Un tout nouveau OS sur Saint Seiya !

(OS que j'ai choisi de diviser en deux parties. Pourquoi ? Euh... Bah je voulais le publier le jour de mon anniversaire mais vu que je ne l'ai toujours pas fini... bref !)

Pairing: Minos du Griffon x Rune du Balrog (aussi écrit Lune du Balron ou encore René du Balron. Perso, je me suis habitué à lire Rune du Balrog alors je continue dans cette lancée, hein?)

What else ? J'adore ce pairing ! *o*

Ah, et j'ai peut-être -surement même- dû oublier de me corriger. Je m'excuse d'avance pour les fautes o/


Impassibilité

–« Bouh ! »

Elégamment, Rune sursauta. Puis il grogna, une expression douloureuse sur le visage et porta une main à son crâne. Et voilà, ses migraines le reprenaient. Merci qui ?

–« Seigneur Minos... », grinça le procureur pour seules salutations en se massant la tempe.

Souriant d'un air plein de sadisme habituel, ce dernier sortit de l'ombre. Il s'avança pour être aux côtés de son bras droit qui était derrière son bureau, ravi de son petit effet. Il était arrivé de façon tout à fait discrète, cosmos camouflé et pas feutré expressément pour surprendre le Balrog – une mauvaise habitude.

Au bas des marches, une âme tremblait, attendant visiblement son jugement mais cela était un détail peu important aux yeux du juge d'Hadès. Ses pupilles malicieuses restaient fixées sur son remplaçant qui n'en quittait pas moins ses priorités – à savoir, son travail.

–« Donc… », marmonna ce dernier, faisant totalement abstraction de la présence de son supérieur en se concentrant sur son épais registre pour reprendre son jugement. « Pour les péchés dont vous êtes accusés, votre sentence est la deuxième prison. »

Le marteau claqua sur le bureau et, l'accusé disparu dans un dernier cri de terreur… qui fit grimacer une fois de plus le procureur.

–« La séance est levée. Au suivant ! »

Le Griffon profita de cette courte pause pour se pencher par-dessus l'épaule de son comparse, approchant sa bouche de son oreille abritée derrière le rideau blanc de ses cheveux.

–« Quelle ardeur au travail… », souffla-t-il, fasciné. « Je suis heureux de voir que je peux compter sur toi en cas de besoin… »

Il laissa volontairement son souffle caresser le morceau de chair et fut bien tenté par l'idée de le mordiller.

Royalement, une fois de plus, Rune l'ignora. Il s'adressait au nouveau venu avec indifférence, lui récitant ces mêmes mots qu'il ressortait inlassablement à tous les condamnés qui passaient devant lui. Il semblait se moquer totalement de la présence de Minos. Après tout, ce n'était pas la première fois qu'il essayait de le déstabiliser de la sorte.

Intérieurement, Rune était blasé.

Son supérieur n'était pas censé se trouver là mais en réunion avec les seigneurs Rhadamanthe et Eaque. Il avait donc été convenu qu'il prendrait sa place jusqu'à l'aube, c'est pourquoi il en venait à la conclusion que celui-ci n'était pas du tout venu reprendre son travail. Même s'ils avaient terminé plus tôt leur affaire, son supérieur allait profiter de la tranquillité jusqu'aux heures convenues. Il s'agissait surement d'une de ses nouvelles lubies : venir l'ennuyer pendant ses jugements.

Avec tout le respect qu'il lui devait, le procureur savait que le juge d'Hadès ne faisait que ce qu'il voulait. C'était assez évident de comprendre que ses intentions étaient tout sauf bonnes à ce jour.

Oh, il s'y était habitué aux farces de son supérieur. Et puis il avait toujours su être extrêmement maître de lui lorsque ce dernier s'était mis en tête de l'importuner d'essayer de le perturber – chose qui semblait être devenu une attraction pour lui. Ce n'était pas rare que Minos vienne s'amuser à le déranger de façons variés… A se demander où il allait pécher ses trouvailles.

Ce souffle chaud qui lui caressait l'oreille n'était pas vraiment nouveau. Il avait déjà testé cette technique quelques fois auparavant. Heureusement pour lui, il avait vite réussit à faire abstraction de ces frissons qui lui remontaient le long de l'échine... Tout de même, il était loin le temps des ballons d'eau à la sortie du tribunal – quoique le coup du cri dans son oreille n'était pas tout récent. Mais, entre ça et les louches tentatives d'approche de son supérieur, il préférait encore rentrer tremper chez lui…

Tout ça pour dire que Rune n'appréciait pas la bonne humeur du Griffon. C'était toujours synonyme de problèmes et de provocations sensuelles.

–« Rune… Tu ne m'écoutes pas. », lui reprocha-t-il tranquillement, frottant son nez contre son oreille.

Il ne reçut qu'un pauvre regard en biais de son subalterne avant que ce dernier ne reporte son attention sur le prochain condamné. Il étouffa un ricanement. Même si le blandin s'appliquait à rester parfaitement stoïque, il avait pu noter la légère lueur agacée dans son regard. Ca lui plaisait. Mais ça ne suffisait pas.

Minos le regarda juger le nouveau venu.

Toujours droit, indifférent, impartial, méticuleux… Rune jugeait avec professionnalisme. Rien à redire sur son travail. C'était agaçant. Aucune parole de travers ou de trop, aucun geste inutile ou déplacé… Chaque détail était consciencieusement pensé, calculé avec soin. Personne s'appliquait autant à la tâche que le Balrog.

Un sourire carnassier étira ses lèvres.

–« Sixième prison, troisième vallée, hm… ? », minauda tranquillement le juge avec curiosité. « Je serais curieux de connaître la nature de ses péchés… »

–« Toutes mes excuses Seigneur Minos, mais les morts continuent d'arriver et… »

Sa langue claqua contre son palais avec désapprobation.

–« Aller, donne-moi juste quelques détails… C'est un ordre, Rune. Oserais-tu refuser d'obéir à un ordre direct de ton supérieur ? »

L'interpellé ne masqua pas son soupir excédé en retournant à sa page. Minos en ricana, pas le moins du monde offusque de cette réaction. C'était la seule personne à qui il autorisait un tel comportement, un tel affront. Un autre serait déjà la victime de ses fils menaçants. Un autre, mais pas Rune. Pourquoi ? Parce que c'était justement ces réactions qu'il recherchait chez lui. Qu'il aimait le tirer de sa routine trop paisible pour être agréable.

Au fond, il ne faisait que mettre un peu de piment dans sa vie monotone. Le Balrog devrait lui en être reconnaissant.

–« Bien sûr que non, monseigneur. », répondit ce dernier de son ton plat sans lui adresser le moindre coup d'œil. « Cet homme a péché, croulant littéralement dans la luxure durant son existence entière. »

–« Mais encore ? », roucoula le curieux.

–« Attouchements sur ses sœurs aînées durant son enfance, viols répétés, actes de pédophilie, abus répétés sur sa femme et tromperies fréquentes. »

Comme toujours, le récit était désintéressé mais le Griffon se passa une langue mutine sur ses lèvres. Son regard ne cessait de scruter son cher Balrog, guettant la moindre de ses réactions.

–« La totale quoi. »

Seul le silence acquiesça.

Le regard lilas se tourna finalement vers lui, attendant visiblement l'autorisation de poursuivre ses jugements. Il le fit poireauter ainsi quelques longues secondes, s'amusant à lui rendre son observation avec un plaisir évident. Rune ne baissait jamais les yeux face à lui. C'était bien le seul, tout autre spectre inférieur à lui finissait par baisser les yeux. C'était distrayant un tel comportement venant de son imperturbable bras droit.

Minos avait vraiment envie de le percer à jour, de voir s'effriter cette indifférence barbante pour laisser place à autre chose. N'importe quoi : soupires, rires, pleurs… plaisir...

Voir Rune rouge de désirs, le regard brumeux, le corps tremblant, la peau trempée de sueur, les cheveux ébouriffés autour de lui, l'expression partagée entre soumission et jouissance… C'était un de ses grands fantasmes.

Il se pourlécha les lèvres.

Assez fantasmé, place à la réalité, songea-t-il avec motivation : il désirait ardemment cette vision.

Rune continuait de regarder son supérieur avec lassitude.

Son regard gris-violet brillait, ce n'était pas bon signe. Pas pour lui en tout cas. Il l'avait compris très rapidement à force de le côtoyer. Il avait ce regard à chaque fois qu'il avait une idée. Or, à chaque fois qu'il avait une idée, c'était une mauvaise.

Retenant poliment un soupir, le procureur impatient fini par lui demander l'autorisation de poursuivre son travail. Il aurait volontiers ajouté « en paix » mais il se doutait que le juge trouverait exprès quelque chose pour ne pas lui accorder cette joie. Ca lui ferait trop plaisir qu'il lui montre son ennuie. Alors il s'abstint et attendit… Il eut finalement l'autorisation tant désirée.

Mais le sourire qu'eut le Griffon ne lui dit rien qui vaille. Encore.

Le marteau frappa sur le bureau alors qu'il réclamait son prochain accusé. Les portes imposantes s'ouvrirent alors et un énième personnage pénétra dans le tribunal, sa démarche hésitante comme de coutume, le pas trainant. Il siffla de mécontentement mais s'abstint de tout commentaire pour cette fois.

Une fois l'homme au centre de la place, il ne tarda pas réclamer son identité pour ensuite aller feuilleter l'épais registre devant lui. Il avait toujours procédé de la sorte.

–« Enoncez vos péchés. »

Alors que l'homme s'exécutait honteusement sous l'écoute attentive et morne du procureur, ce dernier retint son souffle.

Sans gêne, Minos était en train de lui mordiller l'oreille. Comme ça, sans raison – surement pour s'amuser en fait.

Il grinça des dents. La chaleur lui grimpa aux joues mais il fit comme si de rien n'était, espérant que son cher supérieur se lasse rapidement de son jeu en le voyant ne pas réagir à ses attentions – ce qui, au contraire, le motivait à poursuivre.

Tous les deux étant de grands entêtés, lequel des deux auraient le dernier mot ?

Rune n'accorda pas le moindre regard à son condamné qui, lui, était éberlué de ce qui se déroulait devant ses yeux. Le Balrog n'attendit pas la fin de ses aveux, le nez dans son livre, et l'envoya prestement dans la prison adaptée pour se débarrasser de ce spectateur indésirable.

Il avait beau être maître de lui, il n'était, mais vraiment pas, habitué à ce genre de traitement. De plus, son hypersensibilité aux sons lui révélait très bien les bruits pourtant légers de sussions sur sa peau, le dérangeant irrémédiablement dans son travail et le déconcentrant suffisamment à son goût.

Le Balrog inspira longuement pour essayer d'oublier ces pincements affamés sur son oreille.

–« Seigneur Minos, comptez-vous reprendre votre poste ? » L'interrogea-t-il aussi neutre qu'à l'accoutumée.

Pour son plus grand plaisir, il prit bien son temps avant de lâcher enfin son lobe.

–« Non, bien sûr que non… Tu te débrouilles très bien sans moi, mon cher Rune... », Répondit tranquillement le visé avec un coup de langue sur le morceau de chair rougi.

Et les audiences reprirent. De même que le jeu qui, de toute façon, n'avait pas vraiment eut le temps de cesser.

Rune déglutit.

Alors que les mordillements avaient fait place à un souffle brûlant, une main du juge s'était mise à le masser alors que l'autre caressait innocemment sa nuque du bout des doigts. La première était plus fourbe. D'abord l'épaule, geste innocent mais tout de même perturbant, puis elle avait commencé à descendre. Elle massait par-dessus le tissu, s'attardait sur certaines zones comme la poitrine, et les abdos, puis remontait pour pincer pile un mamelon invisible sous l'épaisse tenue sombre qu'il portait.

En tout bon sadique qu'il était, Minos s'attardait sur cette zone. Longuement. Tortueusement. Sadiquement.

Le procureur peinait à rester concentré. Habituellement, Minos n'allait pas jusque-là lorsqu'il choisissait de le déranger. Il s'était toujours arrêté aux bruits et vannes gênantes. Jamais il n'était allé jusqu'à le toucher de la sorte.

C'était tellement perturbant…

–« Eh bien, Rune ? Que t'arrive-t-il ? Continue, tu vois bien que cette âme attend son jugement… », fit moqueusement remarquer son tortionnaire.

Il voulut rétorquer qu'il y parviendrait mieux s'il cessait là son petit manège, mais il savait que son supérieur ne s'en délecterait que davantage.

Mâchoire crispée, il entreprit de porter son jugement.

Une exclamation étouffée glissa de ses lèvres.

Joueur, le Griffon venait d'apposer ses lèvres sur sa gorge. Sa bouche s'appliquait à la dévorer de baisers et de coups de langues qui, à chaque instant, semblait faire naître un nouveau brasier en lui. Il avait de plus en plus chaud et la morsure sur sa pomme d'Adam n'arrangea rien. De même que celles qui suivirent à la jonction de son épaule.

Douleur, lèches, baisers silencieux, puis baisers bruyants, re-morsure, nouvelle léchouille tortueuse sur la zone endolorie…

Et cette main qui continuait à lui caresser le torse…

Et l'autre qui dessinait des arabesques complexes dans sa nuque sous son vêtement…

Rune s'éclaircit la gorge, faisant fi de cette fièvre dangereuse qui le consumait et annonça à son interlocuteur – non sans difficulté – qu'il était destiné à la troisième prison. Celui-ci disparu, ses rougeurs reflétant les siennes.

Pitié, que tout cela cesse…, implorait-il en silence, luttant pour conserver un souffle régulier plus ou moins normal.

Mais c'était peine perdue.

Il glapit franchement, le regard exorbité, lorsque la main de son seigneur vint se poser sur son entrejambe.

–« Tout va bien Rune… ? », se moqua-t-il, le ton doucereux et lent. « Je te sens… crispé… »

Il gémit.

Le visage du juge était si proche que son souffle, qu'il trouvait bien trop chaud à son goût, touchait sa joue et la pression encore légère sur son bas-ventre était de trop.

Le rouge aux joues, haletant avec difficulté sous cette chaleur dévorante qu'il ressentait toujours plus, il s'appliqua à ne surtout pas regarder son supérieur, détournant clairement le regard sur le côté vide de son siège.

Il devina aisément sans le voir le sourire carnassier, de même que ce regard imposant qui semblait lui brûler la peau sans même la toucher.

Minos, lui, était comblé : il avait la preuve que son bras-droit n'était pas infaillible et la gêne qu'il pouvait lire sur son visage et dans ses réactions lui convenait… et lui apportait la confirmation qu'il désirait. Rune était vraiment magnifique sans son masque d'impassibilité. Il comptait bien poursuivre encore le jeu un petit moment.

Il se passa la langue sur les lèvres avant de ramener celles-ci contre son oreille empourprée.

–« Tu sembles tellement las… Tu aurais bien besoin de te détendre mon pauvre Rune… »

–« A-ah… ! »

Alors que les dents de son supérieur s'étaient de nouveau refermées sur son lobe qu'il suçotait et mordillait tour à tour, sa main posée sur la partie sensible de son anatomie s'était faite plus insistante. A travers son vêtement ample, elle commença à le caresser avec une extrême lenteur, lui soutirant soupirs et gémissements encore difficilement contrôlés.

Une lueur d'amusement brillait dans le regard du juge qui s'autorisa à observer son bras droit.

Il le trouvait tellement magnifique en cet instant. Tellement captivant, excitant. Ses pommettes étaient rouges au possible, ses yeux plissés, son regard brumeux détourné, sa peau enflammée sous la sienne… Il adorait ça. Il adorait ce désir qu'il parvenait à faire naître chez le réputé impassible Rune et la vision qu'offrait ce dernier était la plus séduisante qu'il ait pu voir. Si ça ne tenait qu'à lui, il le prendrait là, sur le champ sans même se soucier des âmes spectatrices.

Mais il voulait lui faire perdre la tête, il voulait voir se briser son entêtement. Il voulait le voir le supplier de satisfaire son désir. Voir son visage décomposer par la luxure, le voir prêt à satisfaire lui-même ses envies…

Oui, Minos voulait pervertir cet être impassible et pur qu'était ce spectre à son service.

–« S-suivant… ! »

Le juge hésita entre rires, étonnement et admiration. Malgré tout cela, Rune continuait de résister. Malgré son souffle court, ses joues cramoisies, son regard voilé, sa voix chevrotante… Malgré le désir évident qu'il sentait sous sa main, ce dernier continuait de travailler. Sans même s'adresser à lui. Sans même lui accorder la moindre attention.

Il fronça les sourcils mais n'en dis rien.

Pendant le jugement suivant, il n'avait rien arrêté à ses actions. Le Balrog avait peiné à faire tomber la sentence. Les caresses qu'il lui avait prodiguées s'étaient faites bien plus insistantes, plus poussées, plus conséquentes et déstabilisantes. Il avait pris en main la colonne de chair par-dessus le tissu et l'avait longuement caressé de mouvements tortueux avec une lenteur extrême…

Pourtant, Rune n'en dit rien.

Même s'il n'en pouvait plus, il prenait sur lui. Jamais il ne flancherait en plein travail, et l'idée de ne pas donner à son supérieur ce qu'il attendait le motivait à lui résister. Il ne voulait pas craquer. Pas ici, pas pendant qu'il s'évertuait à juger.

Après un long moment de silence, Minos s'adressa à lui avec un sourire mielleux.

–« Bien, je vois que tu es débordé, je ne vais pas te distraire plus longtemps. », lui susurra-t-il, machiavélique, au creux de son oreille.

Et sans plus de cérémonie, Minos du Griffon quitta le tribunal.

Rune eut d'abord du mal à le croire. Que Minos abandonne ainsi, ça semblait tellement irréel… Mais les minutes s'écoulèrent et ce dernier ne refit pas surface. L'actuel juge ne sut quoi en penser, son désir était toujours là malgré lui et il savait qu'il ne parviendrait pas aisément à le faire taire… Maudit Griffon.

Il frémit une dernière fois, serrant la mâchoire pour essayer d'oublier la douleur de son bas-ventre et eut un long soupir las. Il avait hâte que cette journée se termine.

–« Suivant… »

#

Des heures plus tard, Rune était de retour dans ses quartiers. Il s'y engouffra avec empressement et se précipita ensuite dans sa salle de bain sans même remarquer l'intrus étendu sur son lit.

Un sourire s'étira dans l'ombre.

Le Balrog, quant à lui, haletant, avait pris appuie sur le lavabo, le corps tremblant. Aucunes sensations ne l'avaient quitté. La douleur mêlée au désir étaient toujours présents dans son bas-ventre.

Il avait pourtant tenu. Il avait tenu des heures durant, assit dans le tribunal derrière son bureau, encore tiraillé par les diverses sensations. Encore tiraillé par le souvenir des gestes de son supérieur, de la caresse de ses doigts sur sa peau, de son souffle contre son oreille, ses morsures...

Rien de tout cela ne parvenait à lui sortir de la tête. C'était bien la première fois de toute son existence qu'il en venait à maudire sa mémoire infaillible.

Cela remontait à bien des heures et pourtant, il se souvenait avec précision des touchers, du tracer des mains expertes sur la tenue sombre, du chemin qu'elles avaient parcouru, de l'intensité de leur appuie sur certaines zones de son corps… Parfois, c'était comme si les dents taquines se refermaient encore sur son oreille. Il haletait.

D'un geste brusque, il se débarrassa de la toge noire. Elle chu à terre alors que son regard épuisé encore bien voilé de désirs scrutait son reflet dans la glace.

Sur sa peau pâle, il voyait les marques rouges laissées par les taquineries de son supérieur.

Il baissa les yeux.

Son érection était elle aussi toujours là, bien présente et surtout, bien douloureuse.

Il ferma les yeux dans l'espoir de reprendre son souffle… mais il fut à la place assaillit par les souvenirs. Cette bouche dévorant son cou de baisers et de suçons, ces mains qui le caressaient, qui se refermaient sur son sexe…

Il gémit.

Sa main remonta jusqu'à son front avec une grimace douloureuse, la mâchoire serrée… puis elle redescendit alors qu'il se laissait soupirer, cherchant à se calmer. Un sentiment semblable à la résignation brillait dans ses yeux semi-fermés. Sa main suivit exactement le trajet qu'avait effectué celle de Minos. Il frôla les marques rougies sur sa gorge, son épaule, glissa vers sa poitrine sans même être conscient d'être sujet à une observation fascinée depuis l'entrebâillement de la porte mal refermée.

Malgré tout, ses doigts ne passèrent pas sur le mamelon mais le contournèrent. De même qu'ils ne se posèrent pas sur son sexe tendu et se contentèrent de reposer le long de son corps alors qu'il baissait la tête. Il n'était pas capable de se toucher comme Minos l'avait fait. Cela le répugnait. Ca et le fait qu'il n'en tirerait rien de profitable.

Se toucher, se donner du plaisir en solitaire… l'idée ne l'avait jamais convaincu. Et, même alors qu'il se trouvait dans un état bien excité malgré lui, il se refusait toujours à une telle chose.

Rune soupira, la tête basse. Les longues mèches blanches lui tombaient devant les yeux et il resta un court instant ainsi. Intérieurement, il espérait que le Griffon ait obtenu ce qu'il cherchait. Il savait que ce dernier voulait le voir sans son masque d'impassibilité. C'était chose faite maintenant, n'est-ce pas ?

Ses dents se serrèrent, il retint un énième gémissement plaintif.

Encore ces images et ces sensations…

Un frisson lui remonta le long de l'échine. Il secoua la tête et ramena sa main sur son front. Une douche glacée l'aiderait peut-être à se calmer… ? Même s'il n'y croyait pas, il ne vit rien d'autre à faire.

Le Balrog pénétra donc sans plus attendre dans la cabine de douche et le jet froid ne tarda pas à venir lui fouetter la peau.

–« Que cela cesse… »


TO BE CONTINUED ! :D

(gardez les tomates pour la fin)