Auteur : Les maraudeurs

Titre : L'histoire d'Harry

Synopsis : Un an après la bataille finale, Harry reçoit une lettre écrite par Albus. Un moyen de débuter une nouvelle vie, de changer le passé et de modifier l'avenir. Mais rien n'aurait pu le préparer à ce nouveau monde, surtout, à sa nouvelle identité.

Disclaimer : Les personnages d'Harry Potter appartiennent à J.K Rowling et l'histoire m'appartient dans son intégralité.

Notes : Je tenais à vous prévenir que la fic contenait du slash.

Dans l'histoire, vous remarquerez certainement des fautes ou des oublis de mots, je suis humaine pas une super machine. Je n'ai pas de correctrice ou de correcteur mais si mon écriture est difficile à lire, je vous promets d'en trouver un ou une pour corriger mes erreurs.

Parution : Pour le moment, je n'ai pas encore fixée de date de parution. Je poste au feeling donc lorsque j'ai du temps.

Warning : Cette histoire est une sorte d'univers alternatif et il se pourrait très bien que les personnages de la saga soient OOC. Pour les besoins de l'histoire, Lucius et Narcissa sont de la génération des maraudeurs.


« Les défis sont ceux qui rendent la vie intéressante et les surmonter donne sens à la vie. »

Joshua J. Marine


Ne faire qu'un


Harry était allongé sur son lit, le regard plongé dans le vide, le visage légèrement en sueur. Il venait de sortir d'un horrible cauchemar et peinait à reprendre le contrôle de son esprit. C'était le même petit manège depuis maintenant un an.

Un an. C'était étrange pour lui de se dire qu'il avait toute la vie devant lui maintenant que Voldemort n'était plus. Il n'avait jamais pensé survivre à cette guerre. Aujourd'hui, il était vivant et au lieu de sauter de joie, de profiter pleinement de la vie, il se laissait lentement dépérir car il n'avait plus de raison d'exister.

Maintenant que la guerre n'était plus qu'un lointain souvenir pour beaucoup de sorciers, Harry peinait à trouver son chemin dans ce monde où il n'avait plus sa place. Pendant un temps, les sorciers avaient eu besoin d'un héros, d'un martyr et maintenant qu'ils avaient obtenu ce qu'ils voulaient, ils retournaient tous vaquer à leurs occupations, se fichant éperdument de l'abîme dans lequel était plongé Le-Garçon-Qui-Avait-Encore-Survécu.

Un son strident le sortit de ses pensées et il jeta un œil au réveil qui était en train de sonner comme un damné. Il lâcha un grognement étouffé avant de quitter son lit pour la salle de bain jouxtant sa chambre. Il en ressortit une demi-heure plus tard, les cheveux dégoulinant d'eau, une serviette enroulée autour de sa taille fine. Il avait perdu énormément de poids depuis la fin de la guerre, mangeant à peine lorsque son estomac se rappelait à lui ou lorsqu'il était au bord de l'évanouissement.

Il sortit de sa penderie des vêtements noirs et s'habilla prestement. Il enfila sa cape de sorcier et descendit presque en courant les marches d'escaliers vers la cheminée du salon où il récupéra un peu de poudre de cheminette avant de crier sa destination.

Il atterrit sans aucune grâce devant une grille en fer forgé ancienne. Il fut traversé par un frisson glacé tandis qu'il s'avançait vers les profondeurs du lieu qu'il venait de pénétrer.

Il passa devant un grand édifice qui servait à entreposer des urnes funéraires. Harry n'aimait pas se retrouver dans un tel endroit, ne se sentant décidément pas à sa place, avec la désagréable impression d'être constamment épié dans l'ombre.

Surtout, il n'aimait pas le silence presque lugubre qui régnait dans le cimetière. Il aurait souhaité ne jamais avoir à mettre les pieds dans un tel endroit mais pour eux, il le fallait. Il évita soigneusement de poser son regard sur les tombes qui remplissaient les lieux morbides.

Il aperçut un groupe de personnes vêtues tout comme lui de noir pour l'occasion. Il s'y dirigea et à peine fut-il près d'eux, qu'il se retrouva dans une étreinte puissante.

— Harry.

Il souffla tout doucement et referma ses bras autour de sa meilleure amie.

— Mione, tu vas finir par l'étouffer si tu continues à l'étreindre ainsi, lança Ron amusé.

Hermione relâcha le brun à contrecœur et posa son regard inquisiteur sur lui. Harry était pâle, presque maladif et cela se voyait qu'il ne faisait pas attention à lui. Il était encore bien plus maigre que dans ses souvenirs lorsqu'elle l'avait vu la dernière fois.

Depuis la bataille de Poudlard, le jeune homme s'était isolé dans la demeure de son parrain, n'en sortant que lorsque c'était nécessaire. Il ne souhaitait voir personne la plupart du temps et préférait rester seul, avec ses démons, sa douleur ainsi que son amertume. Il ne voulait pas que ses amis plongent dans la noirceur des ténèbres avec lui. Ils avaient tant fait pour lui, qu'il n'avait pas le droit d'en demander plus. Il devait remonter la pente tout seul. S'il n'en était pas capable alors il en mourrait. S'il n'était pas assez fort pour surpasser sa souffrance, il en périrait. C'était ainsi.

— Merlin ! Harry ! s'exclama Mrs Weasley. On dirait que tu ne te nourris pas. Regarde-moi ça ! Tu dois certainement avoir perdu 10 kilos ou peut-être plus !

Mrs Weasley le regarda d'un air chagriné avant de le prendre dans ses bras. Puis il se retrouva dans les bras d'Andromeda Tonks ainsi que ceux de Ginny. Il y avait toute la famille Weasley réunie aujourd'hui au cimetière tout comme la famille Tonks. Ils étaient tous là pour honorer la mémoire des êtres chers qu'ils avaient perdu lors de la guerre contre Voldemort.

Ginny se rapprocha de lui et prit sa main dans la sienne tout en lui offrant un petit sourire. Il renvoya son sourire à la rouquine et passa son bras autour de sa taille. Même s'ils n'étaient plus ensemble, ils avaient gardé de bons contacts. La rousse était devenue plus qu'une amie, elle était une sœur. Il n'avait pu reprendre leur relation car il n'était plus sûr de ses sentiments pour la jeune femme. La guerre et les pertes avaient ébranlé tout l'univers d'Harry, le plongeant dans une confusion totale.

Il n'était pas prêt à tourner la page et ne voulait pas être un fardeau pour Ginny. Elle avait la chance d'aller de l'avant et il ne souhaitait en aucun cas qu'elle sacrifie son bonheur pour lui. Aussi, il lui avait demandé de vivre sa vie sans l'attendre.

Il entendit vaguement le discours que le patriarche de la famille Weasley prononça pour leurs proches décédés. Il avait le regard rivé sur la pierre froide, grise, en marbre sur laquelle était inscrite le nom de son parrain. Il n'y avait bien sûr pas de corps à l'intérieur puisque Sirius était passé à travers un voile vers la fin de sa cinquième année.

Ginny posa sa tête sur son épaule et il sentit le tissu de sa robe devenir humide au contact des larmes de la rousse. Il déposa un baiser sur son front et resserra son étreinte autour d'elle pour la réconforter.

Ils avaient tous perdu un être cher durant cette guerre et il était égoïste pour lui de penser qu'il était le seul à avoir plus perdu que les autres.

La cérémonie dura une heure avant que tout le monde ne prenne le chemin de la sortie.

— Harry ?

Le jeune homme se tourna vers sa meilleure amie. Elle affichait une mine inquiète comme pratiquement tous ses proches.

— Tu viens dîner au Terrier avec nous ? lui demanda-t-elle, pleine d'espoir. Molly et Andromeda se sont chargées du repas ce matin très tôt. De surcroît, il y a ton filleul qui trépigne d'impatience de pouvoir te revoir. Il ne t'a pas vu depuis pratiquement deux mois. Comme nous tous, d'ailleurs.

Harry n'avait aucune envie de se trouver à table avec tout ce monde. Il n'avait pas faim et souhaitait rentrer pour vider la bouteille de Whisky Pur Feu qui l'attendait au Square Grimmaurd.

— Je ne peux pas, je dois aller faire un tour à Poudlard pour honorer la mémoire de Dumbledore et celle de Snape, répondit-il, l'air navré.

— On peut t'accompagner et ensuite nous irons au Terrier, suggéra Ron.

— Non, Ron, c'est quelque chose de personnel et j'aimerai me recueillir seul sur leur tombe.

— Pourquoi ne viendrais-tu pas nous rejoindre dans ce cas après avoir fini ? insista le roux.

Harry secoua la tête quelque peu agacé par l'insistance de son meilleur ami. Il n'avait aucune envie d'être entouré, était-ce difficile de le comprendre ? Il voulait être seul avec sa souffrance et noyer son chagrin dans de l'alcool avant de s'endormir, épuisé par ses larmes.

Il ne demandait qu'une seule chose, qu'on puisse le laisser seul. Il ne demandait rien d'autre que la solitude.

— Ce n'est pas grave, Harry, une prochaine fois, dit Hermione pour l'apaiser.

Elle le prit à nouveau dans ses bras et le serra très fort contre lui.

— Lorsque tu te décideras à vouloir notre aide, tu sais où nous trouver, lui murmura-t-elle.

Le brun ne dit rien et se contenta d'apprécier l'étreinte de sa meilleure amie. Elle l'embrassa sur la joue et prit la main de son fiancé.

— Au revoir, mon pote.

Ron lui tapota gentiment l'épaule avant de quitter le cimetière avec Hermione. Mrs Weasley lui ordonna d'envoyer plus souvent de ses nouvelles et de ne pas oublier de se nourrir, qu'il était trop maigre pour un jeune homme de son âge, que s'il ne faisait pas attention, il pourrait se retrouver à Ste Mangouste.

Il reçut le même discours d'Andromeda qui lui demanda aussi de passer souvent leur rendre visite, que le petit Ted avait besoin de voir son parrain et qu'il n'était pas bon pour Harry de rester cloîtré chez lui.

— Ne baisse pas les bras, Harry, d'accord ? lui demanda Ginny.

Il acquiesça simplement et la rousse parut satisfaite. Elle l'enlaça une dernière fois avant de quitter elle-aussi le cimetière en transplanant avec Charlie. Bien vite, il n'y eut plus personne au milieu des tombes et Harry se décida à quitter lui-aussi cet endroit oppressant pour se rendre à Poudlard.

Une grande partie de l'école avait été détruite lors de la bataille et tout le monde dans la communauté sorcière avait participé à la reconstruction de Poudlard. Il fallut pratiquement sept mois mois de travaux mais cette année, Poudlard pourrait de nouveau rouvrir ses portes en septembre.

Harry avait transplané aux grilles de Poudlard et avait observé un long moment le château où il avait connu ses plus grands bonheurs. Dans ce lieu où il avait pu se construire une famille, se faire des amis. Cette époque où il avait été un jour heureux, lui parut soudainement lointaine. C'était presque comme un rêve, comme si ces instants de joie et de sérénité n'avaient jamais existé.

Il détourna son regard de l'école et se dirigea vers le lieu où avaient été enterré les deux directeurs de Poudlard. Il fit apparaître deux bouquets de houx et en déposa un sur chacune des tombes. Il s'assit sur l'herbe humide et se recueillit un long moment sur les deux tombes.

Une légère bourrasque s'éleva et fit frissonner l'ancien gryffondor. La perte de Dumbledore fut un coup dur pour Harry qui avait toujours considéré le vieil homme comme un mentor mais avant tout, comme un grand-père. Après avoir perdu son parrain, il perdait un autre membre de sa famille et ensuite vint Hedwige, Fred, Remus et Tonks puis Snape.

Il regrettait d'avoir si mal jugé l'ancien serpentard alors qu'il veillait sur lui dans l'ombre. Il était regrettable de n'avoir découvert son vrai visage qu'à sa mort. Il aurait tellement voulu le connaître, savoir qui il était vraiment. Malheureusement, il n'en avait pas eu la chance. Snape était mort, emportant avec lui, le dernier membre de la génération des maraudeurs ainsi que leurs souvenirs.

Il aurait tellement souhaité que les choses se déroulent autrement. Peut-être que s'il avait su pour Snape, il aurait agi différemment avec l'homme. Il serait peut-être encore en vie aujourd'hui et peut-être que…

Il lâcha un profond soupir et ferma les yeux un instant pour faire partir la douleur qui s'était imprimée sur son visage. Le passé était passé. Il ne pouvait rien faire contre cela. Il devait simplement vivre avec et même si c'était difficile, c'était ainsi.

— Monsieur Potter.

Il se leva dans un bond et se retourna vivement vers son ancien professeur de métamorphose. Son ancienne directrice de maison, malgré son visage austère, avait les yeux quelque peu rougis. Même après deux ans, il était tout aussi difficile pour elle que pour lui de faire le deuil de ces êtres perdus.

D'aucuns s'accordaient à dire que McGonagall était amoureuse de Dumbledore et que c'était pour cette raison qu'elle avait été autant accablée par la perte du directeur il y a deux ans de cela. Mais ceux qui connaissaient vraiment la relation qui unissait Albus et Minerva savaient que la vieille femme pleurait simplement la perte d'un ami, d'un confident.

Très peu de gens étaient au courant mais le professeur McGonagall avait été mariée et son époux était décédé depuis bien longtemps. Et non, elle n'avait jamais été amoureuse de son collègue. Elle savait que l'homme en aimait un autre. Oui, Albus Dumbledore était un homosexuel, amoureux de celui qui lui valut sa renommée de plus grand sorcier des temps modernes.

Minerva pleurait aussi la perte tragique de Severus qu'elle avait tout aussi mal jugé que Harry et n'avait pu s'excuser auprès du maître des potions pour tout le mal qu'elle avait pu lui causer par le passé.

— Professeur, fit Harry.

— Comment allez-vous, monsieur Potter ? l'interrogea McGonagall.

— J'essaie de survivre, rigola-t-il amèrement.

— Je vois ça.

Elle dévisagea le jeune homme, le regard impassible.

— Albus a laissé ceci pour vous, peu de temps avant son décès. Il souhaitait que je vous le remette en mains propres uniquement qu'en cas de nécessité absolue et je pense, à en juger par votre état plus que déplorable, que le moment est bien choisi, dit-elle d'un ton sec.

Elle remit un pendentif ainsi qu'une lettre à l'ancien gryffondor.

— Prenez soin de vous, Harry.

Le visage de la nouvelle directrice de Poudlard s'était adouci et elle regardait le jeune homme avec une tendresse non dissimulée. Elle avait toujours eu beaucoup d'affection pour le garçon et était désolée du fardeau qu'il avait dû porter sur ses épaules alors qu'il n'était encore qu'un enfant.

— Bonne chance, souffla-t-elle avant de s'en aller.

— Attendez ! Professeur !

Trop tard, Minerva était déjà assez loin. Harry scruta hébété la lettre et le pendentif qu'il tenait dans ses mains. Pourquoi maintenant ?

Il voulait savoir ce qui était écrit et préféra lire la lettre bien au chaud chez lui, assis sur son canapé, un verre de Whisky Pur Feu à la main. Il ne s'attarda donc pas plus longtemps et transplana jusqu'au Square Grimmaurd. Étant le propriétaire, il lui était possible de transplaner directement dans la demeure. Il trébucha et manqua de s'étaler de tout son long sur la moquette du salon.

Il poussa un juron et grommela dans sa barbe un moment avant de se servir un verre d'alcool et d'aller s'affaler dans un fauteuil. Il n'avait pratiquement rien fait de la journée, qu'il était épuisé. Ce n'était pas de la fatigue physique mais plutôt morale.

Harry examina avec minutie le pendentif et fronça les sourcils en scrutant l'objet. Il ne souhaitait pas avancer des idioties mais il avait comme l'impression de tenir un retourneur de temps dans les mains. Il délaissa l'objet et s'enquit du contenu de la lettre. Il en saurait un peu plus grâce au courrier.

Cher Harry,

Je suppose que si tu lis cette lettre c'est parce que tu te retrouves dans une situation délicate, une situation dans laquelle tu ne sembles pas trouver d'issue.

J'espère que cet objet t'aidera à construire une vie meilleure, mon garçon. Je te demande une fois encore pardon pour les choix que j'ai pu faire concernant ta vie. Sache que tout ce que j'ai fait, c'était par amour. J'ai commis des erreurs et certainement suis-je en train d'en commettre mais sache mon garçon, que tous mes actes ont été guidé par l'amour.

Aujourd'hui, j'essaie de corriger mes erreurs et te souhaite une bonne chance dans la construction de ta nouvelle vie.

Ne lutte pas, mon garçon et laisse-toi faire. C'est une nouvelle vie qui s'offre à toi, Harry.

N'oublie jamais qui tu es Harry et si jamais tu te perds en chemin, n'hésite pas à demander de l'aide. À Poudlard, une aide sera toujours apportée à ceux qui en feront la demande.

N'oublie pas Harry, on peut trouver le bonheur même dans les situations les plus sombres, il suffit de se souvenir, d'allumer la lumière.

Bonne chance, mon garçon.

Albus Dumbledore.

— Qu'est-ce que ça veut dire ? se demanda-t-il perdu.

Comptez sur Dumbledore pour ne pas expliquer clairement les choses et vous rendre encore plus confus qu'au départ.

Harry soupira une énième fois et posa la lettre sur la table tandis qu'il s'emparait du pendentif. Il manipula l'objet, l'air totalement perplexe, se demandant à quoi pouvait bien lui servir un tel objet. Il entendit un petit clic et devint livide lorsque les aiguilles du pendentif se mirent à s'affoler. Il se demandait, au nom de Merlin, ce qui était en train de se passer lorsqu'il sentit le sol trembler subitement sous ses pieds. Il se leva pour tenter d'échapper à ce tremblement de terre mais n'alla pas bien loin et s'effondra brusquement comme une crêpe que l'on venait de retourner dans une poêle. Il écarquilla les yeux lorsqu'il vit une lumière blanchâtre s'échapper du pendentif puis il poussa un cri lorsqu'il se sentit aspirer dans le sol. Il avait l'impression de tomber dans un profond puits qui n'avait pas de fin et hurla aussi fort qu'il le pouvait.

Il tenta de sortir sa baguette magique de sa poche mais à peine l'eut-il saisi qu'elle lui échappa des mains et se retrouva aspirer dans le tourbillon. Il était bousculé dans tous les sens et était sur le point de vomir. Son estomac ne supporterait pas bien longtemps un tel traitement.

Tout se stoppa abruptement et il regarda autour de lui, légèrement groggy. Il n'y avait que du noir. Il était enveloppé par une obscurité étouffante. Il chercha une issue de secours mais aucune lumière ne perçait la noirceur dans laquelle il était enclavé.

— Je te laisse ma place, Harry. Prends soin des êtres qui nous sont chers, s'il te plaît. Veille sur eux comme je veillerai sur toi.

— Qui êtes-vous ? De quoi parlez-vous ? questionna le brun, perdu.

Il ne reçut aucune réponse mais ressentit comme une légère caresse sur sa joue. Ses paupières se fermèrent d'elles-mêmes tandis qu'il profitait du contentement qui se répandait dans tout son être.

Il rouvrit brusquement les paupières et se sentit à nouveau aspirer vers le fond. Alors qu'il sombrait dans les ténèbres, il entendit à nouveau cette voix résonner dans son oreille, dans un chuchotement à peine perceptible.

Bonne chance, Harry.

oOo

Harry remua légèrement ses paupières, fronçant quelque peu les sourcils, agacé par la lumière qui transperçait l'obscurité. Il était fatigué et voulut se rendormir mais voilà qu'une odeur étrange le tira du sommeil, ainsi qu'un bruit qu'il n'identifia pas. Contrainte et forcée, sa conscience sortit de ses brumes. Il ouvrit un œil vitreux et le posa sur un vieux parchemin sur le dessus duquel se trouvaient une cruche remplie d'eau, ainsi qu'un verre dans lequel on avait planté une paille.

L'ancien gryffondor ouvrit le second œil et regarda la pièce dans laquelle il se trouvait, confus. Il n'était pas dans sa chambre au Square Grimmaurd mais plutôt dans ce qui semblait être une chambre d'hôpital.

Il venait à peine de sortir du sommeil et tous ses neurones n'étaient pas connectés. Il se redressa sur un coude, dans l'une des mains qui courraient sur sa main gauche, on avait enfoncé une aiguille, maintenue en place par un sparadrap. À cette aiguille était reliée une poche de perfusion, dont le liquide violet pénétrait dans son organisme via un mince tube de plastique. Il contempla cet attirail pendant un instant, interloqué, avant de balayer du regard la petite pièce sans fenêtre où il était installé.

Il s'assit d'un bond et regretta aussitôt son geste, car une terrible douleur lui transperça le dos, l'épaule et la tête. Il tâta avec précaution les bandages. Il se rappela soudain la lettre de Dumbledore, le tremblement de terre dans la maison, la voix dans l'obscurité. Pendant quelques minutes, Harry demeura immobile, tâchant de se remémorer ce qui s'était exactement passé et pourquoi se retrouvait-il à l'hôpital ?

Harry grimaça de douleur alors que plusieurs images lui venaient en tête. Il avait tout d'un coup des souvenirs plein le cerveau. Des réminiscences qui ne lui appartenaient pas. Tout était confus dans sa tête. C'était le bordel partout.

Il inspira profondément et se massa les tempes alors qu'il sentait son mal de tête augmenter en intensité. Il écarta des mèches qui chatouillaient son épaule et se passa une main dans les cheveux. Sa main glissa dans une chevelure douce, soyeuse et longue.

Il ne se passa rien pendant quelques secondes avant que l'information ne fasse le tour du cerveau du jeune homme. Il repassa avec une lenteur extrême sa main dans ses cheveux. Il prit une bonne poignée de cheveux dans la main et les porta juste sous ses yeux. Il se mit presque à loucher en avisant la nouvelle couleur de sa chevelure qui était autrefois ébène. Il prit une autre poignée de cheveux et ce fut le même résultat. Il écarquilla les yeux, incrédule. Que lui était-il arrivé ?

Il fut assailli par des centaines d'images, de souvenirs, de visages, de voix. Il y avait tout d'un coup tellement d'informations en lui que c'en était douloureux. Il se plia en deux, se mordant la lèvre inférieure jusqu'au sang pour étouffer un cri de tiraillement.

Il s'arqua sous la douleur alors que les souvenirs assaillaient son esprit, s'imprimant dans son être, le marquant à jamais dans son âme. L'instant ne dura que quelques secondes mais pour Harry, ce fut une éternité. Il haleta, le souffle court, le visage en sueur, les yeux vitreux.

Il s'effondra sur le lit, essayant de reprendre son souffle.

— Harry !

Il entendit des pas se précipiter vers lui et une seconde plus tard, il plongea son regard dans des yeux blancs. La couleur était semblable à de l'agate blanche. Il sentit deux mains le redresser avant de l'enserrer fortement dans une étreinte puissante presque écrasante.

Il resta un instant ahuri, figé dans l'étreinte, avant de sentir tous les muscles de son corps se détendre. Il posa sa tête sur l'épaule carrée et ferma les yeux alors qu'une odeur de terre mouillée et de marais salins lui parvinrent aux narines. C'était un bouquet de senteurs agréables et familières. C'était l'odeur des baisers sur le front, d'une caresse dans les cheveux, d'une étreinte, d'un rire cristallin. C'était le parfum de la sécurité et du bonheur.

— Oh Merlin ! J'ai cru que j'allais te perdre, toi aussi. J'ai…je…Harry…

Harry ne quitta pas ce cocon de bien-être, connaissant, sans avoir pu distinguer le visage de la personne, l'individu qui le tenait avec tant de fermeté. Il le savait parce que c'était ainsi. Il le savait parce que tout était gravé dans sa mémoire. Il ne réfléchissait pas tellement, son esprit prenant le contrôle de son corps, tandis que son cerveau était au repos.

Ne lutte pas, mon garçon et laisse-toi faire. C'est une nouvelle vie qui s'offre à toi, Harry.

Lutter ? Il n'allait pas le faire. Aussi incroyable que cela puisse paraître, il allait profiter de cette nouvelle chance qui lui était offerte, de cette nouvelle vie pour tout recommencer.

« — Je te laisse ma place, Harry. Prends soin des êtres qui nous sont chers, s'il te plaît. Veille sur eux comme je veillerai sur toi. »

Il respira à nouveau l'odeur si caractéristique de l'homme qui le tenait dans ses bras, se fondant avec bonheur dans l'étreinte rassurante de son parent. Il était à sa place, ici, et il n'irait nulle part maintenant qu'il avait trouvé un endroit où être heureux.

Pour une fois, il était satisfait du choix de Dumbledore et ne regrettait pas son ancien monde. Ici, il se reconstruirait et profiterait de chaque seconde avec joie.

Il avait enfin trouvé sa place quelque part dans ce monde. Il sentit une immense chaleur se répandre dans tout son corps et entendit une douce voix murmurer à son oreille. Un sourire se glissa sur ses lèvres alors qu'il s'endormait paisiblement dans les bras protecteurs de l'homme qui le tenait toujours.

Sois heureux pour nous deux, Harry. Et n'oublie pas, j'accompagnerai toujours chacun de tes pas. Je serais toujours auprès de toi. Je suis dans ta tête, dans ton cœur, dans ton esprit et je suis une partie de ton âme. Ta magie est mienne et ma magie est tienne. Autrefois nous étions deux, aujourd'hui nous formons qu'un.


Voilà, voilà ! C'était le premier chapitre de L'histoire d'Harry. J'espère qu'il vous aura plu.