Coucou tout le monde !
Il y a quelques temps, j'ai osé m'inscrire à un concours ! Je n'ai pas eu besoin d'écrire puisque j'avais un OS en réserve depuis un bail, qui collait parfaitement au sujet. Alors je me suis dit : « Why not ? »
Voilà le sujet :
Type : OS
Longueur : Illimitée
Personnages obligatoires : Sam Doe, Dean Doe (LOL)Sujet : Comme vous le savez sûrement, avant de trouver l'idée d'avoir deux frères dans sa série, un des premiers concepts que Kripke avait proposé à la WB, c'était l'histoire de 2 reporters parcourants les routes d'Amérique et "combattants les démons à la recherche de la vérité". Je vous propose dans ce concours de mettre en place cet univers. Pour mettre un peu de piquant, les deux reporters s'appelleront Sam et Dean (pour les noms de familles, à vous de choisir), et auront les mêmes caractères que nos deux gars de la série, mais ils ne seront pas frères et feront équipe pour la première fois. Il s'agit donc là d'écrire le Pilot, à vous de voir comment vous voulez l'aborder. Ce que je veux avant tout, c'est que les deux gars traitent leur première affaire surnaturelle. Sachez bien entendu qu'ils n'ont jamais vu de monstres, donc un comportement de chasseur est impossible.
Bref, vous avez un maximum de liberté pour ce sujet. C'est à vous de voir !
Ca vous tente ? Si oui, bienvenue dans « A Strange Supernatural Pilot ». Have fun, hunters !
A STRANGE SUPERNATURAL PILOT
Un truck noir venait de se garer devant l'une des portes d'un hôtel miteux. Un homme très brun, mal rasé et d'une cinquantaine d'année en descendit. Il pénétra dans sa chambre et vérifia la ligne de sel qu'il avait répandue devant l'ouverture. En jetant un coup d'œil au rebord de la fenêtre, il s'assura que tout était bien en place. Puis il saisit un feutre et inscrivit sur l'un des documents qu'il avait punaisés au mur : « Dame blanche ». Enfin, il s'installa à la petite table et ouvrit son journal de bord.
Sur les premières pages de ce considérable ouvrage, il avait relaté les douloureux moments qui avaient suivi l'assassinat de sa femme, vingt-deux ans plus tôt. Puis il avait réuni des données plus « scientifiques » sur les circonstances de sa mort. Avec ce qu'il avait vécu, il n'avait pas eu d'autres moyens que de croire au surnaturel et grâce à certaines personnes expérimentées dans ce domaine, il avait appris le métier de chasseur. Depuis, tout en recherchant activement le meurtrier de sa femme, il exterminait toutes les créatures malfaisantes qui avaient le malheur de se trouver sur sa route. Il avait donc affronté des choses étranges dont le commun des mortels ne soupçonnait même pas l'existence. Ce que l'ignorance pouvait être tragique parfois !
Au fur et à mesure des pages, il revoyait certaines chasses. En grande majorité, il s'agissait de simples « salt and burn ». Combien de tonnes de sel avait-il déversées sur ces ossements ? Il ne comptait même plus le nombre de tombes qu'il avait dû profaner et les allumettes qu'il avait craquées pour les faire flamber. Il parcourut les différents exorcismes qu'il avait réunis au cours de ces deux décennies et qu'il utilisait grandement ces derniers temps.
Si certains combats se faisaient à distance, en toute quiétude, d'autres étaient plus dangereux. Parfois, le corps à corps était inévitable. Ca avait été le cas avec le loup-garou du mois dernier. C'était pourtant simple à neutraliser ce genre de truc : une balle consacrée en argent dans le cœur et le tour était joué ! Sauf que l'affrontement lui avait valu une semaine d'hôpital et quinze jours de convalescence – enfin, s'il s'était tenu aux conseils des médecins ! Les pauvres bougres avaient facilement cru à son histoire d'attaque d'ours alors que la région en était totalement dépourvue depuis des dizaines d'années. A croire qu'il était devenu expert dans le mensonge avec le temps. Au début ce n'était pas si simple. Il se souvenait de la première fois où avait dû couper la tête d'une douzaine de vampires. Heureusement que son pote Jim avait trouvé une idée abracadabrante pour justifier leurs diverses blessures car lui n'avait réussi qu'à bafouiller des mots inintelligibles qui n'avaient fait qu'alarmer les urgentistes ! En même temps, les cicatrices qui s'accumulaient sur son corps prouvaient à elles-seules l'importance de ses blessures. Il gardait toujours un souvenir bien marquant de ce genre de chasse.
Aujourd'hui, il pouvait ajouter une nouvelle page à son journal. Elle serait consacrée à la Dame Blanche. Il venait de rencontrer le veuf de cette femme et avait pu l'identifier et découvrir où elle avait été enterrée. Pour lui, cette chose n'était ni plus ni moins qu'un esprit alors, dès que la nuit serait tombée, il irait déterrer ses ossements, y répandrait une bonne dose de gros sel ainsi qu'une partie de son bidon d'essence et craquerait une allumette – une de plus. S'il avait vu juste – ce dont il ne doutait pas une seconde – le brasier mettrait fin à l'existence de cette chose et, par conséquent, aux meurtres dont elle était l'auteur. Il ne se faisait aucune illusion de ce qu'il était advenu de tous ces hommes qui avaient disparu ces dernières années.
Alors qu'il notait ces quelques remarques, son téléphone portable l'alerta que quelqu'un cherchait à le joindre. Il consulta l'écran et décrocha aussitôt.
- Caleb ? S'assura-t-il avant d'engager une quelconque discussion.
- John, je crois avoir trouvé ce que tu cherches.
- T'es sûr ?
- Ouais. Il y a des signes qui ne trompent pas. Rejoins-moi à Rock Springs dans le Wyoming.
- J'arrive, assura-t-il en raccrochant.
Il empoigna sa veste tout en s'assurant que ces clés de voiture s'y trouvaient et sortit précipitamment. Il n'avait pas de temps à perdre. En roulant toute la nuit, il y serait en moins de quatorze heures. Si son ami Caleb avait vu juste, il allait enfin pouvoir trouver le meurtrier de sa femme et se venger. Alors la dame blanche pourrait bien attendre son retour. Toutes ses armes étaient bien soigneusement rangées dans le coffre et il n'avait besoin de rien d'autre. De toute façon, il avait loué la chambre sous un nom d'emprunt pour un mois donc personne n'aurait à y entrer ni y farfouiller pendant son absence. Et si c'était malgré tout le cas, il les mettait au défi de réussir à l'identifier ou même de le retrouver.
Ce ne fut qu'une bonne centaine de kilomètres plus loin qu'il frappa le volant avec rage. Dans sa hâte, il avait oublié de prendre son journal avec lui. Il se maudit pour cette négligence mais poursuivit néanmoins sa route : il avait plus important à penser !
- Non ! Moi je bosse en solo, expliquait le jeune homme, les sourcils froncés afin de montrer son total mécontentement.
- Ben plus maintenant, lui répondit fermement l'homme d'une cinquantaine d'année au crane dégarni qui était confortablement installé dans son fauteuil en cuir noir.
- Putain, Bobby, qu'est-ce que je t'ai fait pour mériter ça ! Regarde-le, l'encouragea-t-il en désignant un homme de près de deux mètres qui se tenait de l'autre côté de la vitre du bureau dans lequel ils discutaient. Ce gamin a l'air d'être sorti tout droit des jupes de sa mère. Regarde-moi ça, il est bien propre sur lui, avec ses fringues de marques. J'suis sûr qu'il pue l'aftershave ! Et t'as vu ses cheveux ? C'est beaucoup trop long ! C'est quoi ce look ? On dirait une gonzesse.
- C'est toi qui dis ça ? Lui fit remarquer le plus âgéavec un regard empreint de sarcasmes. Il ne passe certainement pas plus de temps que toi devant le miroir. Et puis, il n'a que quatre ans de moins que toi, Dean ! Alors à mes yeux, vous êtes aussi gamins l'un que l'autre !
Malgré cette remarque un peu trop cassante à son goût, l'attitude bienveillante et paternaliste de Bobby n'échappa pas au jeune homme qui en profita pour poursuivre son plaidoyer.
- Pfff ! En plus, j'suis sûr qu'il n'y connaît rien au journalisme.
- Alors, en ce qui concerne ses compétences, sache qu'il est sorti major de sa promo d'une grande école de journalisme …
- C'est encore pire Bobby ! Il doit avoir la tête pleine de cours théoriques mais il n'a jamais foutu les pieds sur le terrain !
- Ben, montre-lui. Il est là pour apprendre.
- J'en veux pas d'ton boulet ! Bougonna-t-il franchement.
- J'te demande pas ton avis ! S'énerva le plus vieux en tapant du poing sur la table. Ici, c'est encore moi le boss alors tu fais c'que j'te dis ! A la vue de ses résultats, Sam Gallager a eu le choix d'aller travailler où il voulait. Il a choisi notre journal et a demandé à travailler avec toi. J'me demande bien pourquoi d'ailleurs, tête de lard !
- …
- Tu es bien sur un papier en ce moment ?
- …
- Dean !
- Ouais, ronchonna le jeune homme.
- Ben tu le prends avec toi sur ce coup et on voit ce que ça donne. Si vraiment vous n'arrivez pas à vous entendre alors je verrai ce que je peux faire. Mais en attendant et ce, jusqu'à ce que votre article soit sur mon bureau, mets-y du tien !
Le plus jeune regagna la porte en marmonnant quelques mots qui ne laissaient aucun doute sur sa façon de penser.
- Je ne plaisante pas, Dean ! Le menaça son patron et néanmoins ami avant qu'il ne franchisse le seuil.
A l'extérieur du bureau, le dénommé Sam Gallager, attendait patiemment la fin de la discussion. Les bribes de conversation qu'il pouvait entendre ainsi que les grands gestes des deux hommes ne portaient pas à confusion : Dean McCaffrey n'avait pas du tout envie de travailler avec lui. Ca ne l'étonnait pas le moins du monde. Il le connaissait comme s'ils avaient été amis depuis des lustres. Il savait tout sur lui, de sa tendre enfance à aujourd'hui. Tout comme lui, il avait perdu ses parents biologiques dans l'incendie de leur maison. Alors âgé de quatre ans et demi, Dean avait été transbahuté de foyers en familles d'accueil. Il avait fait de maints essais de fugues jusqu'à ce qu'il réussisse et qu'il disparaisse à l'âge de dix ans. Ce n'est que deux ans plus tard, qu'un dénommé Bobby Singer avait entamé les démarches d'adoption pour lui offrir un vrai foyer. A l'image de celui qui faisait figure de père, il avait grandi dans les locaux de cette antenne d'un grand journal national d'investigation et avait développé un véritable talent journalistique. A à peine vingt-six ans, cet homme était déjà une légende ! Baroudeur et grande gueule aux méthodes peu conventionnelles, voire totalement illégales, il avait échappé plusieurs fois à des séjours en prison grâce à son instinct et à son esprit de déduction hors du commun. Il avait même des connaissances au sein des forces de l'ordre qui lui étaient redevables car il les avait aidées à résoudre des affaires relativement compliquées.
En bref, cet homme était en quelque sorte son idole. C'était grâce à lui qu'il avait trouvé sa vocation et qu'il s'était donné les moyens d'y parvenir. C'était vraiment important pour lui de le rencontrer enfin et le fait de travailler avec lui était un plus non négligeable. Il était persuadé qu'il apprendrait beaucoup de lui et qu'ils avaient de nombreux points communs, bien qu'ils n'aient pas eu la même enfance. Lui n'avait jamais connu ses parents biologiques. Il n'était âgé que de six mois lors du drame. Les gens l'appelaient le petit miraculé car il était l'unique survivant de l'incendie qui avait ravagé sa maison. Puisqu'il n'était encore qu'un bébé, l'assistance sociale n'avait eu aucun mal à le faire adopter par une famille aimante dans laquelle il avait pu grandir et s'épanouir au fil des ans. En comparant sa vie avec celle de Dean, il avait pris conscience de cette chance qui lui avait été offerte. Et pourtant, parfois, il se surprenait à envier toutes les difficultés que cet homme avait dû traverser car c'était bien elles qui avaient fait de lui ce qu'il était devenu aujourd'hui. A côté de lui, il avait l'impression de ne pas avoir vécu, d'être un novice qui avait tout à apprendre.
Il sortit de ses pensées lorsqu'il le vit jaillir du bureau en trombe. Il le regarda prendre sa veste et se dit que c'était le moment, ou jamais, de rompre la glace. Il s'avança vers lui d'un pas décidé et se présenta :
- Sam Gallager. C'est un honneur de …
- J'ai du taf et pas le temps pour ces conneries alors si tu veux vraiment venir avec moi, magne-toi !
Sans perdre une seconde, il empoigna son sac à dos et le rattrapa en quelques enjambées. Ils sortirent des locaux et se dirigèrent vers une Chevrolet Impala noire. Dean balança ses affaires sur le siège arrière, se redressa et plaça ses deux avant-bras sur le toit du véhicule avant de fixer Sam droit dans les yeux.
- Que les choses soient claires : c'est mon job, mon article, mon enquête et ma bagnole. C'est moi qui dicte les règles et toi tu devras t'exécuter sans broncher. C'est à prendre ou à laisser ! Si ça t'plait pas, j'te retiens pas !
Avec ce discours, Dean espérait avoir suffisamment découragé le jeune homme pour qu'il choisisse quelqu'un d'autre comme mentor.
Sam le regardait en pesant le pour et le contre. Il ne s'attendait pas à être accueilli les bras ouverts, loin de là, mais allait-il vraiment pouvoir supporter son sale caractère ? Plus que motivé, il décida de prendre sur lui, au moins un temps, et de poursuivre l'aventure.
- Ca me va, décréta-t-il tout sourire.
Dépité, Dean monta dans la voiture en grognant.
- Bon, tu montes ou quoi ?
Sam s'exécuta et s'installa sur le siège passager tout en posant son sac à dos sur le sol à ses pieds, ne laissant plus beaucoup de place pour étendre ses jambes.
- Où va-t-on ? S'enquit-il, ravi de réaliser enfin son rêve.
- Jericho, Californie.
Jericho, Californie.
Sur une route désertique, une voiture filait à vive allure. A son bord, un jeune homme conversait au téléphone avec sa petite amie :
- Non, j'ai pas le temps de passer ce soir ... Mais parce que je travaille tôt demain, voilà pourquoi ... Ouais, t'imagine mon vieux si j'étais pas là.
Loin devant lui, sur le bas-côté de la route, il crut voir une jeune femme tout de blanc vêtue. Il décéléra sensiblement tout en gardant son regard ciblé sur cette magnifique apparition.
- Hé, Amy j'peux t'rappeler ? demanda-t-il à son interlocutrice.
Sans attendre de réponse, il éteignit son téléphone portable. L'autoradio se mit à grésiller bruyamment avant de s'éteindre complètement. Loin d'y prêter la moindre attention, il stationna son véhicule devant la jolie femme aux longs cheveux sombres. A travers sa robe blanche, il pouvait deviner ses formes attirantes. Fasciné, il déglutit avant de retrouver l'usage de ses cordes vocales.
- Qu'est-ce qui vous arrive ? Vous êtes en panne ou quoi ?
- Conduis-moi chez moi, lui demanda-t-elle d'une voix suave, sans intonation.
- Bien sûr, montez, s'empressa-t-il d'accepter, trop heureux de cette séduisante compagnie.
La femme s'installa avec grâce et fluidité sur le siège près de lui. Mais à la lumière de la lune, seule la silhouette du conducteur transparaissait dans le véhicule. Son regard plongé dans le décolleté de sa passagère, le jeune homme ne prêta pas attention aux quelques phénomènes étranges qui se produisaient.
- Alors, où est-ce que vous habitez ? Se renseigna-t-il d'une voix qui se voulait charmeuse.
- Au bout de Breckenridge Road.
- Vous avez fêté Halloween ou quoi ? Vous savez, c'est dangereux de vous balader toute seule la nuit, expliqua-t-il pour engager la conversation.
Elle fit glisser le bas de sa robe en remontant sensiblement le long de ses cuisses, dévoilant ses jambes de manière sensuelle. Ce geste sans équivoque eut le mérite d'attirer plus avant son attention. Afin de ne pas trahir son malaise, il tourna la tête vers la vitre de son côté.
- Je suis avec toi, lui susurra-t-elle tout en lui saisissant le menton de manière à ce qu'il tourne la tête vers elle. Est-ce que tu me trouves jolie ?
Gêné et néanmoins excité, il se contenta d'émettre quelques « Euh ! » hésitants.
- Tu veux m'accompagner chez moi ? Insista-t-elle toujours sur le même ton.
- Oh ben ouais, répondit-il prestement, ne pouvant cacher plus longuement son envie.
Impatient, il appuya sur l'accélérateur et arriva quelques minutes plus tard dans la cour de la maison indiquée par la mystérieuse jeune femme.
Tout en se garant, il observa les lieux. Abasourdi, il constata que la bâtisse était délabrée. D'immenses fissures serpentaient le long de la façade. Le toit s'affaissait par endroit. Certaines fenêtres étaient condamnées par de vieilles planches en bois et d'autres étaient cassées. La végétation avait repris ses droits et envahissait l'espace telle une créature hirsute et sauvage. L'antique demeure prenait des allures de vieille cabane oubliée au fond d'un bois. Elle paraissait abandonnée depuis longtemps. La clarté de la lune donnait un aspect lugubre à cet ensemble. Le jeune homme tressaillit lorsque des frissons chatouillèrent sournoisement son échine.
- Allez, vous n'habitez pas ici ? Se renseigna-t-il, suspicieux.
- Je ne pourrai jamais rentrer chez moi, indiqua-t-elle, apparemment désœuvrée.
- De quoi vous parlez ? Ca fait un bail que plus personne ne vit ici. Où vous habitez ?
Il venait de se retourner vers la jeune femme quand il s'aperçut avec stupéfaction qu'elle n'était plus à ses côtés. Etonné de ne pas l'avoir entendue, ni vue sortir, il descendit à son tour du véhicule et partit à sa recherche près de la vieille demeure.
- D'accord, c'était très drôle. Mais la plaisanterie est terminée. Vous voulez déjà me quitter ?
Il arriva à la porte d'entrée et fit une nouvelle tentative :
- Hé ho !
Son appel résonna en écho dans la maison abandonnée et une nuée de chauve-souris prit son envol avant de s'échapper par l'ouverture devant laquelle il se trouvait. Surpris, il esquissa d'abord un pas en arrière puis hurla tout en s'enfuyant à toutes jambes vers sa voiture. Il démarra en trombe et fit crisser les pneus sur le sol.
A peine rassuré par ce qu'il venait de vivre, il voulut s'assurer qu'il avait mis suffisamment de distance entre ce lieu étrange et lui. Il jeta donc un œil pétrifié dans son rétroviseur intérieur et sursauta. Horrifié, il vit le reflet de la femme en blanc sur le petit miroir. Dans un même élan, il hurla et enfonça la pédale de frein. La voiture se dirigea alors bien malgré elle sur une route fermée avant de se stopper définitivement sur un pont.
De l'extérieur du véhicule, un cri déchirant se fit entendre. Puis le silence total revint à l'instant même où le sang du jeune homme éclaboussa les vitres avant.
L'Impala était garée sur le parking d'une station service. Le coffre était ouvert. Dubitatif, Sam regardait Dean farfouiller dans un bazar immonde à la recherche du fameux dossier qui devait l'éclairer sur leurs investigations.
- Eh, pas la peine de me regarder comme ça, grogna le plus vieux. Je sais très bien ce que je fais de mes affaires. Tiens le voilà ! S'exclama-t-il fièrement en brandissant une grande enveloppe marron dont dépassaient de vieux articles de journaux.
Puisqu'ils devaient bosser ensemble, le moins qu'il puisse faire était de lui fournir ce qu'il avait trouvé. Le « gamin » y trouverait les informations qu'il voudrait. Il confia donc son précieux dossier à Sam et se dirigea vers la supérette de la station pour s'acheter quelques petites choses à grignoter.
Sans attendre, le second jeune homme s'adossa à la voiture pour découvrir l'intérieur de l'enveloppe dont le contenu déjà peu commun manquait quelque peu de classement. Il parcourait encore les documents lorsque la porte côté conducteur s'ouvrit. Dean était de retour, les bras chargés de victuailles diverses. Il en répartit quelques-unes sur le siège et s'affaira à engloutir les autres.
- Oh, j'allais oublier, s'exclama-t-il soudainement la bouche pleine.
De la poche de sa veste, il sortit une nouvelle coupure de journal et la lui tendit tout en racontant :
- J'ai vu l'article où on parle de ce type, il y a un mois de ça environ. Sa voiture a été retrouvée mais lui, il avait disparu.
- Tu crois qu'il a été kidnappé ?
- Tout ce que je sais c'est qu'il n'est pas tout seul dans ce cas là. T'as vu ? Celui-là c'était en avril et l'autre en décembre.
- Ouais et là en 1998 et encore en 1992, confirma Sam en montrant successivement les différents articles. Tous des hommes et tous sur la même portion de route.
- C'est ça. Ca fait dix en vingt ans et c'est de plus en plus fréquent.
- Tueur en série ?
- Possible, répondit Dean en engloutissant une barre chocolatée. Les autorités sont dans le coltard et ça, moi, ça m'interpelle, expliqua-t-il avec un sourire ironique. J'suis sûr que je tiens un bon sujet.
Le plus jeune mais également le plus grand des deux observait, admiratif. Dean était parti d'un simple événement et il avait mis le doigt sur une affaire pas banale. Il avait dû faire de sérieuses recherches pour rassembler autant d'éléments, même si le dossier ainsi constitué ne ressemblait à rien. En plus, il n'hésitait pas une seconde à se rendre sur place malgré le danger potentiel. Et enfin, il pouvait lire dans ses yeux toute la détermination dont il pouvait faire preuve pour parvenir à ses fins. Il trouverait le coupable. Il en était persuadé. Et tout ce qu'il espérait c'était d'être à ses côtés au moment venu.
Ils montèrent en voiture et reprirent la route. AC/DC envahit de nouveau l'habitacle. Ce n'était pas qu'il n'aimait pas ce groupe mais toutes ces heures enfermées avec du rock beaucoup trop fort pour ses oreilles, ça pouvait être dur à supporter. Surtout qu'il était tassé dans cette foutue bagnole. Sans compter que le sourire moqueur très peu subtil qu'affichait le conducteur ne l'aidait pas à se sentir mieux. Cette situation était très inconfortable mais il n'osait rien dire de peur de se faire renvoyer balader, voire carrément se faire expulser de la voiture sans sommation. Il connaissait parfaitement les intentions de son nouveau coéquipier mais il n'envisageait pas une seconde de laisser tomber. Il s'accrocherait quoiqu'il lui en coûte. Il se résigna donc à souffrir en silence. Malgré tout, il essaya de reprendre un semblant de conversation. Au moins, le temps qu'ils discutaient, Dean montrait de l'intérêt et baissait le volume de l'autoradio.
Lorsqu'ils passèrent la pancarte qui indiquait les quelques kilomètres qui les séparaient de Jericho, ils étaient toujours en train de converser. Ils avaient déjà échangé quelques mots durant le trajet, essentiellement des banalités. Enfin en apparence, car par quelques questions anecdotiques, le plus vieux des deux avait obtenu des renseignements intéressants qu'il pourrait utiliser ultérieurement pour faire des recherches plus poussées sur ce « partenaire » que lui avait imposé Bobby. Puisqu'il était contraint de faire équipe avec lui, il voulait tout savoir de lui, dans le moindre détail. Il n'aimait pas les surprises et avait pris l'habitude d'être préparé. En outre, il n'avait confiance en personne, sauf peut-être en celui qu'il considérait comme son père. Son passager était plutôt loquace et il avait bien vu qu'il pouvait lui retirer des informations très facilement. Un peu comme s'il n'avait rien à cacher. La communication passait étrangement bien avec lui. Seulement voilà, qu'est-ce qui lui disait que c'était la vérité ? Après tout, il ne le connaissait que depuis quelques heures ce type-là ! Il essayait peut-être de le manipuler !
Par contre, il devait bien avouer qu'il le faisait bien marrer avec ses deux guiboles bien trop grandes pour être confortablement assis dans la Chevrolet. Depuis le début, son sac l'empêchait d'étendre ses jambes et il se contorsionnait dans tous les sens pour essayer de trouver une position plus aisée. Et puis toutes les cinq minutes, il l'entendait soupirer. C'était certainement inconscient mais tellement révélateur de sa personnalité. Il lui accordait bien volontiers une patience extrême car lui n'aurait pas supporté cinq minutes le traitement qu'il lui faisait subir depuis le début du trajet ! En plus, il n'avait pas l'air idiot ce mec-là … Enfin, ça ne voulait pas dire pour autant qu'il lui faisait confiance !
En passant près d'un pont, ils repérèrent une patrouille de police. Les agents s'affairaient autour d'une voiture. Dean stoppa l'Impala et observa la scène de loin. Au bout d'un instant, il poussa sans ménagement les genoux de Sam, ouvrit la boîte à gants et en sortit une petite boîte métallique. Intrigué, le passager le regarda choisir un insigne parmi tout un stock de faux papiers.
- C'est pas illégal ? S'autorisa-t-il à demander avec des yeux ronds. Pourquoi ne pas tout simplement leur dire qu'on est des journalistes ?
- Parce que ça m'évitera d'entendre « pas de commentaire », « enquête en cours » ou toute autre connerie du même genre et surtout de me faire virer de la scène de crime à coup de pied dans le cul. Bon, tu restes ici, j'en ai pas pour longtemps.
Sur ces mots, il quitta le véhicule en claquant la porte et en avançant sur le pont d'un pas décidé. De son côté, Sam avait très envie de se dégourdir les jambes. Il sortit donc également et observa la scène par-dessus le capot. Il hésita un instant, résistant à l'envie tenace de rejoindre Dean. Comment pourrait-il apprendre en restant en retrait ? De quelle manière pouvait-il lui prouver son efficacité s'il restait planté là sans rien faire ? Il ne lui fallut que quelques secondes pour prendre sa décision. Il avait presque rattrapé son coéquipier lorsqu'il entendit l'un des policiers héler deux plongeurs en contrebas qui venaient de sortir de la rivière :
- Hé ! Vous avez trouvé quelque chose ?
- Non, rien !
Un autre s'affairait à examiner la voiture et faisait son rapport à son collègue :
- Aucune trace de lutte, pas d'empreinte … d'aucune sorte. C'est impeccable, beaucoup trop propre.
- Dis donc, le garçon, Troy, il sortait avec ta fille, non ?
- Ouais.
- Comment Amy réagit ?
- Elle est partie coller des avis de recherche dans la ville.
- Vous avez eu un cas semblable à celui-ci le mois dernier ? Intervint soudainement Dean.
- Qui êtes-vous ? Demanda l'un des policiers qui venait juste de s'apercevoir de leur présence.
Le jeune homme présenta rapidement sa fausse plaque et leur répondit avec un aplomb qui impressionna Sam mais le mit également mal à l'aise :
- Marshal fédéral.
- Et lui aussi ? Parce que vous êtes tous les deux très jeunes pour faire partie de ce genre de service.
Dean se retourna dans la direction indiquée par l'agent et lança un regard incendiaire à Sam.
- Non, lui c'est un stagiaire mais merci, c'est très gentil à vous. Vous avez eu un autre cas comme celui-ci, n'est-ce pas ?
- Oui, c'est exact, un petit kilomètre plus haut. Et il y en a eu d'autres avant ça.
- Et la victime, vous la connaissiez, c'est ça ? S'imposa Sam alors que Dean faisait déjà le tour de la voiture à la recherche d'indices.
- Ouais, dans cette ville, tout le monde connaît tout le monde.
- Y'a-t-il des points communs entre les victimes, mis à part le fait qu'elles soient toutes des hommes ?
- Non, pas d'après ce qu'on sait.
- Quelle est votre théorie ?
- On n'en sait rien. Kidnapping ? Tueur en série ? Meurtres crapuleux ?
- C'est malheureusement ce que je m'attendais à entendre de la police, marmonna Dean.
Outré par ce qu'il venait d'entendre, Sam lança un regard réprobateur à ce partenaire si irrespectueux et s'empressa de remercier les policiers.
- Messieurs, les salua Dean avant d'entraîner son jeune acolyte avec lui vers l'Impala.
Le plus vieux jeta un œil derrière lui pour s'assurer qu'ils étaient à bonne distance puis il balança un taquet à l'arrière du crâne de Sam.
- Ca va pas ? Qu'est-ce qui te prend ? S'indigna le plus jeune en se massant le cuir chevelu.
- J't'avais dit de rester dans la bagnole ! T'as failli tout faire foirer.
- Mais je …
Dean se plaça devant lui, l'obligeant à s'arrêter et à l'écouter.
- Tu me refais un coup comme celui-là et je te renvoie direct dans les jupes de ta mère ! C'est clair ?
- Ouais, soupira Sam à la fois déçu et quelque peu découragé. Attends ! Le héla-t-il en le voyant s'éloigner de nouveau. Il se plaça à ses côtés. J'comprends pas. Pourquoi tu m'as laissé faire l'interrogatoire alors ?
Au loin, Dean vit la voiture du Shérif arriver. Elle était suivie de près par un véhicule noir indiquant l'imminente présence des fédéraux. Sans un regard ni même l'ébauche d'une réponse, il ouvrit la portière et s'engouffra dans la voiture.
- Dean ! Insista le plus jeune avec l'infime espoir d'avoir une explication.
- Voilà Mulder et Scully ! Monte dans la bagnole ! Lui ordonna-t-il sans la moindre intention de combler ses attentes.
Il n'allait tout de même pas lui dire qu'il avait trouvé ses questions pertinentes et que, grâce à son intervention, il avait pu chercher tranquillement des indices ! Autant dire qu'il était exclu que le gamin comprenne qu'il s'était laissé aller à croire en lui !
L'impala roulait lentement sur la route principale de la petite ville.
- Là, regarde, ça doit être elle, indiqua Sam en désignant une jeune fille qui placardait une affiche sur la vitrine d'un magasin.
Le conducteur approuva et stationna l'Impala à proximité. Ils quittèrent le véhicule et s'approchèrent d'elle.
- Vous êtes sûrement Amy ? Se renseigna Dean.
- Ouais.
- Ouais, Troy nous a parlé de vous, mentit le jeune homme. On est ses oncles. Moi, c'est Dean, et lui c'est Sam.
- C'est bizarre, il ne m'a jamais parlé de vous, remarqua-t-elle suspicieuse.
- Ah c'est tout Troy ça. C'est vrai qu'on vient pas souvent. On habite Modesto.
- On le recherche nous aussi, intervint Sam en indiquant d'un signe de tête l'affiche exposée sur la vitrine. Vous permettez que l'on vous pose quelques questions ?
Amy accepta. Ils se rendirent dans une brasserie à proximité et s'installèrent dans une alcôve à l'abri des oreilles et des regards indiscrets. Les larmes aux yeux, la jeune fille relata les événements de la veille :
- J'parlais au téléphone avec Troy. Il était en train de rentrer chez lui. Et puis d'un seul coup, il a dit "j'peux t'rappeler ?" et il ne l'a jamais fait.
- Et vous n'avez rien entendu d'autre ? Un bruit bizarre ? Une autre présence ? S'intéressa Sam.
- Non. Rien qui m'ait frappé.
- C'est pas le premier qui disparaît de cette manière alors si vous avait une idée ou si vous avez entendu parler de quelque chose ... essaya Dean.
Les yeux d'Amy s'orientèrent successivement vers l'extérieur, puis sur les autres personnes présentes dans le restaurant avant de finir fixés sur ses mains.
- Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a? L'encouragea Dean.
- Et ben... vous savez, après toutes les histoires qui se sont passées, les habitants parlent.
- Et de quoi ils parlent ? Demandèrent les deux hommes en même temps.
- C'est une sorte de légende locale. Il ya une fille qui est morte assassinée dans le coin il y a des dizaines d'années, je crois. On raconte qu'elle est toujours là, dehors, et qu'elle fait de l'autostop. Elle fait signe aux mecs et ceux qui s'arrêtent disparaissent à jamais.
Les deux hommes échangèrent un bref regard dépité. Sam remercia Amy et ils prirent congé. De retour dans l'Impala, Sam reprit la parole :
- On n'est pas plus avancé. Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
Dean n'avait aucune envie de répondre à cette question. D'autant plus qu'avec son « On », celui qu'il considérait comme un boulet sous-entendait qu'ils formaient une équipe. Et ça c'était hors de question ! Malheureusement, il sentait son regard inquisiteur et lorsqu'il se décida enfin à tourner la tête vers lui pour le renvoyer balader une bonne fois, il croisa son visage juvénile dont les yeux arboraient une expression innocente, demandeuse, presque suppliante. Sans même s'en apercevoir, il céda :
- Il est tard. Les archives doivent être fermées. Et après notre prestation de tout à l'heure, je ne suis pas sûr que les flics acceptent de nous confier les dossiers des autres disparitions. Il vaut mieux se faire oublier pour le moment. Mais j'ai l'intention d'aller jeter un p'tit coup d'œil le long de cette fameuse route.
