Bonjour,
Voici la première histoire que j'écris et publie donc j'espère qu'elle vous plaira. Elle est fondé sur House MD mais également sur l'univers de trois de mes OC. J'ai commencé à écrire cette histoire un jour de grosse déprime en me laissant un peu aller à mes idées mais je vous jure qu'il y a une histoire auquel j'ai beaucoup réfléchit. Il y aura également une histoire d'amour (je ne cite pas le couple, mais on peux deviner que notre médecin préféré y aura son rôle (même si -of cours- aucuns des personnages de cette histoire ne m'appartiennent)
N'hésitez pas à me donner votre avis et j'espère que vous passerez un bon moment.
Ah et une dernière chose... Le dessin étant une de mes pations, je met à la fin des liens vers ma session DEviant Art dans lequels j'ai mis des illustrations de mes OC.
Voilà!!
Chapitre un: Les fleurs se cachent pour mourir…
Angel eyes Ella Fitzgerald
Le parking souterrain était éclairé par de vagues néons sinistres. Sales, lampes ignorantes de ce qu'était le soleil, ils diffusaient une lumière froide sur le bitume usé.
L'endroit était quasiment vide, si ce n'était les quelques voitures des médecins de gardes de l'hôpital. . Ça sentait l'essence, la poussière, le plastique… Une odeur de parking.
Près d'un mur était garée une vieille voiture grise et miteuse à la peinture terne et poussiéreuse. Son pare-choc était emboutit et elle portait de multiples éraflures. Le capot était carré et faisait ressortir les phares ronds qui semblait deux yeux ternes et fatigués.
Une jeune fille était négligemment appuyée contre la portière. Enfin jeune… Il était difficile de donner exactement son âge tant il semblait hors du temps. De dos, on aurait peut-être dit une étudiante, tant sa chevelure à la teinte turquoise diluée virant au vert laiteux semblait déplacée. Peu épaisse, très lisse, coupée en carré court impeccable, rebiquant en douceur vers l'extérieur au niveau de son visage, trop parfaits, comme des cheveux asiatiques, mais pas particulièrement incongrus. Une frange, droite, située cinq centimètres au dessus des sourcils, dégageait son visage rond, un peu enfantin, à la teinte plus pâle encore que le mur de béton derrière elle.
Typée nordique. Norvégienne, finlandaise peut-être si on analysait ses traits pâles. Asiatique si on regardait sa bouche, sa petite taille, sa stature si fine et délicate qu'on aurait crû pouvoir la briser d'un geste trop brusque.
Son nez, de tailles moyennes, banales mais pas désagréables…
Sa bouche, peu large, charnue avec une gouttière quasi inexistante. Mélancolique, silencieuse. Relevée d'un rouge à lèvre rosé. Sans atout. Professionnel.
Ses yeux. Hum, ses yeux. D'une forme commune pour une européenne. Éveillés, curieux. Peu pourvus en cils, d'une couleur caramel franc, sans dégradés, sans paillettes de vert ni d'or.
Sa stature était petite, avec une taille fine qui revalorisait sa poitrine peu abondante.
Elle portait un tailleur blanc et vert tendre qui la vieillissait ou lui rendait son âge véritable.
Elle semblait mal à l'aise avec ses escarpins crèmes, semi hauts, qui mettaient en valeur ses jambes mais ne semblaient pas être souvent de sortie.
Dans sa main droite, elle tenait serré une grappe de glaïeuls blancs entourés de cellophane et de raphias.
De l'autre, elle massa doucement sa nuque et jeta un œil à sa montre.
Les deux étaient couvertes de gants en cuir marron.
Dans le silence quasi-religieux, elle jeta un regard à la dérobée vers la porte, avant de retourner à la contemplation de ses chaussures.
Une porte métallique grinça et on entendit une présence humaine se rapprocher.
C'était un pas, mais un pas particulier. Raide, gauche, traînant.
Une démarche irrégulière accompagnée d'un cliquetis répétitif. A la fois désagréable et mystérieux.
La jeune fille leva les yeux vers l'homme qui se dirigeait vers elle.
Elle se décolla légèrement de la voiture, peu de résultats mais c'était une différence indéniable: être appuyée ou se tenir debout toute seul.
-Docteur Gregory House? Demanda-t-elle.
Sa voie était claire et résonnante. Cristalline comme les carillons qu'on accroche dans les jardins et qui sonnent au grès du vent. D'une pureté dérangeante. Heureusement agrémentée d'un léger accent français qui la rendait plus humaine.
Celle qui lui répondit était plus désagréable, doucereuse, rauque.
-Qui donc?
L'homme était grand et mince pour son âge. Son visage long et acerbe, avec une barbe de deux jours servait de refuge a deux yeux bleus et froids, pénétrants sous les sourcils un tantinet broussailleux, prononcé par la forme du crâne. Un nez droit aux narines peu larges, une bouche fine et très marquée. Taillée au couteau. Ses cheveux, bruns légèrement mêlés de gris, juste assez courts pour négliger d'être coiffé. Un menton mince mais peu marqué.
Il portait un costume de bureau, avec une chemise bleu pas repassée sans cravate et des horribles baskets Nike à ressorts.
A vue de nez, il pouvait avoir entre quarante et cinquante ans.
Tout en lui évoquait un caractère prononcé d'homme sûr de ces opinions, plein de mépris pour les apparences.
Plissant le nez:
-Il doit être partit à cette heure-ci…
Elle soupira.
Il marqua une pause et la regarda en biais:
-D'AccOrd! C'est moi! Allez dites-moi qui a cafté? Cuddy vous a dit que j'avais une canne?
La jeune femme plissa les yeux avec malice et un premier vrai sourire apparût sur son visage. Elle jeta une bref coup d'œil à la canne en bois noir avec poignée plus claire qui accompagnait l'homme à chacun de ses pas.
-Pas tout à fait. J'étais dans le hall à l'heure de vos consultations. Amusant cette façon que vous avez… De traiter vos patients.
La voix était ironique et moqueuse.
L'homme la regarda un instant:
-Vous êtes dans le service?
Puis d'un air équivoque et narquois:
-Je pensais pourtant connaître toutes les infirmières.
Elle releva les pupilles vers lui et expliqua, ignorant le sous entendu:
-Je viens de passer mon entretien d'embauche, je suis votre nouveau pharmacien. Enchantée, je suis le docteur Lactae Quert.
Sa main fut prise d'un mouvement, puis elle se ravisa. House le remarqua.
-Je n'aime pas qu'on ignore la main que je tend, ajouta-t-elle. Alors j'évite les risques inutiles…
-C'est l'explication qui est inutile.
Elle regarda ses pieds à nouveau, releva le visage sans montrer de traces d'une émotion quelconque, puis elle sortie un trousseau de clefs de sa poche:
-Vous montez? Ça fait vingt minutes que je vous attends…
Sans attendre de réaction de sa part, elle ouvrit la portière et s'assit à la place du conducteur.
Plus lentement, l'homme s'installa sur la place du passager.
-J'avais dit à Cuddy que je ne viendrais pas, dit-il. Cette épave ne va pas nous lâcher en route?
Lactae tourna la clef de contact, le vieux moteur ronfla comme un vieux bonhomme. La voiture recula doucement, la jeune femme changea de vitesse et entreprit de sortir du parking.
Elle sourit doucement, la voix aux accents durs n'était pas désagréable à ces oreilles.
-Je n'en sais rien. Ce n'est pas ma voiture. Juste une location.
-Une façon détournée de dire que vous avez volé cette voiture?
La jeune femme tourna son visage vers lui et répliqua sèchement:
-Je viens d'emménager dans cette ville. Si j'avais voulu voler une voiture, j'en aurai choisit une en moins piteux état.
Il y eu une pause, où il afficha une fausse image de pieux repentir.
Les variables expressions qui modelaient son visage le rendaient plus jeune.
Elle continua, plus douce:
-Madame la directrice m'a dit que vous diriez ça. Elle a aussi dit que vous viendriez quand même.
-Ah bon. Et pourquoi cela?
Au moment où le véhicule émergeait de l'antre noir, ils entrevirent le ciel, dont les étoiles étaient dissimulées derrière l'habituelle couche de pollution qui couvrait toute grande métropole Américaine.
Pas d'exceptions pour le New Jersey.
Les lumières de la ville étaient blanches, roses, jaunes, bleus.
Trop fortes, les enseignes des néons, des Faste Food, des pompes à essences, des snacks.
-Est-ce que je sais? Je ne vous connais pas. Votre voiture est à la fourrière. Vous êtes sur mon chemin. Je vous dépose. C'est tout.
Elle s'engagea sur une grande artère. Mais à cette heure-ci, les rues étaient vides. Elle accéléra avant de lui jeter un coup d'œil.
-ça vous embête si je passe au cimetière? Juste le temps de déposer des fleurs.
Il ne lui répondit pas. Il détaillait sa partenaire et revenait sans cesse aux mains gantées posées sur le volant.
D'un geste pseudo brusque, la jeune femme ouvrit la boîte à gants:
-Vous voulez un bonbon?
La boîte ne contenait qu'un unique paquet de sucre candi, une carte routière du New Jersey et des raclettes pour le givre.
Il accepta.
Au bout de quelques minutes, il ouvrit la bouche:
-Vous avez perdu quelqu'un de cher?
Elle haussa imperceptiblement les sourcils. Et quand elle parla, ça fut sans le regarder, la voix impeccablement neutre.
-Je ne pensais pas que ça puisse vous intéresser. Je vous avoue que je suis très surprise de cette question.
Il concentra son visage vers la route qui défilait sans bruit, comme un ruban sans fin.
-Vous avez raison, ça ne m'intéresse pas. C'était une question purement professionnelle.
Elle quitta le paysage des yeux un instant, la bouche à peine entrouverte comme pour poser une question.
Il argumenta:
-Vous êtes très mince et votre peau est extrêmement pâle.
Il appuya les deux derniers mots.
-Vous avez peut-être négligé de vous alimenter correctement ces derniers temps…
Il l'étudia du coin de l'œil pour observer sa réaction. Elle plissa la bouche, mi-sourire, mi-moue.
-Non, vous vous trompez. Je me suis bien alimenté jusqu'ici. Je ne pense pas avoir imposé à mon corps quoi que ce soit de déraisonnable. Et si j'ai une dépression à faire, elle va seulement commencer.
Lactae était à la fois douce et pleine de froideur. Son visage n'exprimait aucunes des violentes passions qui agitait son esprit. Maîtresse d'elle même. Si elle n'avait pas eu cette couleur de cheveux décalée, on aurait pût la croire comme n'importe quelle femme qui cache sous un air professionnel le poids de sa vie commune, de l'éducation de ses enfants, de ces tracas quotidiens. Transparente.
Son visage de jeune fille ne s'harmonisait pas avec les vêtements stricts, l'expression neutre qui parlaient de la femme et non de la fille.
-Alors, vous avez perdu quelqu'un de cher?
Elle esquissa un début de sourire, ce qui fit apparaître une fossette sous sa lèvre:
-Non, je n'ai perdue personne de cher. Juste…
Le sourire se fit amer.
-J'ai seulement perdu un idéal, docteur House.
Elle avait parlé sans le regarder. Les mains soudées au volant. Le regard soudé sur la route.
Ils restèrent silencieux une dizaine de minutes avant que la jeune femme ne gare la vielle épave le long du mur d'enceinte d'un cimetière obscur, entouré d'entrepôts silencieux et sinistres, où étaient enterrés, trop serrés, des centaines de cadavres.
Elle prit le bouquet de glaïeul, qu'elle avait déposé sur la banquette arrière et sortit de la voiture rapidement. Comme pour se donner du courage.
Le portail en fer forgé était fermé par une lourde chaîne sombre qui brillait sous l'éclat d'un lampadaire.
Lactae saisit doucement le barreau et appuya sa tête contre.
Il y eu un bruit de portière qu'on claque et un bruit de pas claudicant.
-Vous reviendrez demain, dit l'homme.
-C'est inutile. Je n'ai aucune tombe en particulier à fleurir ici. Je ne crois pas en Dieu non plus. C'est seulement… C'est seulement pour les gens qui meurent alors que leur vie a un sens.
Elle marqua une pause:
-Mais les morts injustes, vous connaissez ça… N'est ce pas docteur?
Il la regarda intensément, avec ses yeux bleus perçant sous ces sourcils durs.
Bon Dieu, il avait toujours détesté connaître le visage de ces patients.
-Est-ce que je peux voir vos mains?
Les yeux caramel s'écarquillèrent de surprise. Elle hésita un instant. Accrocha maladroitement le bouquet à la porte de fer forgée, enleva son gant et lui présenta sa main droite.
House saisit méticuleusement le poignet de la jeune fille et l'attira davantage sous le réverbère, là où la lumière était la plus forte.
Il ne jeta qu'un œil distrait aux doigts fins et à la paume blanche. Son regard se concentra sur le poignet.
Le visage indéchiffrable, il le fixa quelque secondes avant de prendre son pouls.
Lactae le regardait faire avec curiosité:
-Il y a un problème docteur?
House fronça les sourcils.
-Votre pouls est normal. Mais regardez…
Il lui montra son poignet.
-Je ne vois absolument rien.
-Justement, avec une peau aussi pâle que la votre, il est très étrange que les veines n'apparaissent pas.
Agacée, Lactae retira sa main. Remis son gant.
-C'est juste un hasard, dit-elle.
Son expression était si neutre qu'on eu pût dire si elle dissimulait quelque chose ou pas.
Elle se détourna vers la voiture mais n'avança pas.
-C'est pour cette raison que vous vous êtes laissé ramener ce soir. N'est-ce pas, Grégory House? Je pense qu'il vous est plus agréable de dormir à l'hôpital que de subir la compagnie d'un autre être humain. En cela, je vous comprends encore. Mais je ne suis pas un cobaye. Je ne suis pas malade. Si j'allais mal, j'irai chercher quelqu'un moi-même.
Elle contourna le véhicule et ouvrit la portière.
-J'aimerai que vous fassiez quelques analyses, dit House. De sa voix âpre et calme. Juste une prise de sang, rien de plus.
Elle sourit, ses courts cheveux agités d'une brise nocturne.
Il s'agaça de ce que sa féminité n'agita pas en lui son appétit d'homme mais plutôt un sentiment de compassion pour cette fille qui ressemblait à ses fleurs fragiles, solitaire et qui pourtant ne veulent pas pousser n'importe où.
Elle était jolie pourtant, étrange. Mais il se sentait trop homme pour regarder cette gamine comme une femme.
-C'est Lisa Cuddy qui vous a parlé de mes poignets, pas vrai? C'est comme ça qu'elle vous a appâté? Je pense qu'elle s'inquiétait juste pour vous.
Il s'approcha de quelques pas, sans essayer de nier. Notant ce tic qu'elle avait de souvent terminer ses phrases par des interrogations dont elle devinait la réponse.
Elle continua:
-ça vous fait mal quand vous marchez?
Il acquiesça brièvement.
Elle soupira:
-Alors montez vite! J'avais l'ambition secrète de vous abandonner ici. Mais j'ai toujours eu pitié des infirmes.
Ils avaient conscience tous les deux que cette pique agressive n'était que provocation. Elle s'en voulut d'être incapable de plus de hargne.
Il se sentit agacé par sa faiblesse. Les femmes…
Elle se glissa sur son siège et détourna la tête.
House s'assit à coté d'elle sans un mot. Il n'était pas affecté par l'acidité de la réplique de cette plante mystérieuse. Cette fleur blessée. Elle n'avait pas envie qu'on mette le nez dans ses affaires, il aurait réagit de même. Mais il était à sa propre place et avait envie de savoir.
De connaître le secret. Comme le secret de chacun des cas qui l'avait intéressé jusqu'à maintenant. Et comme chacun des cas auparavant, ce secret là avait quelque chose de spécial sur l'instant présent… Il n'était pas encore élucidé.
Lactae appuya sur la pédale et la voiture grise disparût dans la nuit.
Tout le monde mentait.
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Rhapsody in blue
Lactae était assise par terre, un coude appuyé sur une table basse, La main de l'autre bras gribouillant une feuille jadis immaculée avec énergie. Ses grands yeux ronds semblaient à la fois concentrés sur le dessin et vagues comme si elle songeait à des choses très lointaines.
Le salon de l'appartement de Lactae Quert était essentiellement composé de tons rouges sombres et verts feuille. La pièce était petite, reliée à la cuisine par un simple bar. Le sol était recouvert de carrelages blancs. Au centre se trouvait la table basse recouverte d'un plateau de verre posé sur des pieds rouges indubitablement années 50. Autour, un canapé art déco, en cuir vert, dominait une assemblée de fauteuil du même acabit.
Des placards assortis entouraient les murs. Dans l'entrée, un porte-manteau rouge dissimulait à peine une porte blanche extrêmement banale.
Plus banale en tout cas que le frigo pourpre vernis sur lequel était posé une corbeille remplie de cerises grenat, corbeille qui semblait elle-même posée sur ce qui semblait être un string en cuir rouge. Sur un billaud, un kitchen aid bordeaux et acier, un évier étincelant de propreté, un post it où étaient indiquées quelques courses.
Le tout sur un papier blanc où étaient imprimés régulièrement des radis aux corps écarlates parfaitement dans les tons de la pièce et dont la structure légèrement rectangulaire rappelaient encore l'art déco.
La décoration était étonnamment luxueuse pour un appartement aussi petit, trop lisse également. Pas assez de bordel, pas assez de foutoir.
Le seul signe d'une intimité certaine était marqué par le triangle de lingerie rouge. Et l'osmose n'était pas faite entre lui et la jeune fille qui crayonnait.
Lactae dessinait des insectes. Des insectes gros, des insectes petits… Des fourmis, des mouches, des lucanes… Des sauterelles, des scarabées brillants et des moustiques.
Souvent revenait la meurtrière mante religieuse. Lactae s'attardait sur ces contours, frottant avec son doigt le graphite afin de diluer les ombres, de leur donner davantage de réalité, de substance.
Dans l'antiquité, les hommes allaient voir au cirque des combats à morts. Maintenant les gens allaient voir des concerts, regardaient des matchs de sport, se battaient dans la rue.
Autant de moyens d'évacuer toute cette violence contenue, cette peur de la vie que chacun portait sur ces épaules. Cette charge.
Lactae avait une boule dans la gorge. Un poids. Elle avait vaguement envie de pleurer, mais les larmes restaient coincées dans sa gorge, comme toujours. Elle avait envie de crier.
Quand Lactae avait mal, elle dessinait des insectes. Comme une cure, elle les extrayait de sa mémoire pour les reproduire sur n'importe quel bout de feuille. Au crayon, scrupuleusement quand elle avait une peine sourde. Et au Bic, nerveusement, avec de grands gestes étonnamment peu maladroits mais compulsifs quand des rages plus fortes la prenaient.
Extraire d'elle-même un peu de sa laideur.
Quand elle en eu assez, elle laissa rouler le crayon jusqu'au bord de la table où il s'immobilisa. La jeune femme regarda ses poignets, ses poignets immaculés. Un sourire mélancolique s'afficha sur son visage blafard.
Elle enfouit son nez entre ses bras quand le claquement de la porte d'entrée la ramena à la réalité.
La nouvelle venue était déjà de dos quand Lactae tourna son visage vers elle. Enlevant sans douceur des escarpins à haut talons noirs, assortis aux collants sombres et brillants qui relevaient, magnifiaient, ses longues jambes effilées.
Elle retira le manteau blanc ourlée de fourrure brune et l'accrocha sur la patère, à coté de la veste de tailleur de sa colocataire.
-Bienvenue à la maison, murmura Lactae avec douceur. Et tu as encore laissée traîner tes cochonneries sur le frigo.
Lulla Ruis se retourna. A coté d'elle, on oubliait la couleur de cheveux excentrique de Lactae qui devenait d'une banalité presque navrante.
Les cheveux de Lulla étaient roses, mauves, violets. Assez courts, ébouriffés, retenus derrière par de multiples barrettes. Son visage basané à la mâchoire légèrement prononcée, au nez plat et rond semblait avoir été inventé par un dieu ivre.
Étaient-ce ces sourcils épais, sa mâchoire lourde ou la couleur de sa peau? Elle avait sans nul doute du sang mexicain dans les veines.
Étaient-ce ces grand yeux jaunes légèrement globuleux, ourlés de longs cils bruns, ses sourcils placés très hauts, sa bouche minuscule, très marquée, comme celle d'une poupée de porcelaine.
Le tout placé sur un corps de déesse, une taille fine, des hanches larges, des jambes longues et interminables, des mains gracieuses, des épaules étroites, une poitrine ronde et généreuse.
Ce mélange détonnant aurait pût donner n'importe quoi, mais c'était une créature sensuelle, mutine, aguicheuse et pleine de mystère qui en ressortait. Sa beauté était aussi inexistante que son charme était grand.
La première fois que Lactae avait rencontrée Lulla, elle avait pensée qu'elle avait affaire a une séductrice née et à un monstre. Depuis qu'elle la connaissait, elle savait que tout cela était fondé, mais en pire.
Elle la vit se rapprocher et s'allonger sur le canapé, juste derrière elle. Elle était moulée dans une robe rouge a décolleté plongeant qui jurait affreusement avec ses cheveux.
Lascive, elle caressa la joue de Lactae, qui accepta le témoignage d'affection sans broncher.
-Belle soirée ma chérie! Le monde avance, et nous aussi.
Elle parlait un américain impeccable.
Sa voie était vibrante et chaude, sucrée, profonde. Exotique. Comme une liqueur.
La jeune fille aux cheveux turquoise se tourna a demi.
-Tu as trouvé un travail?
-Hum… On peut dire ça. Mal payé. Travail de nuit… Et toi?
-J'ai été engagée à l'hôpital.
Lulla ricana:
-A l'hôpital?! J'ai toujours détesté ces vieux murs qui empestent le formol et les cadavres.
Lactae répliqua sans se laisser faiblir, les yeux à nouveau porté sur ces dessins.
-Etrange pour quelqu'un qui a la mort en adoration. Tu ne trouves pas? Alors, tu vas me dire où TOI tu travailles?
Lulla laissa planer le silence, une ou deux secondes.
-Dans une boîte de strippe tees.
Lactae sourit à demi. Elle était habituée aux types de petits boulots que faisait sa colocataire.
-Enfin, pas aux barres, murmura cette dernière comme à regret. Je vais être au comptoir à servir des verres. Mais j'aurai la possibilité de rencontrer pleins de mecs, ça veux dire que les affaires reprennent.
Elle se pencha légèrement pour observer les dessins de sa compagne et lui passa la main sur les cheveux, tendrement.
-ça ne va pas, ma belle?
-J'ai rencontré quelqu'un de spécial aujourd'hui.
-…
-Un médecin…
-Tu ne perds pas plus le nord que moi sous tes airs de saintes nitouche, ricana Lulla.
-Il veut me faire une prise de sang.
Le silence qui suivit était à la mesure du choc et du malaise des deux jeunes femmes.
Lulla se laissa glisser à coté de son amie, ronronnante, câline. Elle enroula ses longs bras fins autour du cou de l'autre.
-La vie ne t'épargne pas ces temps-ci. Et bien cette prise de sang, il ne faudra pas la faire. C'est tout. Dans un sens, il n'a pas le droit de l'exiger. Tu n'es pas malade, tu n'as aucuns symptômes, donc aucuns risques de contamination. Il ne peut pas te contraindre.
Lactae ferma à demi les paupières, elle savait déjà tout cela. Mais ça faisait une ombre de plus dans le tableau déjà pas très gai de sa vie.
-Tu penses encore à ce môme?
-Ta gueule.
-Il est mort maintenant! Même si on avait rien fait, il serait mort. Tous ces tarés l'auraient bouffé! C'était son destin.
-Je sais tout ça, répondit Lactae, sèchement cette fois.
Elle détestait le mot destin, elle le haïssait. Elle avait donné sa vie à son destin, et son destin l'avait abandonnée.
Elle pensa à Lou. Au loup. Ce loup qu'elle avait poursuivie sans relâche, et maintenant qu'elle était si proche, elle sentait ses forces l'abandonner.
-Où est le scalpel? Demanda Lulla, soudain prise d'un mouvement de tête inquiet.
-Dans mon sac, répondit Lactae et elle se remit à dessiner.
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Bye Bye Blackbird Miles Davis
Le docteur Grégory House était rentré sans encombres dans son appartement. Langoureusement allongé sur son canapé, les yeux fermés, dans l'attitude qui chez lui témoignait d'un mélange d'extase et de détente.
Sa canne était couchée sur le sol. Un tourne-disque diffusait du jazz. Il battait la mesure avec langueur, de son bras accoudé sur le cuir. Son esprit était tout entier tourné vers la musique. Ce maléfice qui doucement vous dévore, vous emprisonne dans son univers envoûtant.
Loin de l'hôpital. Loin de ces patients imbéciles. De ces collègues ennuyeux. Loin de l'appétissant décolleté de Lisa Cuddy. Des jérémiades de Forman, Cameron et Chase. Des conseils de Wilson. Très loin de son nouveau mystère en date, sa nouvelle obsession, toute prête à être caressée en tous sens par son complexe rachidien. Et très loin de cette putain de vicodine.
Non, il n'y avait qu'une seule chose qui pouvait éloigner House de sa dernière distraction. Et cette chose avait un nom derrière la musique entêtante, la trompette joueuse, le saxophone insolent, la batterie discrète et le piano, délicieux, soulignant les cuivres.
Le génie. Le génie hasardeux. Le génie travaillé. La puissance, la grandeur de ceux qui avancent par amour de l'art, de la vérité ou du progrès.
Seul le don des autres pouvait faire oublier au cynique médecin le monde qui grouillait autour de son propre talent.
Il était de ces hommes dont la carapace rodée était capable de s'ouvrir à la création, mais pas à ces semblables. Capable de communier avec la musique, mais incapable de ne pas dissimuler toutes ces pensées aux autres sous un masque de plaisanteries acides.
Mais déjà le morceau s'éteignait, sensuel, avec langueur. Comme les belles femmes qui se savent désirables, évanescentes, insaisissables. Et qui doucement s'éloignent. Déjà lassée de vous alors que leur goût est encore sur vos lèvres.
House entrouvrit les paupières et jeta un coup d'œil à la pendule. Il était bientôt minuit déjà. Nerveusement, il passa un bout de langue sur sa lèvre supérieure, pour la rendre moins sèche.
Le disque jouait dans le vide à présent. L'appareil émettait un léger crachotement.
Il regarda un instant la surface noir et lisse tourner lentement, se donnant le temps de se laisser doucement émerger.
Mais trop tard…L'osmose était brisée.
House se redressa lentement, boita jusqu'au tourne-disque, arrêta la rotation et glissa l'objet dans sa pochette de papier, précautionneusement, avant de le ranger dans son enveloppe de carton avec sa pile de congénères.
De son pas claudicant, il rejoignit le couloir, éteignit la lumière et entreprit de rejoindre sa chambre.
Sans se presser il se débarrassa de son pantalon et s'allongea. Sans prendre la peine de retirer le tee-shirt qu'il portait sous sa chemise pas repassée.
Demain, il étudierait le cas de Lactae Quert.
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Camille La jeune fille aux cheveux blancs
Lactae était allongée sur son lit. Roulée en boule, les genoux ramenés à moitié contre sa poitrine, les mains serrées à demi sur son cœur. Une position qui lui était habituelle. Position fœtale, celle de ceux qui ne se sentent pas aboutis.
Elle pensait à un vieux souvenir de son enfance.
De ces souvenirs qui ont un goût de doux regrets.
Ce n'était pas la première fois que la nostalgie prenait Lactae. Elle venait et partait comme la marée.
Petite, à peine avait-elle dix ans, elle se souvenait du jardin où était planté un cerisier du japon. Arbre relativement petit, semblable au cerisier occidental mais pleureur, et dénué de fruits.
Ses fleurs ne s'épanouissaient, ne vivaient et ne fanaient qu'en à peine quatre ou cinq jours.
Quand l'arbre du jardin de Lactae était illuminé de milliers de fleurs blanches, si semblables à sa peau. Enfant, elle s'asseyait sur ses racines avec un livre à la main.
La valeur d'un instant.
Le temps s'arrête.
Le vent remuait doucement les branches torturées, laissant percer à travers les pétales l'astre triomphant, alors que sonnait midi.
Des nuées d'abeilles envahissaient les fleurs, butinant avec frénésie pour recueillir le plus possible de pollen avant la fenaison. Lactae les regardait avec curiosité. Le soleil illuminait leurs petits abdomens rayés d'or et d'ébène. Gardiennes attitrées de cette dentelle de fleurs immaculées que la lumière magnifiait.
L'abeille était l'insecte qu'elle préférait. Elle ne les dessinait jamais.
Parfois encore, quand elle croisait un arbre entouré des insectes préoccupés à outrance, elle s'approchait le plus possible, presque jusqu'à caresser leurs poils raides et soyeux.
Cet instant était pour elle, sinon celui qui lui avait procuré le plus de bonheur, au moins celui qui avait définitivement orienté sa vision de la beauté. Beauté immaculée. Perfection faite matière.
La laideur, la saleté, l'horreur humaine, les guerres, les larmes, la pauvreté, la merde. Tout autant de mots qui la répugnait et la terrifiait.
Lactae ouvrit les yeux et frissonna.
La chambre était plongée dans la pénombre. Elle tâtonna sur sa table de chevet à la recherche de somnifères. Il était déjà une heure du matin et ses yeux restaient désespérément ouverts. Elle savait que son état n'allait pas s'améliorer. Elle savait également que même si elle avait réussi à s'endormir naturellement…
…Ses cauchemars auraient été hantés du souvenir de l'enfant qu'elle avait tué.
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J'espère que ça vous à plut... N'oubliez pas de laissez une review si quelque chose ne vous a pas plû. Les autres ont toujours plus de recul que noussur nos propres textes :)...
Voici d'abord Lactae!! orbital-de-coeur./art/Lactae-89084639
Puis Lulla...orbital-de-coeur./art/Lulla-89084920
