Titre du chapitre : Je veux retrouver ma vie d'avant !
«- Soupirs, soupirs et désespoir. Qu'est-ce je vais faire de toi Lulubell-san ?
-Eh ben, euh, tu pourrais m'adopter et si tu ne veux pas, tu pourrais m'aider à retrouver ce foutu assistant qui s'évertue à me faire regretter d'être née.
-Soupirs, soupirs et désespoir. Qu'est-ce que je vais faire pour toi Lulubell-san ? Ca fait déjà deux mois que tu me dois ton manuscrit…
-Uryuu, si tu me laisses deux petites semaines, il sera sur ton bureau avec quelques cookies en plus. »
Le dénommé Uryuu remonta ses lunettes d'un geste sec et impatient et regarda avec consternation l'auteur qui s'était mis à genoux pour le supplier de lui accorder un autre délai. Il soupira encore une fois. Il savait que la jeune femme était surchargée de travail mais il ne pouvait pas faire attendre l'imprimeur plus longtemps. Il s'apprêtait à lui répondre que non ce n'était malheureusement pas possible d'obtenir du temps supplémentaire et qu'il lui fallait ces manuscrits maintenant mais il s'arrêta en voyant Lulubell aux bords des larmes.
« -S'il-te-plaît, Uryuu, fais le pour…moi. »
La bouche en cœur et la position de jeune sainte blessée marchait toujours sur les hommes et Uryuu Ishida ne faisait pas exception.
Lulubell put constater les différentes émotions qui passaient par le jeune homme : la résistance (« non, craque pas, ne craque pas ! »), la réflexion (« mais en même temps, je peux convaincre l'imprimeur de patienter encore un peu »), la rébellion (« non Uryuu ! Tu fais la même erreur à chaque fois, ne la laisse pas t'embobiner ! »), la compassion (« mais pauvre petite chose qui n'a plus de temps libre »), et enfin, la résignation.
Lulubell savait que c'était gagné.
« -Bon, très bien, tu l'auras ton délai, mais la prochaine fois que je passerais, tu devras, dans ton intérêt, l'avoir fini. »
Sur ces mots, l'éditeur s'en alla laissant Lulubell savourer sa victoire.
Cette dernière savait qu'elle ne pourrait plus faire le même coup car aujourd'hui, la position de la sainte avait failli ne pas marcher.
« -Bon, je ne sais pas quand est-ce que je devrai rendre mes pages mais une chose est sûre, je fais la fête ce soir ! »
La jeune femme couru jusqu'à sa cuisine et ouvrit le frigo d'un geste vif. Sa main se dirigea automatiquement vers le pack de six bières qui n'attendaient que cette occasion pour enfin être bues.
Elle décapsula la première canette et avala le breuvage d'un trait.
L'auteur en était déjà à sa troisième cannette lorsque la porte d'entrée s'ouvrit et laissa place à un jeune homme trempé et apparemment mécontent. Ses sourcils semblaient plus froncés que d'habitude.
« -Ben, Ichigo, pourquoi as-tu ce sourire, hic, à l'envers sur ton visage ? Il s'est passé, hic, quelque chose de grave ? »
Le rouquin balança son sac de course par terre et offrit à Lulubell le-regard-de-la-mort-qui-tue. Celle-ci, nullement impressionnée, attendit sa réponse.
« -Il se trouve que je viens de me faire agresser, et c'est peu dire, par Ishida. Devine pourquoi…
-Raah, Ichigo ! T'sais bien que je n'ai jamais aimé les devinettes…
-Oh, mince alors. Ma pauvre chose abimée par la vie. »
Ichigo attrapa la jeune femme par l'oreille et la balança dans son bureau avec toute la délicatesse qui le caractérisait. Il lui mit ensuite un crayon dans main et n'oublia surtout pas de sangler ses pieds à la chaise.
« -Au travail maintenant et je ne veux pas entendre ne serait-ce qu'une petite lamentation ou protestation.
-Mais, t'es censé m'aider ! T'es mon assistant non ? »
La règle (auparavant prise) tapa dans la paume d'Ichigo, un sourire orna son visage et une aura sombre et étouffante envahît la pièce faisant hérisser les poils de Lulubell qui protesta (mentalement) sur le fait qu'elle était une femme qui ne demandait pas grand-chose sinon de l'aide.
« -Ouin ! Je veux retrouver ma vie d'avant ! Où sont passé ces années d'insouciance où je pouvais librement faire ce qui me plaisait ? Où sont les hommes qui me demandaient si je n'avais pas besoin d'aide ? Où est mon argent de poche que je gagnais sans faire le moindre effort ? Pourquoi n'ai-je pas accepté de devenir caissière dans un supermarché quelconque. Je dois être maso pour avoir choisi de devenir mangaka, autant le suicide aurait été plus rapide… »
« -Ah…Ne te plains pas, tu n'as pas encore eu la visite de ton autre éditeur. »
Lulubell s'arrêta de respirer…
« -…Ne me dis pas que tu avais oublié que tu avais deux éditeurs ? »
Si…Elle avait zappé. Et, comme une mauvaise blague du destin, la sonnette se fit entendre. Ichigo alla ouvrir et se retrouva face au deuxième éditeur de Lulubell. Un homme aux cheveux noirs, un regard vide et morne et au teint grisâtre s'inclina.
"-Bonjour Ichigo Kurosaki, je me suis permis de quémander le manuscrit de Lulubell-san. Je n'accepterais aucun contretemps, merci."
Ichigo resta figé et l'éditeur profita de son absence pour se glisser à l'intérieur de la demeure de l'auteur et il jeta un coup d'œil circulaire. Des bouts de gommes trainaient, des crayons brisés trainaient, des vêtements trainaient, des emballages de Chuppa Chups trainaient, des cannettes de bières trainaient...
"-Ichigo Kurosaki... Je crois me souvenir que je vous avais demandé de ne pas toucher à l'alcool pendant que le manuscrit était dans sa phase de récupération.
-Pourquoi est-ce que vous me visez? Mais regardez la tête de cette ivrogne! On voit parfaitement que c'est elle qui...
- De quoi parles-tu, Ichigo? l'interrompit la jeune femme avec un air sérieux et professionnel.
-...Sale...
-Je vous prierais de vous abstenir de critiquer cette demoiselle Ichigo Kurosaki. Et j'attends le manuscrit, allez le chercher."
Mais il y a clairement du favoritisme là! Ichigo se demanda à son tour s'il n'aurait pas mieux fait d'être un super guerrier avec une grande épée et d'avoir toutes les femmes à ses pieds.
Il arriva dans la pseudo chambre de Lulubell et commença à fouiller sous les décombres de choses et d'autres dans l'espoir de retrouver un manuscrit. C'est au bout de vingt minutes de recherches infructueuses qu'il finit par retrouver les pages. Il semble qu'elles aient été terminées. Tant mieux, ça lui évitera de faire des retouches de dernières minutes.
Il retourna dans la salle de séjour. Lulubell était toujours en train de se lamenter mais travaillait quand même et l'éditeur au teint grisâtre n'avait pas bougé d'un pouce et fixait un endroit dans le mur où le papier peint n'avait pas été bien appliqué. Ses yeux verts retrouvèrent un semblant de vie lorsqu'Ichigo lui tendit les pages.
"-Vous avez été long Ichigo Kurosaki, mais je n'en tiendrais pas rigueur pour cette fois. Sachez cependant qu'à ma prochaine visite je ne tolérerais pas l'attente qui m'a été imposée. Au revoir."
La porte claqua. Les sourcils d'Ichigo étaient presque prêts à rejoindre le bas.
"-Est-ce que cet éditeur comprendra un jour que l'auteur ce n'est pas moi mais que c'est cette dingue alcoolique?"
Lulubell se tourna vers le rouquin et dans ses yeux brillaient une lueur malsaine.
"-Non, Ichigo...Tu es lié à moi pour toujours et tu endureras ce que cet éditeur te feras subir à ma place...héhéhé!"
Maman, je veux mourir, pensa Ichigo.
