Disclaimer: Non, l'univers des HG ne m'appartient pas, parce que sinon je serais riche, et ça, ça serait bien. Je ne fais que m'amuser à faire s'entretuer des gamins. :3

NA: Hum... je suis de retour... ? Ça m'a pris longtemps avant de me décider à publier à nouveau, mais l'univers des HG m'interpelait et finalement, je n'ai pas pu résister. J'ai donc commencé une nouvelle fanfiction. Pour mes anciens lecteurs, j'espère que vous aimerez cette fic, et merci de tout le soutien dont vous avez fait part quand j'ai "quitté" FFnet. Et pour les nouveaux... bienvenue dans mon univers :3

Cette fic porte sur les toutes premières HG, comme le résumé l'indique. Elle sera en 24 pdv. Au départ j'allais l'écrire en 8 pdv, mais vous me connaissez, j'aime qu'on voit l'histoire de tous les angles u_u C'était un projet que j'avais commencé avec Ljay Odair, mais nous n'avions pas encore commencé l'écriture. La moitié des tributs ont été créé par elle (ceux du district 1, 2, 4, 6, 8 et 10). Elle m'a donné la permission d'écrire la fic sans elle, et je tiens à la remercier pour cela.

Ça sera écrit différemment de Survivre, car chaque pdv est relativement court, et les avant-jeux sont seulement 6 chapitres. Et oui, au 7e chap, on sera déjà dans l'arène ! Pour le moment, j'ai écrit tous les chapitres des avant-jeux. Je compte publier un chapitre toutes les deux semaines. J'aimerais faire plus vite, mais mon travail me demande beaucoup de temps, alors je veux être sûre de garder une longueur d'avance ce coup-ci, afin de ne pas vous faire attendre deux mois pour un chapitre comme avant. Aussi, vous risquez d'être un peu perdu parmi les tributs, mais ne vous inquiétez pas, je posterai un guide des tributs avant l'arène :)

J'espère vraiment que vous aimerez ^^' N'hésitez pas à me laisser des reviews, bonnes ou mauvaises, j'aimerais juste avoir vos avis :) Je cherche toujours à m'améliorer, alors les critiques constructives sont les bienvenues.

Enjoy !


PRÉMICES: LA PREMIÈRE ÉDITION


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War, terrible war,

Widows, orphans, a motherless child,

This was the uprising that rocked our land,

Thirteen districts rebelled against the country that fed, loved and protected them,

Brother turned on brother until nothing remained.

And then came the peace, hard fought, sorely won,

The people rose up from the ashes and a new era was born.

But freedom has a cost,

When the traitor was defeated,

We swore as a nation that we would never know this treason again,

And so it was decreed that each year,

The various districts of Panem would offer up in tribute,

One young man and woman to fight to the death,

In a pageant of honor, courage and sacrifice,

The lone victor, bathed in riches,

Would serve as a reminder of our generosity and forgiveness.

This is how we remember our past,

This is how we safeguard our future.

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Mak Jassian, 18 ans, District 9

−Debout, bande de bons à rien !

Le garde percute les barreaux de sa matraque, le merveilleux réveil auquel nous avons droit tous les matins. J'ouvre les yeux avec difficulté, massant mes tempes pour tenter de calmer le mal de tête qui m'habite. L'homme en uniforme s'arrête devant ma cellule, m'envoyant un sourire narquois avant de frapper les barres aussi bruyamment que possible.

Je m'assieds sur mon lit de fortune, le fusillant du regard. Son sourire s'agrandit alors qu'il me voit frotter mes yeux pour chasser les cauchemars qui m'ont harcelés toute la nuit.

−Une autre journée en enfer~! chantonne-t-il en continuant sa ronde.

Il ne pourrait pas avoir plus raison. Bien que les rêves soient effrayants, la réalité semble pire encore chaque matin. Je soupire et étire mon dos et mes bras le plus possible. Mes cicatrices sont un peu douloureuses, mais ce n'est rien comparé aux derniers jours. Je lève les yeux, essayant de voir à travers la minuscule fenêtre qui trône dans mes quartiers. Le soleil, pourtant à peine levé, m'aveugle quelques secondes.

Comme j'aimerais être à l'extérieur. Libre.

−C'est le grand jour ! beugle l'un de mes camarades.

Je fronce les sourcils, perdu. Il est sensé se passer quelque chose ? Est-ce qu'on va enfin prendre un peu d'air frais ? Je me résigne enfin à demander.

−Quel jour ?

Je n'arrive même plus à me souvenir de la date. Tout semble si embrumé ici, comme si un voile nous sépare du monde réel. Traînant mes pieds nus sur le béton humide, je passe mes bras à travers les barres pour appuyer mon front contre celles-ci. La fraîcheur du métal semble calmer mes nerfs, me permettant d'oublier pour un instant la sueur et la crasse qui me couvrent de la tête aux pieds.

−Le rassemblement dont les gardes arrêtent pas de parler. Tu te souviens pas ? Chaque habitant des districts doit se pointer devant l'hôtel de justice. C'était quoi déjà qu'ils disaient ? Ah ouais, c'est ça... présence obligatoire !

−Tu penses qu'on y va aussi ? demande un autre de nos compagnons avec une note d'espoir.

−J'espère, mon vieux. J'en peux plus d'être sous le soleil seulement pour les travaux de construction. Ça fait trop longtemps, vous êtes pas d'accord ?

Je ne peux m'empêcher de hocher la tête. Ça fait deux ans que je n'ai pas mis les pieds hors de cette prison. Deux interminables années. Je croyais que participer à la rébellion était difficile, mais je n'avais pas pensé aux conséquences si nous perdions.

Et pour perdre, nous avons perdu.

La victoire avait semblé si imminente que nous pouvions presque la toucher. Il suffisait d'étirer le bras un peu plus loin, se battre un peu plus longtemps. Je secoue la tête, essayant de me changer les idées. Je rabâche les mêmes pensées depuis deux ans et c'est une vraie perte de temps. Il n'y a personne à blâmer. Sauf le Capitole, bien entendu.

−C'est l'heure de manger, Mak, me dit Toma, le prisonnier responsable de la distribution de nourriture.

Je saisis le pain durci et le verre d'eau stagnante.

−Joie, dis-je d'un marmonnement maussade.

−Ça va le sarcasme, hein. Au moins ils nous donnent quelque chose ce matin !

−Ouais. Qu'est-ce que je donnerais pas pour des œufs et du lard, n'empêche.

−Hey, pas besoin de me convaincre, vieux, sourit Toma avant de passer à la cellule suivante.

Parfois, je me demande ce qu'il se serait passé si je n'avais jamais rejoint les rebelles il y a trois ans. Si j'étais gentiment resté chez moi à regarder les nouvelles et à espérer que tout serait résolu vite et sans trop de pertes.

Mais là encore, c'est pas comme si me questionner sur ce qui aurait pu être fait différemment va changer quoi que ce soit. Je suis coincé ici et ça semble assez final.

−Tu penses qu'ils nous veulent quoi, Mak ? me demande Jace, le voisin à ma gauche et le seul autre prisonnier aussi jeune que moi.

−Qui ?

−Le Capitole ! Genre, est-ce que ça va être des exécutions publiques ou quoi ? Ils en parlent depuis un bon bout, tu sais, comme quoi ils ont rien fait de gros jusqu'à maintenant et tout. Alors de regrouper tout le monde des districts... Ça doit être vraiment important, non ?

−J'imagine. Mais si c'était juste des exécutions, je vois pas pourquoi ils les auraient pas faites plus tôt. Toute façon, on s'en fout, pas comme si ça va améliorer notre situation. On verra bien dans quelques heures.

−Toujours impassible ce gars, j'te dis.

−J'aime juste pas m'inquiéter si je peux l'éviter. Ça me met de mauvaise humeur pour rien.

−T'es toujours de mauvaise humeur !

−La ferme.

Il rigole à ma réponse marmonnée et je me détourne, m'allongeant à nouveau, mais pas avant de lui montrer mon majeur avec un regard faussement colérique. Je prends une bouchée de pain. C'est infect, mais au moins mon estomac se calme un peu.

Je me demande si quelque chose va enfin changer aujourd'hui.

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Ainslee Chem, 15 ans, District 5

−Tiens, tiens, qu'est-ce qu'on a ici ?

Je lève les yeux, affichant un large sourire, et soulève à peine ma main pour adresser un salue à l'homme.

−Une minute !

Il secoue la tête avec désapprobation mais ne bouge pas, me laissant injecter le poison dans mes veines. Une fois que j'ai fini, je jette la seringue dans un coin sombre de la ruelle et me mets sur mes pieds avec des jambes flageolantes. J'avance de quelques pas en direction de mon client et dépose un baiser bruyant sur ses lèvres.

−Maintenant le magasin est ouvert !

Je peux sentir la drogue naviguer et se disperser dans mes veines jusqu'à ce qu'un sentiment d'hébétude ne m'enrobe complètement. Je soupire de soulagement, déjà en train de baisser le pantalon de l'homme.

−Va falloir que ça soit rapide par contre. Y'a le rassemblement ce matin. Les Pacificateurs me font chier sans arrêt avec ça, dis-je d'un marmonnement en me mettant à genoux.

−Tant que tu me satisfais, je m'en fous, grogne-t-il en passant une main dans ses courts cheveux grisâtres.

Parfois, je me demande si la rébellion est ce qui a mis ma vie en l'air, ou si je l'ai fait moi-même comme une grande. Je veux dire, il y a plein d'orphelins qui ont trouvé des familles d'accueils, ou qui ont appris à vivre comme des adultes, en faisant plein de petits travaux et en survivant d'un moyen ou d'un autre. Sans faire de trucs dégoûtants. Moi, je décide que le seul moyen de survivre est de vendre mon corps. C'est... un drôle de choix, non ?

Mais j'en ai rien à faire. Je suis en vie, je peux me shooter quand je veux, j'ai plein de faveurs de la part des Pacificateurs parce qu'ils sont ma clientèle principale... La vie est belle.

J'émets un gémissement de plaisir, suscitant un frissonnement du vieux. Je vous jure, les gars sont trop faciles à satisfaire. Si ça se trouve, ma mère était une prostituée aussi. Je vois pas comment je pourrais être si bonne au sexe, sinon. Ça doit être dans mon sang, c'est obligé. Peut-être qu'elle a couché avec cet homme, aussi. Peut-être qu'il est mon père. Ça, ça serait quelque chose.

Je ris doucement, et c'est tout ce que ça prendre pour le faire venir. Il s'écrase contre le mur de brique et s'affaisse sur le sol crasseux. Je souris, léchant mes lèvres. Un bon travail, si je peux me permettre de le dire.

J'époussette mes genoux d'un geste absent et tends la main. Avec un grognement satisfait, il me donne quelques pièces de monnaie.

−Merci pour la visite, j'espère te revoir bientôt !

Je lui fais un clin d'œil avant de quitter la sombre ruelle. Passant mes mains à travers mes cheveux roux mal lavés, je les attache en un bas chignon maintenant que les heures d'ouvertures sont terminées. Il y a un coup de vent et un dépliant s'écrase à mes pieds. Je le ramasse, les sourcils froncés alors que j'essaie de le lire. Ça me prend encore un moment. Un de mes réguliers, un vrai intellectuel, c'est mis dans la tête que c'est crucial de m'apprendre à lire.

Je le fais, mais je suis pas trop intéressée. C'est pas comme si j'ai des grands rêves pour ma vie. Et puis, j'ai une bonne affaire en ce moment, et je vois pas pourquoi ça arrêterait de fonctionner. Les hommes voudront toujours du sexe, et leurs femmes ne pourront jamais leur en donner assez. Même quand je serai dans la cinquantaine − si je me rends jusque là vu le peu de vieux qu'on a dans notre district −, y'aura toujours des petits jeunes cherchant une femme d'expérience. Donc c'est pas comme si savoir lire me sert à grand chose.

Le dépliant nous rappelle d'aller au rassemblement organisé par le tout puissant Capitole. C'est le temps de notre punition, on dirait. Je laisse échapper un gloussement et enfouis le papier dans la poche de mon pantalon. Quels hypocrites. S'ils ne nous avaient pas affamés, on n'aurait même pas levé le petit doigt contre eux. Mais bon, ça veut plus rien dire. Et j'ai des trucs plus importants dont je dois m'occuper.

Genre, où est mon dealer ?

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Blue-Beryl Miraejan, 16 ans, District 1

La place est pleine. Je reste bouche bée devant le nombre impressionnant de Pacificateurs qui patrouillent autour et parmi nous, leurs yeux alertes comme s'ils s'attendent à une émeute. Je déglutis difficilement, me sentant stressée pour la première fois ce matin. Je ne sais pas à quoi je m'attendais, mais ce n'était pas ça. Pourquoi ont-ils besoin d'autant de Pacificateurs ? Que va-t-il se passer ?

−Blue ?

Je baisse les yeux et ébouriffe les cheveux de ma petite sœur d'un geste affectueux. Elle proteste, se poussant sur le côté.

−Désolée, j'étais perdue dans mes pensée. Alors, prête ?

Elle hoche la tête, se mordant la lèvre inférieure avec inquiétude. Une mauvaise habitude qu'elle a hérité de moi. J'aimerais lui dire que tout ira bien, mais je ne veux pas lui mentir. Ça n'augure rien de bon, tout ça. Maman se précipite vers nous, prenant la main de Topaz dans la sienne quand elle nous rejoint enfin. Elle se force à sourire, faisant signe à papa qui n'est pas loin derrière.

−Ils disent que les douze à dix-huit ans doivent être séparés des autres, commence-t-elle d'une voix inquiète. Ça doit être pour ça qu'ils ont fait de nouvelles cartes d'identité.

J'acquiesce, encore plus curieuse. Qu'est-ce qu'ils ont l'intention de faire ? Il y a un an, le Capitole a décidé de faire un recensement de tous les districts. Ils ont ensuite distribué des cartes d'identité à chaque habitant. Vertes pour les onze ans et moins, rouges pour les douze à dix-huit ans et bleues pour les dix-neuf ans et plus.

Et puis, il y a quelques jours, ils ont accroché des pancartes et distribués des dépliants nous convoquant ici à neuf heures du matin. Pas d'explications. Mais pour ceux qui ont refusé de se pointer, les Pacificateurs leur ont payé une petite visite ce matin. C'est ce qui est arrivé à nos voisins, en tout cas.

−Bon, j'y vais... dis-je d'une voix faible.

−Ça va bien se passer, ma belle, me rassure papa.

Il dépose un baiser sur mon front et maman me serre la main, me poussant vers la ligne qui s'est formée à quelques mètres de nous.

−À plus tard, murmure Topaz avec un timide salue de la main.

Un Pacificateur me fait signe de me mettre en ligne et je risque un dernier coup d'œil en direction de ma famille avant d'obtempérer. Quelques jeunes me reconnaissent et j'affiche un sourire insouciant, cachant mes inquiétudes, comme toujours.

−Hey, B !

Je me retourne, accueillant ma meilleure amie. Jade me prend brièvement dans ses bras, ses cheveux roux illuminant son adorable visage en cœur. Comme d'habitude, elle est magnifique.

−J'adore la couleur ! dit-elle en attrapant l'une de mes mèches roses qui décorent ma tignasse blonde.

−Merci. C'est un cadeau pour mes seize ans. Ça a pris une éternité pour convaincre mes parents, je te dis pas.

−Tu pourrais presque passer pour l'une des filles du Capitole comme ça ! Juste besoin d'imiter l'accent, ajoute-t-elle avec un clin d'œil, accrochant son bras au mien.

−Et vivre là-bas aiderait, aussi, dis-je avec un sourire, soulagée de pouvoir me distraire.

Jade a toujours été bonne à ça.

−Juste besoin de trouver un homme riche et de le marier ! déclare-t-elle avec un haussement d'épaule.

−Ouais, tant que tu le prends pas en premier !

Nous éclatons de rire, mais je m'arrête d'un coup quand je réalise que je suis à l'avant de la ligne.

−Carte d'identité, m'ordonne le Pacificateur d'une voix grave.

Je sors rapidement le bout de plastique rouge. La photo est horrible et je joue nerveusement avec une mèche de cheveux.

−Alors... c'est pour quoi tout ça ?

−Tu verras dans quelques minutes, répond-il en passant ma carte dans une petite machine noire.

Il y a une lumière verte et il me rend ma carte.

−Ok, va dans la section des seize ans, sur ta droite. Pas le droit de se promener.

Je hoche la tête et m'avance, attendant Jade une fois dans ma section. Tous les autres autour de moi se parlent entre eux, essayant de deviner ce qu'il va se passer. Je saute d'un pied à l'autre, croisant les bras. Une plate-forme a été montée devant nous, avec deux gros bols de verre remplis de petits papiers blancs. Et sur la gauche, il y a un immense écran, pour le moment éteint. Jade me rattrape enfin et nous nous tenons côte à côté, perdues.

J'ai un mauvaise pressentiment.

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Kox Alhoy, 14 ans, District 8

Une femme aux flamboyant cheveux jaunes et à la grotesque robe aux motifs zébrés accueille la foule d'une main manucurée. Juste un coup d'œil et je peux dire qu'elle vient du Capitole. Je me balance sur mes talons, les sourcils froncés. Mon bras est encore douloureux après avoir été traîné de force jusqu'ici par les Pacificateurs.

À côté de moi, Colin tente d'arrêter son saignement de nez. Ses yeux aux beurres noirs sont de plus en plus visibles, s'enflant à vue d'œil. Nous avons essayé de nous cacher. mais ils ont vraiment fouillé chaque coin et recoin pour s'assurer que tout le monde assiste à cette mascarade. Regardant autour de moi, je repère deux de mes frères. Lank dans la section des dix-huit ans, Sanael avec les douze ans... Je ne vois pas Matty, mais il doit être quelque part dans le coin. Et le reste de ma famille est probablement dans l'assemblée au delà des barrières. J'aimerais vraiment être avec eux en ce moment.

Ça y est, non ? La grande punition. Peut-être qu'ils vont tuer tous les jeunes. Peut-être que c'est pourquoi ils nous ont rassemblé ici, comme du bétail. Peut-être que les deux bols de verres sont pour un tirage, pour choisir genre cinquante personnes à exécuter en direct à la télévision. Il me semble que les deux dernières années ont été châtiment assez. Fouetter pour les plus petits délits, jeter les gens en prison sans procès ni justifications...

Je déteste le Capitole. Du plus profond de mon être.

−Excusez-moi... S'il-vous-plaît... Puis-je avoir votre attention ? commence vaillamment la femme sur le podium.

Après quelques beuglement de la part des Pacificateurs, elle est finalement entendue et le silence se fait. Avec un sourire étincelant, elle fait une généreuse courbette.

−Je suis si heureuse d'être ici au district Huit ! Mon nom est Livilla et je serai votre hôtesse pour cette cérémonie. Je vous remercie tous tant de vous être présentés pour cet historique évènement.

Comme si on avait le choix.

−Dans quelques secondes à peine, continue-t-elle avec excitation, l'honorable président va donner un discours qui devrait tout éclaircir.

Au moment même où elle cesse de parler, l'écran géant s'allume sur l'hymne de Panem. Puis, notre cher président apparait dans toute son austérité. Rien qu'à le voir, je rentre les épaules, bouillonnant de rage. C'est à cause de lui que nous souffrons tant dans les districts, à cause de lui et son régime de tyran que nous avons fait la rébellion en première place. Tout ce qui est arrivé est de sa faute !

−Districts de Panem, citoyens du Capitole... Je vous salue. C'est un immense honneur que de faire cet annonce qui devrait, je le crois fortement, nous permettre tous de guérir de ce terrifiant soulèvement qui nous a blessé si profondément il y a deux ans maintenant.

Je serre les poings, me préparant mentalement. Quel supplice ont-ils imaginé qui puisse être pire que ce que nous vivons déjà ?

−Mes conseillers et moi avons longuement réfléchis à une solution pour calmer l'animosité et le ressentiment que nous pouvons percevoir si fortement. Et c'est ainsi que nous avons créé... les Hunger Games.

Un murmure d'incompréhension traverse le district, immédiatement suivi par les avertissements des Pacificateurs. Hunger Games ? C'est quoi cette connerie encore ? Est-ce qu'ils vont nous affamer pour le prochain mois ou un truc du genre ?

−Chaque district de Panem devra offrir deux tributs, un garçon et une fille entre douze et dix-huit ans tirés au hasard, afin de se battre à mort dans une compétition mélangeant honneur, courage et sacrifice. Le gagnant et son district seront couverts de richesses en récompense. J'espère que vous discernerez notre générosité et notre pardon à travers cette épreuve. Merci infiniment pour votre attention.

L'écran s'éteint et le silence qui suit est presque assourdissant. Je serre et desserre les poings, ouvrant ma bouche, puis la refermant, abasourdi.

Qu'est-... Qu'est-ce qu'il vient de dire ?

Et soudain, il y a un cri à ma gauche, et un autre derrière moi... Et alors que nous comprenons enfin ce que signifie le discours, ce qu'ils entendent faire de nous...

Nous explosons.

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Ketil Corbi, 13 ans, District 9

Le silence est si lourd que je pourrais entendre une mouche voler à des mètres de moi. L'écran maintenant noir semble se moquer de nous. J'imagine le président, jubilant et fier, qui attend notre réaction. Mordant ma lèvre supérieure, je regarde les jeunes qui m'entourent, les adultes au loin, un bambin qui sourit encore dans cette océan d'incompréhension. Certains se déplacent d'un pied à l'autre, échangent des regards furtifs, relèvent le menton de colère. Mais les Pacificateurs sont là, plus menaçant que jamais.

Je ne sais pas quoi faire. Quoi penser. Y a-t-il vraiment une ligne directrice pour une situation pareille ? Devrions-nous être en rage, partir une émeute ? Sauf que ça se terminerait certainement comme la rébellion, en une effusion de sang et une impuissance insurmontable.

Nous devons tous arriver à la même conclusion, car personne ne bouge. Pas une seule personne ne proteste. Sur le podium, l'étrange homme du Capitole applaudit, son sourire maniaque toujours attaché aux lèvres, comme s'il n'avait aucun doute que nous nous comporterions comme des lâches. Ses mains claquent une fois, deux fois. Je grince des dents, me mords à nouveau la lèvre jusqu'à goûter le sang sur le bout de ma langue. Va-t-on réellement... ne rien faire ?

Et ont-ils réellement l'intention de faire ce jeu ? D'envoyer... vingt-quatre enfants à leur mort ?

Attends... est-ce que ça veut dire... y a-t-il une possibilité... est-ce que je pourrais être tirée au sort ? Non... Quelles sont les chances, n'est-ce pas ? Je ne vais pas... ça veut pas... Je ne suis pas en danger, quand même !

−Votre attention, je vous prie ! intervient l'homme sur le podium, polissant ses cheveux verts sur son crâne. Nous allons maintenant procéder comme prévu et commencer la moisson. Je vais tout d'abord tirer le nom d'une fille dans ce récipient de verre, qui contient le nom de toutes les filles entre les âges de douze à dix-huit ans, et ensuite passer au tribut garçon dans le récipient de gauche.

Il caresse le bol le verre avec un sourire rêveur. Je frissonne et croise les bras. C'est... c'est une blague. C'est obligé. Ils ne vont pas vraiment le faire. Ils veulent juste nous faire peur, nous rappeler qu'ils nous contrôlent. Ils n'ont aucun besoin d'être si cruel, alors... Alors ce n'est pas vrai. Tout ça.

Je n'ai pas à avoir peur. Ce n'est rien. Je ne vais pas être choisie, et même si c'est le cas, rien de mal ne va m'arriver. Pourquoi puniraient-ils les enfants, nous n'avons rien fait ! Nos parents sont ceux qui se sont rebellés. Ce jeu ne fait aucun sens, et c'est pourquoi ils ne vont pas le faire.

Consolidant ma détermination, je baisse ma casquette un peu plus bas sur mon front et lève les yeux. L'hôte, comme il s'est présenté, fait un spectacle de choisir un nom, dansant comme un gamin avec des exclamations joyeuses. Le dégoût me prend à la gorge. Ne se rend-il pas compte de ce qu'il fait ?!

−Et l'heureuse tribut est...

Je cesse de respirer. N'ait pas peur, Ketil. Ne t'avise pas d'avoir peur. Ça va bien aller.

−Ketil Corbi! Monte me rejoindre, chère !

Tout s'arrête. Sous le choc, tous mes muscles se contractent douloureusement, mes yeux fixés sur le papier blanc que tient l'hôte. À côté de moi, les filles se mettent à chuchoter, me pointant de leur doigt traître avec des expressions terrifiées.

Impossible. C'est une erreur. Ce n'est pas mon nom, ce n'est pas moi. Il y a une autre Ketil Corbi quelque part dans le district, c'est obligé.

−Ketil ? Quelqu'un pourrait-il la désigner, s'il-vous-plaît ? Nous devons passer au tirage des garçons !

Mon poignet est brutalement saisi et je suis retournée de force. Un Pacificateur me regarde, son visage de marbre. Il commence à me tirer vers la plate-forme et je le laisse, incapable de réagir, de lutter.

J'ai juste... je ne peux pas... j'ai seulement treize ans !

−Te voilà enfin, chérie ! me salue l'hôte, attrapant mes mains pour les secouer de haut en bas jovialement avant de me tourner vers la foule. Une main d'applaudissement pour la première tribut du district Neuf, Ketil Corbi !

Je reste là, paralysée, hébétée, alors que personne ne bouge, que personne ne réagit à ma condamnation. Je peux voir mes parents, au loin. Ma mère pleure, une main sur la bouche. Mon père a les yeux rivés au sol, les bras ballants.

Pourquoi ne disent-ils rien, ne font-ils rien ? Pourquoi restent-ils plantés là ? Vont-ils vraiment m'abandonner ainsi ? Ne vont-ils pas se battre pour moi ? Il y a seulement une heure, ils me prenaient dans leurs bras. Mon père murmurait à quel point il m'aime, ma mère tentait de me voler ma casquette, voulant montrer mes « magnifiques » cheveux et soupirant à mes vêtements si peu féminins.

Était-ce notre dernière conversation ? Vont-ils vraiment laisser cela être notre dernière ?

Est-ce que je vais mourir ?

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Eckstein Fekor, 17 ans, District 12

L'homme s'écrase à mes pieds, les mains plaquées sur son cou. La plaie est superficielle mais je souris tout de même, fier de mon attaque. Son visage se plie de rage, tout comme le mien. Mais avant que je ne puisse asséner le coup final, me défouler comme il l'a fait plus tôt, me venger pour ma main grotesquement mutilée, je suis attrapé par derrière et jeté au sol.

Il y a des cris de colère et d'alarme, des sanglots effrayés, des hurlements de douleur. Peur et furie flotte partout, nous engloutissant, nous étouffant, nous rendant encore plus fous. Je tente de me relever, le besoin de participer au combat me dévorant de l'intérieur. J'ai envie de crier de tous mes poumons à quel point cette situation est révoltante, à quel point elle me rend malade jusqu'au fond de mes tripes.

Soudain, le bruit d'un pistolet, bruyant, un avertissement de ce qu'ils sont prêts à faire pour nous arrêter. Le temps semble se suspendre. Une femme pleure au loin, ou peut-être est-ce une gamine. Tant de confusion, tant de chaos.

−RETOURNEZ DANS VOS FOUTUES SECTIONS ! braille un Pacificateur du haut de la plate-forme, arme en main.

À côté de lui, l'hôtesse tremble de tous ses membres, tordant ses mains ici et là, collée à la pauvre fillette, la tribut qui a reparti les combats.

Je suis attrapé à nouveau, traîné vers la section de dix-sept ans. Ma lèvre inférieure pisse le sang. Je tente de me débattre mais ça ne sert à rien. Ils s'étaient préparés pour une émeute.

Autour de moi, ce n'est que gémissement de douleur et pleurs. Terreur et impuissance. Je crache au visage de celui qui me tient. Ils vont le payer. Un jour... Un jour ils vont payer, ça ne peut pas se passer autrement. C'est trop injuste sinon, trop dégoûtant. Le Capitole va subir notre vengeance. Un jour.

−Tu vas le regretter, grogne le Pacificateur, son expression déformée par la colère.

−J'en doute.

−Fais attention, on pourrait toujours te couper ta deuxième main. En faire un beau petit trophée à accrocher dans mon entrée.

Je veux le tuer. Je veux placer mes mains autour de son cou et serrer, encore et encore, jusqu'à ce que sa langue sorte, jusqu'à ce que son visage passe du rouge au bleu, que ses yeux semblent prêts à éclater. Mais je ne peux pas. Une main n'est plus là, remplacée par un crochet, et l'autre est si brisée qu'elle en est inutile. La première, je l'ai perdu quand j'avais douze ans. J'ai reçu ma punition après avoir volé de la viande pour nourrir ma famille. La seconde a eu tous ses os brisés encore et encore après la rébellion. Ils pensaient être cléments, en plus. « C'est quand même mieux que la prison, non ? » avait ri l'homme alors que je hurlais de douleur.

−Choisissons maintenant notre tribut mâle, d'accord ? tente l'hôtesse d'une voix incertaine.

Certains se débattent encore, je peux voir la commotion au loin, mais les enfants ici sont trop effrayés, trop faibles pour continuer. Les plus agressifs, comme moi, on chacun leurs gardes. Je grince des dents, goûtant mon sang à nouveau. On ne peut pas... Ils ne peuvent pas faire ça !

−Le tribut est Eckstein Fekor ! s'exclame l'hôtesse.

...Quoi ?

−Tu sais pas à quel point je suis heureux en ce moment ! murmure le Pacificateur à mon oreille, sa mauvaise haleine me levant le cœur.

Il appelle des renforts, me forçant sur le podium. Je lutte de toutes mes forces, rends coups sur coups, mais ça ne sert à rien. Je suis impuissant. Inutile. J'en blesse un, mais un autre le remplace immédiatement. La femme sursaute en me voyant, reculant d'un pas.

−C'est ça, tu devrais avoir peur ! Je vais t'éventrer dès que j'en ai l'occasion ! Tu vas crever ! Vous allez tous crever pour ce que vous nous faîtes !

La fille, l'autre tribut, se met soudain à pleurer, les Pacificateurs nous poussent en bas du podium et le district explose à nouveau en une émeute incontrôlable.

Alors que je suis enfin assommé et que la noirceur m'envahit, je ne peux qu'être fier de mon peuple. Peut-être que nous ne pouvons pas faire grand chose, mais au moins, nous résistons.

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Eli Winthrop, 17 ans, District 5

La fille à mes côtés, ma partenaire de district, est encore en train de rire hystériquement. Je crois que c'est une droguée. J'aimerais l'être aussi en ce moment, ça a l'air amusement. Je laisse les Pacificateurs nous diriger je-ne-sais-où. Je me sens un peu... sous le choc. C'est pas étonnant, j'imagine. C'est juste que j'ai toujours été bon à savoir comment réagir fasse à toutes situations.

Je ne sais pas trop quoi penser. Je sais que c'est du vrai, que le Capitole est sérieux. Une punition comme celle-ci se préparait depuis longtemps. Je ne m'attendais simplement pas à ce qu'ils s'en prennent aux jeunes. Mais spectaculaire rébellion demande spectaculaire sanction. Ça fait du sens. Je me demande ce que mon père aurait à dire de tout ça. Il ne serait probablement pas aussi calme que moi.

−On y est. Vous avez une heure pour faire vos adieux, profitez-en, déclare l'un des Pacificateurs avant de me pousser dans une pièce et de claquer la porte derrière moi.

Je me dirige immédiatement vers le fauteuil, qui semble plus que confortable, et m'y laisse tomber. Pour un moment, je me contente de fermer les yeux, vidant ma tête de toutes pensées. Alors que je me sens me calmer graduellement, la porte s'ouvre d'un mouvement brusque. Anis et Rhega se précipitent à l'intérieur et me sautent dessus, m'étreignant avant que je ne puisse dire quoi que ce soit.

−Peux pas respirer...

Elles me relâchent à contrecœur. Nous ne disons rien, nous contentant de nous regarder. Nous sommes assez intelligents pour savoir que c'est grave. Que c'est peut-être la dernière fois que nous nous voyons.

−Tu sais, commence Rhega avec un petit sourire, je te trouve plus important que des pâtes. Que tu saches, au moins.

Elles ne vont jamais s'en remettre. Il y a quelques mois, elles m'ont demandé à quel point je tenais à elles. Je ne savais pas si je les considérais comme des amies ou non, parce que je n'ai jamais été très bon en relations ou sentiments, et je n'avais jamais eu d'amis avant elles. Alors je leur ai dit que je préférais un plat de pâtes à elles.

−Pas moi, mais vous allez me manquer pareil, dis-je en blaguant, recevant un coup à l'épaule d'Anis.

−Moi non plus, imbécile. Mais tu es mon ami, ajoute-t-elle. Alors meurs pas.

−Ou tu vas le payer, menace Rhega.

−Seulement si vous m'attrapez !

Nous éclatons de rire. Je suis heureux que mes adieux avec elles soient ainsi. Légers, simples. Je ne sais pas si c'est parce que nous ne réalisons pas vraiment ce qu'il m'arrive ou simplement parce que nous n'avons jamais été du genre à exprimer nos sentiments. Dans tous les cas, c'est parfait pour moi.

Elles finissent par quitter la pièce après de nouvelles étreintes à me casser les côtes, puis c'est au tour de ma mère et de mes deux petits frères.

−C'est impossible que ça se passe vraiment. Tu le sais, n'est-ce pas ? Tu vas t'en sortir, mon chou, débite ma mère, essayant de me rassurer autant qu'elle-même.

J'acquiesce à tous les bons moments, même si je suis loin d'être d'accord. Je l'aime, mais elle peut être si naïve parfois.

−T'es trop chanceux, tu vas être à la télé ! se plaint Len, le plus jeune, s'attirant les foudres de notre mère.

Je ne peux pas m'empêcher de sourire, passant une main à travers mes cheveux déjà bien ébouriffés.

−T'inquiète pas, j'oublierai pas de leur raconter tous tes secrets les plus humiliants, dis-je en ricanant avant de recevoir un coup derrière la tête.

−Je t'en prie Eli, sois sérieux pour trois secondes, me supplie ma mère. Je veux juste... Prends soin de toi. Je suis sûre que tu vas être sorti de tout ça en un rien de temps et de retour à la maison. Si seulement ton père était là...

Un lourd silence s'installe et je me ronge les ongles presque inconsciemment. Le sujet interdit. J'aimerais que mon père soit là, moi aussi. Je suis certain qu'il ferait une blague complètement ratée, ou un truc du genre. Et qu'il ferait tout en son pouvoir pour me sauver. Il était bon à ça, sauver les gens. Mais il n'est pas là, ma mère retient ses sanglots, Othaen fait les cent pas et Len boude. Pas pour longtemps, j'imagine. Une fois qu'il aura réalisé à quel point la situation est grave, il va probablement s'embarrer dans sa chambre pour cacher ses larmes.

Ils ne devraient pas s'inquiéter, pourtant. Peut-être que je ne peux pas vraiment me battre, mais je suis intelligent. Parfois trop, selon Rhega et Anis. Je vais m'en sortir en vie, ils vont voir. Et puis, ces jeux semblent presque... amusants. Je ne crois pas que je sois un tueur en série ou quoi que ce soit du genre, mais... J'ai toujours eu l'impression que ma vie manquait d'action. Qu'elle était... trop ennuyante. La rébellion, aussi étrange que cela puisse paraître, a été la meilleure période de ma vie.

Alors ces Hunger Games... Elles devraient combler ce manque d'action, non ?

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Wakiza Naoelo, 18 ans, District 2

−C'est ta chance, Wakiza.

Je lève les yeux, surpris. Mon père me regarde gravement, les mains sur ses hanches, se tenant haut et fier. J'imite sa posture par réflexe et penche ma tête légèrement, les yeux plissés d'une incompréhension colérique. Je n'arrive toujours pas à croire ce qu'il s'est passé il y a une vingtaine de minutes seulement.

−De quoi tu parles, c'est ma chance ?!

L'annonce, le tirage, mon nom choisi, être traîné ici... Je ne comprends pas. Nous les avons aidés, soutenus. Ma famille entière s'est battue aux côtés du Capitole, et nous sommes tout de même punis ? Je suis tué ?

−Ne comprends-tu pas ? explique mon père patiemment. Ils n'ont pas inclus notre district dans ces Hunger Games pour rien !

−Qu'est-ce que tu veux dire à la fin ?!

−Wakiza, aller, penses-y. Ils ont inclus des tributs d'ici pour que nous gagnions ! Pour que toi et la fille puissiez montrer aux autres districts qui sont les plus forts. Pour que tu les punisses, que tu prouves ta loyauté au Capitole en gagnant !

Il parle avec animation, agitant ses bras d'un côté et de l'autre, souriant. Il semble si fier.

−Tu es le représentant de ton district. Tu es là pour montrer à tout le monde que nous supportons le Capitole, et que c'est pourquoi nous sommes les plus forts ! Tu es la main du châtiment, ici pour instaurer peur et respect afin qu'il n'y ait plus jamais de rébellion. C'est... c'est ta destinée !

Je secoue la tête, abasourdi. Je ne sais pas si... je veux dire, qui sait s'il a raison ? Peut-être que le Capitole se fout de notre district en réalité... Mais malgré ça... je suis loyal au Capitole, au président. Les autres districts, sauf peut-être le Un, ils sont tous si insignifiants, si faibles. Tuer les tributs serait si facile ! Je suis habitué à travailler dur à la carrière. Je peux les battre sans problème !

−Es-tu avec moi, fiston ?

Je prends une grande inspiration et donne un hochement de tête résolu. Il a raison. Bien sûr qu'il a raison. Il n'y a personne de mieux que moi pour cette tâche. C'est ma destinée. C'est pourquoi j'ai été choisi. Ça doit être ça.

−Rends-nous fier, tu m'entends ?

−Promis, père.

Promis.

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Amber Dawn, Haute Juge, Capitole

−Les tributs semblent intéressants, sourit le président, croisant ses mains sur ses genoux.

Je hoche la tête, prenant une gorgée de thé.

−Oui, je suis certaine que ce sera spectaculaire. Avec un peu d'aide, bien sûr.

−Bien sûr. J'ai revu le budget que vous m'avez envoyé. Ça me semble coûteux, Mlle Dawn.

Et voilà, c'est toujours une question d'argent. Veut-il un spectacle inoubliable ou une minable petite punition qui sera oubliée après quelques mois ? Ce sont les Hunger Games ! Personne ne sortira indemne de l'expérience. Je vais m'assurer de cela.

−Une nécessité, je vous assure, dis-je, affichant un sourire calme.

−Je vous fais confiance. C'est votre projet, après tout. J'espère que vous n'êtes pas du genre à faire des promesses dans le vide. Beaucoup repose sur ceci. Surtout après les émeutes des quelques districts encore rebelles. Au moins, nous savons maintenant où nous devons resserrer l'étau pour leur enlever toute envie de refaire une révolte. Vos Hunger Games sont sensées aider à cela. Je compte sur vous.

−Je sais, monsieur. Ce sera le châtiment parfait.

−J'espère bien.

Il me donne congé d'un revers de la main et je me lève avec grâce. Mes talons claquent discrètement sur le sol marbré alors que je quitte le bâtiment et m'insère dans mon véhicule. Le chauffeur me salue poliment.

−Au quartier général, j'ordonne en regardant à travers la vitre teintée.

Les rues semblent en effervescence. Tous discutent les Jeux. Ils vont voir. Je vais faire un véritable chef d'œuvre.

J'allume mon écran portable, visionnant les moissons à nouveau avec un petit sourire en coin. La jolie jeune fille du Un, le gamin de treize ans au visage d'ange du même district, le garçon à la forte carrure du Deux, les deux rebelles du Quatre, la droguée du Cinq, l'imposant prisonnier du Neuf, la stoïque noire du Onze, la simplette de quatorze ans du Douze et son partenaire au crochet.

Oh, le crochet. J'ai de délicieuses idées le concernant.

Ces enfants n'ont aucune idée de ce qui les attend. J'espère qu'ils sont prêts, car je le suis certainement. Ces Hunger Games seront à couper le souffle.