Encore un truc qui casse pas trois pattes à un canard, j'espère que ça vous plaira. J'ai essayé de changer de mon registre habituelle mais en fait ça donne un truc bizarre que je n'arrive pas à définir.
La morsure du hobbit
Dard lui échappa des mains et, immédiatement, une lame se plaça contre sa gorge, encore une fois.
- Je vais finir par croire que vous le faites exprès.
- Vous êtes marrants vous, je n'ai pas été entrainé aux armes depuis ma naissance moi.
En grommelant, Bilbo se pencha pour ramasser son épée.
- Ca se voit et c'est pour ça que nous sommes là.
Nonchalant, Fili faisait tournoyer son arme sans effort en attendant que le hobbit se remette en garde.
- Je ne vous comprends pas, je ne peux pas apprendre en quelque jour à devenir un guerrier, c'est totalement futile et ça gaspille notre énergie à tous les deux.
- Je ne veux pas faire de vous un guerrier, maître cambrioleur, mais vous avez réussi à vous faire un ennemi en provoquant Azog il y a deux jours, vous êtes maintenant menacé à l'instar de mon oncle, sauf que vous, vous ne savez pas vous défendre. J'aimerai simplement vous apprendre deux ou trois trucs qui pourraient vous sauver la vie, à commencer par garder votre arme dans les mains.
Pour appuyer ses dires, sans prévenir, d'un revers agile, Fili désarma de nouveau le semi-homme qui était alors en train de grommeler un « j'aimerai bien avoir le choix quand même » puis qui soupira très lourdement lorsqu'il se rendit compte qu'il n'avait plus d'épée dans les mains.
- Votre cœur est vaillant, mais ça ne suffira pas si votre bras ne gagne pas en fermeté. Vous devez vous montrer plus mordant.
« Blablabla ». Bilbo souffla franchement son exaspération. Le blond commençait sérieusement à l'agacer. Cela faisait une heure qu'ils étaient là, à travailler la défense du hobbit. Ou plutôt, selon ce dernier, une heure qu'il se faisait désarmer. Une heure que Fili l'avait trainé là plus contre son gré qu'autre chose et qu'il lui avait ordonné de se mettre en garde, la suite était un désordre confus de moments pénibles où le hobbit avait pris conscience qu'il pourrait passer sa vie à s'entrainer, jamais il n'arriverait au niveau de son professeur.
Il regarda du coin de l'œil Fili qui retirait son manteau souplement et resta quelques instants à observer les muscles rouler sous la peau de ses bras maintenant découverts avant de penser à reprendre sa respiration.
Il se baissa pour ramasser une nouvelle fois sa fidèle épée et remarqua un petit objet qui gisait à ses côtés. Il sourit. Fili voulait du mordant ? Tu vas voir ! Et, sans prévenir, il attrapa le marron qui trainait par terre et le lança avec une précision redoutable sur la main du blond, qui en lâcha son épée sous la surprise et la douleur. Fili n'eut pas le temps de comprendre, Bilbo se jeta sur lui et le renversa. Après une lutte acharnée, le plus petit, qui avait eu le net avantage de la surprise en plus d'avoir encore son arme en main, se trouva assis sur la poitrine du blond, Dard menaçant sa gorge.
- Ca vous suffit ou bien vous vous attendiez réellement à ce que je morde ?
- Vous en seriez capable ?
- Vous aimeriez ?
Fili regarda le petit cambrioleur assis sur lui, les deux mains tenant fermement la poignée de son arme. A ce moment là, Bilbo n'avait rien du petit épicier qui les avait accueilli en peignoir au début de l'aventure.
- Je serais surpris, je pense.
- Pourquoi ? Parce que vous considérez que les hobbits sont de paisibles créatures incapables de faire du mal ?
- J'ai eu le temps de reconsidérer tout ce que je pensais des hobbits depuis que je vous connais et même avec ça, vous continuez de me surprendre.
Fili jeta un œil éloquent à la lame qui menaçait sa gorge mais Bilbo ne fit pas mine de l'éloigner, avoir ainsi ce fier nain à sa merci était quelque chose de très agréable et il comptait bien faire durer le plaisir. En plus, c'était un nain qui venait de lui en faire baver pendant une heure et qui le faisait baver depuis le début de l'expédition, il devait bien l'admettre.
- Je suis sûr que je pourrai vous surprendre plus encore.
- J'aimerai bien savoir comment.
Bilbo prit la peine de réfléchir avant de sortir de but en blanc :
- En vous embrassant.
Les deux combattants se figèrent. Pour le coup, Fili était réellement franchement surpris, quant à Bilbo, il se demanda s'il ne venait pas de dire tout haut ce qu'il pensait tout bas.
- Vous le feriez ?
- Non !
Fili fronça les sourcils, finalement, les hobbits étaient bien plus tordus que ce qu'il pensait. Mais il appréciait ce genre de surprise.
- Vous aimeriez ?
Bilbo ne répondit pas, il se contenta de renforcer la pression de la lame sur la gorge du blond lorsqu'il sentit une main se promener sur sa cuisse. La voix de Fili se fit plus chaude au fur et à mesure qu'il parlait.
- Vous voulez essayer ?
Bilbo laissa glisser son regard sur les lèvres entrouvertes du nain en dessous de lui avant de le regarder de nouveau dans les yeux.
- Ca vous plairait ?
Fili le regarda intensément, semblant réfléchir à la question.
- Je pense que oui.
- Vous êtes bizarre.
- C'est vous qui avez commencé en parlant de me surprendre avec un baiser.
- Pourquoi aurais-je envie de vous surprendre ?
- Ce n'est pas à moi qu'il faut poser cette question.
- Je n'ai pas envie d'embrasser un nain !
- Vous avez raison, c'est quelque chose de très addictif, vous risquez de ne pas vous en remettre.
- Vous me sous-estimez.
- Prouvez le moi.
Doucement, le hobbit s'abaissa sans vraiment hésiter. Il approcha ses lèvres de celles de Fili qui n'avait pas son mot à dire étant donné que Dard menaçait toujours sa jugulaire. Bilbo s'abaissa encore et, lorsque les souffles se mêlèrent, il murmura :
- Vous désirez toujours que je vous surprenne ?
- Rien ne me ferait plus plaisir.
Bilbo sourit puis déposa légèrement ses lèvres sur celles de Fili, avant de les glisser rapidement vers sa joue. Il en prit la peau entre les dents et mordit délicatement, s'arrangeant pour y laisser une marque bien nette. Le blond eut la décence de tressaillir.
- Sachez, monsieur, que plus vous aurez l'impression de connaître les hobbits, plus ils sauront vous surprendre.
- Dans ce cas, comment devons nous faire pour qu'ils nous surprennent de la manière qui nous intéresse le plus ?
- Par quoi êtes vous intéressé Fili ?
- Par vous.
- Depuis quand ?
- Depuis que vous avez parlé de me surprendre par un baiser et j'attends toujours d'être surpris.
- Ce ne sera pas une surprise puisque vous l'attendez.
- Qui sait, peut-être que la surprise sera le fait que j'apprécie.
- Parce que vous en doutez ?
Fili garda le silence et dévisagea sans pudeur le visage du hobbit, observant ses lèvres, son grain de peau, tâchant d'analyser la chose, si oui ou non il pouvait aimer ce genre de chose venant de Bilbo.
Le blond appréciait déjà beaucoup leur petit cambrioleur qui leur avait sauvé la mise plus d'une fois, qui passait son temps à les surprendre et qui, en plus, avait une bouille franchement mignonne qui portait une pointe d'exotisme inconnue des nains.
Mais au milieu d'une aventure pareille, les sentiments et la tendresse n'avaient absolument pas leur place et Fili n'avait pas pensé un seul instant qu'il puisse voir Bilbo autrement que comme un camarade, un compagnon d'arme. Mais puisqu'il le proposait, pourquoi ne pas essayer ? Surtout que maintenant qu'ils en parlaient, il se laisserait bien tenter et la proposition l'alléchait bien plus que de raison.
- Je crois qu'il n'y a qu'un seul moyen de le savoir. Et si vous voulez bien cessez de me menacer avec cette épée, je viendrai chercher ma surprise moi même.
- Justement, c'est pour ça que cette lame ne bougera pas d'ici.
- Que craignez-vous ?
- Rien !
- Vous avez peur d'y prendre goût ?
- Il n'y a que vous pour être persuadé d'être addictif.
- Dans ce cas, vous avez peur que ce soit moi qui n'accroche pas ?
- Bien sur que non !
Aucun des deux ne parla. Bilbo ne savait pas trop pourquoi il réagissait ainsi. Mais Fili avait raison sur les deux points : il avait peur d'aimer ça et craignait de ne pas être au goût du blond.
- Je n'arrive vraiment pas à vous suivre, vous êtes le premier à avoir amener le sujet sur le tapis et maintenant vous semblez outré que je puisse vouloir pousser la chose.
- J'ai parlé de vous surprendre, rien d'autre, le baiser est la première chose qui me soit venu à l'esprit !
- Il doit bien y avoir une raison à cela.
- Aucune !
Bilbo n'était pas de mauvaise fois, pas le moins du monde, c'est juste que, lorsque l'on est un fier hobbit, il y avait certaines choses qui étaient difficiles à admettre.
- Dans ce cas, vous pouvez peut-être descendre de là pour que nous puissions reprendre les exercices, nous repartons sur la route dans peu de temps et j'aimerai vraiment que vous assimiliez ce que je vous ai enseigné ce matin.
- Si je vous relâche, vous allez agir de la manière la moins surprenante qu'il soit.
- Exactement, mais vous n'allez pas rester là indéfiniment n'est-ce pas ? Et vous me devez une surprise.
- Non, je n'ai rien promis du tout. Je ne vous laisserai partir que si vous me promettez de restez sage.
- En échange d'un baiser.
- Hors de question !
- Dans ce cas, je vais attendre que cette lame s'éloigne de ma gorge pour venir le chercher moi-même.
Ils restèrent ainsi à se fixer, une goutte de sang perla de la peau de Fili, là où la pointe de Dard restait appuyée. Et Bilbo était dans de beaux draps.
Soit il restait là à menacer le nain indéfiniment et voyait son honneur sauf,
soit il embrassait ce crétin de blond et la page sera tournée
ou alors, il retirait Dard à ses risques et périls.
Dans tous les cas, il voyait bien comment ça allait finir. Non pas que l'idée lui déplaisait, simplement qu'elle lui faisait un peu peur.
OS ou pas OS telle est la question...
