Hello ! Cette histoire est due à mon petit frère qui désirait écrire le roman de golden sun. Sa manière d'écrire étant encore très enfantine, je lui ai filé un coup de main, et finalement, j'écris la majorité de l'histoire. J'espère que ça vous plaira !
Disclaimer : Golden sun ne m'appartient pas, malheureusement ou heureusement !
Rating : K+
Genre : Adventure
PROLOGUE
Ou
Trois ans avant le début de notre histoire.
L'orage faisait rage alors que Dora traversait la petite chaumière. Ses cheveux d'or brillaient à la lumière des bougies, et elle courait sans prendre garde aux mèches rebelles dans ses yeux.
Elle monta les marches quatre à quatre pour se diriger vers une petite chambre. L'inquiétude déformait son beau visage et la terreur pure pouvait s'entendre dans sa voix quand elle appela la forme recroquevillée dans son lit.
"Vlad ! Vlad, mon chéri, lève toi !"
Plus que la voix de sa mère, ce fut un soudain coup de tonnerre qui réveilla le dormeur, légèrement vaseux, il cligna les yeux à multiples reprises avant d'entendre clairement une phrase :
"Le rocher va tomber !"
Tout le monde savait ce qu'était le rocher du Mont Alpha. C'était un énorme roc, il se fendillait lentement chaque seconde, au milieu de la pente du Mont Alpha qui bordait le village de Val. Depuis plusieurs années déjà, la principale crainte des villageois était qu'il tombe, crainte qui se trouvait doublée à chaque tempête, triplée à chaque semaine...
Un nouveau coup de tonnerre se fit entendre, faisant sursauter le jeune garçon qui était encore allongé dans son lit. Il se releva immédiatement, prêt à courir pour se mettre à l'abri quand sa mère le retint.
"Un instant jeune homme, il pleut à seaux dehors, ne sors pas sans ta tunique."
Le garçon n'eut même pas à se retourner pour aller chercher sa tunique qui se trouvait de l'autre coté de son lit, Dora tendit la main, et un gant translucide se saisit de la petite tunique qui rejoint rapidement la main de la jeune femme.
C'était la psynergie.
La psynergie, c'est une énergie naturelle. Certaines personnes se retrouvent à la naissance ou au cours de la vie dotés de la capacité de contrôler l'un ou l'autre des éléments. Avec cette énergie, et même sans, certains objets et de l'entrainement permettaient également d'en maitriser une partie.
On appelait ceux qui usaient de psynergie les "mystiques".
Tous les villageois de Val étaient mystiques. Ils étaient affiliés au feu ou à la terre, mais chacun avait la capacité de déplacer des objets, de les saisir de loin, et autres facultés.
Dora venait d'user de cette psynergie pour s'emparer de la tunique de son fils.
Sans attendre une seconde de plus, elle la fit enfiler à son fils qui ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel. Il avait quatorze ans, il savait s'habiller tout de même...
Mais il y avait autre chose à penser à ce moment, et ce fut un coup de tonnerre faisant trembler la maison qui le lui rappela.
"Tu n'as rien oublié ?
- Non, rien d'important.
- Bien, Vlad. Un bien peut être remplacé, pas une vie."
Sans un mot supplémentaire, elle descendit les escaliers plus vite encore qu'elle les avait montés, un adolescent à sa suite. Elle se retenait de saisir la main du garçon qui le suivait, elle savait que ce n'était plus un petit enfant, mais c'était son fils, l'une des personnes qu'elle aimait le plus au Monde, et elle était terriblement inquiète.
Kyle, son époux, entra à ce moment dans la chaumière, les invitant à se dépêcher.
"Le rocher pourrait tomber à tout moment !"
Un bruit d'effondrement retentit soudain, peut être une maison du voisinage qui perdait son toit, peut être une pierre qui était rentrée dans une habitation... Ils n'avaient même pas envie de savoir ce que c'était, c'était assez effrayant ainsi.
Vlad eut un instant la vue de l'extérieur cachée par sa mère, mais la seconde d'après, il était accueilli par une douche froide. La pluie martelait le sol et les êtres vivants avec la force et la cruauté d'une rapière, frappant sans pitié tous ceux qui avaient l'audace de se mesurer à elle, hurlant sa colère dans un bruit qui rendait impossible toute conversation parlée. Il fallait hurler pour se faire entendre.
L'adolescent ne voyait plus à deux mètres devant lui, et le sol lui semblait couvert d'une brume verdâtre qu'il devinait être ce qu'il restait des herbes qui autrefois s'élevaient élégamment.
C'était avant qu'elles ne se retrouvent noyées sous des trombes d'eau.
"Kyle, penses-tu qu'ils parviendront à stopper le rocher ?
- J'en doute, répondit son mari en jetant un œil dans la direction que Vlad supposait être celle des anciens, ou du moins, pas pour longtemps."
Il sembla hésiter un peu, puis plongea ses yeux dans ceux de son enfant et déclara sobrement :
"Vous deux, joignez la place.
- Tu ne viens pas ? S'étonna Dora.
- Je dois aider à évacuer les autres villageois."
Dora sentit son cœur se serrer, elle ne pouvait pas laisser Kyle risquer sa vie seul. Elle regarda son fils qui sembla acquiescer.
"Laisse moi t'aider, Kyle !
- C'est trop dangereux, Dora. Occupe toi bien de Vlad.
- Vlad est bien assez grand pour aller lui même à la grand-place. Tu peux trouver ton chemin, pas vrai ?"
Vlad approuva les dires de sa mère aussitôt, comprenant à quel point elle voulait aider son père. Il croisa les doigts en espérant que ses amis se trouveraient déjà à la grand-place...
"Tu sais où c'est, il y a juste à se rendre au sud, ajouta Dora plus pour se rassurer elle même que pour son fils, Sois prudent !"
Sur ces mots, elle rejoignit Kyle et les deux partirent rapidement vers le nord.
Vlad essaya de lever les yeux pour voir le ciel, mais il fallut qu'il les rabaisse aussitôt, la pluie semblait à présent composée de flèches, transperçant chaque parcelle de sa peau non protégée.
Baissant la tête, il allait descendre les escaliers à coté de chez lui pour rejoindre la grand-place quand une sorte d'éclair sombre lui passa devant, le bousculant au passage. Il glissa mais parvint à éviter de tomber, et se massa un instant le coude, là où la chose l'avait heurté.
Regardant ce qui était tombé, il put voir une pierre, noire. Il en avait déjà vu des identiques, elles étaient partout sur le mont Alpha. La pierre avait écrasé les marches de l'escalier, rendant impraticable ce chemin...
Ce ne fut que là que la réalisation le frappa.
Une seconde plus tard, et il subissait le sort de ces escaliers.
L'horreur lui tordit la gorge et il secoua la tête pour se remettre les idées en place. Il fallait qu'il trouve un autre chemin... et surtout qu'il soit vraiment prudent.
Partant à la suite de ses parents, il passa devant une maison qu'il connaissait bien, pour être celle de son meilleur ami, Garet. Étant le petit fils du maire, celui-ci avait sûrement été évacué parmi les premiers.
Sûrement...
Sauf que les grognements qui venaient de derrière la maison ressemblaient drôlement à ceux de son ami quand il faisait un effort.
Et effectivement, même s'il le voyait de dos, les cheveux rouges qui se dressaient sur la tête de l'adolescent qui tentait apparemment de tirer quelque chose étaient clairement ceux de Garet.
"Garet ?
- Nngggh, que veux-tu, Vlad ?
- Peux-tu me dire ce que tu essaies désespérément de faire ?
-J'essaye de sauver mes affaires !"
Son ami ne put s'empêcher de hausser un sourcil. Quelles affaires pouvaient mériter qu'on risque sa vie pour elles ? Il s'approcha de Garet et lui tapota l'épaule.
"Tu ferais mieux de laisser ça là et de courir.
- Qu... tu veux que j'abandonne mes affaires ?
- Oui, ça vaut mieux que de mourir tu ne crois pas ?
- Tu crois ? C'est que j'y tiens… Mais quand je vois ce qui risque de me tomber dessus si je reste ici… Tu sais quoi ? Tu as raison ! Fichons le camp d'ici et rejoignons la Grand-place !
- Le chemin près de la maison est fichu, on doit en trouver un autre.
- Il y a toujours celui juste à coté du pont, si tu n'as pas peur que celui-ci lâche.
- Ce n'est pas comme si on avait le choix, répondit Vlad, de plus, nous pourrons vérifier si Pavel, Lina, et leurs parents ont évacué."
Les deux amis se dirigèrent en courant vers le pont, laissant un chariot, empli de diverses affaires, sous la pluie.
Le pont tremblait. A chaque gros coup de vent, les cordes semblaient se détendre et la passerelle paraissait sur le point de s'effondrer.
Garet attrapa les cordes de chaque coté du pont et avança prudemment et rapidement, prenant soin de ne pas regarder en bas.
Vlad se sentit frissonner quand il jeta un œil à la hauteur au dessus de laquelle ce pont instable trônait, et déglutit lentement. Il n'avait jamais vraiment regardé la hauteur quand il traversait auparavant, en courant parfois. Mais cette nuit là, ça lui était terrifiant, il avait l'impression qu'à chaque instant il allait tomber dans cette immensité qu'était la rivière déchainée de Val.
Il posa un pied, timidement, et se força à suivre Garet des yeux pour ne pas regarder en bas.
Ses mains saisirent fermement les cordes, il les serra si fort qu'il pensa un moment qu'elles transperceraient ses doigts, puis il avança, doucement, tentant de ne pas perdre son équilibre.
Ses mains glissaient, son pied trébuchait sur les irrégularités du bois glissant. Au beau milieu du pont, il perdit l'équilibre et se suspendit presque aux cordes pour ne pas tomber quand le pont fit une embardée due à une recrudescence de la tempête.
La seconde d'après, il basculait au dessus des cordages si Garet, voyant sa position instable, ne s'était pas précipité pour le retenir.
Les deux amis restèrent une seconde allongés sur le pont et se relevèrent en haletant, réalisant qu'ils étaient passés près de la catastrophe.
Pétrifiés sur place, ils hésitaient même à bouger, de peur que l'un des deux ne se retrouve à nouveau en position critique.
Une phrase criée, cependant, les remit en marche immédiatement. Un hurlement suivi des mots :
"Le rocher tombe !"
Faisant de son mieux pour voir à travers la pluie, Vlad dirigea son regard vers le lieu où une énorme masse sombre semblait menacer de le renverser. Des lueurs l'entouraient, et l'adolescent n'avait besoin de personne pour deviner qu'il s'agissait de la psynergie des anciens et de quelques autres villageois. Il n'était pas difficile de comprendre qu'ils utilisaient tout ce qu'ils avaient pour retenir l'énorme roc.
"Il est trop lourd, nous n'arriverons pas à le retenir !
- Nous devons tenir suffisamment longtemps pour que les villageois puissent se mettre en sécurité !"
Épuisé, l'un d'entre eux s'arrêta un instant et se tourna vers la rivière. Remarquant les deux amis, il leur cria :
"Courage tous les deux, la place n'est plus très loin !" Leur cria-t-il.
Ils protégeaient ce qu'ils aimaient, leurs amis, leur famille, leur village, ils le faisaient en risquant leur vie. Subjugué, Vlad mit un instant avant de réaliser la position dans laquelle ils se trouvaient.
Si le rocher tombait, ils étaient droit sur son chemin.
Étant parvenu à la même conclusion, Garet se redressa et traversa ce qu'il restait du pont à grande vitesse, suivit par son ami qui retrouva la terre ferme avec un soulagement qu'il ne prit pas la peine de dissimuler.
Le soulagement fut cependant de courte durée.
Les escaliers à coté du pont, qui permettaient de rejoindre la grand-place, étaient détruits, de larges morceaux de roche en montraient la cause : Un roc était tombé dessus, le détruisant et explosant en même temps.
"Ce n'est pas possible, Gémit Garet, par où va-t-on descendre maintenant ?"
Vlad ne prit pas le temps de répondre. Il se précipita vers l'extrémité du village. Il savait qu'il y avait encore un escalier par là, et étant beaucoup moins exposé que les autres, il y avait peu de chances qu'il soit détruit.
Alors qu'il courait, suivit par le rouquin, il distingua difficilement une forme.
Il le reconnut difficilement, c'était Elis, un des villageois qui vivait dans les hauteurs de Val. Allongé sur le sol, l'homme semblait en proie à un cauchemar terrible.
"Un rocher... des monstres.. p... partout ! J... je suis... ils m'ont blessé...
- Elis ? Tenta Garet.
- V... vous croyez, commença-t-il en les remarquant alors, vous croyez que c'en est fini de moi ?
- Absolument pas, répondit Vlad d'un ton implacable, tu n'es pas blessé.
- Mais, les monstres m'ont... C'est horrible je vais être..."
L'homme sursauta et se releva brutalement.
"Je ne suis pas blessé ? Comment est-ce possible, j'ai bien vu cette... créature me sauter dessus !
- Il faut rejoindre la place, répliqua Garet, tu as sûrement fait un mauvais rêve.
- Je vous jure qu'il y avait des monstres. Prenez quelque chose pour vous défendre !"
Ce disant, Elis ramassa une banale épée en bois, trainant par terre. Un jouet d'enfant, il faut dire que cet endroit était très utilisé par eux pour jouer.
L'homme partit droit devant sans vérifier que les garçons ne le suivent.
"Des monstres, soupira Garet, Comme si on n'avait pas assez d'ennuis avec le rocher.
- Peut être, mais on ne sait jamais."
Vlad farfouilla sur le sol détrempé, tentant de distinguer même un simple bâton. lors que sa main se referma sur un manche en métal, il fut étonné. C'était une dague longue, rouillée, émoussée, mais toujours une arme.
"Qu'est-ce que tu comptes faire avec ça.
- On verra bien, fut la réponse évasive qu'il donna à Garet, tu devrais te trouver quelque chose aussi.
- Qu'est-ce qu'une dague peut bien faire là ?
- Le forgeron entrepose souvent ses armes ici, sûrement une qui est tombée."
Haussant un sourcil, Garet saisit une perche de bois qui s'était cassée en deux. Il doutait d'avoir besoin de s'en servir, mais si ça pouvait rassurer Vlad, pourquoi pas.
Au grand soulagement de nos deux amis, l'escalier n'était pas détruit et ils purent poursuivre leur route, sachant pourtant tout aussi bien que la grand-place était là l'exact opposé de là où ils étaient.
C'est pourquoi il coururent, la peur au ventre.
C'est également pourquoi ils n'étaient pas tant que ça sur leurs gardes quand une étrange créature leur sauta dessus.
En temps normal, ils auraient considéré ça comme une créature de fantaisie, une sorte de grosse souris bleue qui se tient sur ses pattes arrières, déjà, c'était étrange. Qu'elle tienne une sorte de fourchette dans la main, c'était encore plus spécial.
Ce fut sûrement cette singularité qui fit que Vlad parvint à basculer sur le coté et s'effondrer dans la boue juste avant de se faire frapper par la minuscule créature. Parce qu'une chose bleu turquoise au milieu d'une tempête, c'est trop singulier pour être ordinaire.
"C'est une vermine ! S'exclama Garet. Mon père m'en a déjà parlé !
- Et ça se bat ? Rétorqua son ami en se redressant."
Le fait que la drôle de souris lui saute dessus avec d'énormes dents fut la réponse nécessaire pour qu'il tende son arme devant lui.
La créature, pourtant, voyant la lame pourtant émoussée, recula brutalement et s'enfuit en couinant.
"Oui, mais c'est très lâche, elle n'attaque que si elle estime qu'elle ne risque rien... Bon sang, Elis avait raison, il y a des monstres !
- Comme quoi..."
Un cri les interrompit, les faisant frémir. ils connaissaient bien cette voix, et pour cause, c'était celle d'une de leurs meilleures amies. L'explosive Lina.
Descendant les longs escaliers devant eux, ils écarquillaient les yeux, tentant de comprendre ce qui pouvait la faire crier ainsi.
"Noon ! Mon frère !"
Vlad manqua de trébucher en entendant ces mots. Le frère de Lina, Pavel, était fort. Il était assez sympathique et chacun s'entendait bien avec lui. Il avait un an de plus que Vlad et Garet, et on ne comptait plus le nombre de filles qui craquaient devant la beauté mystérieuse de ce jeune garçon.
Vlad et Garet s'amusaient souvent à se battre avec lui plus jeunes, et ils admettaient sans honte qu'ils ne l'avaient jamais battu.
Alors, que pouvait-il être arrivé à Pavel ?
La réponse se fit connaitre quand ils entendirent des bruits d'éclaboussures. La scène devint plus claire et ils purent distinguer leur ami, accroché à une perche de bois dans l'eau pour ne pas se faire entrainer par le courant.
Sur la terrasse de bois de leur maison, au dessus de l'eau, ses parents tentaient de l'atteindre. Sa sœur, Lina, regardait son frère avec une angoisse qu'on devinait sans avoir besoin de la voir. Elle avait toujours adoré son frère.
Vlad ouvrit de grands yeux en distinguant également ses parents sur la terrasse.
Nul doute qu'ils n'avaient plus assez de psynergie pour ramener Pavel sur le bord.
Peu importait comment il était tombé à l'eau.
L'important était de le tirer de là.
"Allons chercher de l'aide."
La voix de Dora le tira hors de ses pensées.
"Est-ce Pavel tiendra d'ici là ? S'enquit Kyle.
- Il n'y a rien que l'on puisse faire, non ? Insista Dora.
- Je vous aiderais ! S'exclama Lina avec des sanglots dans la voix, qu'est-ce que je dois faire ?
- Va voir à la grand-place, c'est là que tu as le plus de chances de trouver de l'aide."
Les deux filles se séparèrent, et alors que Lina partait vers le sud pour rejoindre la place, les garçons entendirent Dora se diriger vers eux. Surprise de les voir là, Dora ne leur demanda pourtant rien. Elle dit juste :
"Vous avez vu ça ?
- Oui, Pavel est tombé à l'eau, et il ne reste assez de psynergie à aucun d'entre vous pour l'en sortir, c'est ça ?
- Exactement...
- On peut peut être aider, tenta Vlad.
- Vous pouvez rejoindre Lina à la grand-place, elle pourrait avoir besoin d'aide."
C'est ainsi que les deux garçons commencèrent à courir vers le sud. Vlad s'interrompit juste alors qu'ils passaient devant Pavel.
"Pavel ! Lui cria-t-il. Tiens bon, on va te sortir de là !"
Quand il lui sembla voir le plus grand tourner la tête vers lui, il essaya de sourire d'un air rassurant, mais même si l'autre avait pu le distinguer au milieu de la pluie, il n'aurait sûrement pas pu voir de sourire, car tout ce que le visage de Vlad reflétait, c'était une angoisse terrible.
Les deux adolescents observèrent avec un mélange d'appréhension et de soulagement le pont qui leur permettrait de se rapprocher de la place. Heureusement pour eux, celui-ci tanguait moins que le précédent, et l'empressement qu'ils avaient à trouver de l'aide pour leur ami leur permit de le traverser sans réfléchir davantage et sans encombre semblable à ce qu'ils avaient subit précédemment.
La grand-place, enfin.
Le lieu qu'ils avaient tellement tâché de rejoindre.
Lina allait ça et là, questionnant les villageois au sujet de leur psynergie. Mais aucun d'entre eux n'était capable de sauver son frère. Ils purent même la voir demander à un petit garçon qui avoua qu'il était incapable de faire autre chose que soulever un caillou dans les airs quelques secondes.
Ils la rejoignirent alors qu'elle finissait d'expliquer la situation au maire.
"Grand père ! Lina ! S'exclama Garet
- Ah, vous deux ! Vous êtes venus chercher de l'aide aussi ?
- Oui, approuva Vlad hors d'haleine du fait d'avoir couru, il faut faire vite.
- Braves garçons, Lina peut bien avoir besoin d'aide.
- Merci, Vlad, Garet, leur murmura la jeune fille."
Le regard du rouquin fut alors attiré par un homme, devant la pierre.
Oui, au milieu de la place de Val, il y avait une immense pierre, c'était une pierre psynergie, on prétendait qu'elle était la source des pouvoirs des villageois et qu'elle était capable de rendre de l'énergie magique à ceux qui l'avaient épuisée...
Et cet homme qui se trouvait devant la pierre psynergie fit demi tour et les rejoignit. C'était Rezort, sa psynergie était loin d'être très développée, mais elle était tout à fait correcte, surtout dans ce genre de cas.
"Aaaah ! Je suis gonflé à bloc !
- Tu as récupéré ta psynergie ? S'insurgea le maire, surpris.
- Peut être pas entièrement, mais je devrait être capable de tirer Pavel hors de l'eau.
- Ça résous le problème, Vlad, Garet, Lina, emmenez le avec vous."
Ils n'attendirent pas une seconde de plus, retraversant les chemins qu'ils avaient empruntés dans le sens inverse quelques instants plus tôt.
Vlad se sentait déraper sur l'herbe, mais ils devaient avant tout se dépêcher, ils n'avaient pas le temps de ralentir.
Ils rejoignirent le pont, et le traversant, ils virent difficilement Dora revenir. Les distinguant, elle leur fit signe. Ils n'entendaient pas ce qu'elle disait, mais comprirent qu'elle n'avait pas trouvé d'aide.
Lina cria, demandant si son frère était toujours ici.
"Pavel va bien, je le vois ! Répondit la mère de Vlad, avez-vous trouvé quelqu'un ?
- Je peux m'en charger, cria Rezort en la rejoignant.
- Vous tombez à pic, soupira Dora de soulagement."
Les trois adolescents regardèrent la scène avec intérêt. L'heure était grave, mais même dans ces cas là, une démonstration de psynergie restait une sorte de spectacle passionnant, faisant rêver les enfants du jour où ils maitriseraient la leur.
L'énergie commença à s'élever dans l'espace, ils pouvaient voir la main qui se rapprochait de Pavel, et retinrent leur souffle quand...
Un bruit terrifiant se fit entendre.
Étourdissant, un son synonyme de peur, qui se trouvait au fond du cœur des habitants de Val, qui les avait longtemps hantés.
Et cette peur se transcrivait devant eux aujourd'hui, sous la forme de l'énorme rocher qui tombait.
Ce ne dura que quelques secondes, mais pour ceux qui se trouvaient là, ça dura des heures.
Voyant la mort en face, Vlad se figea, et la scène sembla se dérouler au ralentit sous ses yeux.
Le rocher qui dévalait la pente.
Tombait dans la rivière...
Rebondissait sur une falaise et se dirigeait droit sur la terrasse.
Il put voir sa mère se précipiter vers la rivière en criant, Lina et Rezort qui reculaient sous l'effet de la surprise, la psynergie cesser.
Il eut le temps de voir le roc mortel emporter la terrasse et ses occupants, entrainant tout ce qui était sur son passage.
Il put tout voir, mais il n'eut pas le temps de réagir. Il vit tout ce qui se passait, mais il resta figé sur place.
Quand il reprit ses esprits, la rivière était vide, retentissait à présent un silence assourdissant juste entrecoupé par le son du torrent et le martèlement de la pluie.
Sans comprendre ce qu'il faisait, son corps se retrouva à aller de lui même en direction du pont, à le traverser. Il n'arrivait à formuler qu'une seule pensée correcte : "trouver de l'aide".
Garet reprit ses esprits quelques instants plus tard et, le voyant partir, comprit ce qu'il pensait. Il fallait trouver de l'aide avant que tout le monde ne se noie !
Et Vlad courait jusqu'à être coupé par une voix.
"Nous sommes les seuls survivants."
Les pensées de Vlad furent interrompues par cette voix. Il en connaissait des voix, mais pas celle-ci. Pleine de hauteur et de prétention, c'était une voix de jeune homme, pas trop grave, mais qu'on ne pouvait qualifier de véritablement claire. Elle était arrogante, mais aussi forte, vibrante d'émotion.
Ce n'était pas n'importe qui, mais ce n'était pas quelqu'un de Val. Pourtant, Vlad avait beau retourner ses souvenirs dans sa mémoire, il n'y avait eu aucun voyageur à Val récemment...
La voix venait d'un rebord, au dessus de lui. C'était trop haut pour qu'il regarde, mais ça faisait qu'on ne pouvait pas le voir non plus.
"Comment aurions-nous pu nous douter que le temple de Sol déclencherait une telle tempête ?"
Cette fois c'était une femme qui parlait. Vlad n'avait pas besoin de la voir pour se l'imager. Il pouvait la voir rien qu'en entendant sa voix, grande, mince, avec des cheveux longs jusqu'à la taille. Il pouvait deviner le visage beau mais cruel de celle qui la possédait.
C'était une voix grave et emplie de puissance, une voix dont on devinait qu'on pourrait l'entendre à plusieurs centaines de mètres à la ronde.
C'était une voix légèrement moqueuse, parfois aux accents hystériques. Une femme fatale et cruelle.
Elle non plus n'était pas ordinaire.
"C'est un miracle que nous ayons été épargnés, ajouta l'homme.
- Cet interrupteur, ça devait être un piège, déclara la femme d'un ton pensif.
- Mais s'imaginer qu'il pourrait créer une tempête de cette violence...
- ... Une autre démonstration de la puissance de l'alchimie.
- Mais nous n'échouerons pas la prochaine fois que nous viendrons."
Vlad retint sa respiration. Le temple de Sol était un lieu sacré, personne n'était autorisé à en pénétrer le seuil ! Il savait qu'il entendait quelque chose qu'il n'aurait jamais dû entendre, et tout ce qu'il pouvait espérer, c'est que les deux inconnus ne l'aient pas repéré et le laissent partir, qu'il puisse aller chercher de l'aide. Oui, il fallait qu'il aille chercher de l'aide, il ne pouvait se permettre de se faire repérer.
"La prochaine fois nous devrions certainement...
- Vlad ! ! Attend ! !"
Le cri qui retentit à travers la nuit, coupant la discussion des inconnus, sonna comme le glas aux oreilles de Vlad.
Il put voir son meilleur ami courir vers lui mais son esprit était entièrement tourné vers les pas qui retentirent au dessus de lui.
"Venez-vous d'écouter notre conversation ?"
C'était l'homme, juste au dessus de lui. Il pouvait voir ses cheveux, ils étaient d'un bleu grisâtre étonnant et effrayant, une couleur glacée. La voix était devenue meurtrière, et un frisson lui parcourut l'échine malgré lui alors que son regard fixe était une réponse suffisante aux yeux de l'inconnu.
"Vlad, murmura Garet en rejoignant son ami, ils sont effrayants... On doit vraiment leur parler ?"
Sans donner de réponse à son ami, il resserra sa prise sur la dague rouillée qu'il avait trouvée alors que Garet s'accrochait à sa tunique à cause de la peur que lui inspiraient ces deux étranges personnages.
Ils ne les voyaient pas bien à travers la pluie, mais c'était suffisant pour deviner des silhouettes de guerriers.
"Vous devez oublier ce que vous avez entendu, déclara la femme sèchement.
- J... J'ai déjà oublié vos visages ! Couina Garet terrorisé malgré le regard hautain et peu convaincu des inconnus"
Vlad aurait bien acquiescé aussi pour lui faire plaisir, ou plutôt pour qu'elle lui permette d'aller chercher de l'aide et de s'en sortir vivant par la même occasion, mais il savait bien qu'oublier une telle rencontre serait difficile pour ne pas dire impossible. Ce fut l'inconnu qui déclara d'une voix pratiquement amusée :
"Oh mais ne vous en faites pas, nous allons vous aider à oublier."
La seconde d'après, l'étrange homme disparaissait pour réapparaitre près de Garet. Le rouquin n'eut pas le temps de réagir, il reçut un coup violent sur la tempe qui l'envoya au sol.
Il gît alors, inconscient, sur l'herbe détrempée, sous les yeux stupéfaits de son ami.
Vlad se tourna, voyant l'inconnue, armée d'une longue faux, se précipiter sur lui.
Sa main se referma sur la dague, et l'instant d'après, il ressentait un dur choc dans son dos et avait le souffle coupé.
Avant de perdre connaissance, il n'eut que le temps de comprendre qu'il avait été projeté contre la falaise.
Et les deux guerriers partirent, dans l'obscurité nocturne, sous des torrents de pluie qui sonnaient à la manière de larmes de deuil.
J'espère que ça vous a plu !
Que ce soit le cas ou pas, merci de mettre une review pour dire ce que vous avez aimé (ou pas).
