Quand l'histoire prend une autre tournure.
RPF littérature. UA. Série d'OS. Voyage dans le temps d'une jeune femme de notre époque vers un autre temps plus ancien et différent de l'histoire qu'elle connaît et où elle rencontre successivement Laforgue et le comte de Lautréamont. Slash. Laforgue/Lautréamont. Ne tient pas compte de la réalité historique.
ND'A : Lautréamont est mort en 1870 quand Laforgue avait dix ans je ne m'appuie donc pas sur ce qu'il s'est réellement passé, l'histoire se passe dans un univers alternatif. C'est juste un délire sur ce qui aurait pu se passer si ces deux-là avaient eu plus ou moins le même âge à la même époque et qu'ils avaient pu se rencontrer.
Ravie de vous rencontrer.
Marie tenta sans succès d'étouffer un soupir d'exaspération en comprenant où elle se trouvait, à savoir Paris, et d'après ce qu'elle voyait celui-ci n'avait rien à voir avec le Paris qu'elle connaissait (non pas qu'elle soit réellement familière de la capitale).
Son véritable problème, en réalité était que son don (du moins la plupart du temps il la desservait plus qu'autre chose) avait encore dû la transporter à un moment quelconque de l'Histoire, sans qu'elle ait pu décider quoi que ce soit.
Et bordel, si seulement elle pouvait seulement choisir le moment et l'endroit où elle se rendait, tout aurait été plus simple. Il y avait tant de moments de l'Histoire auxquels elle aurait voulu seulement assister !
Mais malheureusement, son don ne marchait pas comme cela, puisqu'elle ne possédait aucun putain de contrôle sur celui-ci. Il la propulsait la plupart du temps dans un lieu inconnu, et après il lui fallait souvent des heures (voire plus) pour comprendre où et surtout quand elle pouvait bien être.
(Comme cette fois où elle s'était perdue dans l'Islande du neuvième siècle, chose qu'elle n'avait compris qu'en retournant à son époque).
Revenir à son époque prenait à chaque fois un certain temps, qu'elle tuait en se promenant avec curiosité dans le lieu et le moment où elle avait été envoyée. Vingt-quatre heures minimum pour que son pouvoir remonte et lui permette de renter avant elle devait réussir à se débrouiller seule.
Intriguée, elle leva la tête et observa autour d'elle cette fois-ci ce serait sûrement plus facile, au moins pour le lieu, et peut-être également pour l'époque.
Marie ne put que bénir la présence proche d'un kiosque à journaux non loin, qui lui permit de repérer le mois et l'année.
Avril 1877.
La date ne lui disait absolument rien du tout, le vingt-cinq apparemment, ce qui n'éveillait que peu de choses en elle. Cela avait peut-être eu un sens pour quelqu'un à cette époque, mais pas pour elle.
Elle fut soudainement tirée de ses réflexions en sentant qu'on la bousculait et, comprenant qu'elle gênait le passage, bredouilla quelques mots d'excuse, avant de s'écarter.
Les yeux toujours écarquillés, et malgré son inattention, elle ne put s'empêcher de remarquer un jeune homme mélancolique qui marchait dans Paris, la mine sombre. Sans savoir pourquoi, une fois sûre que personne ne faisait attention à elle, elle traversa la route et se dirigea vers lui. Dans une situation normale, elle ne l'aurait sans doute pas fait, mais ce n'était pas le cas.
Étant d'un naturel assez sociable, cela ne la dérangeait absolument pas d'aller parler à un inconnu, sans aucune raison valable apparente. Même si la personne en question était déjà morte à son époque à elle, et qu'elle appartenait à un passé révolu (de son point de vue à elle.) Mais cela n'avait aucune importance, parce que sa présence à elle ne changerait rien.
Voyager dans le passé ne changeait pas le futur, cela, Marie avait fini par le comprendre d'elle-même.
(Sans avoir essayé de le faire, bien sûr. Pour qui la prenez vous ? Elle n'était si irresponsable que cela, voyons !
Bon… peut-être qu'en fait si…
Non c'était même sûr, bien évidemment qu'elle avait déjà essayé. Mais ça avait été un échec complet.
Ou une réussite, selon le point de vue duquel on se place.)
Peu importe ce qu'elle ferait, cela n'aurait aucune coïncidence sur ce qui adviendrait ensuite, de ce fait c'était pour cela qu'elle se plaisait autant dans les endroits qu'elle visitait, et ce quelle que soit l'époque.
(Certaines étant mieux que d'autres, elle avait adoré aller à une fête à Versailles pendant le règne de Louis XIV et détesté arriver au temps de la Terreur. Voir des gens guillotinés avait failli la faire vomir, voire perdre connaissance.)
Elle espérait que ce serait une époque plus calme que celles où elle avait déjà été. Alors qu'elle continuait de suivre l'inconnu, elle réfléchissait.
« Qui dit 1877 dit plusieurs choses. La guerre franco-prussienne et la Commune sont passées depuis sept ans, c'est donc calme à ce niveau-là, mais j'avoue ne plus me souvenir de ce qui a bien pu se passer cette année-là. »
Pas que des bonnes choses en tout cas, pas pour tout le monde du moins, se dit-elle en voyant la mine toujours chagrine du jeune homme.
« Un adolescent on dirait, pensa-t-elle. Il a moins de vingt ans en tout cas. »
La jeune femme quant à elle était âgée de trente-et-un ans, et était libraire, tout en étant auteure à ses heures perdues. Elle était célibataire, mais malgré cela possédait un certain nombre d'amis, aucun n'étant par ailleurs au courant pour son don.
Le jeune garçon était habillé en noir, serrant dans une de ses mains une rose noire, et se retenant de pleurer, ce que Marie n'avait tout d'abord pas compris. Lui n'avait par ailleurs pas réalisé qu'on le suivait. Ce n'est qu'en remarquant qu'il s'était arrêté, le corps tremblant que la jeune femme réalisa qu'il y avait un problème.
« Excusez-moi si je peux vous sembler indiscrète, mais… est-ce que tout va bien ? »
L'autre la regarda avec surprise, puis avec un véritable air d'ahurissement, dont elle comprit la raison en se regardant elle-même. Puis elle grimaça.
« Note à moi-même, penser pour la prochaine fois à me vêtir de mes habits du XIXe siècle afin de ne pas sembler trop étrange. Évidemment ce ne serait valable que si je possédais des vêtements de ce genre, ce qui n'est pas le cas, comme pour toute personne sensée ! »
En effet, elle se rendit compte un peu tard qu'elle était habillée étrangement pour quelqu'un d'ici mais apparemment, le jeune homme n'en tint pas compte, et finit par se reprendre.
« Je ne vais pas bien, absolument pas bien du tout, avoua-t-il. »
Il ne savait pas ce qui lui prenait de se confier à cette inconnue, mais il en avait réellement besoin, et tant pis si cette femme était étrange. Lui aussi l'était, après tout.
« Je viens de perdre ma mère. On l'a enterrée aujourd'hui.
- J'en suis navrée pour vous. »
Mais, alors qu'il pensait qu'elle allait partir, l'inconnue se montra d'une singulière sollicitude.
« Voulez-vous que je vous aide à rentrer chez vous ? Je ne pense pas que vous soyez en état de le faire, où sont les autres membres de votre famille ?
- Ailleurs, ils n'étaient pas là pour l'enterrement.
- Je vois…
- Je veux bien de votre aide, merci.
- Je vous en prie. »
La jeune femme et l'adolescent se rendirent alors à l'appartement du jeune homme, ce qui prit un certain temps. Entre eux régnait un silence assez gênant, aucun d'eux ne sachant que dire, et regrettant presque tout les deux d'avoir accepté la proposition de Marie.
En fait, ce n'est que quand ils furent installés dans l'appartement du jeune homme qu'ils se mirent enfin à discuter.
« Vous ne m'avez toujours pas dit comment vous vous appeliez.
- Je n'y ai pas pensé, désolée. Je me nomme Marie. »
Un léger sourire apparut sur le visage du jeune homme.
« C'est drôle, ma sœur, que j'apprécie beaucoup, s'appelle également Marie.
- Et vous, comment vous prénommez vous ? Demanda-t-elle, ignorante du nom qui allait bientôt être prononcé.
- Mon nom est Jules, Jules Laforgue. »
Ce nom disait quelque chose à Marie, quoi, elle n'en savait rien, mais cela venait tout juste de raviver sa mémoire, mais elle n'en tint pas compte, et sourit. Elle tendit une main qu'il serra alors.
« Hé bien sachez que je suis ravie de vous rencontrer Jules ! »
