Disclaimer: L'univers d'Harry Potter appartient à JKR.

RECUEIL. Dix OS. Dix Serpentards. 1996.

Pour Astoria, je vous propose « Skinny Love », de Bon Iver.


« Les yeux sont le reflet de l'âme. » Ils ne parlaient pas beaucoup, mais avaient tous plus ou moins de beaux yeux.


ASTORIA

L'attrape-rêve

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« Écris nous. », lui dit sa mère.

Elle sourit, hoche la tête et monte dans le train. Daphné, toujours aussi froide, est déjà partie loin.

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Elle se regarde dans la glace, elle est un peu palote ce soir, mais la journée a été épuisante. Elle s'arrête un instant sur ses yeux, marrons. Elle les trouve laids, normaux, indifférents. Son père lui dit souvent qu'ils pétillent, même quand elle est triste. Elle sourit. C'est vrai. Elle est fatiguée mais ils pétillent.

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« Où étais-tu ? Je t'ai cherchée partout, idiote. »

Elle ne tique pas sous l'insulte, trop habituée à ce que Daphné lui rappelle souvent qu'elle est un peu stupide, parfois. Astoria secoue la tête et prépare son sac pour la journée de demain.

« Je me suis baladée dans le parc avec Lysandra. »

Visiblement, sa réponse ne plaît pas à Daphné, puisqu'elle lui attrape le poignet et la retourne pour lui faire face. Sa sœur a beau être un parfait masque d'impassibilité, Astoria voit bien qu'elle est en colère.

« Tu ne devrais pas traîner avec elle. Les héritiers Nott ne sont pas fréquentables. »

Elle soutient le regard de sa sœur et se dégage de sa poigne. C'est ça que son père aime chez elle son caractère bien trempé. Il dit souvent que c'est parce qu'elle est la cadette et qu'elle a moins de pression que Daphné, qu'elle se laisse aller à de tels sentiments.

« Puis-je savoir en quoi Lysandra n'est pas fréquentable ? Tu veux choisir mes amies, peut-être ? Est-ce que tu sais au moins ce que c'est, toi, les amis ? »

Astoria se sent puissante, parce qu'elle voit bien que malgré son masque, Daphné est en colère. Peut-être même l'a t-elle touchée. Elle jubile, parce qu'elle aime bien lui fermer le clapet.

« Regarde son frère, Théodore. Il n'a pas d'amis, il est toujours tout seul avec ses bouquins et il n'arrive même pas à être premier de sa promotion. Les élèves le fuient parce qu'il est bizarre et qu'il a un teint cadavérique. »

« Nous parlions de Lysandra. », réplique Astoria.

« J'y viens. Sa sœur, Lysandra, elle, elle n'a pas d'amis non plus. Elle est bizarre elle aussi, elle ne passe certes pas sa vie dans les bouquins, mais elle parle trop. Elle dit des choses qui dérangent. Des choses qui ne devraient pas être dites ici. Elle peut t'influencer. »

Astoria secoue la tête, encore, un peu déçue cette fois. Sa sœur la croit si naïve.

« Ne parle pas d'elle comme si tu la connaissais. N'a t-elle plus le droit de s'exprimer ? »

Daphné soupire, passe une main dans ses cheveux et lui lance un regard désespéré.

« Si nos parents t'avaient correctement élevée, tu m'écouterais. Tu sais bien que ce qu'elle raconte n'est pas approprié. Ne suit pas son chemin, c'est tout. »

Agacée, Astoria attrape sa baguette et s'en va. Daphné est bornée.

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« Qu'est-ce que tu fais là ? »

Elle sursaute, parce d'un, Draco lui a fait peur, de deux, sa voix est froide et autoritaire. Elle se balance d'une jambe sur l'autre, tortille ses mains et rougit, gênée.

« Je... Je... »

Elle bégaye, mais il est impressionnant. Drôlement impressionnant. Il est plus âgé aussi, et il dirige en quelque sorte sa maison. Si elle fait un pas de travers, elle sait qu'en quelques mots, quelques secondes, il ruinera sa réputation, et Daphné lui en voudra, parce qu'elles portent le même nom.

Il s'approche, et elle est encore plus impressionnée. Il est beau, et sa démarche inspire le respect et la soumission. Il n'est plus qu'à quelques centimètres d'elle, et il plonge ses yeux dans les siens.

Ils sont beaux, ses yeux. Ils sont aussi tourmentés qu'elle est innocente. Ils sont gris, glaçants. À côté, les siens paraissent si fades, si laids.

Elle est amoureuse. Il est beau, populaire, un peu froid, mais charismatique. Son sang est pur et sa maison est noble. Elle songe que son père l'apprécierait en temps que gendre. Elle est amoureuse.

Il s'avance encore plus, et elle ferme les yeux alors que sa main froide caresse sa joue. Elle pense que c'est intense, elle pense qu'il l'aime aussi.

Elle rouvre les yeux, mais il est déjà parti.

Elle a quatorze ans, elle croit au prince charmant.

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La porte de son dortoir s'ouvre et elle sait d'ors et déjà que c'est Daphné. Les filles qui partagent son dortoir sont en cours et Demeter est à l'infirmerie.

Elle attends que la colère de sa sœur éclate, qu'elle lui crache son venin à la figure, mais il n'en est rien. Daphné s'assoit sur son lit et elles restent silencieuses pendant de longues minutes. Visiblement, sa sœur a noté son absence au repas de midi.

Elle renifle et une main se pose dans ses cheveux. Elle s'imagine que c'est sa mère, sa douce et tendre mère, qui lui caresse les cheveux. Mais encore une fois, il n'en est rien. C'est Daphné. Sa sœur, la reine des glaces.

« Astoria... », elle murmure.

Il ne lui en faut pas plus pour fondre en larmes à nouveau. Oubliant toutes les règles de biénséance et de tenue, Daphné se déchausse et s'installe sur son lit. Elle la serre fort dans ses bras et la prie de se calmer.

« Draco... », sanglote la cadette.

Elle sent Daphné se tendre à ses côtés. Qu'est-ce que ce monstre a fait à sa petite sœur ?

« Ce n'est rien... Ce n'est rien. », lui répète t-elle.

Elle sanglote encore plus fort, et le cœur de Daphné se serre. Elle pensait pourtant qu'il était mort et enterré, ce cœur. Elle pensait pouvoir oublier qu'il existait, qu'il battait.

« Pansy... Pansy a dit ce matin au déjeuner que Draco et elle s'étaient retrouvés dans un placars à balai, hier. Il... Il m'aime Daphné. Pourquoi... Pourquoi est-il allé la voir alors ? »

Les larmes ne s'arrêtent pas de couler et Astoria renifle piteusement. L'étau qui enserrait le cœur de Daphné se desserre et elle soupire de soulagement.

« Ça va aller... Ça passera. », affirme t-elle.

Oui, ça passera. Astoria n'a encore que quatorze ans, elle est innocente. Ça passera. Elle est jolie, elle a de beaux yeux, des yeux qui pétillent, tout le temps. Daphné lui répète que ça passera. Elle trouvera un autre prince charmant.

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Un petit commentaire ?

À venir : Théodore.