Rien n'est pire que l'eau qui dort

Voici ma deuxième histoire publiée sur . Après Luna, j'ai décidé de m'intérésser à Myrtle, personnage injustement sous exploité, compte tenu de son intensité dramatique particulière.

Les reviews et les commentaires sont evidemment les bienvenus. A ceux qui souhaiteraient que je les prévienne de la publication de la suite de cette fanfic (que j'ai déjà commencé à écrire), je leur notifierais sans soucis par MP.

En espérant que vous passerez un bon moment ! :)

Depuis le temps Mimi aurait du s'habituer aux quinze mètres carrés où elle était confinée depuis sa mort. Mais rien n'y faisait et à chaque fois qu'un coup de folie la prenait, elle restait toute tremblante, effrayée par l'écho monstrueux que lui renvoyait le carrelage froid. Depuis combien de temps hantait-elle ces lieux ? Vingt ans ? Trente ans ? A vrai dire, elle ne savait plus. De temps à autre des élèves de l'école pénétraient dans ces toilettes, soit par erreur, soit pour préparer un mauvais coup. Les premiers ressortaient rapidement de cet enfer javellisé, mi gêné mi apeuré dès qu'elle laissait échapper ses premières larmes tandis que les seconds l'évitaient, ou l'ignoraient poliment.

Pourtant, quelquefois, des pleurs d'adolescents chargés de vague à l'âme venaient s'ajouter aux siens. Et lorsqu'elle s'approchait de son invité sanglotant, elle découvrait avec stupéfaction qu'elle avait vu le père de cet élève aux épaules tremblantes se tenir au même endroit trente ans plus tôt, la tête appuyée contre le même lavabo. Souvent, les larmes la reprenaient et elle pleurait avec son hôte, les sanglots étouffés résonnant dans cet enfer carrelé comme une complainte déchirante. Et alors elle se sentait un peu moins seule.

Mimi jouissais depuis quelque temps d'un bonheur coupable : ces toilettes du second étage, ce domaine où elle régnait, ne semblait pas désemplir depuis, il lui semblait, la reprise d'une sorte de guerre. Ses pleurs exercés et psalmodiques venaient de plus en plus souvent s'ajouter aux cris désarticulés de quelqu'un ayant perdu un être cher. Parmi tout les pleurs qu'elle a connu, Mimi se rappellera toujours d'un en particulier. Si elle a perdu la notion du temps depuis que ses jours et ses nuits se résument à la contemplation de la lumière crue de la lampe des toilettes, elle se souvient avec une netteté absolue des heures précédant sa mort. Et de lui. De ses yeux sombres à se damner. De sa voix. Et de ses larmes.

C'est une sorte de rengaine, qui commence toujours de la même manière. Errante en son domaine, son regard croise le tain d'un miroir qui refuse de lui renvoyer un quelconque reflet. Alors le long fleuve de ses souvenirs la submerge et l'emporte au loin. Elle se souvient.