Titre original : Sheriff for sale

Auteur : damelola (fictorium)

Traducteur : hotladykisses (avec l'autorisation de l'auteur)


« C'est pour les religieuses. » dit Mary Margaret tout en versant un quatrième verre de vin.

« Sérieux ? » Emma étouffe un hoquet et pense à un vieux sketch d'humoriste qu'elle savait presque par cœur. Il vous aime et Il a besoin d'argent ! « Elles ne peuvent pas se contenter de … prier pour avoir de quoi régler Gold ?

- Emma. » gronde Mary Margaret en lui tendant son verre. « Ce n'est rien de bien méchant. Enfile ton uniforme, souris, et prie pour que personne de trop répugnant n'ait fait fortune récemment.

- Tu dis ça uniquement parce que David vendrait sa maison pour enchérir sur toi. » dit Emma en faisant la moue.

« Oh, je ne suis pas mise aux enchères. » répond Mary Margaret avec un petit sourire. « C'est lui qui l'est. »

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David semble pâle et un peu patraque en coulisse, mais Emma doit reconnaître que voilà un homme qui sait porter un smoking. Il est beau, dans le genre boys band des années 90. Elle a envie de lui adresser des paroles de réconfort, mais en cet instant précis, elle s'efforce de ne pas tremper de sueur son horrible chemise kaki. De plus, la cravate lui serre le cou, et à chaque fois qu'elle passe devant un miroir, le hideux costume tout entier ressemble brièvement à celui qu'un nazi pourrait porter.

« Emma ? » appelle Mary Margaret depuis le bord de la scène, bloc-notes en main. Emma doit admettre qu'elle est un peu effrayante ce soir.

« Je suis vraiment obligée ? » demande Emma d'une voix plaintive.

« Arrive ici. » répond Mary Margaret, d'un ton qui sous-entend clairement qu'elle traînera Emma par les cheveux si elle ne vient pas de son plein gré.

« Fichues bonnes sœurs. » grommelle Emma en marchant vers son humiliation publique.

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L'éclairage est hallucinant pour une pauvre animation municipale. Les projecteurs sont quasiment plus puissants que ceux du stade de baseball de Boston, pour une salle à peine de la taille d'une ou deux salles à manger. Ce qui signifie que lorsqu'Emma grimpe sur la petite estrade, elle ne distingue du public que des ombres floues, et c'est peut-être aussi bien ainsi.

C'est Sidney qui anime la soirée, et le public semble se délecter de ses plaisanteries ineptes (ou peut-être que le bar largement subventionné y est pour quelque chose). Il émet des commentaires flatteurs sur Emma et son travail de shérif, et quelques sifflets et glapissements se font assurément entendre lorsqu'il fait d'elle une description physique élogieuse. Un moment, Emma s'inquiète de devoir traverser la scène pour le boxer, mais il met un bémol à ses compliments juste avant de devenir tout à fait répugnant.

Emma est réellement soulagée lorsqu'il annonce que les enchères vont commencer.

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La vitesse à laquelle elle dépasse la limite des 500 dollars est assez flatteuse. Lorsqu'elle dépasse les mille dollars peu après, Emma tripote un peu le col de sa chemise parce que personne jusqu'à présent n'est monté aussi haut, et il ne reste plus que David et Michael.

Elle va être adjugée une fois… deux fois… lorsque la dernière voix au monde qu'elle s'attendait à entendre perce les murmures polis de l'assemblée et provoque un silence ébahi.

« Deux mille dollars. » dit Regina, et l'éclairage de la scène diminue enfin d'intensité tandis qu'un spot se braque sur Regina à la table centrale. Elle est incroyablement belle (et elle le sait), dans sa robe de soirée bleu marine sans bretelles au tissu chatoyant sous les projecteurs. Malgré elle, Emma se retrouve littéralement bouche bée. Il y a des diamants sur la gorge de Regina, et quelque chose brille dans son élégant chignon. En comparaison, Emma avec son uniforme en synthétique et sa tresse sur le côté censée être jolie se sent mal fagotée.

Mais, sans rire ? A quoi diable joue Regina ?

« Nous avons deux mille dollars. » répète Sydney pour la salle. « Qui dit mieux que deux mille dollars, pour une soirée en compagnie du shérif Swan, garant du respect de la loi et de l'ordre dans notre jolie bourgade ? Une fois. Deux fois ? Adjugé. Au maire ! »

Emma écoute les applaudissements, mais ceux-ci semblent très lointains. Elle n'a pas la moindre idée de ce qu'il faut faire à présent, mais Mary Margaret lui fait signe depuis la coulisse, et Emma se dirige vers elle en trébuchant, les jambes lourdes.

« Je te déteste. » gémit Emma en rejoignant sa colocataire. « Jamais, jamais je ne te le pardonnerai.

Allons, allons, shérif. » dit Regina de quelque part derrière Mary Margaret, « Je pense que j'aimerais que ma soirée commence tout de suite. »