Voilà ! C'est le premier chapitre de ma nouvelle traduction sur le fandom d'Inception. Il y aura trois chapitres et la fic est de Squilf qui en a écrit plein de très sympa sur ce pairing.

Enjoy !


Mr. Eames avait un problème. C'était un problème exaspérant, aux cheveux noirs et ridiculement attirant. C'était aussi un taré rabat-joie avec des TOC dont les passe-temps favoris incluaient faire le ménage, rendre Eames fou et descendre les gens. C'était un problème qu'Eames trouvait bêtement sexy. Arthur n'était pas vraiment, bon, franchement pas du tout le genre de personne qui attirait Eames, et il était assez certain que c'était réciproque. Ils étaient des contraires. Comme un bon et un mauvais jumeau, quoique ça aurait été incestueux. Ils se disputaient, ils s'engueulaient, ils ne pouvaient pas se supporter. Mais Eames voulait en quelque sorte vraiment le baiser.

Le truc avec Arthur c'était qu'il devait toujours avoir le contrôle. Il en avait besoin, sans quoi il disparaîtrait. Eames voulait l'emmerder, briser cette parfaite carapace de verre d'autodiscipline et regarder ce salaud constamment impassible paniquer tandis que tout s'écroulerait autour de lui. Le problème était qu'Eames n'avait que deux moyens de le faire. Le premier était de le rendre brûlant et hors d'haleine, sous lui, gémissant, grognant pour obtenir plus. L'autre était de le faire chier au plus haut point. Eames choisit la deuxième option. Il n'était pas particulièrement doué dans l'art de la séduction (il n'aimerait pas l'admettre, mais ça faisait longtemps), mais dans l'art de faire chier… eh bien, il avait beaucoup plus de pratique.

C'était un plan assez simple : exaspérer Arthur jusqu'à l'attirer à son lit. Ou, plus vraisemblablement, à la folie. Ou à une mort précoce. OK, Eames ne pensait pas que c'était un bon plan. Mais il ne s'attendait pas à ce qu'il réussisse. Il se contentait de faire chier Arthur. C'est comme ça qu'il prenait son pied. C'était probablement vraiment malsain et bizarre mais il continuait de s'arranger pour se retrouver seul avec lui et Arthur était vraiment ridiculement attirant et ça faisait vraiment longtemps et si Eames devait supporter sa frustration chaque jour alors, merde, Arthur le devrait aussi.

Mais nous ferions mieux de commencer par le commencement, parce que c'est comme ça que débutent les histoires.

Eames rencontra Arthur dans un bar à Amsterdam. Cobb avait une offre d'emploi pour lui et bien sûr Eames allait la prendre, même s'ils allaient travailler dans un bureau miteux loué au dessus d'une épicerie, même si ça signifiait trois mois à Amsterdam, même si c'était un automne amer et morne, même si Cobb avait failli le faire tuer la dernière fois… il avait besoin de cet argent. Cobb avait pris son nouveau pointman en même temps. Et. Bon. Il était magnifique. Diaboliquement beau. Ses cheveux étaient noirs et tirés vers l'arrière, comme un aplat de pétrole. Ses pommettes étaient anguleuses, le son de sa voix, sa poignée de main, mesurés. Il était solide, élégant, lisse. Eames essaya au moins, parce qu'il allait passer les trois prochains mois avec cet homme et qu'il aurait aimé faire un peu plus que travailler pendant tout ce temps et Arthur était vraiment magnifique et Eames aurait bien eu besoin de s'amuser un peu. Alors, il sourit, plaisanta, charmeur. Arthur était trop froid, poli, à peine intéressé. À la fin de l'entretien, il se contenta de se lever et de partir.

« Ravi de vous avoir rencontré. » dit-il, la voix dégoulinante de condescendance.

Et Eames fut ennuyé. Personne ne pouvait résister à son charme comme ça. Comment Arthur osait-il être distant et désintéressé ? Eames décida à ce moment là qu'il ne l'appréciait pas et ne l'apprécierait jamais.

Arthur avait dû prendre une décision semblable car il lui tira dessus le lendemain. Ils étaient en train de faire un exercice d'entraînement mais ils se tapaient tellement sur les nerfs qu'Arthur sortit son arme et le descendit après seulement vingt minutes. C'était un exercice simple : s'acclimater à travailler dans le subconscient d'un autre membre de l'équipe. Ils étaient dans un ville et c'était le rêve d'Eames donc évidemment, c'était un peu fou, un joyeux bric-à-brac de neuf et de vieux. Ils passèrent devant une cathédrale qui se dressait au dessus d'eux, grande et gothique, un minuscule bungalow avec un jardin bien entretenu devant et une galerie d'art moderne s'élevant dans le ciel.

« Mon Dieu » dit Arthur en regardant le monde étrange autour de lui.

« Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? »

« Tes projections sont aussi mal habillées que toi. »

Eames leva les yeux au ciel.

« Non, sérieusement. » continua Arthur. « Ton esprit n'est pas un endroit où j'ai envie de traîner. Qui mettrait une gare victorienne à côté d'un Norman castle ou de PC World ? Et est-ce que c'est un sexshop ? »

« Oh oui. » se souvint Eames en souriant.

Arthur lui jeta un regard pénétrant comme s'il était complètement fou.

« Tu ne veux pas y entrer. » ajouta Eames d'un ton qui ne présageait rien de bon.

« Qu'est-ce que c'est que ce truc ? » demanda Arthur, désignant le monde entier. « C'est tellement… désordonné. »

Eames haussa les épaules.

« J'aime bien. »

Il aimait le désordre, les couleurs, la vivacité. Il aimait aussi la façon dont cela offensait les goûts désespérément conservateurs d'Arthur.

« Je savais qu'il y avait quelque chose chez toi que je n'aimais pas. » dit Arthur.

« Il y a beaucoup de choses que je n'aime pas chez toi. »

Arthur toussota d'un air hautain.

« Tu avais l'air plutôt amical hier soir. »

« Oui, eh bien » dit Eames, joyeusement dédaigneux « c'était avant que je comprenne que tu étais con. »

Arthur eut un rire court et sarcastique.

« Tu ne crois pas que je le pense ? » demanda Eames, cassant « Parce que je le pense. Vraiment, je pense que tu es un vrai pur con de première classe. »

Arthur lui lança un sourire entendu.

« Quoi ? » demanda Eames.

« Je pense que quelqu'un est vexé que je ne m'intéresse pas à lui. »

Et Eames eut envie de le frapper à ce moment là, vraiment très envie, parce qu'il ne l'appréciait pas et que c'était un con et qu'il avait compris Eames et que ça ne lui arrivait pas souvent d'être déchiffré si vite. Mais il ne le frappa pas, pas cette fois-là.

« Tu n'es vraiment pas mon genre, darling. »

« C'est réciproque. » dit Arthur, regardant avec dégoût les gens qui passaient près de lui.

Eames écuma silencieusement tandis qu'ils traversaient la ville, les bureaux de poste de villages, les HLM, les arbres, les usines, les petites maisons anglaises et il était évident qu'Arthur détestait ça, et de quel droit pouvait-il le juger, comment pouvait-il entrer dans sa vie et être si froid et méprisant et supérieur ? Il n'était même pas si beau que ça maintenant qu'il le regardait vraiment, il avait pensé qu'il l'était, mais il voulait seulement coucher avec quelqu'un, et il s'était trouvé qu'Arthur était là, et il était heureux que ça n'ait pas marché maintenant qu'il savait quel con c'était, il préférait être aussi chaste qu'une putain de nonne que d'être avec lui et c'était un serment assez puissant venant d'Eames parce qu'en temps normal il avait envie de coucher avec la plupart des gens qu'il croisait, pas qu'il soit une salope ni rien. Enfin, peut-être un peu. Mais un type magnifique ne peut pas s'en empêcher, n'est-ce pas ? Peu importe, Arthur, il haïssait Arthur, il pensait que c'était un type affreux, et il essaya de garder ça en mémoire.

« Je n'arrive pas à savoir si je veux réorganiser cet endroit ou juste me barrer. » remarqua Arthur et Eames ne tint plus.

« Laisse moi t'aider à décider. » dit-il avant de lui mettre un coup de poing.

Il arriva à le pousser contre le mur, ce qui n'était pas sexuel du tout, et il était sur le point de le découper, ou au moins d'essayer, quand Arthur sortit un flingue de son costume et lui tira dans la poitrine. Eames s'étrangla, choqué, fixant la tâche rouge qui s'épanouissait sur sa chemise, et merde, il était en train de mourir, seulement ce n'était pas réel, mais ça avait l'air salement réel, il ne s'y ferait jamais, et Arthur l'avait tué, il venait de le tuer. Quel enfoiré.

Ce fut la dernière pensée qu'eut Eames parce qu'à ce moment là il s'écroula contre le mur et mourut.

« Si seulement je pouvais me débarrasser aussi facilement de toi dans la vraie vie. » dit Arthur tandis qu'Eames s'effondrait par terre.

Quand Eames se réveilla, il était furieux. Il n'était pas du genre à laisser passer (ce qui était probablement, s'il y réfléchissait, la raison pour laquelle Arthur venait de le tuer) et ce con suffisant n'allait pas le tuer et s'en tirer comme ça sans une sérieuse punition. Arthur se réveilla quand Eames le renversa de sa chaise. Il va sans dire qu'il n'était pas satisfait.

« Qu'est-ce que tu fous ? »

Il fixa son regard à Eames avec une colère presque biblique.

« Eames ! »

« Oui ? »

« Tu m'a poussé ! » dit-il, l'air indigné.

« Tu m'as tué ! » dit Eames, encore plus indigné.

« Ah, merde, mon bras, Eames. Ça fait mal. »

« Oh oui, se faire tirer dans le cœur n'est pas du tout douloureux. »

« Tu es toujours vivant. » rétorqua Arthur en se frottant le bras. « Malheureusement. »

« Si je dois continuer à travailler avec toi, je crois que je vais me suicider de toute façon. »

« Ça ne me dérangerait pas. »

Eames pensa qu'Arthur ne savait pas quel con il était, et il était sur le point de régler physiquement le problème quand Cobb entra. À ce stade, Eames se tenait au dessus d'Arthur, à deux doigts d'être allongé sur lui. Arthur n'avait pas l'air de s'en inquiéter. Cela emmerdait Eames.

« Tout va bien ? » demanda-t-il, comme s'il ne savait pas déjà la réponse.

« À ton avis ? » demanda Arthur platement.

Cobb haussa les sourcils.

« À mon avis, ça… » commença-t-il « n'a pas l'air très professionnel. »

Arthur sembla s'inquiéter de ça.

« Quoi ? » Sa voix était dure et cassante.

« Hey… ça n'a pas d'importance que vous soyez… comme ça. » hésita Cobb, levant les mains en l'air. « Mais là on travaille. Et je sais que ça a l'air hypocrite parce que c'est comme ça que j'ai rencontré Mal, mais… »

Les yeux d'Arthur racontaient la soudaine mort tragique de Cobb.

"Tu penses que je couche avec lui ?" demanda-t-il en désignant Eames avec un dégoût apparent.

"Quoi ?" demanda Eames qui rattrapait la conversation.

"Exactement" dit Arthur, et attendez, est-ce qu'ils étaient enfin d'accord sur quelque chose ou quoi ? "Je ne suis pas désespéré."

En fait, ils n'étaient plus d'accord.

"Oh oui, parce qu'il est vraiment clair que tu prends régulièrement ton pied."

"Eames, je vais te..."

"OK" dit Cobb en interrompant Arthur avant qu'il puisse dire à Eames ce qu'il allait lui faire (et probablement pas quelque chose de fun dans le sens sexuel du terme) "Vous savez quoi, je vais y aller maintenant. Alors, est-ce que vous pouvez juste... s'il vous plaît, finissez ce que vous faites, peu importe ce que c'est, avant que je revienne."

Il sortit de la pièce, Eames et Arthur lui criant après. La porte se ferma en claquant.

"Fait chier" dit Eames.

Arthur le fixait comme s'il venait de se pencher sur lui et de lui lécher le cou (et bordel, pourquoi est-ce que c'était la première chose qui lui venait à l'esprit ?)

"Quoi ?" demanda Eames.

Arthur le frappa.

Cobb revint environ une heure plus tard. Il avait appelé Mal et lui avait dit que le boulot se déroulait bien, demandé comment allait le bébé, qu'elle lui manquait, qu'il rentrerait bientôt. Ses collègues ne le remarquèrent pas quand il entra. Ils étaient tous les deux débraillés d'une manière suspecte. Les cheveux d'Arthur étaient ébouriffés parce qu'Eames avait décidé qu'il avait l'air stupide avec ses cheveux plaqués en arrière et qu'il y avait passé sa main. La chemise d'Eames était déchirée parce que la proximité du paisley rose offensait les yeux d'Arthur et qu'il ne voulait plus jamais le revoir. Arthur avait un suçon dans le cou parce qu'Eames était une enflure et qu'il avait fait ça juste pour l'embêter et il n'avait pas apprécié du tout, vraiment, il n'avait pas aimé. Ils étaient tous les deux affalés contre le mur, silencieux, entourés par des débris. C'était étrangement intime si l'on considérait qu'ils venaient juste de se tabasser.

Eames regardait Arthur à côté de lui.

"Putain, je te hais." dit Arthur.

Et il sourit. Eames n'oublia jamais ça, la première fois qu'Arthur lui sourit. C'était tout en angles et plein d'une colère engourdie et peut-être de quelque chose d'affectueux.

"Oh, darling." dit Eames. "Moi aussi je te hais."

Et sa voix était trop douce et les yeux d'Arthur étaient trop doux et ils étaient assis là juste à se regarder comme si cela signifiait quelque chose mais qu'ils ne savaient pas encore quoi.

Il leur fallut du temps pour le découvrir.

Ils commencèrent à travailler sur le projet. Arthur râtissait l'histoire de leur cible comme le stalker impeccablement bien habillé qu'il était et Eames pistait la cible comme le stalker atrocement mal habillé qu'il était. Et Cobb construisait un monde imaginaire comme un vieux type fou qui sent bizarre et qui croit qu'il est le Premier Ministre. C'était une existence plutôt heureuse.

Eames et Arthur avait un arrangement : pas de violence sur la durée de leur job. C'était en partie pour créer une bonne ambiance de travail mais surtout parce qu'Eames avait passé plusieurs jours à se plaindre de douleurs à différents endroits de son anatomie et la satisfaction de le frapper ne valait vraiment pas la peine d'endurer les plaintes après. Aussi parce que Cobb leur lançait ces regards à chaque fois qu'Eames disait quelque chose comme "Oh putain, Arthur, comment est-ce que tu m'as fait ça au dos ?" ou "Merde, tu t'es vraiment acharné sur moi." ou "Cette marque dans ton cou est d'un vert magnifique, tu sais."

Ils se tinrent tous les deux à leur arrangement (enfin, à part cette fois là, mais Eames aurait vraiment dû le voir venir et il ne pouvait pas attendre d'Arthur qu'il ne fasse rien face à une cravate aussi hideuse.) Ce n'était que trois mois d'abstinence après tout. Mais ne pas se battre ne les empêchaient pas de se faire la guerre. Eames faisait ce qu'il savait le mieux faire et remontait Arthur comme un jeu à manivelle avec lequel il s'amuserait. Et Arthur, ce rabat-joie merveilleusement irritable d'Arthur, mordait toujours à l'hameçon. Il y avait des jours où Eames était agaçant et ennuyeux et tout simplement exaspérant, et Arthur le détestait. Et il y avait des jours où Eames était doux et charmant et tout simplement Eames, et Arthur l'aimait. Mais il n'y en avait pas tant que ça.

"Eames, putain, qu'est-ce que tu m'as fait ?"

Eames mordit le bout de son stylo et ne leva pas les yeux de son travail.

"Qu'est-ce qu'il y a ?"

"Fais pas semblant de pas savoir, regarde moi, bordel."

Eames tourna sur sa chaise, essayant sans succès de ne pas sourire en regardant Arthur.

"Quoi ?" demanda-t-il, car il savait que s'il en disait plus il se mettrait à rire et que cela pouvait être très dangereux avec Arthur de cette humeur à côté.

"Qu'est-ce que tu veux dire par "Quoi ?" ? Je suis couvert de stylo, putain !"

"Oh, ça."

Le regard d'Arthur aurait été terrifiant s'il n'y avait pas écrit Je suis un con sur son front. Eames avait vu Arthur dormir dans son fauteuil, en train de rêver, et avait profité à fond de la situation. Après tout, il était opportuniste.

"Et alors, ça ne va pas se laver ?" dit Eames inutilement. "C'est que du stylo."

"C'est du putain de marqueur, Eames, ça ne s'enlève pas !"

"C'est bien dommage."

"Oui, ça l'est, Eames, c'est vraiment dommage, parce que je sors ce soir et ça signifie que tu vas devoir mourir."

Les yeux d'Eames s'agrandirent.

"Vraiment ?" bredouilla-t-il. "Oh merde, je savais pas... tu vas vraiment... sortir... oh mon Dieu, c'est tellement hilarant..."

Il éclata de rire, parce que son timing était parfait et que c'était la meilleure chose qui lui était arrivé depuis jamais, et qu'Arthur allait probablement le tuer la minute suivante alors il en profitait tant qu'il pouvait.

"Ne t'inquiètes pas, darling. Si elle t'aime, je suis sûr qu'elle t'acceptera comme tu es." dit Eames qui n'estimait pas le prix de sa vie.

"C'est un rendez-vous d'affaires, pas un... rencard ou quoi que ce soit."

"Oh oui, j'avais oublié que tu ne prenais jamais ton pied."

"Un jour, je vais te tuer, Mr. Eames" grogna Arthur, se dirigeant d'un air furieux mais digne vers la salle de bain.

"Tu l'as déjà fait, ça, tu te souviens ?"

Il revint une demie heure plus tard, le front rouge d'avoir été frotté.

Il ne découvrit pas le reste avant le lendemain. Arthur fit irruption dans le local, jetant sa veste et sa sacoche sur son bureau.

"Bonjour Arthur." dit Eames joyeusement, en prenant une gorgée de son thé.

"Pourquoi est-ce que tu as dessiné des positions sexuelles sur mes cuisses ?"

Eames cligna des yeux.

"Bonjour à toi aussi."

"Non, sérieusement. Ce n'est pas le genre de choses que je veux trouver en enlevant mon pantalon."

Cela prit un moment à Eames pour réaliser qu'Arthur parlait bien de son pantalon et ne mentionnait pas ses sous vêtements sans raison.* Parce que ça aurait été vraiment bizarre, et Eames se mit à penser à Arthur enlevant ses sous vêtements et putain de merde...

"Ca m'a pris quarante-cinq minutes pour l'enlever." cria Arthur.

"Le dessin ou ton pantalon ?" Eames sourit et prit une autre gorgée de thé.

Arthur se pencha par dessus le bureau, hors de lui.

"Mon corps est ma putain de propriété, Eames, pas un truc avec lequel tu peux t'amuser."

Eames s'étouffa avec son thé. Il était sûr qu'Arthur n'avait pas prévu que ça sonne aussi mal. Presque absolument sûr.

"Ne t'approche plus jamais de mes cuisses. Tu m'entends ?"

Eames avala.

"Même pas en rêve." dit-il, parce que son cerveau lui criait des insinuations et qu'Arthur était en colère et qu'il y avait quelque chose de formidable à ça.

"Euh, bonjour tout le monde" dit Cobb, l'air de celui qui est légèrement perturbé mais qui veut cacher la chose avec un sourire tellement tendu qu'il en est presque flippant.

Son regard alla d'Arthur à Eames et Arthur n'avait pas l'air sexuellement agressif dans cette position, et les cernes sous ses yeux ne donnaient pas l'impression qu'il avait passé les trois dernières nuits à s'envoyer en l'air énergiquement, non, pas du tout.

"Je vais faire un peu de café" dit-il d'un voix guindée en tournant sur ses talons pour aller dans la cuisine.

Arthur grogna.

"Cobb pense toujours qu'on couche ensemble et c'est entièrement ta faute."

Une part d'Eames voulait dire Si on couche ensemble, est-ce que tu vas en finir avec ça ? et une autre part de lui se demanda simplement Est-ce que tu serais en train d'envisager de coucher avec Arthur ? et la première part de lui répondait Putain, oui ! et c'était assez bizarre qu'il soit en train d'avoir une conversation avec lui-même mais plus rien n'avait vraiment de sens ces derniers temps alors il se contenta d'accepter le fait.

Arthur soupira, leva les yeux et demanda doucement "Eames ?"

"Oui ?"

"Tu sais... cette chose... que tu as dessiné... au dessus de mon genou gauche ?" murmura-t-il, mal à l'aise, en se penchant vers lui.

Eames essaya de se rappeler ce qu'il avait dessiné exactement à cet endroit là. Puis, il se souvint et, bon...

"Oh, euh, oui ?"

"Est-ce que c'est même possible ?" demanda Arthur. "Je veux dire, est-ce que tu peux vraiment faire ça ?"

Eames prit une inspiration.

"Oui."

"Oh" dit Arthur, sec et franc.

"Uhm, hey, on a plus de lait" dit Cobb en sortant la tête de la cuisine.

Eames en doutait sincèrement.

"Je vais aller en chercher" dit Arthur en se relevant du bureau.

"Merci."

La porte se referma derrière Arthur. Ce ne fut que cinq minutes plus tard qu'Eames réalisa que son portable avait disparu.

"Connard" marmonna-t-il dans sa barbe.

Mais il souriait.

Arthur envoya le texto pendant qu'il était dans la queue pour le lait. Il fit défiler la liste des contacts du portable d'Eames et il allait envoyer le message à un associé de bureau parce que ça n'aurait vraiment pas été gentil et qu'Arthur ne se sentait pas d'humeur gentille envers Eames. Puis il vit un contact répertorié par Darling, alors il décida de le lui envoyer, qui qu'elle soit. Enfin, elle ou il. Arthur ne savait toujours pas de quel côté de la barrière se trouvait Eames mais il était certain qu'il connaissait à fond un grand nombre de positions et ça n'aurait vraiment pas dû être sexy du tout mais ça l'était en quelque sorte. Il acheta le lait en essayant d'oublier qu'il venait d'utiliser les mots sexy et Eames dans la même phrase.

Quand il revint, il frôla Eames en replaçant au passage son portable dans sa poche.

"Oh merci, je me demandais où il était." dit Eames avec un petit sourire. "Tu sais, je crois que tu as laissé le tien sur ton bureau d'ailleurs."

Arthur envisagea de rompre leur accord et de frapper l'imbécile au visage, juste pour lui enlever son expression suffisante.

"Oh darling, tu as l'air si tendu" dit Eames, parce qu'Arthur pensait pouvoir cacher quand il était en colère mais il n'y arrivait vraiment pas et Eames posa sur son épaule une main qui se voulait sûrement réconfortante mais qui ne l'était vraiment pas.

Et soudain, quelque chose s'enclencha dans la tête d'Arthur, une terrible, atroce possibilité, et il attrapa son téléphone sur son bureau. 1 Nouveau Message. Arthur le lut.

Eames, 10h05

Salut darling, je viens juste de me rendre compte que mes vêtements sont hideux, ça te dérangerait de m'en débarrasser ? ;) xxx

Eames se pencha par dessus son épaule et sourit.

"Je sais que tu ne prends jamais ton pied, Arthur, mais là tu frôles le désespoir."

Arthur regarda Eames avec une expression qui ne pouvait qu'être décrite par une rage incandescente.

"Tu m'as répertorié par Darling sur ton portable ?"

"Tu t'es un envoyé un sexto à toi même avec mon portable ?"

"C'est pas le principal" dit Arthur, même si ça sonnait un peu bizarre quand Eames le disait de cette façon. "Enfin, Darling ? Vraiment ?"

"Ca te va bien." dit Eames en le touchant sous le menton.

Arthur aurait voulu que quelque chose, n'importe quoi, l'emmène loin de cet homme exaspérant, ridicule et idiot. Mais il avait déjà survécu un mois avec lui et il devait aider Cobb et il n'allait pas juste laisser tomber et abandonner le boulot. Et, pour une raison quelconque, il avait plus qu'une petite affection pour Eames. Alors il resta.

Eames envoya des sms à Arthur après ça. Il s'avéra qu'il avait sms illimités et trop de temps libre à disposition et que c'était une combinaison désespérément gênante.

Eames, 14h14

je viens de voir 2 pigeons qui s'accouplent par la fenêtre, ça m'a fait penser à toi xx

Eames, 14h17

je me demandais, est-ce que tes costumes peuvent devenir encore plus serrés ? ça me donne une belle vue de l'arrière xx

Eames, 14h18

oh putain ils sont 3 maintenant

Eames, 14h20

les choses deviennent plutôt sérieuses par ici

Eames, 14h22

arthur ça m'excite trop

Eames, 14h23

mais pas autant que toi bien sûr ;) xx

Arthur, 14h24

Eames. Arrête. Je sais que tu ne le penses pas.

Eames, 14h25

je suis sûr que je peux te persuader que si... ;) xxx

Arthur arrêta de répondre rapidement. Cela ne faisait que l'encourager.

Arthur adorait les paradoxes. Il aimait la complexité, la subtilité. Il aimait comprendre et construire quelque chose de parfait. Ses carnets en étaient pleins : des notes propres, des diagrammes détaillés et des plans précis. Ils les trouvaient beaux. Eames n'étaient pas d'accord. Il pensait que c'était la chose la plus ennuyeuse, compliquée, torturante et détestable qu'un homme puisse créer, à part peut-être Arthur. Mais il aimait jeter un coup d'oeil par dessus l'épaule d'Arthur sur son carnet, parce que c'était comme voir tout à coup à travers son esprit d'une logique implacable. Et aussi parce que ça le faisait chier. Un jour, Arthur laissa son carnet ouvert sur son bureau et Eames le parcourut comme un texte saint, parce que c'était quelque chose d'étrange, quelque chose d'indescriptible, quelque chose qu'il ne comprenait pas. Quelque chose comme Arthur. Ils y avaient des triangles. Des triangles dans des triangles dans des triangles, une grande pyramide de lignes qui s'entrecoupaient, chacune coupant une autre, et il perçut une sensation d'infini.

"Ne touche pas ce qui ne t'appartient pas, Eames." dit Arthur sèchement.

Eames le regarda droit dans les yeux.

"Tu es incroyable." dit-il.

Il le pensait.


*Le jeu de mot ici sur « pants » et « trousers » n'est pas vraiment traduisible. Les américains utilisent « pants » pour désigner le pantalon alors qu'en anglais, le mot désigne les sous vêtements, « trousers » désignant le pantalon.