle avait levé les yeux vers lui, il avait rougi fortement puis s'était presque sauver en courant du compartiment sans un mot de plus, ses robes d'école déjà sur le dos et sa valise sur les talons.

Hermione soupira, déjà trois jours qu'elle était au château et elle n'avait eu qu'un seul cours en commun avec les Serpentards, un seul cours en commun avec Harry Potter. Elle avait le besoin irrépressible de le remercier, à chaque fois qu'ils étaient à quelques mètres, le regard de la jeune fille se tourner vers lui immédiatement et une petite voix dans sa tête (qu'elle n'avait jamais entendu auparavant) lui intimait d'aller lui parler. Mais à chaque fois, la raison de la Serdaigle reprenait le dessus. Certes il avait été gentil, mais il n'avait rien fait d'exceptionnel. Il ne l'avait simplement pas dérangé de tout le trajet. Elle n'avait pas remarqué son entrée ni été dérangé par sa présence, mais rien qui expliquait son envie impérieuse de le remercier.

Assise à la table des Serdaigles, l'Histoire de Poudlard ouvert devant elle, un toast couvert de marmelade à la main, elle laissa son regard glissé le long de la table des verts et argents qui se trouvait à l'autre bout de la Grande Salle. Immanquablement, ses yeux s'arrêtèrent sur le jeune garçon aux cheveux noirs assis seul en bout de table, tout comme elle. Ses orbes vertes parcouraient un de ses livres de cours. Ses doigts jouaient avec une des mèches rebelles qui tombaient sur son front. De temps en temps, un de ses camarades de maison lui jetait des coups d'oeil intrigués. Hermione se demanda pourquoi aucun Serpentard ne s'asseyait avec lui. Le garçon était peut être aussi solitaire qu'elle.

« Tu ne sauras jamais si tu ne vas pas lui parler … » lui glissa la petite voix dans sa tête.

Hermione secoua la tête et fronça les sourcils, irritée. Soudain, son souffle se bloqua dans sa poitrine. Harry Potter avait levé les yeux de son manuel et la fixait à présent à son tour. La Serdaigle soutint son regard et le Serpentard lui envoya alors le satanée sourire qu'il avait arboré sur le quai trois jours plus tôt. Le coeur d'Hermione se mit à battre à tout rompre dans sa poitrine, elle se crût prise de vertiges pendant un instant. Troublée, un intérêt soudain pour le livre devant elle la prit, son visage lui sembla être en feu.

Quand elle osa finalement relever les yeux, elle vit qu'Harry Potter n'était plus à sa table et eût juste le temps de voir le bout d'une robe d'école disparaître entre les portes de la Grande Salle. Elle soupira une nouvelle fois. Elle n'arrivait déjà pas à le regarder dans les yeux alors lui parler semblait être impossible. Elle regarda une dernière fois la double porte, défaite.


24 Octobre, Bibliothèque

Le mois de Septembre défila à une vitesse folle, Hermione ne trouva jamais le courage d'aller remercier Harry Potter. Ce n'était pas faute de le croiser pourtant. Le destin semblait s'acharner à placer le Serpentard sur son chemin. Malgré le peu de cours qu'ils avaient en commun, la jeune fille s'étonnait de le voir entre les cours dans les couloirs (il ne se privait d'ailleurs pas de lui envoyer un sourire éblouissant) ou plusieurs fois par jour à la bibliothèque (où il arrivait en général peu de temps après elle et s'installait toujours à une table proche de la sienne). Elle se souvenait même qu'une fois ils s'étaient heurtés au détour d'un couloir, ce qui avait valu à Hermione un visage brûlant qui subsista plusieurs minutes après un immense sourire de la part du Serpentard. Jamais ils ne se disaient un seul mot mais elle avait l'inexplicable impression que dès qu'elle entrait dans le champ de vision du garçon toute son attention se concentrait totalement sur elle et elle n'en était que plus nerveuse.

A une semaine d'Halloween, Hermione se décida enfin.

Cela faisait cinq bonnes minutes qu'Harry Potter s'était installé à une table face à la sienne dans la bibliothèque. Cinq satanées minutes qu'elle n'arrivait pas à se concentrer sur cet important devoir de Potions qu'elle voulait absolument terminer ce soir-là. Cinq infernales minutes que le Serpentard la narguait en souriant à son livre. Expirant un grand coup, Hermione se leva et approcha timidement le garçon qui ne daigna pas lever le nez de l'Histoire de la Magie. Irritée, la jeune fille se racla bruyamment la gorge. Son énervant sourire toujours collé aux lèvres, il la regarda vraiment dans les yeux pour la première fois. Hermione se figea. Croiser son regard de loin était une chose mais a à peine un mètre elle trouva immédiatement que ses yeux étaient magnifiques. La bouche entrouverte, prête à parler, elle étudia attentivement les émeraudes brillantes de son condisciple. Des paillettes d'or semblaient flotter autour de ses pupilles et elle constata la présence d'une légère teinte de marron qui les cerclait. Il avait le regard intrigué mais bienveillant et Hermione se sentit instinctivement en confiance.

« Bonsoir Harry Potter » dit-elle enfin.

Il leva un sourcil amusé. Les joues de la Serdaigle s'enflammèrent. Le sourire du garçon redoubla avant qu'il ne parle à son tour.

« Bonsoir … »

« Hermione … Granger » répondit-elle à sa question muette.

« Bonsoir Hermione Granger. Que puis-je faire pour toi ? »

Il avait le ton légèrement rieur mais son attitude sympathique invitait la jeune fille à poursuivre. Il n'était pas comme les autres Serpentards qu'on disait railleurs et insultants ou froids et distants. Il respirait la joie, la sérénité et une telle gentillesse émanait de lui qu'Hermione ne pût s'empêcher de sourire timidement à son tour. Oubliant sa nervosité elle lui expliqua :

« Je voulais te remercier pour ce que tu as fait dans le train. Tu sais … me réveiller … » Harry Potter hocha la tête, le coin des lèvres toujours levé. « J'aurais sûrement été en retard si tu n'avais pas été là alors … Euh … Merci » finit-elle en rougissant de nouveau.

« Je t'en prie »

Les orbes vertes étaient restées fixées au niveau de ses yeux pendant tout l'échange et Hermione détourna le regard face à leur intensité. Sa nervosité revint au grand galop et elle entortilla ses doigts derrière son dos, inconfortable.

« Bon … Je te laisse … Au revoir Harry Potter » murmura-t-elle

« Au revoir Hermione ! » lui répondit-il joyeusement. « Tu peux m'appeler Harry ! »

Elle hocha simplement de la tête, un léger sourire fit de nouveau une apparition sur son visage. À aucun moment ce soir-là ce sourire ne quitta ses lèvres.


4 Janvier, Grande Salle

Les vacances de Noël avaient été un véritable bol d'air frais pour Hermione. À ses propres exigeants programme de révision et planning de devoirs s'étaient ajoutées les insultes quotidiennes d'une bande de Serpentard. Malfoy et ses « gorilles », alias Crabbe et Goyle, se faisaient un malin plaisir de l'arroser de moqueries dans les couloirs. Surtout Malfoy, les deux autres étaient bien trop occupes à ricaner bêtement aux blagues de mauvais goûts du blond et bien incapables d'aligner deux mots sans perdre de neurones dans le processus. Malfoy, sa némésis. Le blond platine de ses cheveux accentuaient la pâleur presque irréel de son visage hautain. Ses yeux bleus transperçaient la jeune fille à chaque fois qu'il les posaient sur elle, la laissant muette de peur.

Étrangement, le Serpentard avait commencé son petit manège peu de temps après qu'un autre Serpentard ait commencé un autre genre de manège. Oui, Harry Potter s'était mis en tête de la saluer dès qu'ils se rencontraient et à lui faire signe de l'autre bout de la Grande Salle. Ce qui amenait Hermione à porter une attention plus que subite au sol et son visage à rougir beaucoup trop souvent dans une journée. Le comportement d'Harry Potter la rendait confuse, depuis leur « conversation » dans la bibliothèque, leurs échanges s'étaient limités à ses brèves salutations. Malfoy n'avait pas manqué ses petites interactions et avait rapidement commencé à rendre la vie impossible à la Serdaigle.

Hermione soupira, défaite, en époussetant ses robes d'école avant de quitter sa salle commune pour rejoindre la Grande Salle. Ce soir avait lieu le dîner de rentrée des vacances. Son ventre était resté contracté tout le long de son trajet, l'idée de croiser ses bourreaux lui étaient presque insupportable après deux semaines de tranquillité. Heureusement, elle parvint à s'asseoir paisiblement à sa table sans qu'il y ait le moindre incident. Elle jeta un coup d'oeil aux quelques camarades bleus et bronzes qui y étaient déjà installés mais aucun d'entre eux ne fît attention à elle. A force, elle s'y était un peu habitué mais espérait toujours recevoir un jour des salutations de leur part.

Elle ne s'était fait aucun ami depuis son premier jour à Poudlard. Il n'était pas rare que les gens l'évitent ou lui envoient un regard dédaigneux. Même les élèves de son année ne s'attardaient pas à essayer de lui parler ou la connaître. Il est vrai qu'une jeune fille de douze ans, Sang-de-Bourbe (comme aimait l'appeler Malfoy), la tête trop souvent plongée dans les livres et le bras en extension casi perpétuelle pendant les cours n'était pas vraiment une personne que l'on pouvait qualifier de « cool ». Se sentant plus seule que jamais, Hermione chercha instinctivement du regard la seule personne de toute l'école de Magie à lui accorder des signes amicaux.

Harry Potter, assit seul comme à son habitude, avait encore un livre à la main et attendait patiemment que la Grande Salle se remplisse afin que commence le repas. Il dût sentir le regard insistant de la jeune fille car il releva la tête par dessus son livre pour planter ses yeux directement dans ceux d'Hermione. Il sembla tout d'abord décontenancé mais son visage se fendit rapidement en un grand sourire. Il lui fit signe de la main. La tension quitta les épaules de la Serdaigle et pour une fois elle répondit à son geste en souriant timidement.

Son coeur parût se réchauffer dans sa poitrine et pour la première fois depuis qu'elle était revenu au château ce matin là, elle ne se sentit pas seule.


14 Février, Couloir près de la Salle Commune des Serdaigles

« Alors Sang-de-Bourbe, on est pressée ? »

Le sang d'Hermione ne fit qu'un tour au son de la voix de Drago Malfoy. Il n'était pas loin derrière elle et l'avait surprise alors qu'elle retournait rapidement à son dortoir. Elle fit semblant de ne pas l'entendre et accéléra le pas pour lui échapper mais le Serpentard ne la lâcha pas. Ses pas résonnaient, étrangement forts, dans le dos de la Serdaigle. Il dût comprendre où elle allait car il poursuivit :

« C'est ça Granger ! Retourne te cacher dans ta tour, personne n'a envie de voir ta sale tête le jour de la Saint Valentin ! »

Elle stoppa net, blessée. Elle ne pouvait plus aller à son dortoir, elle ne voulait pas lui donner satisfaction. La jeune fille plissa les yeux, refusant de laisser couler les larmes qui commençaient à les emplir. Des élèves se mirent à les observer, curieux, attendant avidement une répartie de la part de la jeune Serdaigle. Répartie qui ne vint jamais. Hermione se contenta de se retourner, dardant ses yeux dans ceux de Malfoy. Furieuse, son esprit ne semblait pas vouloir coopérer pour former une réponse cohérente. Elle voyait rouge, son corps se mit à trembler. Le blond sembla le remarquer, sa bouche afficha alors un rictus narquois.

« Qu'est ce qui se passe Granger ? Tu as perdu ta langue ? Regarde toi ! Avec ton nid à hiboux sur la tête et tes dents de castor, c'est normal que personne n'ait envie de t'envoyer une carte pour la Saint Valentin ! »

Il éclata d'un rire froid avant d'imiter un castor pour l'achever. D'autres rires que le sien fusèrent autour d'eux et Hermione prit conscience du nombre d'élèves qui les entouraient. Humiliée, rouge de honte, un sanglot lui échappa et ses yeux, fatiguées de voir les visages amusés autour d'elle, trouvèrent le sol. Les rires redoublèrent et ses larmes coulèrent librement sur ses joues.

« La ferme Malfoy ! »

Le silence tomba d'un coup sur le couloir alors que Malfoy jetait des coups d'oeil alentour dans l'espoir de dénicher la personne qui avait oser lui dire de se taire. Hermione releva la tête surprise, pleurant silencieusement, scrutant les visages déconcertés qui la cernait. Et elle le vit, Harry Potter. Dès que leurs yeux se croisèrent, elle sût qu'il était celui qui avait parlé. Il avait l'air furieux et n'hésita pas, malgré sa stature chétive, a se frayer un chemin, en bousculant au passage des élèves plus vieux, pour venir se placer entre elle et Malfoy. Les deux Serpentards se jaugèrent froidement du regard. Le silence autour d'eux rendait la tension dans l'air trop pesante pour la Serdaigle. Elle se fit toute petite, les joues mouillées, et garda les yeux fixés sur le dos du garçon aux cheveux noirs.

Malfoy finit par ouvrir la bouche :

« Potter, qu'est ce que tu … »

« Je t'ai dis de la fermer ! » Siffla Harry, ses phalanges blanchies de trop serrer ses poings. « Tu es allé trop loin cette fois-ci. Pas étonnant que les seules personnes à avoir eu envie de te donner une carte soient les deux demi-trolls qui te servent d'amis, abruti ! Laisse-la tranquille ! »

Le blond avait pâlit en écoutant Harry Potter mais reprit bien vite des couleurs quand la foule se mit à chuchoter frénétiquement autour d'eux. Hermione vit des sourires moqueurs sur certains visages. Elle sursauta alors qu'une chaleur inconnue irradia dans son poignet. Elle baissa les yeux. La Serpentard aux cheveux noirs avait comblé la distance qui les séparait pour attraper sa main. Elle releva le regard vers le visage du garçon qui regardait toujours Malfoy, les sourcils froncés.

« Va-t-en Malfoy, cours pleurer dans les robes de ton père pendant qu'il est encore libre » asséna Harry.

Malfoy recula des quelques pas, les poings serrés, les yeux lançant des éclairs. Sa mâchoire serrée ressortait fortement sur son visage maintenant blanc craie. Tout le monde retenait son souffle dans le couloir, attendant la réaction de Malfoy.

« On se revoit plus tard Granger ! » Lança soudain le blond avant de tourner les talons. « Crabbe ! Goyle ! »

Ses deux gorilles fendirent la foule et l'encadrèrent avant qu'ils ne se dirigent tous les trois vers le Hall. Hermione essuya discrètement ses yeux rougis de sa manche libre. Les élèves encore présents continuaient de les dévisager en murmurant, elle se sentait comme un animal au zoo quand Harry Potter s'emporta :

« Qu'est ce que vous regardez ?! »

Plusieurs de leurs condisciples semblèrent surpris qu'un garçon de onze ans soit capable d'un tel éclat mais personne ne fit de commentaires. Alors la foule qui les entourait se dissipa rapidement. La tension redescendit dans le couloir, la Serdaigle en soupira de manière presque inaudible. Il n'en fallut pas plus pour qu'elle capte l'attention d'Harry Potter. Les émeraudes s'accrochèrent à ses yeux. Sa précédente colère y avait disparue, remplacée par une sincère inquiétude.

« Ça va ? » Lui demanda-t-il timidement.

C'était la première fois qu'Hermione remarquait qu'ils faisaient la même taille. Il lui avait paru bien plus grand quelques minutes auparavant alors qu'il tenait tête à Malfoy. Elle cligna des yeux alors que le Serpentard s'était mit à la regarder soucieusement. Elle se rendit compte qu'elle ne lui avait pas encore répondu. Alors avec un petit sourire timide elle répondit :

« Beaucoup mieux. Merci Harry. »

Il lui rendit son sourire en découvrant toutes ses dents. La chaleur dans son poignet était toujours présente et se fit plus forte quand il le tira légèrement en direction de la tour des Serdaigles.

« De rien ! » Son ton était redevenu joyeux. « Je n'aime pas voir pleurer les autres et Malfoy est vraiment le pire des imbéciles. » Poursuivit-il en plissant les lèvres à la mention du blond. « En plus, tu es bien plus jolie quand tu souris. »

Hermione rougit à la dernière phrase mais Harry Potter ne sembla pas le remarquer. Quelques pas derrière lui, Hermione se laissa guider jusqu'à sa salle commune, les yeux fixés sur les cheveux noirs et ébouriffés qui ornaient l'arrière du crâne du jeune Potter.


30 Juin, Hall d'entrée

Depuis cet incident, Harry (elle s'était décidé à l'appeler simplement « Harry » même quand elle pensait à lui) avait continué à la saluer quand ils se croisaient mais n'allait jamais jusqu'à lui parler. Cela attristait la jeune Serdaigle mais elle se trouvait incapable de faire le premier pas. Et surtout, elle ne savait pas de quoi ils pourraient bien parler ensemble. Elle se contentait donc de ses quelques marques d'amitiés au détour des couloirs.

Malgré tout, les semaines passaient à une vitesse folle. Hermione adorait la Magie mais, par dessus tout, elle adorait apprendre à l'utiliser. Ses cours la passionnait et elle se retrouvait souvent à la bibliothèque, le nez dans un livre, pour en découvrir de plus en plus sur ce sujet qui la fascinait. Même Malfoy et ses insultes ne pouvaient l'empêcher d'en savoir toujours plus (encore aurait-il fallut qu'il mette ne serait-ce qu'un orteil dans la bibliothèque). La Serdaigle excellait en classe et aucun professeur, pas même le terrible Rogue, ne pouvait nier qu'elle était brillante. Hermione s'était instauré une routine qui consistait à faire le soir même les devoirs qu'elle avait eut le jour-même. Elle passait donc ses soirées au milieu des livres dans le domaine de Madame Pince. Elle y croisait aussi parfois Harry qui lui lançait un petit sourire avant de replonger la tête dans ses cours, sa table couverte de livres. Il avait l'air d'être quelqu'un de studieux lui aussi qu'elle et cela la rassurait. Elle n'était pas la seule élève de son année à passer ses soirées dans la bibliothèque.

C'est le dernier soir de l'année qu'Harry se décida à venir lui parler. Hermione quittait la Grande Salle après un fabuleux repas. Serdaigle venait de remporter la Coupe des Quatre Maisons et jamais la jeune fille n'avait vu ses camarades bleus et bronzes aussi heureux. Elle repassait dans sa tête les événements de l'année scolaire qui était arrivée à son terme. Alors qu'elle observait le lac à travers les portes du Hall, elle se sentait tiraillée entre la tristesse de quitter Poudlard et le soulagement d'être débarrassé de Malfoy et ses gorilles pendant deux mois.

« Hé ! Hermione ! »

Elle tourna vivement la tête, sortie de sa rêverie, vers la personne qui l'avait interpellé. Harry se tenait là, un grand sourire montrant toutes ses dents et ses yeux verts brillants étrangement.

« Harry » Dit-elle, surprise.

« Je voulais te féliciter. » Elle lui faisait à présent complètement face, curieuse d'entendre ce qu'il avait à dire. « Pour la Coupe. Si Serdaigle l'a remporté c'est sans aucun doute grâce à toi ! Tu as gagné tellement de points en classe ! » Ses émeraudes débordaient d'admiration et Hermione ne put s'empêcher de rougir intensément. Un petit sourire idiot lui souleva le coin des lèvres. « On dirait que tu connais les réponses alors que nous n'avons même pas encore eu le cours ! Je n'arrive pas à suivre et pourtant ce n'est pas faute d'essayer … »

Harry s'arrêta soudainement de parler et rougis légèrement à son tour, intriguant encore plus la jeune fille. Elle l'observa, la tête penchée, alors que, pour la première fois depuis qu'ils se connaissaient, il fuyait son regard. Un éclair de compréhension la frappa, elle lui demanda :

« C'est pour ça que tu passes tes soirées à la bibliothèque ? »

Il grimaça un peu, les joues toujours aussi roses, avant de hocher doucement du chef. Le sourire de la Serdaigle s'agrandit, son coeur lui semblait étrangement chaud dans sa poitrine alors qu'Harry se grattait l'arrière du crâne, un geste qui manifestait sans doute sa gêne. Il osa enfin croiser de nouveau son regard et, d'une voix légèrement tremblante, finit par lui dire :

« Je voulais savoir si tu étais d'accord pour qu'on travaille ensemble à la bibliothèque. » Son rougissement empira quand elle leva un sourcil interrogateur. « Enfin, je veux dire, l'année prochaine ! Et si tu le veux bien sûr. Je sais que tu n'as pas eu de bonnes expériences avec les Serpentards alors je comprendrais si tu n'avais pas envie d'… »

Soudain, Hermione éclata franchement de rire devant un Harry Potter qui perdait tous ses moyens. À présent silencieux, il se contentait de la fixer avec des yeux ronds, les joues finalement en feu et la bouche légèrement entrouverte. Quand le rire de la jeune fille commença à se calmer, elle le vit rehausser ses lunettes rondes sur son nez et se renfrogner. Elle put enfin lui répondre :

« Avec plaisir Harry »

Elle sentit sa bouche se fendre d'un immense sourire. Harry continua de l'observer, à présent abasourdi. Puis il reprit contenance, sourit à son tour et tendit le petit doigt vers elle.

« Promis ? » Lui demanda-t-il alors qu'elle zieutait le doigt, perplexe.

Quelques secondes s'écoulèrent dans le silence avant qu'elle ne croise son propre rapporteur à celui du garçon. Elle planta alors ses yeux chocolats dans les siens.

« Promis ! »


1er Juillet, Poudlard Express

Le lendemain, le trajet de retour d'Hermione se passa calmement. Son coeur s'était serré quand elle avait entre aperçu une dernière fois le château de Poudlard pendant que le train l'emmenait vers le monde des Moldus. Puis elle avait pensé à ses parents et s'était rendu compte à quel point ils lui avaient manqué. Elle s'était alors imaginée leurs retrouvailles sur le quai. Son père qui lui sourirait tendrement, posant doucement une main sur sa tête pour lui caresser les cheveux pendant que sa mère l'engloutirait dans son étreinte chaleureuse en lui disant sûrement qu'elle avait grandi et qu'elle leur avait manqué.

Tout se passe exactement comme cela lorsque Hermione passa le mur magique de la voie 9 3/4. Excepté peut être Harry qui rejoignait lui aussi ses parents et qui lui envoya son fameux sourire. Hermione lui fit signe joyeusement et la promesse qu'ils s'étaient faîte hier remonta dans sa mémoire. La chaleur qu'elle avait alors ressentit revint se loger dans sa poitrine et, alors qu'elle suivait sa famille dans King's Cross, elle se dit que sa prochaine année à Poudlard serait très certainement radicalement différente de celle qui venait de s'achever.


Deuxième année

1er Septembre, Poudlard Express

Le premier mois d'été fût paisible pour Hermione. Ses parents ne cessèrent de lui poser des questions sur Poudlard et la Magie. Elle ne se lassait pas de leur répondre, revivant tout en leur relatant les événements qui avaient marqués sa première année à l'école de Sorcellerie. Elle leur parla du lac, du Choixpeau, du plafond magique, de la Grande Salle, de la maison Serdaigle, des cours, de Malfoy, de la bibliothèque et beaucoup, beaucoup d'Harry. Cela n'échappa pas à sa mère qui lui demanda, une lueur étrange dans le regard si le garçon et elle étaient amis. Ce à quoi Hermione n'avait pas su quoi répondre. Cette question l'avait hanté pendant le reste de ses vacances.

Harry était-il son ami ?

C'est pour cela qu'elle se retrouvait en ce premier Septembre, fébrile, dans un compartiment du Poudlard Express. Elle jetait des coups d'oeil rapides sur le quai dans l'espoir d'apercevoir une touffe de cheveux jais. Elle bailla bruyamment en se couvrant la bouche d'une main. La nuit dernière, l'excitation de retrouver le monde de la Magie l'avait emporté sur la fatigue. Elle ne s'était endormie que quelques heures avant que son réveil ne sonne le départ. Le train s'ébranla lentement alors qu'une vague de fatigue la gagnait, la faisant somnoler. Elle n'avait pas vu les minutes s'égrainer pendant sa quête visuelle d'Harry. Elle soupira lentement et sortit son manuel de Potions.

Le trajet touchait presque à sa fin, Hermione avait le coeur lourd. Harry n'était pas venu la voir. Son traitre de coeur se serra plus douloureusement et un sanglot monta dans sa gorge. Elle avait tant espéré passer le voyage en sa compagnie, elle souhaitait tant qu'il la considère comme une amie. La solitude l'envahit, des flots de souvenirs de ses jeunes années lui revenaient en tête. Elle n'avait jamais vraiment eût d'amis, même toute petite. Elle s'était toujours sentie à part, incapable de trouver un seul enfant qui lui accepter de lui parler plus de quelques minutes et encore moins de devenir son ami.

Elle secoua la tête, essayant de ravaler ses larmes. Ses doigts caressèrent la page parcheminée du livre ouvert sur ses genoux et elle se sentit bien plus sereine. Les livres avaient toujours été là pour elle, l'emmenaient vers des contrées lointaines, lui contaient mille et une histoires fantastiques et répondaient à toutes les questions qu'elle se posait. Hermione ferma le manuel de Potions et le tint serrer contre sa poitrine, cherchant du réconfort. Elle ferma les yeux mais les rouvrit tout aussi rapidement.

La porte du compartiment venait de s'ouvrir brutalement. Dans l'encadrement se tenait, au grand désarroi d'Hermione, la seule personne qu'elle ne voulait absolument pas voir en cet instant, Drago Malfoy. Il avait quelque peu grandi mais son rictus narquois et ses yeux de glace n'avaient pas changé. Son sourire mauvais ne fit que s'agrandir quand il posa le regard sur elle.

« Tiens, tiens, tiens … Ne serait-ce pas Granger , ma Sang-de-Bourbe préférée ? Tu n'es pas avec ton petit pote Potter ? Quel dommage ! »

Son ton se voulait amusé mais la Serdaigle sentait toute la méchanceté qu'il cachait. Il avança d'un pas dans le compartiment et le coeur de la jeune fille commença à battre frénétiquement. La peur courrait dans ses veines. Crabbe et Goyle bloquaient sa seule issue. Malfoy était maintenant juste devant elle. Elle serra son livre plus fermement et plissa les yeux. Il avait l'air de jubiler. Il se pencha alors vers elle pour lui murmurer froidement :

« Potter n'est pas là pour te défendre cette fois-ci, rat de bibliothèque. Même lui ne s'est pas longtemps intéressé à toi. » Il se tût quelques instants pour guetter sa réaction. « Tu as l'air désespérée. Tu aimerais tellement qu'il te parle, qu'il soit ton ami. » Il ricana doucement et le sang d'Hermione se glaça dès que ces mots franchirent les lèvres du blond : « Écoutes-moi bien Granger, tu n'as pas un seul ami. À part peut-être le livre que tu tiens. »

Il s'éloigna d'elle, rejoignant ses gardes du corps. Il renifla bruyamment en la regardant une dernière fois. Malfoy lui asséna un dernier coup :

« Pathétique ! »

Il claqua ensuite des doigts, Crabbe manipula brutalement une nouvelle fois la porte du compartiment et leurs pas s'éloignèrent dans le couloir. Alors seulement Hermione retrouva la faculté de bouger. Elle se leva lentement, verrouilla la porte et entreprit de se changer. Pas une seule minute ne se passa sans que les paroles de Malfoy ne se rejouent dans sa tête. Pas une seule seconde sans que ses larmes ne coulent sur ses joues. Jusqu'à ce qu'enfin le train s'arrête et qu'elle ne soit obligé de déverrouiller la porte.


1er Septembre, Grande Salle

La cérémonie d'accueil des premières années semblait être un lointain bourdonnement aux oreilles d'Hermione. Son esprit était embué par un brouillard de tristesse, la coupant du reste du monde. Elle applaudissait par mimétisme à chaque fois que sa table le faisait. Harry n'était pas là, sa place habituelle à la table des vert et argent était vide. Son état de transe fut brisé par un bruissement de vêtements à sa droite. Elle tourna la tête vers la source de son brusque retour à la réalité, une surprise évidente peinte sur le visage.

Une première année venait de s'installer à côté d'elle. La jeune fille avait les yeux d'un bleu presque électrique et de longs cheveux blonds qui ondulaient légèrement. Elle se présenta sur un ton qui, d'après Hermione, n'avait rien à envier à l'air rêveur de son regard.

« Bonsoir, je m'appelle Luna Lovegood. »

Hermione haussa un sourcil à la vue des radis qui ornaient ses oreilles mais lui sourit néanmoins.

« Hermione Granger, ravie de te rencontrer. »

La blonde lui rendit vaguement son sourire et tourna son attention vers les élèves de son année à qui le Choixpeau continuait d'attribuer une des quatre maisons. Elle ne pipa mot de toute la fin de la cérémonie et resta impassible aux nombreux regards en coins d'Hermione pendant l'entièreté du discours de Dumbledore. Le silence, inconfortable pour la plus âgé, s'étendit jusqu'à ce qu'elles aient fini leur plat. Hermione s'apprêtait à entamer sa part de tarte à la citrouille, son désert préféré, quand la voix de Luna s'éleva enfin doucement :

« Il y a un Serpentard qui n'arrête pas de te regarder. Il n'a pas détacher ses yeux de toi pendant tout le repas. »

La blonde avait dit cela sur le ton de la conversation mais Hermione ne put s'empêcher de rougir. Luna reprit son repas comme ci de rien n'était en fredonnant légèrement. La brunette porta alors son regard sur la table des Serpentards. Instinctivement, elle chercha des yeux émeraudes mais ne tomba que sur ceux, bleus, de Malfoy. Il se fendit d'un rictus en coin dès qu'il eût son attention. Il serra ses bras près de sa poitrine comme s'il serrait un … Hermione détourna vivement les yeux quand elle sentit qu'ils commençaient à piquer. Elle cligna plusieurs fois des paupières pour chasser les larmes qui s'accumulaient dans ses yeux. Elle sentit une main sur son épaule et une douce chaleur se diffusa dans son corps.

« Tout va bien Hermione ? »

Elle tourna la tête vers Luna qui lui souriait d'un air désespérément rêveur. Elle sentit la timide pression qu'exerça sa condisciple sur son épaule. Hermione lui rendit son sourire.

« Oui ça va, merci Luna »

La blonde hocha la tête, l'air contente, puis se leva pour rejoindre les nouveaux Serdaigles qui s'entassaient près des préfets. Hermione s'empressa de finir sa part de tarte avant de rejoindre à son tour le dortoir.

Elle se coucha tôt ce soir-là, le manque de sommeil et les événements de la journée ayant raison d'elle. Ses pensées, avant de s'endormir, allèrent vers Malfoy et ses horribles paroles, vers Luna qui l'avait intrigué mais qu'elle commençait doucement à apprécier. Sa toute dernière s'égara vers un certain garçon aux yeux émeraudes et dont l'absence lui avait manqué, plus qu'elle ne l'avait pensé, en ce jour de rentrée.


2 Septembre, Grande Salle

Hermione était entrain de prendre son petit déjeuner, deux toasts beurrés et un jus de citrouille, quand Luna s'était assise sans une once d'hésitation à côté d'elle. Cette fois-ci, la jeune Serdaigle entama rapidement une discussion avec la brunette. Elle lui posa des questions sur les professeurs, les cours et sur les personnes à éviter. Cette question surprit Hermione mais elle ne la releva et lui répondit sincèrement. Elle était entrain de lui expliquer quels élèves il fallait absolument esquiver quand Luna l'interrompit. Elle jetait depuis quelques secondes des regards furtifs vers l'autre côté de la Grande Salle.

« Désolée si je me répète Hermione, mais il y a un autre Serpentard qui te fixe ce matin. »

Au mot « autre », Hermione sut de qui il s'agissait et elle chercha immédiatement Harry des yeux à la table des verts et argents. Son coeur rata un battement quand elle repéra enfin le sourire unique du Serpentard. Il la salua joyeusement ce à quoi elle répondit d'un grand sourire. Harry était entrain de se lever quand elle sentit quelqu'un lui tapoter l'épaule. Son attention se porta sur le préfet qui lui tendait son emploi du temps, l'air impatient. Elle le prit d'un geste brusque et se retourna vers Harry … qui n'était plus à l'autre bout de la Grande Salle. Elle fronça les sourcils, confuse, quand une voix, serrée par la nervosité, s'éleva derrière elle.

« Salut Hermione. »

Elle sursauta en entendant son prénom mais sourit instantanément quand elle reconnut la voix.

« Salut Harry ! Voici Luna Lovegood. »

Harry hocha simplement la tête pour saluer la blonde. Hermione en fût surprise, le Serpentard était habituellement plus chaleureux et ouvert. Elle remarque alors que, certes, il souriait mais paraissait extrêmement mal à l'aise. Elle prit alors conscience du nombre d'élèves qui avaient arrêté leur activité pour les observer, surpris. À l'autre bout de la salle, les Serpentards semblaient surtout agacés. La voix d'Harry arracha Hermione de ses pensées.

« Désolé pour le voyage en train hier mais je ne pouvais pas être là à temps. Je suis arrivé ce matin. J'espère que le trajet s'est bien passé ! »

Le visage d'Hermione s'affaissa légèrement quand elle repensa au Poudlard Express. Harry parût le remarquer mais il enchaîna rapidement :

« Je suis, depuis hier, officiellement grand frère d'une petite Elizabeth Potter ! »

Pour la première fois depuis qu'il était arrivé à la table des Serdaigles il semblait détendu. Son visage se para d'un immense sourire et ses yeux pétillèrent de bonheur. Luna et elle le félicitèrent chaleureusement, un sourire tout aussi grand ornant leurs visages. Harry reprit rapidement un air gêné, se racla bruyamment la gorge, le poing devant la bouche, et bafouilla :

« Euh … En fait j'étais venu pour savoir si tu étais toujours d'accord pour … » Ses yeux verts glissèrent un instant vers Luna. « Je veux dire … Si tu te souvenais de ce que l'on s'était dit à la fin de l'année dernière et si … ça tenait toujours ? »

« Bien sûr et avec plaisir » répondit, sans hésiter, Hermione.

« Super ! A tout à l'heure alors ! »

Il les salua de la main avant se s'éloigner rapidement, un grand sourire illuminant sur le visage. Plusieurs des autres Serdaigles le regardèrent, tout aussi interloqués que les deux jeunes filles, quand il longea leur table. Hermione ne le lâcha pas du regard.

« Hé bien, en voilà un drôle de Serpentard. » Lui souffla Luna.

Il quittait à présent la Grande Salle.

« Ça tu l'as dit … » confirma-elle après quelques secondes.

Une chose était sûre, Hermione attendait avec impatience cette rencontre à la bibliothèque avec Harry.

La journée passa rapidement pour la Serdaigle. Elle commença avec double cours de Potions, prit son repas de midi en compagnie de Luna, enchaîna avec deux heures de Métamorphose, puis deux heures de Sortilèges. Le soir-même, elle mangea le plus rapidement possible en conversant sans conviction avec Luna de leur première journée respective. Elle n'avait pensé qu'à cette rencontre avec Harry depuis qu'ils s'étaient parlés ce matin-là. Et maintenant que ce moment était imminent, elle n'avait pas vraiment la tête à discuter. Une fois la dernière bouchée de tarte à la mélasse avalée, elle s'excusa donc auprès de la jeune Serdaigle et s'éclipsa vers la bibliothèque alors que les autres élèves entamaient leur plat.

Harry était déjà assit à la table qu'elle occupait habituellement quand elle arriva. Il leva immédiatement la tête de son parchemin quand il l'entendit et l'accueillit avec le plus beau des sourires qu'Hermione l'avait vu afficher.

« Bonsoir Hermione ! Content que tu sois venue. »

Elle sourit doucement alors qu'elle s'installait en face de lui. Elle déposa son sac sur le sol et en sortit quelques rouleaux de parchemins, sa plume et un encrier. En posant ce dernier, elle remarqua enfin l'énorme pile de livre qui était à sa gauche, positionné entre elle et Harry. Il suivit son regard et dit :

« C'est tout ce que j'ai pu trouver en t'attendant. Tu as bien eu Potions, Métamorphose et Sortilèges aujourd'hui ? »

Elle le regarda, surprise, et s'exclama :

« Comment est-ce que …? »

« Comment est-ce que je sais ce que tu as eu comme cours ? » La coupa-t-il. « Disons que je suis très observateur et que bizarrement toi et moi avons une forte tendance à nous croiser dans les couloirs. Même si tu ne le remarques pas forcément. »

Elle passa en revue chaque escapade entre les cours mais tout ce dont elle parvint à se souvenir c'était qu'elle n'avait fait que se précipiter entre chaque salle de classe dans l'espoir que la journée passe plus vite.

« Et nous avons pratiquement la même la semaine de cours. » Un de ses sourcils disparu sous la frange des cheveux châtains de la Serdaigle. Il soupira en réponse, l'air amusé. « Ton emploi du temps, il était posé sur la table ce matin. Je t'ai dit que j'étais observateur. »

Il souriait franchement à présent. Hermione sentit son coeur s'accélérer.

« Alors par quoi on commence ? »


19 Octobre, Bibliothèque

Septembre était fini et Octobre déjà bien entamé quand Harry lui annonça qu'il ne pouvait plus être là tous les soirs après les cours. La jeune fille lui lança alors un regard triste. Son coeur se serrait douloureusement. Elle avait dû mal à l'admettre mais elle adorait ses sessions de travail avec Harry. Comme elle l'avait constaté l'année précédente, il était extrêmement studieux. Et plein de bonne volonté. Il acceptait sans rechigner les remarques et corrections de la Serdaigle. Il n'hésitait pas non plus à lui demander de répéter plusieurs fois ses explications pour être sûr de bien tout comprendre. Et à chaque fois qu'il obtenait une meilleure note que celles auxquelles il était abonné, il lui souriait chaleureusement et la remercier au moins une dizaine de fois.

Oh oui, Hermione attaquait chaque jour de la semaine avec le simple objectif de venir travailler chaque soir avec Harry dans le silence confortable de la bibliothèque. Il la tira de sa réflexion quand il expliqua enfin :

« J'ai été sélectionné pour être l'attrapeur des Serpentards ! Je rentre tout de suite en équipe principale ! Qu'est ce que tu dis de ça ? »

Il bomba le torse de fierté et la Serdaigle ne put réprimer un petit sourire amusé.

« Félicitations Mister Potter ! »

« Tu aurais vu la tête de Malfoy ! Je lui ai piqué la place ! On lui a quand même proposé le poste d'attrapeur remplaçant mais il a refusé. »

Le sourire du Serpentard se fana aussi rapidement que ne s'écarquillèrent les yeux de la jeune fille. Il fronça les sourcils.

« Qu'est ce qu'il y a Hermione ? »

« Il a refusé tu dis ? »

Son sang se glaça dans ses veines. D'horribles idées commençaient à lui entraver l'esprit. Malfoy serait-il assez tordu pour refuser cette place afin de venir la tourmenter ? Harry ne pourrait pas être avec elle et il le savait. La Serdaigle retint son souffle. Inconsciemment, ses doigts serrèrent fermement le bord de la table. Le bond lui avait sous entendu une ou deux fois, quand il en avait eu l'occasion, qu'elle avait intérêt à surveiller ses arrières. Elle ne remarqua pas Harry qui la fixait, interdit. Il lui demanda :

« Est-ce qu'il y a un problème avec Malfoy ? »

Le besoin d'air se fit sentir. Elle inspira un grand coup et répondit, maudissant le tremblement dans da voix :

« Non, tout va bien Harry. » Il se renfrogna encore plus. « Je t'assure ! » Ajouta-t-elle vainement.

D'un coup, il se pencha au dessus de la table. Sa main trouva celle, blanche, de la jeune fille. Le contact entraîna un picotement étrange dans son bras et Hermione releva la tête vers Harry. Elle rougit intensément à leur relative proximité et à l'intense sérieux de son regard.

« Tu sais, tu peux tout me dire. Laisse moi au moins te rendre un dixième de ce que tu fais pour moi. » Les rouages du cerveau d'Hermione se mirent à tourner à toute vitesse, cherchant à comprendre ce qu'il voulait dire par ces mots mais il la coupa en ajoutant :

« Raconte moi tout, les amis sont là pour ça. »

Le coeur de la jeune fille s'accéléra devant la sincérité que reflétait les pupilles émeraudes. La chaleur et le picotement s'étaient à présent étendu à sa poitrine et gagnaient tout son corps quand elle entendit le mot « amis ». Elle soupira et se détendit imperceptiblement. Elle lâcha progressivement le bord de la table.

« Très bien … »

Harry lui sourit et libéra sa main, s'asseyant correctement sur sa chaise. Il planta finalement ses coudes sur la table puis posa son menton sur ses deux mains jointes. Enfin, il hocha doucement la tête, comme pour l'encourager à parler. Alors elle parla. Elle lui raconta tout, l'incident du Poudlard Express, les menaces dans les couloirs et la peur liée au refus de Malfoy pour le poste de remplaçant. Le visage d'Harry s'assombrissait à mesure que sa voix se serrait. Il la regardait toujours quand elle finit son récit, la voix étranglée. Il expira lentement par la bouche puis sourit joyeusement. Et, comme-ci c'était la chose la plus naturelle du monde, il lui dit :

« Alors tu as juste à venir travailler dans les gradins pendant mes entrainement de Quidditch, comme ça je pourrais garder un oeil sur toi et Malfoy n'osera pas venir t'embêter ! »

Hermione écarquilla les yeux, stupéfaite par sa proposition. Elle ouvrit et ferma la bouche plusieurs fois, comme un poisson hors de l'eau.

« Oh allez Hermione ! Personne ne te dira rien. Après tout, tu es invitée par le meilleur attrapeur qu'ils aient vu depuis un siècle ! » Lui lança-t-il malicieusement.

Il tenta de gonfler un de ses biceps, sans résultats apparents. La Serdaigle ria de sa tentative provoquant l'apparition d'une moue sur les lèvres du Serpentard. Il croisa les bras et marmonna :

« Mais c'est ce qu'ils m'ont dit … »

Hermione planta ses yeux chocolats dans ceux de son ami, son coeur bondit à cette pensée, et rétorqua :

« Alors prouvez le moi à votre prochain entraînement Mister Potter ! »

« Avec plaisir ! » Ses orbes émeraudes brillèrent de joie. « Et il faut que l'on discute de cette manie de m'appeler « Mister Potter », ça devient vraiment flippant ! »

Ils éclatèrent tous les deux de rire. Hermione savoura jusqu'à la dernière minute de cet instant avec son premier vrai ami, ses craintes vis à vis de Malfoy repoussées à l'arrière plan dans sa tête.


6 Décembre, Terrain de Quidditch

Le ciel était gris en ce mois de Décembre, de gros nuageux cotonneux avançaient paresseusement vers le château de Poudlard et emmenaient la neige avec eux. Hermione détourna le regard du paysage hivernal. Elle était assise dans les gradins du terrain de Quidditch, la baguette à la main et son manuel de Sortilèges ouvert sur les genoux. Elle traçait dans l'air des motifs complexes à l'aide du poignet, s'appliquant à chaque mouvement. Aujourd'hui, une force étrange (une Magie ?) semblait flotter dans l'air. Malgré son calme apparent, la Serdaigle bouillait d'excitation, l'adrénaline coulait dans ses veines et lui faisait légèrement trembler les mains. Elle posa sa baguette sur le banc à côté d'elle et expira lentement pour tenter de calmer le torrent d'émotions qui l'habitait.

Un éclat doré attira son regard quand le Vif d'Or passe devant elle suivit quelques secondes plus tard par une trainée verte et argent. Et comme à chaque fois, la Serdaigle ne put détacher ses yeux de la silhouette perchée sur un balai. Harry volait bien, vraiment très bien. Hermione, qui avait particulièrement détesté sa première expérience de vol l'année précédente, n'était jamais aller à un seul match de Quidditch. Mais voir Harry voler lui en avait donné envie d'y assister.

Elle l'admira effectuer une vrille dans les airs, le bras tendu. Le visage du garçon était tendu par l'effort et la concentration. Même à cette distance, elle arrivait à le percevoir. Il avait l'air plus vieux que son âge, son regard farouchement fixé sur la petite balle doré, il ne voyait qu'elle.

Soudain, il plongea.

Hermione se leva, ne voulant pas le perdre des yeux. Elle avait l'étrange impression de vivre l'instant aussi intensément que son ami. Son coeur s'accéléra alors qu'il se rapprochait du sol à une vitesse vertigineuse. Son souffle se bloqua dans sa gorge quand la main du Serpentard entoura l'éclat doré. Elle sentit les doigts d'Harry se refermer presque délicatement autour du Vif d'Or alors que son autre main, au contraire, releva brusquement le manche de son balai. Celui ralentit aussitôt pour déposer docilement son passager sur l'herbe enneigée du terrain.

Harry fixa quelques secondes ce qu'elle pensait être les petites ailes du Vif qui battaient furieusement entre ses doigts fermés. Puis il leva le poing et la tête vers elle. Leurs yeux se trouvèrent presque instantanément et le même sourire couvrit leurs visages. Harry rayonnait de la joie que lui provoquait le vol et elle le ressentait d'où elle était. Une chaleur maintenant familière emplie sa poitrine. Elle ramassa son livre, tombé sur le sol en bois du gradin, mit sa baguette dans sa poche et entreprit de descendre les escaliers. Il l'attendait à la sortie des vestiaires, elle le savait.

16 Décembre, Bibliothèque

« Tu rentres chez toi pendant les vacances ? »

Hermione releva la tête de son parchemin pour poser son regard sur le garçon aux cheveux ébouriffés en face d'elle. C'était le dernier soir avant les vacances de Noël, tous les élèves allaient pouvoir souffler pendant au moins une semaine avant de penser à leurs devoirs. Mais Harry avait insisté pour qu'ils se retrouvent à la bibliothèque, prétextant vouloir prendre de l'avance et avoir besoin de son aide sur un cours en particulier. Le même Harry remuait à présent inconfortablement sur sa chaise, et cela, depuis qu'ils s'étaient installés à leur table habituelle.

« Oui, mes parents sont moldus, mais ça tu dois déjà le savoir, Merci Malfoy, alors Noël à une signification particulière pour eux. C'est une fête que l'on se doit de faire en famille. Ils me manquent beaucoup et je me vois mal passer Noël sans eux ! »

Harry hocha la tête, acquiesçant à son explication. Puis il la pencha et lui dit en souriant :

« Oui je sais, ma mère est une enfant de moldus elle aussi. Nous fêtons nous aussi Noël. »

Elle haussa les sourcils, stupéfaite. Tous les Serpentards avaient été et étaient encore aujourd'hui des Sang-Pur d'après bon nombre de livres. Elle n'aurait jamais pensé qu'Harry puisse être un Sang-mêlé. Cela expliquait pourquoi il était laissé à l'écart par les élèves de sa maison. La jeune fille était d'autant plus intrigué qu'il eût été placé chez les verts et argents.

« Il me semble que la tradition veuille que l'on offre un cadeau aux personnes qui nous sont chères, n'est-ce pas ce que font les moldus Hermione ? » Poursuivit-il sur un ton amusé.

Comme s'il savait ce à quoi elle avait pensé. Elle rougit légèrement à cette idée puis plus franchement quand elle prit conscience de ce qu'impliquait ses mots. Ce qui fût rapidement confirmé par le petit paquet rectangulaire, emballé dans un papier vert et marron, qui transita lentement entre Harry et elle. Le garçon lui fit un sourire éblouissant quand ses doigts se posèrent sur le présent. Il semblait toujours un peu nerveux. En le voyant ainsi, elle ne pût s'empêcher de se sentir coupable. Jamais elle n'aurait penser qu'Harry Potter, son ami depuis à peine trois mois, aurait un cadeau pour elle. Elle bafouilla rapidement :

« Oh Harry … Merci mais … Tu n'aurais pas dû … Oh Merlin. Je n'ai pas .. Je n'ai aucun cadeau pour toi … »

Ses yeux passèrent du petit paquet à Harry qui n'avait pas changé d'expression.

« Je sais que tu me rendras la pareille assez rapidement. Tu n'es pas du genre à aimer avoir des dettes, Hermione Granger. » Une moue enfantine orna la bouche de la Serdaigle. « Qu'est ce que tu attends ouvre le ! »

Elle l'observa se tortiller nerveusement sur sa chaise une fois de plus puis entreprit de déballer précautionneusement son présent. Au milieu du papier, elle découvrit un cadre en bois peint d'un noir profond. Il contenait une photo animée en couleur. C'était la première fois qu'Hermione en voyait une. Elle était habituée à voir les portraits bouger dans le château ou les photos animées en noir et blanc de la Gazette du Sorcier, mais jamais elle n'avait vu une scène du quotidien prise en couleur. Et quelle scène.

On y voyait des doubles d'Harry et d'elle-même qui étudiaient dans la bibliothèque en une réplique exacte de leurs activités quelques instants auparavant. Hermione sourit tendrement. Le Harry de la photo lançait des regards en coin appuyés à sa double. Laquelle attrapait les regards et y répondait par des petits sourires amusés en rougissant avant qu'ils ne se replongent tous les deux dans les devoirs quelconque qu'ils avaient entreprit.

La Serdaigle observa silencieusement ce petit manège se reproduire plusieurs fois puis releva les yeux vers le vrai Harry assit en face d'elle. Il était raide droit sur sa chaise, les mains crispées sur ses genoux, le visage légèrement rouge. Mais ses yeux brillaient joyeusement. Il avait l'air à la fois d'appréhender et d'attendre avec impatience sa réaction. Elle lui fit un énorme sourire, plus que ravie de ce cadeau, et il soupira bruyamment, rassuré.

« C'est magnifique, merci beaucoup Harry ! »

« Retournes-le. » Lui indiqua-t-il en souriant nerveusement.

Elle s'exécuta et découvrit une inscription argentée qui scintillait sur le noir du bois.

« Merci

Ton ami, Harry »

Le rythme cardiaque de la jeune fille s'accéléra à la lecture de ses quelques mots. Une force inconnue s'empara d'elle et la poussa à se pencher au dessus de la table, à franchir la distance qui la séparait d'Harry pour déposer un timide baiser sur sa joue. Elle se replaça sur sa chaise en riant à l'expression ahurie qu'affichait le Serpentard. Il avait la bouche entrouverte et le visage aussi rouge que la cravate des Griffondors. Il cherchait à tout prit à fuir son regard et finit par plonger la tête dans son parchemin d'Histoire de la Magie. Ne voulant pas l'embarrasser plus qu'il ne l'était déjà, elle ne l'interrogea pas sur la signification du « Merci » à l'arrière du cadre. À la place, elle serra fermement celui-ci contre elle.

Ce dernier, d'ailleurs, se retrouva immédiatement sur sa table de chevet de sa chambre chez ses parents durant toute la durée des vacances. Puis, à son retour à Poudlard, sur celle près de son lit dans le dortoir des Serdaigles. Il n'en bougea plus pendant le reste de l'année.


10 Mars, Salle Commune des Serdaigles

Hermione profitait de la chaleur du feu de la cheminée de la salle commune installée dans un grand canapé aux motifs bleus et argents. Dehors, la neige fondait doucement sous le soleil de Mars mais l'air était encore froid et humide. Assise en tailleur sur le tapis devant elle, Luna récitait doucement les différentes propriétés de la Goutte du Mort vivant. La brunette avait le livre de Potions de la blonde sur les genoux et la corrigeait distraitement quand cela était nécessaire. Luna avait requit son aide pour réviser en prévision de son prochain contrôle de Potions. Hermione, qui avait l'impression d'avoir négligé sa jeune condisciple depuis qu'elle travaillait le soir avec Harry, n'avait pu se résoudre à refuser. Ce soir-là, Harry avait entraînement de Quidditch et elle n'y était pas.

Une sensation familière d'adrénaline envahit ses veines et Hermione sût, sans comprendre comment, que sur le terrain de Quidditch, l'attrapeur des Serpentards avait repéré le Vif d'Or et était à sa poursuite. Luna lui demanda :

« Je peux tout réciter une dernière fois ? Je pense qu'après je serais prête pour demain. »

Elle acquiesça de la tête et la voix rêveuse de Luna s'éleva de nouveau en une litanie sans fin sur les caractéristiques des potions du programme de première année. Hermione se concentra dessus quelques instants mais l'adrénaline refit surface, plus fortement que la fois précédente. Harry devait sans doute être tout proche du Vif. Hermione secoua la tête, confuse. Comment était-il possible qu'elle ressente ce que faisait Harry à ce moment-là ? Comment pouvait-elle avoir une telle certitude sur ce qu'il faisait à cet instant ? Comment était-ce physiquement possible qu'elle ait l'impression de ressentir les émotions de son ami ?

C'est quand elle ressentit la joie immense d'Harry qu'elle comprit qu'il venait d'attraper le Vif d'Or. Aussi étrange que cela pouvait lui paraître, ses sensations ne lui étaient pas étrangères. C'est ce qu'elle ressentait à chaque fois qu'elle étudiait dans les gradins et que le Serpentard était sur le point d'attraper la petite balle dorée. Mais elle était physiquement à quelques mètres de lui, elle avait les yeux posés sur lui. Elle prit soudain peur. Cela n'avait pas encore été une évidence pour elle mais il est tout à fait anormal de ressentir les émotions et les sensations de quelqu'un d'autre. Qu'est ce qui pouvait bien se passer ? Est-ce une forme de Magie ?

« Alors Hermione, qu'est ce que tu en penses ? Je n'ai pas fait une seule erreur, je crois. »

La douce voix de Luna la sortit de ses pensées. La blonde la regardait de son habituel air rêveur, un petit sourire aux lèvres.

« Euh … Oui c'est bon Luna. Je crois que tu ne pourras pas faire mieux. »

Luna hocha la tête puis prit un visage sérieux tout à coup. Elle semblait scruter l'air à la recherche d'une chose quelconque autour du crâne de son aînée. Hermione passa nerveusement les mains dans ses cheveux touffus.

« Quoi ? J'ai quelque chose dans les cheveux ? »

« Oui, il y a pas mal de Joncheruines qui s'attroupent autour de ta tête. Tu devrais arrêter de trop cogiter Hermione. »

La jeune fille leva la tête et chercha frénétiquement la présence d'un de ces « Joncheruines ». Elle ne vit que le vide. Elle jeta à Luna un regard sceptique. La blonde avait une attirance particulièrement étrange pour les créatures magiques imaginaires. Hermione arrivait à s'en accommoder et à faire comme ci de rien n'était la plupart du temps. Mais ce soir quelque chose d'impossible s'était produit et les mots de Luna n'avait fait qu'aiguisé la nervosité de la brunette. Sans parler des « Joncheruines », le fait que la jeune Serdaigle lui conseillait de ne pas trop réfléchir faisait tiquer Hermione. Comment pouvait-elle le savoir ? Elle n'était quand même pas aussi transparente.

Luna avait reprit son air rêveur et récupéra son livre de Potions. Les yeux plongés dans ceux de son aînée, elle dit :

« Quoi qu'il se passe Hermione, suis ton instinct. »

Elle se leva, la main en l'air, comme ci elle poursuivait une de ses créatures invisibles pour la toucher et disparu dans les escaliers de leur dortoir.

Hermione resta là, le regard perdu dans les flammes. Elle médita les mots de Luna. Une inquiétude, elle n'aurait pu dire si c'était la sienne, la gagna alors que son ventre se contractait douloureusement. Elle avait peur de ce qui lui arrivait. Les mots de Luna résonnait sans fin dans sa tête :

« Suis ton instinct … »


24 Juin, Terrain de Quidditch

Le reste de l'année passa bien vite, Hermione assistait, trépignant d'excitation, au dernier match de la saison de Quidditch qui opposait Serpentard à Griffondor. Elle était la seule de sa maison à être venue encourager les verts et argents. Elle s'était résignée à le faire silencieusement quand elle avait vu la couleur des drapeaux que les élèves de sa maison faisait tournoyer de leurs baguettes. Luna, a côté d'elle, riait doucement aux commentaires de Lee Jordan, qui donnait le maximum pour sa dernière représentation de l'année. Les cris des Serdaigles envahirent le stade quand un des poursuiveurs des rouges et or marqua de manière spectaculaire.

Hermione se leva quand elle sentit l'adrénaline d'Harry monter en flèche. Ses yeux le trouvèrent immédiatement dans les airs, devancé par un éclat doré. Une trainée rouge et or le poursuivait étroitement. Harry jeta un coup d'oeil rapide à l'attrapeur Griffondor et se pencha plus franchement sur son balai. Le coeur d'Hermione battit encore plus vite. Bientôt, il allait bientôt l'attraper. Elle le sentait.

Pendant ces derniers mois, la jeune fille s'était habituée aux venues soudaines d'émotions étrangères. Elle avait aussi remarqué qu'Harry était la seule personne dont elle captait les sentiments mais n'avait pas voulu lui en parler. Elle préférait comprendre ce qui lui arrivait avant de dévoiler quoique ce soit à son ami. Pour cela, elle avait bien entendu passé un temps considérable à la bibliothèque, écourtant souvent ses repas le midi, à la recherche de la moindre information qui la guiderait sur un début de piste. Mais rien. Pas un seul indice. Elle ne désespérait cependant pas car elle n'avait étudie que la moitié des livres que contenait l'école de Magie. Et l'année prochaine elle aurait l'autorisation d'aller à Pré-au-Lard et donc accès à sa librairie Histoires Anciennes.

Une vague de douleur gagna son bras gauche et elle le serra fermement de son autre main. Un grognement passa ses lèvres, Luna dans son dos l'observa, surprise. Mais Hermione ne regardait qu'Harry. Un des batteurs Griffondors venait de lui envoyer un Cognard et l'avait empêcher de refermer sa main sur le Vif. Le bras du Serpentard pendait maintenant mollement sur son côté. Il tenait fermement le balai de sa main droite et filait toujours derrière la balle ailée, le visage contracté par la douleur. L'attrapeur rouge et or le bouscula violemment mais Harry ne fut que momentanément gêné.

Hermione retint son souffle quand il leva le bras droit, se retenant à son balai par la seule force de ses jambes. Le stade était silencieux, Hermione n'entendait que les battements de son coeur qui tambourinaient dans ses oreilles. Il allait à cent à l'heure à présent. Tous les regards étaient fixés sur les deux attrapeurs, qui se disputaient furieusement dans les airs. Puis soudain, il y eût une explosion de bruit et Hermione crut qu'elle allait défaillir tant le sentiment de joie qui l'envahit était intense. Sa vision se brouilla et même si elle ne le voyait pas elle le sentait, Harry avait attrapé le Vif. Le bruit provenait des gradins où la masse des verts et argents exprimait sa joie. Harry leur avait fait gagner la Coupe de Quidditch.

« Hermione, tout va bien ? »

La brunette se rendit compte qu'elle était de nouveau assise sur le banc quand elle sentit la main de Luna sur son épaule. Elle regarda le visage soucieux de la blonde à côté d'elle. Elle ne devait pas avoir l'air bien car Luna ajouta :

« Tu es toute blanche. Tu es bizarre depuis quelques minutes. »

Hermione se figea. Puis reprenant contenance elle répondit :

« Oui sa va Luna. J'ai simplement eu peur quand ce Cognard a frappé le bras d'Harry et qu'il ait du lâcher son balai pour attraper le Vif. Mais ça va mieux maintenant. »

Elle lui sourit pour faire bonne figure. Dans sa poitrine, son coeur battait encore à tout rompre. Harry la cherchait du regard, elle le savait. Elle attendit que Luna arrête de scruter son visage intensément et se lève pour pratiquement se jeter contre la rambarde à son tour. Harry était au sol, ses coéquipiers lui envoyaient des grandes claques enthousiasmes dans le dos, mais ses yeux étaient fixés à l'endroit où elle se trouvait. Comme à l'accoutumée, il leva le poing serré autour du Vif d'Or vers elle et ils se sourirent.

Hermione regarda la cérémonie qui clôturait la Coupe de Quidditch. L'équipe de Griffondor, misérable, regarda Madame Bibine remettre le trophée à l'équipe de Serpentard qui porta Harry et la coupe en triomphe. Les supporters verts et argents exultèrent tout le long de l'événement tandis que les autres applaudissaient mollement quand cela était nécéssaire. Hermione appris ce jour-là que les Serpentards n'avaient pas gagné la Coupe depuis presqu'un siècle. Elle comprit alors l'ovation que portait sa maison à Harry. Elle le regarda, de loin, un étrange pincement au coeur lorsque la maison verts et argents déferla sur lui.

Les jours qui passèrent jusqu'aux grandes vacances ne furent pas de tout repos pour la Serdaigle. Elle passa beaucoup plus de temps seule à la bibliothèque. Harry s'était fait un groupe d'amis chez les Serpentards depuis son exploit au Quidditch. Il ne la rejoignait maintenant plus qu'un ou deux soirs par semaine. Cela attrista un peu Hermione mais elle relativisa en utilisant ce temps gagné pour étudier avec plus de ferveur les milliers de livres que recelait Poudlard.

Elle rentra chez elle cette année-là sans avoir trouver le moindre indice sur son étrange « problème ». Ce lien avec Harry s'était fait moins présent mais Hermione le mis sur le compte de l'éloignement du Serpentard. Car lorsqu'il l'aperçu sur le quai de la voie 9 3/4, prêt à rejoindre sa famille, il la regarda dans les yeux pour la dernière fois cette année et, comme toujours, son coeur s'emballa.


Bonsoir ou bonjour à tous. Je suis ravie de partager avec vous cette fanfic qui, à la base, devait être un OS mais qui s'est révélé être beaucoup plus long que prévu.L L'histoire couvrira les sept années de nos héros et j'ai déjà ma petite idée sur la fin (en fait j'ai plusieurs idées). j'ai préféré utilisé un style de narration décousue, qui permet de se concentrer sur les événements qui développent les personnages, leur relation et l'intrigue. Hermione est, comme dans la saga, âgée d'un an de plus que les élèves de son année (cela aura une légère importance plus tard dans l'histoire). Luna aura un rôle très important pour la suite mais Malfoy reste un personnage secondaire qui sert de déclencheur de plusieurs développements.

Je suis également à la recherche d'un ou d'une béta. Mon orthographe n'étant pas parfaite, je me relis sans cesse pour essayer de tout corriger. Cela plus le travail et la vie de famille jouent énormément sur ma productivité. Je travaille sur cette fanfic depuis plus d'un an et je rédige actuellement la fin de la troisième année de nos héros.

Je suis très ouverte sur les critiques constructives et j'espère que vous partagerais avec moi vos avis et même vos idées ou hypothèses. J'essayerais de répondre rapidement à vos commentaires.

Rendez vous au prochain chapitre.

LolaticA