J'offre cet O.S. en cadeau de rencontre à Romane, la chère amie de mon amie le fruit à noyaux bientôt dénoyauté (Prune pour ne pas la nommer).

Priez pour que je trouve le courage d'écrire une suite. Parce que sinon, considérez-ça comme la plus horrible fin de l'année.


John prit une grande inspiration. Voilà. On y était. C'était le grand jour. Cela faisait deux mois que Sherlock était revenu de la mort. John s'y était attendu. En fait, il n'avait pas vraiment cru à la mort de Sherlock. Pendant quelques mois, il avait été convaincu qu'il avait simulé sa mort. Il ne l'avait pas vraiment vu tomber, il n'était pas sûr que son pouls était vraiment imperceptible, il n'avait pas la conviction que le corps était celui de Sherlock. Depuis le début, il n'y avait pas cru.

Alors lorsque Sherlock était venu dans l'appartement, un soir de novembre, il n'avait pas sursauté, pas crié, pas frappé. Il lui avait seulement tiré une grimace et lui avait dit que franchement, il aurait pu éviter de lui faire croire une histoire aussi débile. Sherlock avait été soufflé. Tout son beau discours qu'il avait préparé pour se faire pardonner, tout ça n'avait servit à rien parce que John savait, depuis le début, et qu'il avait très bien réussit à le dissimuler.

Alors John s'était un peu senti trahit que Sherlock ne lui ai pas fait confiance, et Sherlock s'était un peu senti gêné de ne pas avoir analysé plus loin la foi en lui de John. Pour finir, ils s'étaient tous les deux assis dans le canapé, le médecin lui avait servi une tasse de thé et ils avaient regardé un talk-show à la télévision. Et voilà, juste comme ça, Sherlock était de retour.

Mais il y avait un hic. Parce qu'il y a toujours un hic. John avait beaucoup réfléchi pendant les trois longues années où il avait attendu Sherlock. Il savait que si il avait supporté le détective, c'était plus que par simple altruisme, besoin d'adrénaline ou encore manque de moyens. Il y avait forcément quelque chose d'autre. Et quand on voyait les antécédents familiaux (sa sœur pour ne pas la nommer), il fallait s'y attendre. Il était amoureux de Sherlock. Et ça n'était pas près de s'arrêter.

Alors il avait bien considéré la question et il ne voyait pas comment est-ce qu'il pourrait le dissimuler très longtemps aux yeux de son détective de colocataire. Alors tant qu'à faire, autant qu'il le lui dise. Et qui sait, avec un peu de chance, Sherlock répondrait à ses sentiments.

Il restait donc à le lui annoncer. Oh, il comptait bien le faire. Restait à savoir quand, comment et avec quels mots. Il avait donc soigneusement préparé sa tirade et savait parfaitement comment est-ce qu'il mettrait sur le tapis ses sentiments pour son asexué personnel. John avait attendu deux mois, choisissant ses mots avec précaution. Comme on dit, ça passe ou ça casse. Mais il avait sa chance, non ?

Il avait prévu de lui dire ce soir. Mais actuellement, il était en train de courir après un criminel qui avait prit en otage Sherlock quelque-part dans Londres et il n'arrivait pas à le rattraper. Alors les déclarations attendraient quelques minutes, merci. Il tourna au coin de la rue, dérapa violemment sur les pavés humides qui commençaient à verglacer et gagna quelques mètres sur l'homme qu'il poursuivait.

John accéléra encore et tendit le bras. Ses doigts se refermèrent sur un pan du manteau de sa cible. Il tira un grand coup et l'homme se retrouva au sol, John assis sur son ventre et un revolver sous la gorge. Le médecin ne tarda pas à savoir où se trouvait Sherlock. Une minute pour menotter son prisonnier, deux de plus pour appeler Lestrade et encore cinq pour trouver Sherlock.

Le détective était recroquevillé dans un coin de l'entrepôt poussiéreux qui jouxtait la rue d'où venait John. Son poignet droit était menotté à un tuyau et à en juger par le bleu sur sa tempe, il devait être assommé. John se précipita à genoux près de lui et entreprit de déverrouiller les menottes. Il dégagea finalement l'homme qui régnait sur son cœur et le releva, passant son bras en travers de ses épaules et le soulevant avec un grognement. Il prit la route de la porte de l'entrepôt avec un sourire grignotant son visage.

Il portait Sherlock tout contre lui, et il l'aimait bon dieu, qu'est-ce qu'il l'aimait !

- Si tu savais comme je t'aime Sherlock, chuchota-t-il. Je t'aime à en crever, tu n'imagine même pas. Tu es le seul amour de ma vie.

- ... John ?

Le médecin se glaça d'effroi. Il l'avait entendu. Il l'avait entendu alors que rien n'était prêt et qu'il n'avait même pas pu dire sa jolie petite tirade qui expliquait si bien ses sentiments. Le détective se redressa et s'éloigna imperceptiblement de John qui vit se briser tous ses rêves. Sherlock le regardait de ses yeux emplis de surprise puis se détacha de son étreinte et fit un pas hésitant en arrière, mettant encore plus de distance entre le médecin et lui.

-Sherlock...

-Je v-vais appeler Lestrade. Je...

Sherlock fit encore deux pas en arrière puis fit volte-face avant de s'enfuir en courant. John se figea, le visage aussi vide et pâle qu'une nuit sans lune. Ses yeux où se consumaient ses rêves fixés sur le sol ne laissaient échapper aucune larme alors que dans sa tête, il hurlait de douleur. Tout aurait pu si bien se passer ! Mais non. Il était maudit. Maudit.

D'un pas traînant et lourd de douleur et de chagrin, il s'éloigna de l'entrepôt et rejoignit l'artère la plus proche. Il héla un taxi et demanda à être conduit à Baker Street. Sherlock ne devait pas encore s'y trouver, il pourrait donc réfléchir à sa situation. Et au vue de la réaction du détective, commencer à faire ses bagages. Le taxi le déposa rapidement devant le perron du 221 et John en sortit, le dos voûté. Il paya sans trop y faire attention et rentra dans la maison. La montée des marches fut extrêmement difficile. Dans sa tête, tout tourbillonnait, y compris le fait qu'il les montait sûrement pour la dernière fois.

John ne prêta pas attention à Mrs. Hudson qui sortait de l'appartement pour lui souhaiter bon retour, ni au crâne qu'elle tenait dans les mains et qu'il aurait habituellement récupéré pour le replacer sur la cheminée. La vieille dame haussa un sourcil intrigué devant le comportement amorphe de son locataire mais ne fit pas de remarque et rentra chez elle avec une pensée pour le duo étrange qui vivait près d'elle.

Le médecin referma doucement la porte de l'appartement et se tint là, contemplant ce qui avait été l'antre de tant de nouveaux sentiments pour lui et l'abri de si nombreux souvenirs joyeux ou tristes. Il ramassa au passage un ou deux livres sur la table basse du salon, attrapa son ordinateur et monta dans sa chambre. Il fit sa valise, la mort dans l'âme. Il n'avait pas grand chose à emporter, il n'était pas quelqu'un de matérialiste. Le blond ouvrit le tiroir de sa table de chevet et en sortit le journal qu'il tenait en Afhganistan et qu'il relisait à chaque fois qu'il trouvait sa vie horrible pour se rappeler qu'elle avait été bien pire.

Du tiroir, il sortit également une photo. Il l'avait prise totalement par hasard, alors qu'il photographiait une inscription en lettres de sang sur un mur. Sherlock était passé devant l'objectif sans y faire attention et John avait appuyé, l'esprit ailleurs. Quand, plus tard, il avait revu la photo, il en avait eut le souffle coupé. Le détective avait le visage levé vers le plafond vitré de la gare où ils se trouvaient (les yeux fixés sur le pendu qui s'y trouvait en fait, mais qui était hors-champ). Son visage était illuminé par le couché de soleil et ses yeux brillaient si forts que l'on ne voyait qu'eux sur la photo.

Sa gorge pâle était offerte à la vue de tous et son écharpe de soie bleue était négligemment nouée, apportant une touche de chic à cette image qui en dépraverait plus d'un. Les mains dans les poches de son manteau, la bouche légèrement ouverte, un léger sourire aux lèvres, Sherlock était absolument magnifique.

John avait imprimé la photo qui reposait bien sagement dans le tiroir. Il avait l'impression qu'ainsi, Sherlock dormait un peu avec lui, d'une certaine façon. Il rangea le carnet dans sa valise et mit la photo dans la poche interne de sa veste en cuir. Une fois ses vêtements pliés avec attention et les deux-trois bibelots sur sa table de chevet empilés au fond de la valise, il ajouta son ordinateur et les livres qu'il avait récupéré puis la ferma doucement, son cœur se brisant un peu plus à chaque centimètre gagné.

Une fois cela fait, il fit le tour mentalement de l'appartement et choisit de repasser plus tard chercher les quelques livres qui devaient encore traîner. Il attrapa sa trousse de toilette et y mit sa brosse à dent (à côté de celle de Sherlock, bon sang!) et son peigne. Il rangea sa trousse dans la poche sur le côté de sa valise. Voilà. C'était bon. Il pouvait partir.

Il entendit la porte d'entrer claquer et son colocataire se débarrasser de son blouson avant de s'affaler sur le canapé. Il devait sûrement réfléchir. Avec un peu de chance il serait dans son Palais Mental et John pourrait partir sans qu'il ne le remarque et lui pose des questions. Il prit sa valise, enfila ses gants (l'hiver était rude) et descendit les marches qui menaient au salon. Là, il contempla une dernière fois Sherlock qui, allongé dans le canapé, avait fermé les yeux et semblait plongé en pleine réflexion. Qu'est-ce qu'il était beau ! Et brillant ! Mais il avait tout gâché, avec son amour stupide et inconditionnel.

Il atteignit rapidement la porte et baissa la tête. Il sortit de sa poche la clé de l'appartement, la posa sur le meuble près de l'entrée et murmura inconsciemment « c'est fini ».

- John ? L'interpella la voix du détective.

- Je-je crois que je vais m'en aller.

- Oui, ça.. ça vaux mieux, sans doutes.

- Au revoir, Sherlock.

- Au revoir, John.

Et juste comme ça, c'était terminé. John ouvrit la porte, sa valise à la main, et sortit de l'appartement. Restait maintenant à reconstruire sa vie, loin de cet homme qui avait pris toute la place avant de se retirer pour ne plus laisser derrière lui que ruine et destruction.


Walla. C'est dit, hein. Je sais pas si j'aurais la foi d'écrire la suite (si suite il y a), donc c'est à vous de me motiver ! Sinon John et Sherlock resterons malheureux à tout jamais mouhahahahahaha 8D

Alors Romane, ça t'a plu ?

Je vous embrasse,

Amako.