Il suffisait qu'on s'aime.

Il y a quelques années, lors de notre première rencontre, je n'aurais jamais imaginé que les choses puissent tourner ainsi. Je ne sais pas vraiment quand est-ce que ça a commencé, à quel moment j'ai été pris dans ses filets, comment j'ai fais pour ne pas me rendre compte que la vérité était juste devant mes yeux. Quelle vérité. C'était aussi un autre question, il y avait encore tant de chose que je ne savais pas sur cet homme, aussi fascinant soit-il. Ça doit être pour ça qu'il m'a fasciné au départ, cet indéchiffrable psychiatre. Mais à présent, c'était bien plus que de la simple fascination. Collègues aidant le FBI, patient et docteur, amis, chassés et chasseur ou proie et pêcheur, nous avions été tant de choses l'un pour l'autre, pour finalement se rendre compte que notre relation était bien plus que ça, plus passionnée que celle des humains habituels, au point que les mots ne suffisaient plus. Je crois avoir commencé à avoir ce véritable engouement pour lui quand j'ai été en prison par sa faute. Ou alors, c'est là que j'ai commencé à m'en rendre compte, dans tous les cas ça n'a pas été en s'améliorant. Par la suite, ça a été un peu le jeu du chat et de la souris entre nous deux, ça a été long, et pénible d'être loin de lui. Je ne savais pas quand on se reverrait et c'était pesant, surtout que c'était un peu selon son envie, je ne savais pas où le trouver mais lui savait exactement où me chercher. C'est dans ce genre de moment qu'on déteste les personnes qui peuvent lire en nous comme dans un livre ouvert. Tout ça pourquoi... Finir par se laisser tomber du haut d'une falaise, enlacé l'un contre l'autre ? C'était ça, notre grand final ? Romantique, certes, je pense qu'on peut dire ça. Autodestructeur, ça nous ressemblait bien. Mais nous n'étions pas du genre à mourir aussi facilement, fort heureusement. Nous étions dans un chambre d'hôtel où personne ne viendrait nous chercher pour le moment, ils devaient être en train de chercher nos corps. On pourra toujours s'inquiéter quand ils se rendront compte qu'il n'y a pas de corps, n'est-ce pas ? On se pansait nos blessures mutuellement, ce n'était que des égratignures, rien de grave comparé à l'état dans lequel on aurait été avec un peu moins de chance. Je relevais mon regard vers lui, Hannibal.

"- Alors ? Que fait-on à présent ?

- Qu'est-ce que vous voudriez faire ?

- Rester avec vous, cette fois...

- Voilà qui est plaisant à entendre. Vous savez que ce ne sera pas de tout repos ?

- Je le sais.

- Vous devrez changer d'identité.

- Ça me va.

- Vous ne le regretterez pas ?

- Impossible. Vous devez le savoir mais il n'y a que deux façon d'être heureux, se contenter de ce que l'on a ou avoir ce que l'on veut. Dans les deux cas, c'est vous que je veux et si je n'ai que vous, cela me suffit.

- Vous êtes vraiment autodestructeur, Will.

- Ça m'est égal. Je ne lâcherais plus cette main que vous me tendez.

- Que ressentez-vous pour moi ?

- Vous le savez très bien.

- Vous ne l'avez pas dis.

- Vous non plus. Pourquoi le devrais-je ? Il n'y a pas besoin de mots. Il n'y a que des preuves d'amour, et je penses avoir laissé assez de preuves. Tout comme vous.

- C'est vrai. Peut-on dire que c'est une fuite en amoureux, dans ce cas ?

- Je pense qu'on peut, si ce n'était pas le cas, nous n'aurions aucune raison de rester ensemble, ça augmente les chances de se faire attraper.

- C'est romantique.

- Comme vous."

Hannibal avait ce petit sourire satisfait de celui qui entendait exactement ce qu'il voulait entendre. Il me caressa la joue, passant sa main le long jusqu'à arriver dans mes cheveux. Je fermais doucement les yeux et le laissais faire, sentant ses lèvres sur les miennes pour un doux baiser. J'étais tout à lui. Et je ne laisserais personne l'avoir. Ni une femme, ni la police. Maintenant que nous étions libéré de ces barrières qui entravaient nos relations depuis le début, il était temps de vivre ce que nous avions toujours vivre. À deux, en somme. Je répondais à ses baisers, ma main sur sa nuque pour l'approcher un peu plus. S'il m'abandonne à nouveau, cette fois je ne lui pardonnerais pas. Nous fuirons ensemble... Jusqu'à ce que la police nous attrape... Où jusqu'à la mort de l'un de nous... à ce moment-là, je ne pense pas que celui qui sera encore vivant, soit capable de vivre sans l'autre. Je ne peux plus vivre sans Hannibal. Il ne peut plus vivre sans moi. Nous sommes un tout, tout en étant différent, nous avons besoin l'un de l'autre pour nous comprendre. C'est tellement simple et compliqué à la fois...