Disclaimer : Je regrette de ne posséder que Sylence Arbreroux, sa famille et son chat et Charlotte Paddington

Résumé : Vie par morceaux, souvenirs d'une fillette, d'une adolescente et d'une femme qui a croisé cet incontournable Tom Marvolo Riddle.

To the last syllable of recorded time1

Chapitre 1°, Later

Later… Later… Ce mot lui trottait dans la tête depuis la matinée, mais pourquoi ? En y pensant elle avançait nonchalamment vers son cours de potion. Premier cours. Un petit nœud dans l'estomac, mais une ouïe exceptionnellement fine qui lui fit entendre les gloussements intempestifs et mal étouffés de bécasses arrivant derrière elle. Elle se retourna vivement, leur lançant un regard noir qui les fit hoqueter de surprise tandis que la brunette au centre restait figée avec sa baguette en l'air. Elle se reprit doucement.

« ― Ce n'était qu'une plaisanterie pas méchante », gloussa-t-elle sur un air faussement innocent.

« — Bien évidemment », sourit amicalement la jeune fille.

Elle rentra dans la salle, et prit place au premier, se préparant à les garder sous surveillance pour le reste de l'année. Le petit groupe des quatre oies entra à son tour, mais ce fut un jeune garçon, grand et brun qui s'assit en premier sur le même banc qu'elle. Elle lui jeta un regard en coin. Il installa ses affaires sans se préoccuper de personne, pas même des arrivants un peu bruyants, des garçons qui parlaient, des filles qui gloussaient. En revanche, il paraissait absorbé par le cours qui se déroula quelques instants plus tard. Il buvait avidement les paroles du professeur. Son sérieux en était presque amusant, il suivait les consignes à la lettre noircissant son parchemin avec célérité. Le professeur semblait s'intéresser à ces deux-là qui ne pipaient mot, griffonnaient et ouvraient de grands yeux avides de connaissances lors de son cours.

Lorsqu'il les félicita avec un aussi grand sourire et une lueur dans le regard, le jeune garçon accorda un instant son attention à sa voisine. C'était une petite fille qui ne paraissait pas avoir plus de sept ans, avec de longs cheveux châtains séparés en deux tresses. Elle lui sourit furtivement, plissant ses yeux bleu irisé de safran.


Le mot qui lui avait occupé l'esprit son tout premier jour s'expliqua au cours de sa troisième année. Ce fut ce rêve de son passé qui lui annonçait chaque fois un changement dans sa vie. Quelque chose d'important. Ce rêve. Le même, jusque dans les moindres détails.

Sa mère était couchée sur le divan, elle tenait énormément à cette sieste après le repas. La jeune fille était une fillette affublée de deux couettes et d'une robe bleu avec des papillons en train de faire un dessin d'une famille dans une maison à la campagne, des étincelles multicolores jaillissant d'énormes baguettes.

« — Maman ? »

« — Huum moui ? »

« — Pourquoi il est pas là papa ? »

« — Il ne pouvait pas rester ma chérie. »

La voix de sa mère était étranglée. Depuis qu'elle savait parler, l'Innocence lui posait la question, comme si chaque fois, la réponse étant trop douloureuse, elle l'enfouissait dans un coin abyssal de sa mémoire. L'endroit le plus hermétique de tout l'univers, quelque endroit où cacher toutes les mauvaises choses qui vous font pleurer des heures après y avoir pensé une seconde. C'était certainement ça, elle refoulait avec une intensité extraordinaire cette réponse et ne cessait de poser innocemment la question, comme si au bout d'un certain temps, il viendrait la réponse à peine murmurée par l'espoir : « il va revenir ».

« — C'est quand que j'aurai une baguette comme toi dit ? »

« — Bientôt ma puce, mais il faut prendre ton mal en patience et laisser ta mère dormir. »

« — Maman…encore une question…une toute petite… »

La femme soupira.

« — Oui Sylence, je t'écoute, mais tu feras ta sieste sans broncher juste après. »

La fillette prit une moue boudeuse, des yeux de chien battu, mais c'était peine perdue. Allongée sur le divan, son carré brun éparpillé sur le coussin, une main devant ses yeux clos la mère de la fillette attendait la question sans rien voir.

« — Pourquoi est-ce que je dois boire cette chose tous les mois ? Pourquoi est-ce que… je peux jamais resté longtemps avec les autres enfants ? »

Le silence fut long et pesant.

« — Plus tard Sylence mon ange…tu le sauras plus tard… »

Sa mère s'endormit. Sylence tourna son regard vers le chat qui dormait près de la fenêtre. Il s'éveilla au regard de la fillette, sauta sur le tapis du salon et vint se loger au creux de ses genoux en ronronnant.

« — Pourquoi Nou ? Pourquoi est-ce que papa est parti ? Nou, tu peux le dire toi, tu étais là non ? »

Le chat ronronna, mais un sentiment de tristesse et de malaise passa de lui à elle. Il lui lécha les joues traduisant sa réponse : « Non Sylence il ne faut pas que tu saches maintenant » et ils s'endormirent.

Plus tard… Deux jours plus tard, sa mère était emportée par la fièvre du chagrin.

« — Quatre ans que ça couvait. Il fallait s'y attendre… »

« — Faut dire qu'il paraît qu'elle se laissait drôlement aller… »

« — Elle aurait pu penser à son enfant… »

« — Faut dire qu'elle aurait dû réfléchir aussi ! On ne fait pas un enfant avec le premier venu tout de même ! »

« — Même qu'i paraîtrait à ce qu'i paraît que c'était un… »

Sylence leva ses yeux embués vers les voix qui venait de s'attirer un des légendaires regards meurtriers de sa grand-mère maternelle. La vieille femme serra la fillette contre elle, gardant ses mains sur ses oreilles, la privant des commérages.

Sylence avait grandi avec sa grand-mère et avait appris, quatre ans plus tard que son père était un être atypique ce qui la rendait bien plus particulière encore.

Plus tard… c'était ce que sa grand-mère lui avait dit quand Sylence avait demandé quand elle pourrait lancer des sorts. Trois jours après, elle recevait une lettre de l'école de magie d'Angleterre. Une réponse inespérée. Poudlard, acceptait d'accueillir sa petite fille malgré son petit soucis, c'était presque trop beau. Elle devrait absolument penser à remercier Albus qui avait dû prendre beaucoup de temps à intercéder pour elles.


Aussi lorsque ce matin de Noël, elle descendit dans la salle commune, voyant le jeune garçon taciturne de sa première année entouré de ce groupe « d'amis » qui ne le quittait pratiquement jamais, elle choisit de descendre prendre son petit-déjeuner sans même le saluer. Elle ne savait pas pourquoi, mais… elle avait de plus en plus de mal à lui parler. Le groupe arriva peu après, coupant courts aux regards étranges que lui lançaient les étudiants des autres tables. Depuis son arrivée à l'école Sylence avait essayé de se faire des amis, mais… ce n'était pas son fort. Elle avait ses humeurs, et refusait de s'attacher, pourtant…

« — Bonjour Arbreroux, » salua le garçon brun vers qui elle allait diriger ses pensées.

« — Bonjour Riddle. Joyeux Noël. »

C'était avec lui qu'elle arrivait à avoir envie de discuter, sauf ces derniers temps où elle se disait que peut-être, elle avait dans son cœur ce que sa mère appelait « une petite floraison d'un bonheur de pluie ». C'était une phrase issue d'un roman à l'eau de rose qu'elle lisait et relisait même en connaissant les phrases par cœur. Oui, Sylence pensait qu'elle commençait à tomber amoureuse de ce garçon qu'elle appelait par son nom, comme il le faisait lui-même. Jamais ils n'avaient usé de leurs prénoms. Ils ne se parlaient pas beaucoup, et il y avait tous ces gens autour… imbus d'eux-mêmes, railleurs, hypocrites… mais lui…il était agréable à sa façon, meilleur élève de l'école, sans parents, comme elle. La seule personne avec qui Sylence passait du temps était Charlotte Paddington, une fille de Poufsouffle qui passait ses vacances avec sa mère en France. Ses parents divorcés elle s'était considérablement fermée sur elle-même et subissait parfois d'infâmes moqueries sur son physique négligé.

« — Joyeux Noël, » répondit-il évasivement, mais négligeant la question que lui posait une brunette aux grands yeux bleu pastel.

La jeune fille rougit, avala son café et fila aussi sec dans le dortoir, serrant un petit paquet rouge contre elle. Il n'était jamais seul et c'était très embarrassant. A côté de tout ce que ses amis avaient dû lui offrir. Ce présent serait ridicule, mais… elle y tenait et le faire… c'était aussi un moyen de faire face à ses sentiments et d'apprendre à vivre avec. Sans doute ne les partagerait-il jamais, mais elle n'aurait voulu pour rien au monde qu'ils cessassent leurs brefs échanges à cause de ça. Elle s'installa dans un fauteuil et fixa l'arbre de noël miniature posé sur la cheminée où dansaient de belles flammes. Quelqu'un entra dans la pièce. Son sang ne fit qu'un tour. Il était là, seul.

« — Tu… tu as oublié quelque chose ? » demanda-t-elle d'un ton mal dégagé.

Il opina du chef et s'apprêta à monter vers le dortoir des garçons quand elle l'arrêta. Il se retourna, l'interrogeant du regard. Un regard calme sur un visage impassible qui brûlait les joues de Sylence. Arrivant à sa hauteur, elle tendit précipitamment le paquet bien emballé.

« — Joyeux Noël, » chuchota-t-elle en plantant courageusement son regard dans le sien, bleu corbeau, froid et inquisiteur.

Il tendit une main pour saisir le présent et l'ouvrit doucement. Son cœur battait la chamade. Elle aurait préféré qu'il l'ouvrît plus tard, loin d'elle, qu'elle n'eusse pas à voir son mécontentement. Elle se ressaisit. Etre amoureuse, avoir le cœur bondissant de la poitrine chaque fois qu'il était là, ne devait pas l'empêcher d'être elle-même, de continuer à vivre normalement. Il jeta le papier sur la table la plus proche et observa le cahier à la couverture de cuir noir. Les pages étaient vierges.

« — C'est un journal, informa-t-elle doucement mais avec un sourire timide. Les amis parfois ça ne fait pas tout et puis… tu fais beaucoup de recherches j'ai vu… tu… tu pourras les noter et puis… » elle s'arrêta… elle n'avait pas le courage de continuer. « Oh ! Désolée ! J'y vais maintenant. Il faut que je m'aère l'esprit avant d'attaquer mes devoirs. »

Elle partit sans autre cérémonie, sans prendre le temps de mettre son écharpe.


Voilà voilà… Eh bien peut-être à un de ces jours…

Petite() : Premier essai du genre… j'ai juste tenté parce que l'esprit machiavélique de mister Riddle me fascine

Hum… Je tiens(et tiendrai) compte de tout ce que j'ai en tête sur les livres (mea culpa d'avance pour ma courte mémoire)

1 Macbeth acte V, scène 5