Les personnages de House MD ne m'appartiennent pas.
Note : Cette fic se découpe en deux parties. Pourquoi la poster dès aujourd'hui alors que j'en ai "plein" d'autre sur le feu? Parce que cette fic date de Mars 2009 (ou 2008...) et que j'étais persuadée de l'avoir postée sur ce site! o_O (comment ça, c'est pas un argument?)
vvv
"Y'a pas que le téléphone qui se dégaine comme un pistolet."
Elle est bien bonne celle-là. Digne d'une réplique de film...
Bah, qui sait, c'est peut être le cas.
L'énergumène qui venait de balancer la phrase du siècle, devait avoir le même âge que moi, avec moins de cheveux sur le caillou. Accoudé à un bar, il avait essayé de jouer de ses muscles face à l'œil morne de ma patronne.
Oui, MA patronne.
Lisa Cuddy, la directrice de l'hôpital de Princeton Plainsboro. Doyenne de la faculté, tortionnaire de ses employés, maîtresse des lieux.
C'est la Sharon Stone de la comptabilité, la Sarah Connor des dons hospitaliers et la Scarlette des sites de rencontre. Lisa Cuddy, c'est un mélange de Wonder Woman et de drôle de dame avec un soupçon de Madame Ingalls.
Oui, elle est spéciale, au point que, par moment, mon œil se détache de ses seins pour plonger dans son regard ; Un peu trop perçant à mon goût.
Les femmes croient que les hommes fixent leur poitrine car ils sont l'espèce inférieure. Prompts à sauter sur tout ce qui bouge, seul notre béquille naturelle dirige nos actes.
Du tout ! Si les hommes baissent les yeux, c'est pour éviter de se retrouver noyés dans ce regard si particulier qu'ont les femmes.
Si l'homme est l'esquisse de Dieu et la femme l'être abouti... Dieu est un beau salaud !
Quand Lisa Cuddy vous fixe, c'est comme si vous approchiez du rebord de la piscine et qu'une personne mal intentionnée vous baissait le maillot.
Elle vous déshabille avec violence, capte la moindre faiblesse et vous porte le coup de grâce avec ses répliques dont elle a le secret. Ça vous scie, vous coupe la deuxième jambe, et vous n'avez plus que vos yeux pour pleurer... Ou votre béquille naturelle à soulager. Au choix.
Ben quoi? Ce serait vous mentir de dire qu'une Lisa Cuddy, fuselée à la perfection, me laisse indifférent.
Lisa Cuddy, c'est la friandise interdite. Celle que les chocolatiers affichent avec ostentation dans leur vitrine mais à laquelle, jamais, on ne goutte. On s'évertue alors à lécher la vitrine en espérant deviner le goût.
Moi j'y ai goûté une fois à la friandise. Mais elle avait un goût de liqueur. Je l'ai appréciée, certes, mais pas à sa juste valeur.
Mais revenons à Copperfield et ses répliques apprises par cœur. Son dernier tour de magie : faire apparaitre une carte de visite.
J'avais parié sur un inspecteur des impôts ou un avocat. J'ai eu les deux : un assureur.
Il a tendu la carte à Cuddy qui l'a prise du bout des doigts avec un sourire condescendant. Si ma bouche n'avait pas été occupée à mâcher des cacahouètes, j'aurais sûrement brisé le charmant tableau. Pas que je sois jaloux, non ! De toute façon, Cuddy semblait au bord de la nausée. Par contre, le beau parleur me faisait perdre mon temps. Et du temps, nous n'en disposions pas à notre guise.
Mais, avant de continuer, une précision sur ma situation s'impose. Je me doute bien que vous vous demandez comment je me suis retrouvé dans ce bar, un après-midi, avec le croisement de Copperfield et un mérou, et ma supérieure.
Le matin même, je me suis retrouvé face à une patiente assez originale. Comment ai-je atterri en consultations ? Avec un talon dans le derrière. Comme d'habitude.
D'ailleurs, la douce voix de Cuddy résonnait encore à mon oreille.
Mais revenons à la patiente. Si je continue sur le sujet "Lisa Cuddy", vous allez croire que je suis un amoureux transi. Et ce que j'ai avoué plus haut est assez compromettant !
Elle avait les yeux bleus, les doigts fripés et le sein droit plus gonflé que le gauche... Pas Cuddy! La patiente! De toute façon, les seins de Cuddy sont symétriquement parfaits et ses doigts sont... Là je passe pour l'amoureux transi c'est ça ?
Breffons peu, breffons bien.
Femme de race blanche, la trentaine, d'environ 1m 70. Maigre, déshydratée et présentant des œdèmes.
Et là je vois les plus compliqués s'exclamer : "Carences ou hépatites !"
Et les idiots se demander ce qu'est un œdème pour ensuite affirmer qu'il s'agissait simplement d'une allergie.
Si c'était le cas, je ne serais pas en train de vous raconter sa vie, sauf si elle m'avait sorti la blague la plus tordante du siècle.
Non. Après bilan sanguin, rien ne manquait. Par contre, quelque chose en plus s'ajoutait à l'équation. Un quelque chose d'inconnu. Un quelque chose qui allait réveiller l'Indiana Jones qui sommeillait en moi...
Pour tout vous avouer, j'avais cassé mon yoyo et j'en avais marre de recommencer Super Mario Bros Deluxe Mac 6...
Bon ok... Cuddy m'avait confisqué et mon yoyo, et ma PSP.
A Noel, je lui offrirai un martinet. Il accentuera son côté sadomasochiste.
J'aurais pu envoyer les scouts à ma place, comme à mon habitude et me contenter d'emmerder Wilson. Mais les scouts étaient réquisitionnés pour une raison qui m'est encore inconnue... C'est sûrement dû au fait que mon attention était portée sur le décolleté de ma supérieure pendant qu'elle m'exposait la situation.
Après une prise de bec, des menaces, une tentative de viol et des regards faussement assassins, pour le bien de l'humanité, la doyenne a décidé de m'accompagner.
« Je pourrais garder un œil sur vous ! Et avoir la certitude que vous ne vous fichez pas de moi. »
Vous voulez mon humble avis ?
Elle avait juste envie de passer du temps avec moi.
Amoureux aveugle et transi ? N'importe quoi !
Je me retrouvais donc, après une heure d'investigations infructueuses, dans ce bar à observer les allées et venues d'américains à salaire moyen.
Après que le mérou de Copperfield (ou c'était le Copperfield mérou) ait enfin pris congé de ma patronne -si j'emploie ce pronom possessif, c'est parce qu'elle n'est la patronne de personne d'autre dans ce bar. Que ce soit clair ! -, le barman s'est rapproché et a jeté un coup d'œil à la photo de ma patiente.
_ Vous la connaissez ? a-t-il demandé.
Cuddy a hoché la tête et lui a posé des questions.
En deux minutes, on a appris qu'elle était serveuse mais que, depuis deux jours, elle avait disparu de la circulation.
Informations utiles si elle était recherchée par la police.
Sur le moment, je crois que j'ai bougonné car Cuddy m'a lancé un regard noir.
_ Vous savez où elle habite ?
_ Vous ne savez pas ?
_ On est médecin ! me suis-je exclamé avec lassitude.
Il m'a scruté un long moment avant d'opiner d'un mouvement lent de la tête.
Je me suis alors empressé de fourrer une nouvelle poignée de cacahouètes dans la bouche. Quitte à sortir une connerie, autant le faire en étant dans l'incapacité d'ouvrir correctement la bouche.
_ Je sais qu'elle rentrait à pied.
Et là, j'ai pris conscience qu'une cacahouète avait la capacité de vous étrangler.
Cuddy s'est mordu la lèvre, elle aussi atterrée par la bêtise du barman. Il y avait un arrêt de bus à l'autre bout de la rue. Ce n'est pas parce qu'elle disparaissait de son champ de vision qu'elle habitait tout près !
_ Vous êtes son médecin mais ne savez pas où elle habite ? a repris le barman.
_ Nous n'avons pas eu le temps...
_ Elle est dans le coma. ai-je lâché en me dirigeant vers la sortie du bar.
Pas question que je paie des cacahouètes meurtrières !
_ Des membres de sa famille venaient ? Des amis ?
Je me suis tourné vers Cuddy. Voilà qu'elle se transformait en Loïs Lane.
_ Pas à ma connaissance.
Sans blague !
Après le mérou, j'avais droit à la dorade. Cet homme était soit abruti, soit menteur.
Sur le moment, vous comprendrez que je penchais plus vers son aura abrutissante.
Cuddy, portée par son âme charitable, a pris la peine de le remercier puis m'a suivi.
_ Vous ne m'êtes pas d'une grande utilité. m'a-t-elle glissé en se plantant sur le trottoir.
Elle est bien bonne celle-là !
_ J'ai faim, j'ai mal à la jambe, et je n'aime ni le mérou ni la dorade.
Elle va réfléchir longtemps à celle-là.
J'ai pris position devant un passage protégé en faisant claquer ma canne sur le bitume. Ma façon tout particulière de signaler mon infirmité. Elle m'a suivi, les sourcils froncés - elle réfléchissait sûrement à ma dernière métaphore - puis a pris position à mes côtés, attendant, comme le reste du banc de sardines, que le feu soit au vert.
_ Prête pour la prochaine course équestre ?
_ On traverse la route House...
_ Je parie deux cents dollars sur la petite vieille là.
La personne en question, qui se frayait un chemin entre les sardines, a bifurqué dans notre direction
_ Tiens donc, vous ne pariez pas sur vous?
_ Elle est bien plus fringante que moi. Et je ne voudrais pas user mon talent à faire un soixante mètres sur fond de klaxons. Les pur-sang ont une toute autre destinée.
_ Un pur-sang ?
Elle m'a lancé un regard narquois. J'ai horreur de ce regard, je n'ai jamais le temps de me mettre à couvert.
_ Vous me faites plutôt penser à un vieux poney grincheux.
J'ai serré la mâchoire et les poings. Si ma réplique tardait trop, elle gagnerait cette manche... J'en avais trop perdu aujourd'hui.
_ Ce n'est pas ce que vous diriez si le fougueux étalon que je suis se laissait chevaucher par votre personne!
J'ai affiché ce sourire nigaud dont elle a horreur et sa crispation m'a offert la victoire. Elle a alors ouvert la bouche pour répliquer mais un carambolage de sardines arriva à son niveau et la bouscula, faisant trébucher au passage la vieille.
_ C'est un passage protégé, pas un arrêt de bus! me suis-je exclamé en remontant sur le trottoir.
_ Et ça c'est quoi ducon!
Ducon?
J'ai fait volte-face et me suis retrouvé nez à nez avec un panneau... d'arrêt de bus...
Ce quartier était vraiment mal foutu et le banc de sardines bien trop compact pour que je retrouve l'auteur des propos outranciers.
De plus, ma ponette semblait avoir besoin d'aide. Oui! Ma ponette! C'est elle qui l'a cherché et non, je le réaffirme, je ne ressens rien vis à vis de cette créature bureaucratique. Sauf, peut-être, un désir naturel de reproduction. Rien de plus.
Les talons offrent à la femme moderne une allure de pute distinguée. Qu'il vente ou qu'il pleuve, qu'il neige ou grêle, les femmes modernes s'évertuent à porter des talons.
Oui, ça affine vos tailles mesdames, oui vous pouvez atteindre plus facilement monsieur pour l'embrasser ou le gifler. Oui, le talon ralentit le processus de cire à bite bureaucratique. Oui le talon est un bon outil pour se défendre d'une agression, en particulier pour crever le scrotum des violeurs
Mais des talons sont fragiles et ne servent en rien à vous maintenir en équilibre quand tout un banc de sardines converge dans votre direction !
Et c'est la raison pour laquelle ma patronne a manqué de s'étaler sur la route. Un crack sonore signalant la perte d'un talon ayant actionné le compte à rebours.
Je n'ai pas le fouet d'Indiana mais j'ai une canne et j'ai appris à élargir sa palette de fonctions.
J'ai donc pris appui sur ma jambe valide et j'ai tendu ma canne vers elle. Elle a alors pivoté habilement dans ma direction et a attrapé la bouée de sauvetage de justesse, s'évitant ainsi de finir sous les roues d'une Mercedes grise.
Après m'avoir soufflé un merci sans m'adresser le moindre regard, -oui je m'offusque ! Et j'en ai le droit ! Un regard m'aurait gratifié d'une vue plongeante vers les jumelles.- elle s'est immédiatement tournée vers la reine mère qui, je vous l'assure, n'avait pas bougé d'un poil.
_ Tout va bien ?
La vieille a hoché vivement la tête et l'a dépassé en la bousculant. Et quand on bouscule une femme qui tient en équilibre sur un seul talon, forcément, elle bascule en arrière. Et comme j'étais derrière, elle a atterri dans mes bras.
Si je ne l'ai pas lâché, ce n'est pas parce qu'au fond je suis loin d'être un salopard, non! Si je ne l'ai pas lâché, c'est parce que la vue sur son décolleté m'était offerte en haute définition...
Vous ne me croyez pas?
_ House! Aidez-moi à me redresser au lieu de profiter de la situation!
Elle, me croyait.
Je l'ai alors remise sur pieds.
Je ne sais pas si vous l'avez remarqué, mais le feu prenait un temps fou à passer au vert.
_ Si vous étiez un peu plus égoïste, cet accident ne serait pas arrivé.
_ Désolée de faire partie de cette caste si fermée des personnes qui viennent en aide aux autres.
_ Si j'ai misé deux cents dollars sur la vieille, ce n'est pas pour rien. Elle n'en a pas l'air, mais elle est bien plus athlétique qu'elle ne veut le laisser croire. D'ailleurs, sous cet air angélique se cache un pique-pocket de talent !
A ces mots, Cuddy s'est figée et a tâté les poches de son manteau.
_ Et c'est vous qui disiez qu'il fallait mieux laisser votre sac dans la voiture ?
_ Nom de D...
Elle a tourné les talons et a clopiné en vitesse vers la vieille.
Pouffant de rire, j'ai sorti son portefeuille de ma ceinture et j'en ai profité pour l'examiner.
Il y avait 100 dollars qui devinrent vite ma propriété et une multitude de cartes en tout genre.
Carte d'identité, carte d'électeur, carte de crédit, master card, carte fidélité d'un restaurant français...
Note mémorielle. Cuddy est adepte de la gastronomie française.
Ben quoi ? Il s'agit là d'une simple investigation. Et tout mâle désirant s'accoupler doit, au préalable, se renseigner sur le buffet de la femelle.
Carte de don de sang, carte de don d'organe... Il ne manquait plus que la carte de don de soi.
Oui ! Cuddy est une belle femme ! Et je suis partisan de la reproduction contraceptive.
Alors que je me perdais dans une énumération sans fin de fromages français à éviter lors d'un possible dîner, elle est revenue, furieuse de s'être fait rouler par le poney grincheux.
Je lui ai alors tendu son bien avec un large sourire. Portefeuille qu'elle s'est empressée de m'arracher des mains en prenant bien soin de me griffer.
Hum... La ponette devenait tigresse. Intéressant...
Veuillez rester dans une optique de désir purement animal, je vous prie.
_ J'ai brutalisé cette femme House!
_ De mon point de vue... C'était vraiment tordant ! J'ai adoré le moment où vous lui avez tordu le poignet...
_ Allez au diable !
J'adore la faire sortir de ses gongs. C'est plus fort que moi. Elle a les yeux qui pétillent, sa poitrine qui se soulève à un rythme effréné... Juste magnifique.
_ Vous êtes très jolie aujourd'hui.
Oui, bon... Ça m'a échappé. Mais je reste campé sur mes positions, je n'aime pas cette femme! Je ressens une simple attirance, purement physique. Comme tout le monde, je fonds face à ses sourires et brûle à chaque regard de braise...
J'ai l'étrange impression que vous vous moquez de moi...
Bon ok, mon amour pour sa spiritualité, son intelligence et son attachement au parti démocrate dépasse un peu les limites du physique. Mais... Eh ! Je ne suis qu'un homme !
Comment ? Je m'enfonce ?
_ Je dois en rire ou en pleurer ?
Comprenez-la, elle était encore sur les nerfs.
_ Prenez le comme vous le voulez.
Décidément, beaucoup de phrases m'échappaient à cet instant !
_ Merci...
Un merci soufflé avec une certaine incrédulité. Tout à fait justifiée.
_ Et en la molestant, vous avez fait acte de bonté envers ses victimes. C'est bel et bien une pique-pocket. Mais elle n'a pas pu avoir votre portefeuille parce que je l'ai devancé sur ce coup-là.
Pour argumenter mes propos, je lui ai montré un homme sur notre droite qui tournait et retournait sa veste.
Et le feu dans tout ça ? Toujours au rouge. Pour la simple et bonne raison qu'il était défectueux.
Le banc de sardine a rapidement pris le dessus sur la circulation, provoquant un beau bordel.
_ Qu'est-ce qu'on fait ?
Bonne question. La dorade n'avait pas pu nous aider et nous nous retrouvions au bord de la rue, sans destination ni informations supplémentaires. Si les infirmières faisaient correctement leur boulot, on aurait pu avoir l'adresse. Mais aujourd'hui, quel formulaire est-il correctement rempli ? Je vous le demande !
_ On pourrait essayer de longer la rue du bar en hurlant son nom. Si elle a des connaissances dans le coin, ils demanderont à comprendre pourquoi on crie de la sorte.
_ Ils pourraient aussi fuir, de peur que notre folie soit contagieuse !
Il faut toujours qu'elle ramène tout à une réalité morbide.
_ Et pourquoi croyez-vous qu'elle connait du monde dans les parages ?
_ Généralement, quand on a quelque chose en plus dans le sang...
_ Drogues.
J'adore quand elle finit mes phrases. Ça donne l'impression qu'on est... Je vous vois déjà venir avec vos gros sabots ! Je préfère en rester là.
_ Mais... Vous n'avez pas fait de recherche toxicologique ?
Ouille ! Des fois, son intelligence et sa capacité de réflexion m'exaspèrent.
_ Traversons ! me suis-je alors exclamé.
Je ne lui ai pas laissé le loisir de me retenir et je me suis éloigné le plus rapidement possible.
Ok. Une petite explication s'impose.
Quand une femme d'une trentaine d'années se présente à vous en espérant une cure de vitamines. Qu'elle présente des symptômes s'apparentant à la fois à une allergie et une hépatite, et que le bilan sanguin révèle un corps étranger... Vous optez bien évidemment pour la prise inconsciente d'un cocktail de substances illicites. Quand cette même personne se nourrit mal parce que son compte en banque est toujours à découvert, le cocktail peut devenir substitut de molécules nécessaires à l'organisme. Ils deviennent placebos en quelque sorte. Ils bernent donc les tests mais pas le système immunitaire qui tire la sonnette d'alarme, provoquant convulsions et coma.
Pour pâlir à ce manque, il faut tout simplement mettre la patiente sous perfusion et lui donner les nutriments manquants. Le hic, étant de déterminer quels nutriments manquent.
Un simple médecin bourrerait la pauvre idiote. Mais un bon médecin saurait porter une plus grande attention à la flétrissure de ses doigts et la taille de ses œdèmes...
Pourquoi je vous raconte tout ça?
Pour vous faire prendre conscience que mon diagnostic était posé depuis le départ et que la patiente, qui m'avait raconté une blague tordante, était hors de danger.
Alors pourquoi prétexter un enquête en vue de lui sauver la vie?
Tout simplement parce qu'un mensonge en entraine un autre.
Cuddy n'aurait jamais dû me confisquer mes jouets.
Non, il ne s'agit pas là du plan d'un amoureux transi qui aurait décidé d'inventer une histoire à dormir debout pour pouvoir passer le journée avec sa Juliette!
Je m'ennuyais. Wilson était avec des patients, les scouts étaient je ne sais où et j'avais eu vent que la doyenne était dans l'aile est de l'hôpital. Je me suis donc précipité à son bureau et je suis entré sans prendre la peine de vérifier s'il était vide.
Comprenez alors ma surprise quand je me suis retrouvé nez à nez avec son postérieur.
_ Oh mon Dieu!
Là encore ça m'avait échappé. J'aurais pu garder le silence et profiter de la vue mais n'importe quel homme aurait lâché une telle apostrophe.
Bien sûr, elle ne s'est pas redressée dans le calme et bien sûr elle n'a pas pris ma déclaration comme un dû. J'étais grillé. Excité et grillé. L'opération sauvetage était tombée à l'eau et je me retrouvais, désarmé, face à une femme d'autorité légèrement désappointée... Il était donc devenu impératif que je trouve une pirouette. J'ai alors sauté sur le premier prétexte. Prétexte qu'elle a mordu à pleine dent.
Je reste d'ailleurs intimement persuadé que c'est ELLE qui s'est trouvée une excuse bidon pour passer du temps avec moi.
_ House!
Ça, c'est le signal qui indique qu'elle est vraiment en pétard. Avec ma jambe et demie je n'arrive jamais à la distancer. Mais là, il ne lui restait qu'un talon, et courir avec un seul talon devient rapidement problématique... Et comique.
Nous voilà donc en train courir dans les rues du New Jersey sous le regard ébahi de quelques américains.
_ House!
J'adore l'entendre crier mon nom comme ça. Certes, dans un endroit plus intime entre deux coups de boutoir, ce genre de cri mêlé de gémissements serait plus propice à me rendre euphorique... Mais on fait avec ce qu'on a et on laisse l'imagination finir le boulot.
Après cinq minutes d'une course poursuite palpitante aux yeux d'un groupe de chinois, je suis arrivé à un carrefour et elle m'a sauté dessus.
Oui, elle m'a sauté dessus. Il ne s'agit en rien là d'une quelconque métaphore. Lisa Cuddy s'est jetée sur moi et m'a agrippé au cou. J'entends encore mes vertèbres cervicales hurler à la mort.
_ J'ai dit stop !
Ah ça non, elle ne l'avait pas dit. Elle s'évertuait juste à renseigner tout le monde sur mon identité en s'égosillant.
_ Vous avez dit House. Je ne pouvais pas deviner que vous vouliez que je m'arrête. ai-je tenté d'articuler. (Elle m'écrasait de la main la pomme d'Adam)
Prenant conscience de ma difficulté à parler et à respirer, elle m'a lâché et m'a agrippé au col.
_ Ne me dites pas que je viens de perdre une paire de chaussures et tout un après-midi à ne rien faire !
Je ne suis pas d'accord. Une visite guidée du New Jersey, un déjeuner avec des dorades et des mérous, une excursion avec tout un banc de sardines. Ce n'est pas rien.
_ Ben...
Quand votre patronne vient de vous sauter à la gorge et vous fusille du regard, il est difficile de garder contenance. Surtout quand il s'agit de Lisa Cuddy.
_ House!
Ça c'est le signal d'un prochain coup de gueule dévastateur. Et j'avais tout sauf envie de me retrouver avec des heures de consultations en plus.
_ Oui j'ai fait un bilan, et oui elle est en voie de guérison.
Comprenez-moi, j'étais coincé. Mon dernier échappatoire résidait donc dans la vérité.
_ Mais alors... Pourquoi...
_ Eh! C'est vous qui avez insisté pour m'accompagner...
_ Parce que je croyais que votre patiente mourrait !
_ Bah, oui et non.
_ House !
Un léger mensonge s'imposait.
_ J'ai trouvé ce qu'elle avait parce que je suis un médecin exceptionnel mais je voulais être sûr à cent pour cent que mon diagnostic était valable. Et j'étais curieux de savoir ce que contenait ce cocktail explosif de substances illicites.
J'ai attendu qu'elle pèse mes mots, espérant que le coup du médecin égocentrique et prudent passe comme une lettre à la poste. C'était mal la connaître. « Être sûr à cent pour cent » faisant rarement parti de mon vocabulaire.
_ Vous vous fichez de moi là.
J'ai lâché un soupir. Pourquoi son Q.I était-il supérieur à la moyenne ?
_ Avouez le.
Là, j'ai cligné des yeux, persuadé d'avoir loupé le début de la phrase.
Avouez-le ? Avouer quoi au juste ?
Face à mon air interloqué, elle a jugé bon de préciser.
_ Avouez que vous vouliez passer du temps avec moi.
C'est sûrement la chose la plus absurdement vraie que j'ai eu à entendre de ma vie !
Oui, je devais me l'avouer ; passer du temps avec elle ne m'incommodait en rien. Bien au contraire. Je prenais plaisir à échanger avec cette personne qui avait la particularité d'accrocher mon regard.
Mais, sur le moment, il ne s'agissait pas de profiter d'une quelconque situation ! Il aurait été plus facile de m'enfermer avec elle dans une salle de consultation.
_ Vous divaguez.
_ Vraiment ?
Ça, c'est le genre de relance que je déteste. Et accompagné de ce petit sourire narquois... Il y a de quoi déstabiliser n'importe qui. Je peux vous l'assurer !
_ Je ne vous ai jamais demandé de venir.
_ Mais vous saviez que je viendrais.
Ok. Je suis un être exceptionnel, mais faut pas pousser le bouchon trop loin.
_ Et comment j'aurais pu savoir que vous décideriez de venir avec moi?
Prends ça !
Elle a ouvert la bouche puis l'a refermée. Magnifiques lèvres soit dit en passant.
_ Je ne sais pas... Peut-être parce que vous êtes House et que vous avez toujours un coup d'avance!
Ah... Ça c'est flatteur. D'ailleurs, je crois même avoir souri. Et c'est sûrement la raison pour laquelle ses traits se sont adoucis. Ce qui m'a définitivement achevé.
_ Vous auriez pu simplement m'inviter. Ça nous aurait évités de parcourir tout le New Jersey.
Mais c'est pas vrai !
J'ai fermé un instant les yeux afin d'éclaircir mon esprit. Cette obstination commençait à me hérisser le poil du mauvais côté... Mais d'un autre point de vue, sa phrase incluait le fait... Qu'elle aurait accepté?
J'ai immédiatement rouvert les yeux pour me mettre à la fixer ardemment.
Oui, ardemment, au point que la température monte de quelques degrés...
Bon, ok, j'exagère. C'est surtout ma façon à moi de faire pâlir mes penchants abrutissants. Oui je l'avoue, à des moments, mon intelligence et mon caractère flanchent et je peux sortir des énormités comme :
_ Ah Ha!
Et ce, en levant le doigt en l'air avec conviction.
En une fraction de secondes, je venais de réduire à néant toute chance de passer pour un adulte responsable... Et il fallait que ce soit devant elle...
Elle a haussé les sourcils. J'ai grimacé. Mais quel idiot !
Après avoir sorti cette énormité, j'aurais pu me ressaisir... Mais non ! Ce jour-là, je m'étais sous-estimé.
_ Alors la ponette rêvait de se faire chevaucher hein !
Si un bruit de klaxon n'avait pas couvert ma voix, vous auriez pu vous rendre au cimetière de la ville et lire sur ma pierre tombale :
Ci-gît Grégory House. Que sa bêtise quasi inébranlable s'efface de nos mémoires afin de garder le souvenir d'un médecin remarquable.
Quant à mon autopsie, elle aurait révélé la présence d'un talon d'environ quatre centimètres logé dans ma gorge.
Après avoir loué les vertus sonores des klaxons. Je lui ai donné mon dos. Ma façon à moi de clore la conversation.
Mais ce jour-là, elle avait décidé de s'accrocher à mon slip de bain.
_ Vous allez souvent à la piscine ?
Elle a écarquillé les yeux.
Je ne pensais pas qu'on pouvait tant arquer des sourcils.
_ House... Tout va bien ?
Mon cerveau ne fonctionnait plus mais à part ça...
_ Ils se sont battus.
_ Qui donc ?
Les trois poils de ton cul.
Rassurez-vous, celle-là est restée bien au fond de ma gorge.
_ Eux là.
Je lui ai montré une direction du menton qu'elle a tout de suite suivi du regard.
Mon cerveau était vraiment en arrêt maladie mais au moins, cet enfantillage m'a permis de prendre mes jambes à mon cou.
Et dans ma précipitation, j'ai oublié la règle fondamentale apprise à tout enfant qui traverse la rue : Tourner la tête telle une girouette à l'affût du moindre véhicule suspect.
Foutu cerveau défaillant !
Vous vous rappelez de cette Mercedes qui a manqué de réduire ma supérieure à l'état de crêpe?
Eh bien je l'ai aperçu du coin de l'œil, garée sur ma droite. Une attention qui m'a alors valu de me faire happer par la hanche... De façon assez brutale pour que mon corps s'en souvienne encore.
TBC...
