Titre : Juste une négociation
Pairing : Héphaïstion/Alexandre
Disclaimars : Les personnages cités ne m'appartiennent pas
Genre : slash
Ce n'était un secret pour personne : Philippe était un fier conquérant qui ne s'arrêterait devant rien. La Grèce s'en était vaguement inquiétée, mais épuisée par des décennies de guerres elle avait renoncé à lutter. Les terres avaient besoin d'hommes pour les cultures, et l'argent ne fleurissait pas aisément dans les cités…
Pourtant un homme osa s'opposer à cette conquête qu'il qualifiait de tyrannie. Un homme refusa d'être vulgairement associé à ces trophées. Un homme se leva pour s'y opposer. Un seul homme… Mais un homme de valeur, d'honneur, et plus important encore de charisme. Cet homme, ce général Amyntor, était des plus respectables. Formé au combat, avisé dans ses stratégies, il avait réussi à tenir tête à ce géant insatiable qui voulait acquérir la cité. Il avait levé une armée peu nombreuse, mais rusée, agile… Aussi Philippe s'était longtemps heurté à un mur inviolable lorsqu'il avait voulu s'emparer de la cité.
Amyntor aurait pu résister encore et encore à cet envahisseur, mais les hommes se fatiguaient vite, les ressources s'épuisaient, les citoyens étaient tristes… L'homme, aussi valeureux qu'il fut, ne pouvait pas lutter contre la propre résignation des personnes qu'il protégeait. Alors il dût se résoudre à abandonner le combat, mais il ne se prosterna pas pour autant aux pieds de Philippe. Il lui imposa une alliance, un pacte, en échange de sa reddition.
Philippe aurait pu raser purement et simplement la ville dès ses défenses épuisées. Mais il ne le fit pas. Cette cité était un joyau, et particulièrement aimée en Grèce. S'il obtenait sa capitulation et sa collaboration le reste de la conquête de la Grèce serait d'une facilité enfantine. Aussi il accorda à Amyntor ce privilège de négocier.
Le vaincu fut alors bien embarrassé. Il n'avait eu de son épouse qu'un fils, avant que celui-ci ne perde sa mère d'une maladie. Et il avait refusé de se remarier depuis lors, en mémoire à la femme qu'il avait si tendrement chérie… ça lui avait valut bon nombre de railleries, mais il s'en moquait jusque là. Avant ce n'était pas gênant, mais cette alliance ne pouvait pas se conclure sans mariage…
Assez vite, le nouveau roi s'exaspéra de son incapacité à lui fournir une fille qu'il puisse donner en mariage à son fils Alexandre. L'homme était têtu, et refusait ses arrangements. Philippe aurait pu se montrer conciliant, et attendre qu'il se remarie pour lui donner enfin une fille à marier, mais l'homme refusait cette éventualité. Qu'était censé faire le roi triomphant quand le vaincu n'avait qu'un fils à sa disposition ?
Héphaïstion avait vu le jour deux mois après le tout premier cri d'Alexandre. C'était un garçon délicat, non pas parce qu'il était frêle ou efféminé. Non, ces charmes étaient bien différents. Il semblait sage déjà à son jeune âge, doux mais féroce, inaccessible mais attentionné. Il était captivant, en particulier pour ses yeux d'un azur inimitable. Le garçon était d'une beauté proprement époustouflante, et tous attendaient avec impatience de le voir grandir pour voir quel grand et bel homme il ferait. Toute la cité ne cessait de l'aduler, affirmant qu'il était le plus beau garçon de Grèce, que les dieux lui avaient fait don de tous leurs bienfaits.
Philippe entendit tous ces commérages d'une oreille distraite. Tous ces bavardages l'indifféraient. Ce n'était pas ça qui réglerait son problème avec Amyntor… Pourtant son avis changea du tout au tout quand le hasard mit Héphaïstion sur la route du roi conquérant. Le roi fut frappé par le jeune garçon, mais se refusa à s'arrêter uniquement sur son physique charmant. Il voulut donc discuter avec le garçonnet de 7 ans, et fut frappé par ses connaissances, sa philosophie, sa douceur et surtout son intelligence.
Convaincu par les bienfaits de la chose, Philippe décida qu'il ferait du petit le mignon de son fils. Qu'on aille encore dire qu'il était un mauvais père après ça ! C'était un réel sacrifice pour le roi. Il aurait aimé s'attacher le jeune garçon, même s'il lui fallait attendre qu'il grandisse un peu, mais son âge coïncidait avec celui de son fils, alors il le privilégia. Il l'amena alors avec lui pour les négociations qui arrivaient avec Amyntor, et ce fut à cet instant qu'il fit une révélation qui changea son avis sur le jeune garçon. Ce garçonnet aussi beau qu'intelligent était le fils du général résistant récemment vaincu. Et ça changeait pas mal de choses… Philippe se décida donc à faire de ce jeune prodige, non pas juste le mignon de son fils, mais son époux. Et tant pis pour les bonnes mœurs des bien-pensants du royaume !
Mais avant ça il devait convaincre Amyntor… Et ça ce fut une lutte bien plus violente encore que la prise de la cité. Le général était un homme humble, mais il tenait à son unique richesse : son fils. C'était tout ce qu'il lui restait de sa défunte épouse, alors il le chérissait pour eux deux. Héphaïstion ressemblait beaucoup à sa mère, sans même le savoir ni même le rechercher. Amyntor ne voulait pas le céder à Philippe, le déshonorer de la sorte.
Les négociations furent pénibles, lourdes, et longues. Amyntor cherchait une échappatoire à ce prix que lui réclamait Philippe. Mais le vainqueur était intransigeant : il voulait le garçonnet pour en faire offrande à son fils. Comme le temps ne s'arrêtait pas pour eux et leurs négociations, Philippe résolut de migrer vers Pella pour poursuivre leur accord. Amyntor n'eut pas son mot à dire, puisqu'il était le grand vaincu de ce conflit, et Héphaïstion le suivit dans cette ville.
Le marchandage reprit de plus belle, Amyntor voulant à tout prix réduire la peine de son fils. Mais les chaines de celui-ci étaient déjà venues s'ancrer à ses poignets, et son père ne bénéficiait que d'une marge de manœuvre très étroite pour les alléger…
