Traduction de la série d'Os de lady of scarlet. Avec l'accord de l'auteur, j'ai choisis de commencer par la 4ème histoire, ma favorite...

Rien ne m'appartiens, ni les personnages ni même l'histoire ! Je remercie aussi ma Beta bien aimée, Didou27 dont les suggestions m'ont été précieuses...

Lien vers la Fic originale : s/7705019/1/Five-Times-Jane-Watched-Lisbon-Die


Loose Ends

Patrick Jane se noyait dans l'anticipation.

Il faisait tout son possible pour garder sa tête à la surface, rester concentré, garder son calme.

Jane n'avait jamais été aussi prêt.

Prêt à tuer.

Prêt à mourir.

Prêt à enfin y mettre un terme.

Cela lui avait pris trois semaines exactement pour disparaître de la surface de la Terre.

Un complot vraiment ingénieux. Il s'en serait bien vanté en ce moment d'ailleurs, enfin, s'il avait toujours quelqu'un auprès de qui se vanter. Mais c'était bien le but, n'est-ce pas ? Maison, voiture, biens, travail tout avait disparus, emballé, pesé et vite expédié. Cela avait été presque aussi simple que de vider les ordures – ce qu'il avait également fait d'ailleurs.

Il y avait, bien sûr, une faille dans son plan.

Il ne pouvait pas être aidé.

Jane était extrêmement intelligent, mais Lisbon était tout autant déterminé. Bien qu'il détestait l'admettre, il n'y avait aucun moyen de l'empêcher d'obtenir ce qu'elle voulait.

Oh il avait essayé pourtant. Il était allé jusqu'à démissionner en personne de son poste de consultant pour le CBI auprès du patron du patron d'Hightower, et s'était rapidement réservé un vol, direction l'Italie, pour des « congés prolongés » pendant lesquels il ne devait surtout pas être dérangé.

L'ancien medium savait qu'à terme, elle finirait par comprendre ce qu'il manigançait, mais elle n'aurait alors aucune raison valable de déposer un rapport de personne disparue ou de mettre en place une équipe de recherche, et les ressources du CBI ne seraient certainement pas mises à sa disposition pour ça. Avant de partir, il avait aussi fait de son mieux pour la foutre en rogne, tâche qu'il avait réussi à merveille, ce qui, logiquement, devrait la rendre moins encline à venir le chercher.

Il savait que ça ne la retiendrait pas très longtemps, après tout, c'était Lisbon et elle était… et bien, Lisbon. Mais cela n'avait plus d'importance à présent. Il n'avait pas besoin de beaucoup de temps, d'un petit peu plus seulement.

Bien assez tôt, il en aurait finis avec ce qu'il avait commencé et, si elle réussissait à retrouver sa trace après ça, tout ce qu'elle retrouverait serait des corps. Deux corps, pour être plus précis. Patrick savait depuis longtemps que ni lui ni John le Rouge ne tomberait sans emmener l'autre avec lui, le lien qui les unissait était un de ceux qui ne pouvait être rompu.

Il respira lentement, profondément. Jane était tellement préparé que ses doigts en étaient douloureux, et il resserra encore sa prise autour de la crosse du revolver tandis qu'il suivait les gouttelettes de sang qui brillaient sur le béton.

C'était presque certainement un piège.

Les gouttes n'étaient jamais espacées de plus de 30 centimètres, il ne pouvait donc pas les manquer ou s'écarter du chemin. Et pourtant, il les suivit quand même.

Il y avait un aspect de l'humanité que John le Rouge possédait toujours, au contraire de Jane : L'instinct de survie. L'absence de cette contrainte naturelle qui est de vouloir protéger sa propre vie, de se battre ou de fuir, de faire un écart sur la route quand une voiture arrive en sens inverse ou retirer sa main d'une plaque chauffante, c'était là le véritable avantage de l'ancien medium.

Patrick Jane n'avait rien à perdre.

C'était là la plus grande arme qu'il possédait contre son ennemi, et il comptait bien l'utiliser.

Même les pourvoyeurs de mort avaient peur de la Mort. John le Rouge n'était pas une exception, Jane le savait.

Le lâche l'avait prouvé lorsqu'il s'était enfuit, le bras en sang, après avoir reçu une balle dans l'épaule. Pendant cette fraction de seconde, quand la balle avait pénétré son corps, le consultant avait aperçu cette lueur de réalisation dans les yeux du tueur en série : Les Dieux pouvaient saigner.

Ils pouvaient mourir aussi, et Jane était impatient de le prouver. Il ne voulait surtout pas le manquer une deuxième fois.

Il atteignit le fond de la salle, se trouvant maintenant à la jonction du bureau et d'une sorte d'entrepôt ouvert. Il plaqua son dos contre le mur, si froid, et attendit, aux aguets.

Là.

Du mouvement.

Le plus léger des bruissements effleura ses oreilles, et tous ses sens se mirent en alerte. Le bruit provenait de sa droite, à 6 ou 7 mètres de l'entrée.

Il devait agir rapidement. Il ne laisserait pas John le Rouge s'enfuir, ils n'avaient pas encore finit ici. Pas tant qu'ils ne seraient pas mort tous les deux.

Jane avança légèrement, jetant un coup d'œil en direction de l'endroit d'où provenait le bruit et balaya les environs du regard. Il leva son arme, prêt à atteindre l'objectif, prêt à tirer… juste prêt.

La silhouette sombre de John le Rouge apparu devant la fenêtre, se découpant dans la faible lueur que projetait l'éclairage public, et les yeux de Jane se posèrent immédiatement sur lui.

Un aperçu, un calcul rapide, et c'est tout ce qu'il fallut.

Son index se resserra automatiquement autour de la gâchette, et une balle fût projetée de son arme dans un bruit assourdissant.

La silhouette s'effondra, ne formant maintenant rien de plus qu'un petit tas sur le sol.

Trop petit, réalisa soudainement Jane.

Un doute le saisit, et il se retrouva comme paralysé.

Il continua de fixer l'obscurité de l'entrepôt jusqu'à ce qu'un léger halètement ne le sorte de sa torpeur.

La reconnaissance de ce soupir le frappa en pleine poitrine, profondément et douloureusement.

La panique suivit, et il se rua à travers la pièce.

Lisbon ne pouvait pas être ici, elle ne pouvait l'avoir trouvé, pas si tôt, elle ne pouvait pas….

« Jane ? »

Oh Seigneur…

Il se laissa tomber à côté d'elle, ses jambes incapables de le soutenir plus longtemps, sa respiration encore plus difficile que celle de l'agent.

« Lisbon, qu'est-ce… Pourquoi est-ce que vous êtes là ? »

Elle cligna des yeux. Lentement.

Ses fines lèvres s'incurvèrent dans un mince sourire. Elle semblait soulagée de le voir, et il n'avait pas la moindre idée de ce que cela signifiait. Teresa ne devait pas avoir réalisé qu'il avait été le seul à appuyer sur la gâchette. A moins qu'elle l'ait réalisé… et…

Mais peut-être… Peut-être qu'elle allait bien ? C'est sûr. Elle devait aller bien.

Jane descendit difficilement la fermeture éclair de son blouson en cuir, ses mains prises de tremblements, afin d'évaluer les dégâts. Il avait raté une fois, peut être…

Elle n'allait pas bien.

Jane avait tort. Il avait tout à perdre.

« Je… » sa voix s'estompa lorsqu'il remarqua que les yeux de Lisbon était entièrement clos. « Lisbon ? »

Son esprit se retrouva submergé par toutes les choses qu'il avait besoin de lui dire, les choses qu'il avait besoin qu'elle sache, et le consultant se demanda si il avait réellement été aussi prêt qu'il l'avait cru.

Jane l'appela, encore et encore et encore… mais elle ne se réveillerait pas. Au moment où une balle vint briser le fil de ses pensées, il se rappela qu'ils n'étaient pas seuls, mais il était déjà trop tard.

Il avait été si près du but.