Disclaimer: Le monde d'Harry Potter ainsi que ses personnages appartiennent à J.K. Rowling, aux divers éditeurs et à Warner Bros Inc. Cette fiction est écrite à but purement non lucratif, et en aucun cas avec une intention de violation de copyright.

Note de l'Auteur:

Cet OS m'a été inspiré par "Le Café de la Rue Errante", ma dernière fiction HP en date. "Le café de la Rue Errante" est un slash Draco Malfoy/Harry Potter.

Pas de panique, si vous ne l'avez pas lue et que pour une raison ou une autre (vous n'aimez pas le slash, vous ne lisez que des fictions respectant l'épilogue, le couple Draco/Harry vous donne des boutons...) vous n'avez pas envie de la lire, ce n'est pas un problème! Vous pouvez lire cet OS quand même. J'ai juste utilisé le couple Rolf/Luna dans cette fiction et j'avais envie de romancer leur rencontre. Il n'y aura absolument pas de slash dans cette fiction.

Il y aura 3 chapitres assez courts.


Bons baisers d'Islande

par Alice Saturne


Lorsqu'il posa pieds hors du Centre de Départ des Portoloins Internationaux de Reykjavik, Rolf Newton Porpentina Scamander n'eût besoin que de faire que quelques pas à l'extérieur pour décider qu'il détestait profondément ce pays.

Tout d'abord, il faisait froid.

Il avait quitté la Nouvelle-Zélande, son soleil radieux et sa chaleur à en faire fondre un brave homme, pour se faire gifler par un vent glacial et dix degrés au compteur dès son arrivée.

La seconde raison pour laquelle Rolf décida qu'il détestait l'Islande était beaucoup plus préoccupante. Il était tout seul.

Son ordre de mission lui avait indiqué qu'il serait accueilli par un représentant Islandais de la FANS (Fédération Amicale des Naturalistes Sorciers) dès son arrivée par le Portoloin de 10h00, heure locale 20h00 (et c'était une sensation ô combien étrange que celle de passer du matin au soir en quelques minutes). Or, il avait débarqué du Portoloin pour ne trouver dans le minuscule Centre de Départ qu'un pauvre mouton désorienté et une vieille sorcière probablement bicentenaire qui, lorsqu'il lui avait demandé où se trouvait l'office de tourisme sorcière, lui avait fait comprendre à grands gestes qu'elle ne comprenait pas un mot d'anglais.

Ce qui, vraiment, songea Rolf, n'était qu'un exemple parmi d'autres de pourquoi sa vie était une énorme plaisanterie cosmique.

Cela n'avait pas toujours été comme ça, bien entendu. Pendant très longtemps, Rolf ne s'était pas considéré comme quelqu'un de particulièrement malchanceux. Bien au contraire. Il avait une fiancée, un boulot plutôt intéressant dans la rubrique Nature du magazine Le Kiwi Hebdo qui lui permettait des voyages fréquents aux frais de la princesse. Une vie de rêve, quoi.

Mais le jour de ses vingt-cinq ans, il était rentré d'une semaine de reportage à Madagascar pour trouver sa fiancée au lit avec son Rédacteur en Chef.

Dans les déboires qui s'étaient ensuivi, il avait rompu ses fiançailles et cassé le nez de son Rédacteur en Chef. Ce qui, une chose en entraînant une autre, lui avait valu une prompte lettre de renvoi.

Bien sûr, il avait rapidement retrouvé un emploi. Après tout, avec un père aussi connu dans le monde des Naturalistes que Newton Artemis Fido Scamander, peu de portes lui avaient été claquées au nez. Il avait fini (plus par vengeance que par nécessité) par accepter un contrat chez l'hebdomadaire La Fougère Argentée, rival historique du Kiwi Hebdo.

Grossière erreur.

À vingt-neuf ans, il était maintenant Rolf Scamander, célibataire endurci, esclave de Malvina Osborne, la harpie qui lui servait de patronne, et Globe-Trotter forcé une bonne partie de l'année. Le tout pour un salaire de misère.

Donc, vraiment, se retrouver tout seul dans un pays froid et inamical n'était que la juste continuation de ce qu'était sa misérable existence.

Il serra contre lui les pans de sa cape chauffante, qui ne l'empêchait pas de ressentir la morsure virulente du froid estival, et se décida à faire les cent pas en attendant que quelqu'un se rappelle qu'il existait.

« Putain de pays, » marmonna-t-il. « Putain de pays et putain de Malvina. »

Il n'attendait pas de réponse, mais en eût une tout de même.

« Vous n'avez pas l'air très content, » l'informa une voix au fort accent britannique.

Rolf poussa un glapissement de surprise et se retourna. Et regarda. Et regarda encore un peu, juste pour être sûr que la personne qui se tenait devant lui n'était pas un produit de son imagination.

« Bonjour, » dit la femme en inclinant la tête vers la gauche et en observant Rolf comme s'il était une créature étrange dont elle n'arrivait pas à déterminer l'origine, « je m'appelle Luna Lovegood. »

Rolf ouvrit la bouche. La referma. Observa un peu plus attentivement la femme qui se tenait devant lui. Elle portait un pantalon d'une couleur désastreusement orange et un blazer vert qui la faisait vaguement ressembler à une carotte géante, avait des cheveux blonds cendrés et les yeux les plus ridiculement bleus que Rolf n'ait jamais vu.

« Hum. » fut tout ce que Rolf parvint à dire.

« Je cherche Rolf Scamander. Ce n'est pas vous, par hasard ? »

« Hum. » répéta Rolf. Avant de se secouer et de parvenir à articuler « C'est bien moi. »

« Mh-mh, » acquiesça Luna d'une voix paisible, « Suivez-moi. »

De plus en plus déconcerté par la tournure de la conversation, Rolf estima raisonnable de ne pas discuter et emboîta le pas de la femme. Ils marchèrent quelques minutes en silence avant de s'arrêter devant une…

« Voiture ?, » laissa échapper Rolf, légèrement paniqué, « attendez, vous savez conduire ce truc, au moins ? »

Luna se tourna vers lui et écarquilla les yeux, ce qui lui donna, si possible, l'air encore moins saine d'esprit.

« Bien sûr. C'est pour ça qu'ils m'ont envoyés vous chercher. Je suis la seule à avoir mon permis dans le groupe. »

« Et, hm…on ne pourrait pas plutôt…transplaner ? »

« Non, » répondit-elle, « le transplanage est réglementé à Reykjavik. Il faut un permis spécial. » Elle se pencha vers Rolf, qui se retint pour ne pas faire un pas en arrière. « De toute manière, le transplanage attire les Bizbulles. Je ne l'utilise jamais, » murmura-t-elle d'un ton conspirateur.

Rolf hocha la tête, légèrement affolé et à peu près certain qu'il n'avait jamais entendu parler de créatures nommées les Bizbulles. Luna fit le tour de la voiture et ouvrit la porte.

« Installez-vous, » lui dit-elle d'une voix douce.

Rolf n'était pas un homme à être effrayé facilement, mais en cet instant, il était positivement terrifié. Il allait se faire conduire à travers une ville inconnue dans une voiture par une femme visiblement démente. Il prit une profonde inspiration, rassembla jusqu'à la dernière miette de son courage et s'installa sur le siège passager.

Ses craintes –du moins celles concernant la capacité de la jeune femme à manœuvrer une voiture –se révélèrent infondées. Luna, en réalité, conduisait parfaitement bien, et passa tout le trajet à chantonner une mélodie sans queue ni tête. Rassuré qu'elle ne tente pas de lui parler, Rolf s'autorisa à se détendre et à regarder la ville défiler par la fenêtre. Lorsqu'ils quittèrent Reykjavik, les paysages devinrent indiscernables dans l'obscurité. Il appuya sa tête sur le dossier du siège et se laissa bercer par la comptine improbable de Luna et la chaleur léthargique de la voiture. Ils roulèrent une heure, deux heures, avant que Rolf ne perde la notion du temps.

La fatigue lui tomba dessus par surprise, lui qui s'était levé à peine quelques heures plus tôt.

Il cligna des yeux à répétition, étouffa un bâillement, et au moment où il laissait finalement sa tête rouler sur son épaule, Luna freina et Rolf entendit un crissement de gravier.

« Nous y sommes !, » dit Luna d'un ton joyeux.

Rolf poussa un grognement peu amène, mais Luna ne parut pas lui en tenir rigueur. Dans un état second, il la suivit le long d'une allée interminable et la laissa ouvrir la porte.

L'intérieur du chalet était bien plus grand que l'extérieur n'en laissait présager. Un couloir les mena à un séjour confortable, dont la pièce maîtresse était une immense cheminée qui éclairait la pièce d'une lueur orangée.

En plus de lui et Luna, Rolf compta cinq personnes, qui se tournèrent pour l'observer d'un œil curieux. Luna ne montra pas la moindre intention de le présenter et s'effaça dès leur arrivée. Rolf resta planté là, embarrassé par les regards sur lui. Finalement, un homme courtaud s'approcha de lui et lui tendit la main.

« Je suis Max Smith, » lui dit-il d'une voix un peu nasillarde. Son accent criait « yankee » à pleins poumons et sa poignée de main était solide, « Bienvenue parmi nous. »

« Rolf Scamander. »

L'homme acquiesça et commença à babiller des banalités de sa voix insupportable. Rolf décida immédiatement qu'il ne l'aimait pas beaucoup. Il tenta de prêter attention aux paroles de Max.

« Lui, c'est Ming, » dit-il en désignant un homme asiatique d'âge moyen, plongé dans la lecture d'un grimoire imposant. « Il ne parle à personne s'il peut l'éviter. La gouine bouffeuse de grenouille, là-bas, c'est Sandrine, » Rolf grimaça devant la grossièreté de l'homme. Il posa ses yeux sur la française, une brune à lunettes qui discutait avec un vieil homme à l'air pensif qui fumait la pipe. « Karl, canadien » l'informa l'américain. Finalement, il pointa du doigt un jeune homme séduisant qui somnolait dans un fauteuil. « Et enfin, Abel, notre guide, et le seul Islandais de la troupe. »

Rolf hocha la tête, tentant d'enregistrer tous les nouveaux prénoms. Il avisa Luna à l'autre bout de la pièce qui regardait par la fenêtre d'un air rêveur. Max surprit son regard et émit un petit rire.

« Et, bien entendu, tu as déjà rencontré la maboule de service, Lovegood. Elle a été bercée trop près du mur, celle-là. »

Rolf ressentit l'étrange envie d'envoyer son poing au visage de l'homme, mais avant qu'il ne puisse contempler l'idée de plus près, une voix sèche répondit à Max.

« Venant de toi, Smith, c'est un peu fort. »

Rolf se tourna vers la française, qu'il n'avait pas vu approcher. La jeune femme avait les bras croisés et toisait l'américain d'un air de profond mépris. L'homme devint écarlate.

« Qu'est-ce que c'est censé vouloir dire ?, » cracha-t-il avec colère. Sandrine ne cilla pas.

« Ça veut dire ce que ça veut dire, Smith, » répondit-elle, glaciale, « je pense qu'avant de parler des capacités intellectuelles de Luna, tu devrais contempler un peu les tiennes. »

L'homme parut abasourdi par l'insulte. Il ouvrit la bouche plusieurs fois comme un crapaud désorienté, puis détala à grands pas rageurs.

La française secoua la tête en le regardant partir puis sourit à Rolf et lui tendit la main.

« Je m'appelle Sandrine. »

« Je sais, » répondit Rolf, un peu embarrassé. « Rolf Scamander. »

« Ah, Max a déjà fait les présentations. Je n'ose imaginer quels termes il a utilisé pour me décrire. » Rolf se dandina, peu désireux de répéter les paroles de l'américain. Sandrine gloussa. « Je me disais aussi. En tout cas, n'écoutez pas ce qu'il vous dit sur Luna. Elle n'est pas banale, mais elle est loin d'être idiote. Au contraire, elle est brillante. C'est la plus jeune diplômée en Magizoologie de son pays à avoir publié aux Presses Universitaires Sorcières Britanniques. »

« Vraiment ?, » s'étonna Rolf, incrédule.

« Vraiment. » acquiesça la femme avec un petit sourire.

Impressionné, Rolf tourna de nouveau son regard vers Luna et sifflota entre ses dents. Comme si elle avait senti le regard sur lui, elle se retourna et lui sourit, de ce petit sourire secret qui semblait si loin du monde réel.

Rolf sentit son cœur accélérer un peu, sans vraiment en comprendre la raison.


à suivre