I

« Je ne sais pas qui tu es, mais ce que je sais c'est que tu seras bientôt à moi. » S.U.

Mon réveil sonna. Quelle chose horrifiante qu'un réveil. Ça vous secoue au plein milieu d'un rêve –et au meilleur moment en plus- au moyen d'un son strident. Décidemment, je n'aimais pas les réveils. Cependant, étant donné l'heure à laquelle je m'étais couchée hier soir, je n'avais aucun autre moyen de m'assurer d'être réveiller ce matin, d'où la nécessité du réveil.

Je mis la couette sur ma tête et soupirai. Je n'avais pas envie de me lever, je n'avais pas envie de retourner en cours et de voir la pitié sur leurs visages. Je savais que la compassion était la réaction typique des personnes en dehors du problème avec leurs phrases toutes faites comme « si tu as besoin de quoique ce soit, je suis là » ou « je sais ce que tu vis mais ne t'inquiète pas, avec le temps, la douleur disparaît » seulement je peux vous assurer que ça n'aide en rien.

Driiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii iiiiiiiiiiiiiiiing.

Quel bruit insupportable.

Driiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii iiiiiiiiiiiiiiiiing.

Je vais éclater ce réveil.

Driiiiiiiiiiiiiiiiiiiii…

Un son affolant retentit. Normal, je venais de jeter cet objet de torture contre le mur. Un de moins. Je fis une minute de silence pour ce réveil qui avait réussi à tenir cinq minutes de plus que le précédent et me levai. Après tout, je lui avais promis que je viendrais. J'attrapai des affaires au hasard et allai dans la salle de bain me préparer. Enfin « préparer » était un bien grand mot quand on s'habillait juste. Je pris tout de même le temps de me regarder dans le miroir et de faire mon bilan quotidien. Mes cheveux roses étaient attachés en une queue de cheval laissant s'échapper quelques mèches rebelles, mes yeux vert, ternes étaient entourés de cernes, ma peau pâle paraissait translucide.

« Toujours aussi pathétique ma petite Sakura » murmurait une voix dans ma tête. Je sais. Je sortis rapidement de la salle de bain et descendis dans la cuisine. Je m'arrêtai vaguement devant une photo de famille située sur le petit muret au dessus de la cheminée. On me voyait enfant tenant la main à un bel homme : mon père. Je sentis les larmes me monter aux yeux. Non, je ne pleurerai pas maintenant, pas aujourd'hui. Il est temps d'arrêter tout ça. Ça fait cinq mois après tout. J'ouvris le placard à la recherche de quelque chose à manger mais la vue de tous ses gâteaux remplis de sucre et de calories, me dégoutèrent. Je me rabattis sur une pomme, c'était toujours mieux que rien même si je ne ferai pas long feu avec ça. Je m'installai sur le canapé pour manger et fixai la cheminée. Déjà cinq mois, cinq mois qu'il était mort. Le temps passait vite, et pourtant j'avais l'impression qu'il passait lentement. Quelle ironie. Je me relevai, jetai ce qu'il restait de ma pomme – c'est-à-dire la moitié- et sortit fermant la porte à clé. Ma mère était déjà partie au travail, enfin, je ne suis même pas sûre qu'elle soit rentrée… Le fait est qu'elle n'était pas à la maison au moment où je partis en cours. Je pris les escaliers et descendis. J'habitais dans un immeuble banal dans le centre de Konoha à dix minutes du plus grand lycée de la ville. Cependant certains intituleraient mon immeuble de « chic » et mon lycée de « cher et bon » donc, par définition, je suis une bourge. Je ne sais pas si c'est une chance ou une malchance, et à vrai dire je pouvais vivre sous les ponts, j'en avais plus rien à faire. Pourquoi suis-je aussi morose ? Parce qu'il y a cinq mois, j'ai perdu la seule personne au monde qui m'aidait à supporter tous les problèmes : mon père. Mes parents ont eus une magnifique histoire : ils se sont rencontrés au lycée, sont tombés amoureux et ne se sont plus jamais quittés. Malgré le fait que leur statut social était différend, l'ambition et la ténacité de ma mère l'a fait s'intégrer dans le monde huppé de mon père. Deux qualités requises pour être avocate après tout. Mon père, lui, était à l'armée en tant que médecin. Ses parents, donc mes grands-parents paternels, n'avaient jamais accepté le choix de leur fils, étant donné que mon grand-père avait toujours voulu qu'il reprenne l'entreprise familiale. Nous avions pratiquement aucun contact avec eux, je les ai vu que quelque fois quand j'étais jeune mais j'en gardais un souvenir très flou. A cause de son travail, mon père partait généralement pour des cycles de six mois ; il revenait toujours avec des fleurs pour ma mère et une figurine en bois pour moi. J'en avais plein dans ma chambre, principalement des animaux de toutes sortes. Seulement un jour, il n'était tout simplement pas rentré. Nous avions vues, ma mère et moi, aux infos qu'il y avait des problèmes météorologiques et qu'aucun n'avion ne décollait nulle part de ce fait ne nous étions pas inquiétées. Puis le jour de mon anniversaire, un lieutenant toquait à la porte, nous important cette lettre que toutes familles de soldat redoutent. Une larme perla le long de ma joue suite à ce souvenir. Je l'essuyai vivement et m'engouffrai dans le lycée. J'étais arrivée tôt, aucun élève n'était à l'horizon. Je montai vivement en classe, je commençai par une de mes matières préférées : français. Je m'installai au dernier rang, près de la fenêtre.

Cela faisait cinq mois que je n'étais pas venue en cours sachant que… l'accident de mon père eut lieu fin juin nous nous trouvions en novembre et le froid, les nuages ne s'étaient pas fait priés. Nous étions tous blottis dans diverses doudounes ou manteaux à fourrure, jean, gans, bonnets, de vrais petits tops modèles. Je savais que mon retour allait faire parler, je ne m'y étais pas vraiment préparée mentalement mais ce n'était pas grave, autant affronter le taureau par les cornes. Je décidai d'enlever mon manteau une fois réchauffée et sortis mes affaires. Les élèves arrivaient doucement, certains saluaient leurs amis, d'autres couraient se réchauffer à l'intérieur du bâtiment, d'autres fumaient. Souvent, je comparais le lycée à une ville miniature. Si on y regarde de plus près une vraie société se déroule à l'intérieur : il y a des hommes, des femmes, des amitiés, des amours, des prises de têtes, des statuts plus ou moins élevés, différents jobs, des animaux, des humains, des choses… Oui, nous étions une mini-société. Je clignai des yeux et vis que des élèves étaient entrés dans la salle de classe où je me trouvais. J'en reconnus quelques uns mais je ne m'attardai pas plus sur eux. Je n'avais pas envie qu'ils viennent me voir, je n'avais pas envie d'aller le voir je retombai dans mon esprit. D'ailleurs, je n'avais pas vu la raison de ma présence ici. C'était mon meilleur ami, du moins la chose que je considérais comme mon meilleur ami. Ce n'était pas quelqu'un de très intelligent mais il était gentil, loyal, protecteur et insupportable évidemment. De toute manière, s'il était arrivé, il aurait fait tellement de bruit que je n'aurais pu que l'entendre.

En parlant de bruit, j'eus la sincère impression que quelque chose venait de se manger le parquet. Sortant de ma torpeur, je regardai près de la porte et découvris le truc qui me servait de meilleur ami, par terre. Je l'avais dit, il se ferait remarqué. Je soupirai et lui lançai un regard peu amène. Il riait bêtement en se frottant l'arrière de la tête. Idiot. Idiot. Idiot. Il se relevait.

« Naruto, tu devrais faire plus attention, lança une douce et mélodieuse voix. »

Je reconnus cette voix, c'était notre chère et douce Hinata Hyûga. Hinata était une fille douce, pure, plein de bonté. Elle était de taille moyenne, elle avait de magnifiques yeux couleur perle qui ressortaient d'autant plus que ses cheveux étaient bruns. Elle était fine et chacun de ses gestes portaient une grande grâce. Sans oublier qu'elle faisait partie des personnes les plus intelligentes du lycée. Je l'avais toujours envié, elle ne comprenait pas pourquoi, j'avais pourtant essayé de lui expliquer. Elle avait toujours été secrètement amoureuse de Naruto mais elle était trop timide pour lui avouer.

« Désolé Hinata, répondit le Blond en se souriant bêtement. »

Il se releva et balaya la classe du regard, à la recherche de quelqu'un : moi. J'aurais souhaité me cacher mais en voyant le sourire qu'il fit en me voyant, je regrettai cette pensée. Naruto était un grand gringalet blond aux yeux blonds azurs. Il faisait souvent preuve d'une stupidité incroyable mais était quelqu'un sur qui on pouvait compter. Nous nous connaissions depuis notre plus tendre enfance. Il avait toujours été secrètement amoureux d'Hinata mais il était trop bête pour lui avouer. Il s'élança dans la classe dans ma direction, me prit dans ses bras et me souleva du sol en me serrant fort. J'étouffai.

« J'é…J'étouffe imbé…cile, suffoquai-je.

Pardon ! Il me reposa au sol, c'est juste que je suis tellement heureux de te voir Sakura. »

Je sentis une légère chaleur se répandre dans mon cœur. Moi aussi Naruto, moi aussi. Mais je me gardai bien de lui dire. Je me rassis. Hinata le rejoint.

« Sakura ! Comme ça fait plaisir de te revoir.

Je suis contente aussi, Hinata. »

Bon d'accord, j'avais dit ça un peu froidement. Mais ce n'est pas de ma faute, je ne sais pas, ou plutôt, je ne sais plus comment être chaleureuse. Hinata s'installa à côté de moi tandis que Naruto s'asseyait devant. Je sentais qu'Hinata avait envie d'ajouter quelque chose, mais ne lui donnant pas d'ouverture, je me fermai sur moi-même en écoutant de la musique. Non, je ne voulais pas de pitié et encore moins venant des personnes à qui je tiens. Je ne fis plus attention à rien jusqu'à ce que le professeur entre en cours et que le silence régna. Notre professeur entama l'appel.

« Sakura Haruno ? Absente comme d'habitude.

Il se trouve que je suis là. »

Le professeur sursauta, leva les yeux et me regarda surpris.

« Et bien, c'est aimable de nous honorer de votre présence mademoiselle.

Tout le plaisir est pour moi. »

Il fronça les sourcils mais ne releva et continua sa besogne. Je sentis un regard sur moi mais je ne tournais pas la tête vers la source de ce regard. J'espérais juste être sur mon bon profil… je ris intérieurement. Quel humour Haruno, quel humour ! Je ne prêtais plus vraiment attention au cours, même si c'était ma matière préférée, je n'avais pas envie de me concentrer. J'avais envie de dormir, en fait. Mais bon, je devais quand même donner une bonne impression, je ne fis donc que somnoler. A la fin de deux interminables heures, Naruto se tourna vers moi.

« Alors, qu'est-ce que ça fait d'être ici ?

Honnêtement ? c'est un ennuie. »

Naruto m'offrit un grand sourire.

« Il faut absolument qu'on te présente quelqu'un Hinata et moi. Il est arrivé cette année, et cet un vieil ami à moi. Alors accueil le gentiment veux-tu ?

Je ferais de mon mieux. »

Naruto se leva.

« Je reviens, ne faites pas trop de bêtises pendant mon absence les filles ! Il nous adressa un clin d'œil et partit je ne sais où. »

J'espérai juste que ça ne soit pas un Naruto bis, je n'étais pas sûre de pouvoir le supporter.

« Sakura, je t'ai fait quelque chose. »

Intriguée, je regardai vers elle et constatai qu'il y avait une petite boite en velours pourpre juste devant elle. Quand est-ce que cette boite était apparue ? Suis-je à ce point ailleurs pour ne pas remarquer des détails pareils ? j'étais plus observatrice, avant.

« Qu'est-ce qu'il y a là-dedans ?

Ouvre, tu verras, Hinata sourit. »

J'attrapai la boite et entrepris de l'ouvrir. Elle venait attisée ma curiosité, je n'avais pas vraiment reçu de cadeau depuis un bail. De plus, je me demandais pour quelle occasion m'offrait-elle cela. A l'intérieur de la boite se trouvait une très jolie bague probablement en argent avec une pierre précieuse verte au milieu. Mon dieu, ça devait coûter des millions.

« Hinata, je… ne peux pas accepter, murmurai-je émue.

Tu n'as pas vraiment le choix. Cette bague est symbolique. Dans notre famille, pour les femmes, nous avons pour coutume d'offrir un bijou à la personne que nous considérons comme notre meilleure amie. Et c'est ce que tu es pour moi, Sakura. Hinata posa sa main sur mon bras, je sais que je n'ai pas été très présente pour toi ces derniers temps et je sais aussi que tu as besoin d'être seule mais cette bague sera là pour te rappeler que où que tu sois, je suis près de toi et que je te soutiens. Et puis… ça fait maintenant trois mois que nous nous connaissons et je n'ai pas eu l'occasion de les fêter avec toi alors voici le cadeau que je t'offre. »

Les larmes me montèrent aux yeux. Je les retins et enfila la bague à mon index.

« Merci, merci… »

Je la pris dans mes bras, la serrai très fort et fermai fort les yeux pour ne pas pleurer. On se tint comme cela pendant quelques instants, puis nous fûmes interrompues par un lutin blond.

« Sakura ! Sakura ! Sakura ! Sakura !

Naruto, Naruto, Naruto, Naruto.

Ce n'est pas drôle, lança-t-il, boudeur.

Ah bon ? Je trouve pourtant que j'aie un humour hilarant. »

Mon ton était sarcastique mais je réussis quand même à le faire sourire.

« Sakura, je te présente Sasuke Uchiwa. Sasuke, je te présente Sakura Haruno. »

Il s'écarta et laissa place à la plus belle personne que je n'eue jamais vue. Déjà, on pouvait le qualifier d'homme, un vrai de vrai. Il était façonné à la perfection : grand et imposant avec un certain charisme qui vous charmait et vous intimait le respect. Il donnait une impression de nonchalance, avec un petit air de « j'en-ai-rien-à-foutre » qui le rendait irrésistible. Mais ce ne fut pas ces muscles sensuellement moulés dans son t-shirt qui m'hypnotisa mais ce fut ses yeux, deux onyx profond qui vous faisaient voyager dès que vous vous y perdiez. Ses cheveux, en symbiose avec la couleur de ses yeux, étaient coiffés en pique derrière sa tête et lui donnait un genre étourdissant. Je restai quelque minute muette, figée sur place. Je pense que ce fut à cet instant précis que je sus que cet homme allait changer ma vie. Restait à définir si ça allait être en bien ou en mal.

Sasuke ne sut quoi faire : il venait d'être frappé par la foudre. Cette jeune fille devant lui, ces yeux, sa bouche, son nez, ses cheveux, absolument tout lui donnait envie de la connaître, de la toucher, de la sentir. C'est pourquoi il se battit un masque de marbre sur le visage, pas question qu'il montre les sentiments qu'elle lui apportait sinon elle s'en servirait à son avantage, comme Elle l'avait déjà fait. Cependant, il se surprit à avoir cette pensée : Je ne sais pas qui tu es, mais ce que je sais c'est que tu seras bientôt à moi.