Bonjour à tous! Après un long moment j'ai décidé de poster cette histoire pas encore complète mais qui fait déjà plus de 34K mots, et que je continue à relire et à écrire.

C'est donc un tome 5 à la série Eragon.

Bon sinon la majorité des personnages appartient à CP, bien que leur développement ne me soit propre =)

Bonne lecture!

PS: je précise: lorsque les phrases sont en italiques, c'est que la conversation se fait par esprit, et au contraire, lorsqu'elle est précédée d'un tiret, c'est que c'est à voix haute.


Aller & Retour, l'Histoire d'un Dragonnier


Ils volaient haut dans le ciel et le reflet des rayons du soleil sur les écailles de la dragonne éblouissait Eragon. Plissant les yeux il observait tout autour de lui à la recherche d'un danger potentiel. Très loin en dessous d'eux, un navire blanc avançait tranquillement le long d'un très large fleuve pâle et profond, dans lequel raignaient quelques créatures que l'équipage n'avaient vu qu'en de rares occasions, mais qui hantaient leurs rêves éveillés. Ils avaient quitté l'Alagaesia depuis près de trois mois et bien que la douleur provoquée par l'abandon de ceux qu'ils aimaient était encore bien réelle dans le cœur de tous, un nouveau sentiment de plénitude envahissait l'esprit du dragonnier et de sa dragonne. Ils étaient là où ils le devaient, et pas seuls, car ils étaient accompagnés de vingt elfes, deux cents quarante et un œufs et un bon milliers d'Eldunarí, et avec eux tout le savoir des dragonniers.

Eragon aurait cependant volontiers échangé tout cela contre une certaine autre dragonnière qui n'était pas là, à ses cotés car son devoir l'appelait ailleurs, loin de lui. Un autre dragonnier aurait pu aussi les accompagner mais il avait décliné l'offre, préférant la solitude du désert où il pourrait expier ses fautes et réfléchir à la longue vie qui l'attendait. Le choix de Murthag et son refus n'avait pas blessé son frère, bien au contraire, il ne pouvait que le comprendre et espérait qu'avec le temps, le monde lui pardonnerait ses actions, mais aussi et surtout que lui même réussirait à se pardonner, et qu'enfin il reviendrait vers lui pour qu'ils puissent ensemble batir le monde de paix qui avait un jour été le rêve réalisé par les dragonniers.

Dans le cheminement de ses pensées, Eragon se rendit alors compte d'un détail...

Saphira... Je n'y avais jamais songé mais... regarde, Arya, Murthag, moi... nous avons une toute nouvelle génération de dragonnier. Les anciens ne sont plus et avec la mort de Galbatorix, nous avons perdu, et bien que ce soit sans regret, le tout dernier dragonnier formé selon les anciennes traditions des dragonniers. Maintenant nous allons devoir tout refaire.

Saphira laissa échapper un petit nuage de fumé de ses narines et continua son vol tranquillement par de longs battements d'ailes.

Avec l'aide des Eldunari, non? Et puis rappelle toi Petit-Homme, tu as été formé par un dragonnier du conseil, Oromis le Sage. Tu seras le pont entre l'ancienne et la nouvelle génération, tu choisiras les traditions à garder et celles à renouveller.

Certes, et heureusement que j'aurais l'aide des Eldunarì. Je ne m'imagine pas reformer la caste des dragonniers sans eux... sans leur appui et leur discernement… mais quand même, nous n'avons plus aucun dragonnier pour nous enseigner la magie ou pour nous aider dans notre tache. Espérons qu'Arya s'en sortira aussi de son coté.

J'ai confiance en elle! Et puis nous pourrons toujours rattraper ses bêtises derrière!

Eragon s'imagina soudain Arya essayant d'apprendre à un Urgal les rudiments de la magie, et Saphira et lui partirent dans un fou rire qui dura longtemps et libera leurs esprits de leurs préoccupations.

Après s'être calmé, Eragon détendit ses muscles endoloris par les longues heures de vols, s'allongea comme il le pouvait sur Saphira et se laissa emporter par sa dragonne, les yeux fermés, bercé par la fraicheur du vent et la chaleur du soleil contre son visage. Le dragonnier avait détaché les courroies de la selle à ses pieds et pouvait tomber à tout moment dans le vide car plus rien ne l'attachait à sa dragonne. Autrefois l'idée l'aurait terrifié, aujourd'hui elle était banale et sans importance. Il n'y avait aucun danger immédiat, et son expérience des vols lui enlevait toute peur désormais. Soudain, ayant une idée espiègle, il se laissa tomber dans le vide, sous le regard horrifié de Saphira qui plongea immédiatement pour le rattraper.

ERAGON! Qu'est ce que tu fais?

Mais au moment où les griffes de Saphira allait attraper le dragonnier, celui ci murmurant un sort et dévia légèrement, échappant à l'étreinte de Saphira.

Attrape moi si tu peux petite dragonne!

Tout d'abord surprise, elle répondit cependant très vite à sa provocation et ils partirent dans un tout nouveau jeu qui consistait pour Eragon à échapper à Saphira et pour la dragonne à l'attraper. Au départ, partageant leurs pensées, aucun ne parvint à prendre l'avantage, mais, quand ils coupèrent leur lien, la tache fut beaucoup plus ardu pour le dragonnier qui voyait à quel point sa dragonne était redoutable à la chasse. Voyant sa fin proche, il se laissa tomber, suivit de la dragonne qui piquait. Descendant à toute vitesse, il se surprit un instant à vouloir déployer ses ailes afin de remonter comme il l'avait fait tant de fois avec Saphira, mais il se rappela à temps qu'il n'en avait pas, d'ailes, et prononça un mot pour ralentir, puis il plongea dans le large fleuve, suivit par une Saphira qui continua son jeu sous l'eau, là où tout semblait se passer au ralenti.

Finalement son manque d'oxygène eut raison de lui et il remonta à bord, exténué, tandis que Saphira continuait son ballet aquatique. Glaedr le contacta alors, amusé et ravi.

Le jeu que tu viens de faire avec ta dragonne était très répandu chez les anciens dragonniers. Il se nommait Flauga un Rïsa. Il consistait à une rencontre entre deux dragonniers. Ils échangeaient leur dragon respectif et le premier capturé par le dragon adverse a perdu. Si tu savais les souvenirs que vous avez fait remonter chez certains des nôtres, comme à moi. Oromis et moi même étions très doué dans cette discipline.

Eragon resta silencieux, à la fois surpris car il n'avait jamais imaginé la caste des dragonniers sous cet angle, mais également content de reprendre les traces des anciens dragonniers, et surtout ceux de son défunt maître.

Songeur, il prononça un mot pour se sécher puis se dirigea vers la salle où était gardé les œufs et les Eldunarí et passa devant l'elfe qui les surveillait, touchant son esprit pour montrer que c'était bien lui. Il entra dans la salle blanche où régnait une certaine chaleur. De grande fenêtres éclairaient les étagères pleines d'Eldunari. Les saluant silencieusement il s'avança vers celui, doré, qu'il cherchait, le pris avec précaution et alla s'assoir à un fauteuil.

Ebrithil, je suis prêt.

Très bien Eragon-finiarel. Saphira est-elle là?

Oui maître.

Très bien, alors commençons. Nous nous étions arrêté la dernière fois au Vaer Ethilnadras. Je vais maintenant vous parlez des oiseaux...

En effet, comme il l'avait promis, Glaedr les formait sur toutes les espèces qu'il avait un jour croisé et dont il avait connaissance, et ce depuis cinq mois. Les Eldunari qui les entouraient apportaient eux aussi des précisions. Mais leur formation de s'arrêtait pas là. Bien qu'Eragon ait reçu "officiellement" le titre de dragonnier, son futur rôle l'obligeait à connaître un très grand nombre de choses qui lui semblaient parfois inutiles comme le nom de certaines roches et leurs propriétés mais d'autres aussi qui lui paraissaient indispensables comme le comportement des dragons sauvages, ou la manière de dompter les vents. Sa mémoire lui faisait parfois défaut mais il se rendit compte avec plaisir qu'il engrangeait des connaissances facilement et rapidement, jamais rassasié.

Les elfes l'aidaient à continuer à s'améliorer à l'épée et l'étroitesse du pont l'obligeait à découvrir de nouvelles méthodes pour se battre. Il faisait des duels avec chacun des elfes, alternant tous les jours, organisant parfois des tournois ou des joutes en équipes. Mais un autre changement avait eu lieu en six mois, presque imperceptible, mais bien réel. Les elfes qui entouraient le dragonnier s'ouvraient plus. Ils semblaient désireux d'entretenir avec Eragon une amitié sincère, profonde et totale. Le dragonnier avait déjà en chacun d'eux une confiance presque aveugle, mais ces changements ne lui déplaisaient absolument pas. Lupusänghren était celui qui avait le plus avancé. S'ouvrant à Eragon, ils discutaient souvent ensemble de leur passé respectif, bien que celui du dragonnier lui parut rapidement incomplet et trop court par rapport à celui de l'elfe âgé de plusieurs siècles.

Mais malgré le plaisir du voyage, Eragon savait qu'il devait se dépêcher de trouver un endroit où s'arrêter. Depuis un mois il n'avait rencontré que des plaines verdoyantes désertes où des troupeaux de vaches sauvages pullulaient, parfois attaqués par des loups géants ou des meutes de chiens sauvages. Des troupeaux de chevaux parcouraient aussi cette plaine, soulevant un lourd nuage de poussière derrière eux. Mais rien ne permettait de s'installer, aucune position protégée. Alors ils continuaient d'avancer le long du paysage monotone.

Une semaine passa encore quand Eragon et Saphira virent ce qu'ils cherchaient. Tout au fond de l'horizon, à un ou deux jours de là s'étendait une vaste forêt qui se brisait au flanc d'une gigantesque montagne. Celle ci était aussi haute que large, bien plus omposante que n'importe quelle montagne des Beors. Se posant avec excitation, le couple l'annonça aux elfes et aux dragons qui acceptèrent d'aller observer ce qui semblait être un refuge idéal. De plus il fallait absolument que les premiers dragons éclosent rapidement maintenant qu'ils avaient quitté leur refuge, sachant qu'il faudrait d'abord explorer les lieux et construire un refuge avant de pouvoir faire éclore les œufs.

Le soir même Eragon s'enferma dans sa chambre et s'assit en face d'un grand miroir opaque. Il plongea au fond de lui même dans son noyau dur de magie et se servit de ses réserves en prononçant une formule qui fit apparaitre le reflet d'un bureau vide. Il ressemblait quelques peu à la chambre d'Eragon. Plutôt petit, un vaste bureau le remplissait presque totalement et un lit de camps disposé sur le coté semblait faire office d'endroit pour dormir. Un fauteuil vide faisait face au miroir et attendait tranquillement que son occupant habituel daigne venir s'y occuper car il restait pour le moment désespérément vide.

Soudain un petit chat roux et blanc apparu et fit face au miroir en esquissant ce qui sembla un sourire pour le dragonnier. La malice dans ses yeux montrait indéniablement que c'était un chat garou qui lui faisait face. Bien qu'il ne le reconnaissait pas, Eragon se douta qu'il s'agissait là du coussin promis aux chats garoux lors de leur alliance, aussi prit-il la parole en ancien langage.

- Pouvez vous aller chercher Nassuada s'il vous plait?

Il eut comme seule réponse un clignement d'yeux, puis le chat garou disparut et de longues minutes s'écoulèrent avant que la porte située à coté du miroir ne s'ouvre. Une femme à la peau sombre entra dans la pièce, vêtue d'une somptueuse robe bleu pale, une couronne en or prônant sur sa jolie chevelure coiffée de manière complexe.

Sans prendre le temps au protocole, Nassuada s'assit dans son siège et d'exclama.

- Eragon enfin! Cela fait longtemps que j'attendais un message et je m'inquiétais!

Eragon sourit à la remarque... il était protégé par vingt elfes, une dragonne et des centaines d'Eldunarí. Il était certainement l'homme le moins menacé du monde.

- Je te remercie pour ta sollicitude, bien que je pense avoir plus de raisons de m'inquiéter pour toi que toi pour moi.

Nassuada sembla vouloir parler mais il la coupa encore.

- Je vais très bien et nous sommes toujours à la recherche d'un endroit où nous installer. Cependant nous nous approchons de ce qui pourrait être notre futur maison. Enfin je te parlerais de tout ça plus tard. Je venais d'abord m'informer de l'état de l'Empire.

- Il va plutôt bien, compte tenu de la situation. Comme tu le sais les dernières insurrections ont été stoppées. Je consacre actuellement toutes mes forces à la création de la caste des magiciens et ce n'est pas une mince affaire mais je reçois pour le moment des retours plutôt positifs. J'ai décidé que, plutôt que d'empêcher et de contrôler les magiciens, nous allons les former afin qu'ils sachent contrôler leurs pouvoirs et que nous puissions leur inculquer les valeurs nécessaires à leur pouvoir, dans le but qu'ils puissent prendre les bonnes décisions et suivre la bonne voix. Pour le moment tous les magiciens ne m'ont pas rejoints mais mes premiers groupes de mages circulent déjà dans tous l'Alagaesia à la recherche d'enfants prometteurs. Les parents ont du mal à les laisser partir mais ils savent que c'est pour leur bien et que leurs enfants seront bien traités à Illirea. Suite à cette éducation, nous les garderons dans la caste qui trouvera comme point de ralliement un ancien château au nord d'Illirea dont j'ai lancé la rénovation. Pour le moment je n'ai pas trouvé de responsable qui pourrait prendre la tête de la caste aussi j'ai nommé un petit conseil dont les membres viennent du Surda et du Du Vrangr Gata.

Eragon était incrédule devant l'avancé de Nassuada. Il lui parla encore et la conseilla sur quelques points, puis coupa la conversation. Avec un certain plaisir, il sentit que ses forces n'avaient même pas diminués malgré la distance qui le séparait de Nassuada.

Il recommença la même chose avec Orick et son frère. Le premier lui parla avec plaisir, lui annonçant que sa décision au sujet des dragonniers avait été accueilli plus ou moins bien au sein de leur peuple. Ils avaient frôlés la guerre en réalité, certains clans ayant l'impression d'être trahi par leur roi, d'autres se réjouissants plutôt de la nouvelle. De grandes fêtes avaient été célébrées tandis que d'autres affutaient leurs armes. Mais après trois mois de discutions acharnées, tous les clans s'étaient pliés à la décision d'Orick, et finalement la population est plutôt satisfaite de ne pas avoir été ignorée une fois encore par l'Histoire. Quant à Roran, il lui parla avec passion de sa nièce qui grandissait et qui faisait le bonheur des deux parents. Comme il l'avait promis à Eragon, il avait lancé la construction d'une ville fortifiée à l'ancienne place ou se tenait Carvahall, et de nombreux villages s'installaient à proximités, artisans et marchants affluants en masse dans cette nouvelle ville en construction. Couper la conversation fut plus dur pour Eragon mais la nuit avançait et il devait encore parler à une personne.

Inspirant profondément devant le miroir opaque, il prononça un sort, puis un autre, et le verre pris à nouveaux des couleurs, affichant une pièce où le vert prédominait. Elle était sobre, un siège prônant au milieu de celle ci juste en face du miroir, et sur lequel se tenait une femme. La plus belle de toute. Un diadème sur son front, son dragon vert derrière elle. Arya prit alors la parole et commença les salutations officielles, ce qui honora Eragon. Puis elle fit une mou contrariée.

- J'aurais cru que tu me contacterais avant Eragon, je n'ai pas eu de nouvelles depuis ton départ.

- Comme personne, ma reine –un sourire fleurit sur les lèvres de ladit reine- je voulais prendre mon temps, tu sais à quel point cette décision de tout quitter m'a... (il s'arrêta car il parlait en Ancien langage) ...me fait souffrir. Tu sais ce que j'abandonne, et je ne voulais pas raviver cette douloureuse flamme tout de suite.

Arya baissa les yeux et contempla le sol un instant avant de se reprendre.

- Je comprends et j'accepte ce choix.

Son visage changea et un sourire l'eclaira à nouveau. Elle désigna son dragon, qui se léchait les griffes, du bras.

- Comme tu le vois, Fírnen continue de grandir mais je ne crois pas qu'il soit aussi grand que Saphira.

Un grognement de dépit échappa du dragon vert ce qui fit rire Eragon et Saphira qui regardait à travers ses yeux.

- Saphira pense à toi Fírnen et est contente d'être encore la plus grande. Je dois d'ailleurs te prévenir qu'il n'est pas rare que les femelles soient les plus grandes... (nouveau grognement et rire d'Arya) en tous cas j'espère que tu grandis bien et librement. J'aurais aimé être là pour t'accompagner et pouvoir répondre à toutes tes questions avec Saphira, mais je ne peux te communiquer les secrets de ta race comme il se doit car je ne le ferais pas via un miroir. Il te faudra attendre encore quelques années qu'Arya vienne nous rendre visite ou que je fasse un tour en Alagaesia.

Il s'arrêta un instant, regardant ailleurs avant de reprendre, essayant de se concentrer.

En attendant Arya, comment vas-tu? Comment les elfes se remettent-ils de la guerre?

Il poursuivit dans un murmure:

Un œuf a-t-il éclôt?

Arya le regarda avec un petit sourire.

- Tu n'as pas tant changé... mais pour te répondre nous nous remettons tout doucement de la perte de nos proches. C'est plus difficile de l'accepter que chez les humains de part notre longévité... imagine un couple qui se connait depuis six cents ans et qui se perd du jour au lendemain. Mais nous sommes forts et l'arrivé de Fírnen et de deux œufs redonne du cœur aux elfes. Cependant, pour le moment aucun des deux œufs n'a éclos.

Eragon poussa un soupire mais continua de l'écouter et ils parlèrent ainsi toute la nuit. Ils finirent par couper la conversation et Eragon soupira tandis qu'une larme coulait sur sa joue. Il alla s'allonger pour dormir la petite heure qui lui restait avant le levé du soleil. Il fallait pourtant qu'il soit en forme car ils allaient, Saphira et lui, observer la forêt ainsi que la large montagne qui semblait les narguer au loin.

Aller Eragon debout! Tu t'es encore couché trop tard petit homme.

La dragonne ne continua cependant pas de le rabrouer, sachant parfaitement la raison de sa nuit blanche... elle ne pouvait ni lui en vouloir ni même essayer de l'empêcher de recommencer car elle le comprenait et surtout s'était résignée depuis un certain temps à entendre le nom d'Arya presque autant de fois que le sien dans l'esprit de son petit homme. Celui ci se leva difficilement, s'habilla à la va-vite tout en saluant mentalement les Eldunarí qui s'amusèrent de son état de fatigue. Lui prêtant un peu de force, ils énoncèrent ensuite le nom des Eldunarí qui l'accompagneraient dans son escapade. Au grand étonnement de Saphira et d'Eragon, Valdr avait émis le souhait de les suivre. La taille ne posant pas de problèmes grâce aux sorts du dragonnier, il pût prendre avec lui tous ceux qui le souhaitaient et, après avoir demandé à Lupusänghren de garder le cap et de continuer à longer le fleuve, il s'envola avec Saphira qui amorça une petite partie d'acrobaties pour commencer la journée dans la meilleur ambiance possible.

Ils avançaient à une allure tranquille et, tandis que Saphira échangeait des énigmes avec quelques Eldunarí, Eragon tentait de discuter, non sans difficulté, avec Valdr. Celui-ci s'ouvrait et discutait volontiers avec le jeune dragonnier malgré sa difficulté à s'exprimer. A la grande surprise d'Eragon, ils ne parlèrent pas uniquement de grands mystères la vie mais aussi du soleil et des plantes, du vent et de la mer. Une parole de l'arbre Menoa lui revint alors à l'esprit... les seuls préoccupations qui restaient présentes dans le cœur de cet esprit millénaire étaient les plus futiles, la pluie sur ses feuilles, les insectes sur ses racines...

Une nouvelle fois, Eragon reçu une belle leçon d'humilité qu'il n'oublierait pas tout de suite, et se promit de la rajouter dans la futur formation des dragonniers. Si la discussion était singulièrement simple, elle n'en était pas moins enrichissante car le dragon, si vieux, avait eu le temps de penser à chaque chose et son expérience était si immense que sa compréhension de chaque détail de la nature échappait souvent au dragonnier.

Ainsi se passa toute la matiné.

Alors que le soleil, à son zénith, indiquait midi, la dragonne s'arrêta et se posa à quelques milles de la forêt. Elle lui fit alors part de ses observations.

Eragon, tu as vu? Au fond, n'est ce pas une chaîne de pics aussi hauts que les Beors?

Peut être, je n'en suis cependant pas sûr. La seule chose que l'on peut voir, c'est que cette forêt semble être aussi vaste que le Du Weldenvarden.

Saphira lâcha un petit nuage de fumé.

Ce sont les elfes qui vont être contents...

Ils prirent un repas uniquement sur les provisions, puis ils repartirent en direction des premiers arbres de la forêt.

Après avoir avalé les derniers milles qui les séparaient de la vaste étendue verte, Saphira commença à ralentir et frôla la cime des hauts arbres. Une nuée d'oiseaux s'envola en piaffant, offusqués d'avoir été dérangés dans leur sieste. Un dragon du nom d'Emirth pris la parole.

Cette forêt est jeune, je le sens au plus profond de moi. Jeune et vive, elle n'a jamais connu la guerre comme la foret elfique.

Une vague d'approbation parcourut la vingtaine d'Eldunarí qui accompagnaient Eragon et Saphira. Ceux ci, poussés par la curiosité, commencèrent à étendre leur esprits vers cette foret qui était en effet pleine de joie et de malice. Chaque arbre grandissait dans une symphonie bien organisée et un sorte de curiosité en échappait. Les habitants de la foret n'avait pas de comportements belliqueux, et, bien que la loi du plus fort y régnait, un seul sentiment d'harmonie s'échappait, tel que Eragon voulut s'y abandonner, bercé par la douce et lente musique des plantes.

Il arrivèrent bientôt au niveau de la montagne et Saphira atterrit en son sommet rocailleux et dépourvu de végétation. De là un magnifique spectacle s'offrirent à eux. La sombre masse verte de la foret s'étendait sur des milles et des milles, tandis qu'au fond, dominant totalement la foret, une gigantesque chaîne de montagne pointait si haut vers le ciel que Saphira était persuadé de ne jamais pouvoir y monter. Un sentiment monta alors du plus profond du cœur d'Eragon

Mes maitres...

La voix de Valdr raisonna alors dans son esprit, toujours hésitante, et pourtant assurée.

Oui Eragon-Finiarel, nous sommes d'accord.

Un sourire aux lèvres, Eragon sauta de Saphira qui venait d'amerrir à coté du navire blanc. Lupusänghren arriva immédiatement à ses cotés, quelques peu inquiet à cause de son absence de deux jours, imprévue.

- Eragon! Nous nous inquiétions. Qu'avez-vous trouvé qui a requit tant de temps?

Eragon le regarda et fut touché de voir une réelle inquiétude dans ses yeux. Il s'en voulut de ne pas l'avoir prévenu.

- Excusez nous de ne pas vous avoir prévenu. Nous débarquons.

Sous le regard incrédule de l'elfe rapidement rejoint par huit autres elfes sur le pont, Eragon se justifia.

- Une forêt s'étant à quelques milles au Sud et nous avons décidé avec les Eldunarí de nous y installer. D'où mon absence. Il a fallut vérifier qu'aucune menace ne nous inquièterait. Cependant après plus d'une journée de vérifications nous n'avons rien décelé.

Les elfes se turent, étonné du choix du dragonnier mais ce fut Lupusänghren qui posa la question.

- Nous allons nous installer dans la forêt?

- Non, bien sûr. Au cœur de la forêt s'étend une vaste chaîne de montagnes qui pourront accueillir les dragons sauvages comme les dragonniers. Nous n'avons pas encore trouvé d'endroits plus aptes depuis ces trois mois de voyages et le temps presse pour les jeune dragons coincés dans leur coquille. Les plus vieux ont déjà plus de 150 ans.

Les elfes acquiescèrent sans mots et chacun prépara le départ. Il fut décidé que le bateau soit mis à terre et abandonné pour le cas où ils en auraient à nouveau besoin dans peu de temps. Les épées et les livres des dragonniers emportés ainsi que de nombreux objets dont un grand nombre venait du trésor de Galbatorix était aussi à emporter ce qui ne facilita pas les préparatifs. Après une après midi entière de travail, le soleil commençait à décroitre dans le ciel et Eragon retarda le départ d'une dernière nuit passée à bord.

Le lendemain, tout était prêt, les oeufs, le matériel comme les eldunarí dissimulés par un sort. Eragon prononça une simple formule et le bateau s'éleva dans les airs pour être déposé sur la terre où il s'allongea sur son flan. Les elfes faisaient face à Eragon, prenant soin de ne pas s'approcher du point noir qui témoignait du sort dissimulant les dragons, quand celui ci monta sur Saphira et leur fit signe de le suivre au sol, puis, sans un regard en arrière, ils s'en allèrent vers le sud.

Saphira volait haut dans le ciel et s'amusait à faire parfois quelques figures ou essayer d'attraper des oiseaux, mais malgré cela ils avançaient à bonne allure surtout grâce à l'endurance des elfes qui filaient à toute vitesse dans la plaine. Si bien qu'en une petite mâtiné de course ils arrivèrent à la lisière de la forêt.

La dragonne survolait déjà la lisière et Eragon repéra Lupusänghren qu'il contacta mentalement. Effleurant son esprit il sentit tout de suite la joie de l'elfe qui retrouvait un paysage qu'il aimait.

Lupusänghren? Je vais vous guider depuis le ciel. Nous nous arrêterons dans une clairière pour manger.

Très bien Eragon-Elda.

Alors Saphira vira et ils reprirent leur trajet mais plus lentement cette fois à travers la foret. La marée de vert s'ouvrant à lui, Eragon contempla cet océan de différentes teintes de vert qui était tout le temps en mouvement, parcouru de long frissons quand des coups de vent le traversaient. Il frissonna à son tour, s'attendait presque à voir surgir un Nïdhwal des flots verts. Puis il commença à chercher avec Saphira une clairière pour se restaurer.

Le voyage dura encore deux jours durant lesquels la routine prit le dessus. Eragon en profita cependant pour élargir ses connaissances avec les Eldunarí notamment dans la manière de faire éclore un œuf sauvage.

Il y en a une dizaine qui sont dans l'urgence et que nous ferons éclore dès que possible.

Cette phrase d'un Eldunarí qui avait jadis été la dragonne responsable des couvées restait gravée dans la mémoire d'Eragon. Lui avait peur de ne pas être à la hauteur, le rôle de père ne lui allant pas du tout selon lui, mais Saphira était elle excitée et impatiente: après tant d'années à penser être seule, elle allait pouvoir satisfaire ses pulsions maternelles. Mais avant cela il allait falloir qu'ils s'installent dans la montagne, à l'abris de tout.

Les deux jours passés, ils se retrouvèrent aux pieds de la chaîne, où Eragon compris qu'il serait impossible de construire une forteresse en peu de temps même avec l'aide des Eldunarí. Il ordonna donc aux elfes de commencer un premier camps dans la forêt juste aux pieds de la montagne, tandis que les Eldunarí et lui même chercheraient un endroit où former la future forteresse des dragonniers. Il y avait une dizaine de pics dont un principal qui s'élançait plus haut que les plus hautes montagnes des Beors. Après réflexion, ils décidèrent de tenter de s'installer sur l'un d'eux, assez haut pour avoir une belle vue sur la majorité de la forêt, mais assez bas pour que les températures n'y soient pas polaires. Eragon n'avait aucune idée de ce qu'ils pourraient faire et il ne pensait pas posséder de talents d'architectes aussi il allait faire entièrement confiance en la mémoire des dragons et en leurs connaissances.

Eragon se promenait dans la foret. Saphira était partie chasser du gibier qui ne se méfiait pas encore d'elle, preuve qu'il n'y avait pas eu de dragons depuis très longtemps dans la région. Cela faisait trois jours qu'ils étaient arrivé mais ils ne savaient toujours pas comment commencer les constructions. La plupart des elfes, de leur coté, chantaient les arbres pour former des habitations et deux d'entre eux montaient la garde près des œufs et des eldunarí. Le dragonnier s'était donc éloigné en toute tranquillité et marchait à travers les sentiers tracés par les animaux sauvages. Il retrouvait en cette foret le Du Weldenvarden à la différence près que les arbres étaient un peu moins gros et généralement beaucoup plus jeunes. Ils ne connaissaient pas les elfes mais ne menaçaient personnes pas même la dragonne, laissant tous les êtres vivants se faufiler au grés de leurs envies entre leur troncs. Le dragonnier s'aventura donc dans un petit chemin mêlé de ronces et de hautes herbes qui conduisait vers une petite rivière où il pourrait se désaltérer. Pensif il contacta Glaedr.

Maître, nous sommes arrivé à destination. Cette foret est la réserve idéale pour des dragons et la montagne pourra les accueillir par dizaine. Mais qu'en est il des dragonniers? Il va falloir bâtir une forteresse digne Doru Araeba. En sommes nous capable? Et puis les œufs n'ont pas encore éclôts... Faudrait il en envoyer d'autres? De plus Arya n'a pas été formée et Favnir ne connait rien d'autre aux dragons que ce qu'il n'a appris de son instinct.

Un long silence suivit ces questions. Eragon sentit que le dragon d'or réfléchissait aux mots qu'il allait employer. Enfin d'une voix calme et profonde, il répondit.

Eragon. Cesse de te tourmenter avec tant de questions. Tu l'as déjà fait avec Galbatorix et nous l'avons vaincu. Ai confiance... confiance en toi, en Saphira et en ces œufs que tu as laissés en Alagaesia. Ai confiance en Arya comme en nous qui sommes là pour t'épauler. Cependant tu as raison de te poser quelques questions auxquelles il serait injuste que je ne réponde pas. Tout d'abord nous n'allons pas bâtir Doru Araeba en un jour, quand bien même nous fumes avec cinquante dragonniers. Nous allons commencer lentement mais sûrement, le plus urgent étant une couveuse pour les œufs. Pour le reste cela peut attendre. Les épées et les livres seront à l'abris grâce à tes sorts. Et puis nous pourrons travailler à un agrandissement plus tard.

Un nouveau silence s'installa, plus long encore si bien qu'Eragon arriva devant la rivière toujours en attendant la suite. Voyant qu'elle ne viendrait pas, il allait reposer la question quand Gaedr repris la parole.

Pour ce qui est d'Arya, elle connaissait Oromis et il lui a déjà enseigné quelques petites choses qui lui suffiront pour le moment. Quant à son dragon, il devra attendre ou venir ici. C'est le seul choix qui s'offre à lui et tu n'en es pas responsable. Cesse donc de te tourmenter de la sorte.

Saphira approuva d'un grognement en ajoutant:

Je ne sais pas si c'est propre aux deux pattes mais tu n'arrêtes pas de te remettre en question! Cela peut être positif à petite dose mais là ça suffit! Eragon si tu ressasses encore toutes ses pensées négatives malgré tout ce que l'on a traversé je te secouerais comme un prunier jusqu'à ce que ces pensées s'échappent par tes oreilles!

La remarque fit sourire Eragon qui savait que sa dragonne était sérieuse, quand un grand rire semblable à un tremblement de terre éclata dans leur esprit et un souvenir s'imposa en eux.

Déformé en d'étranges teintes dorées, Oromis, jeune et vif, se tenait devant eux et faisait les cents pas. Une grande exaspération s'échappait de la pensé qui l'observait jusqu'à ce qu'Oromis éclate, se tournant vers eux.

- Je ne vois pas comment répondre à l'invitation!

Mais arrêtes donc de te tourmenter Oromis! Tu n'en dors plus! Pourtant ce n'est absolument pas grave!

Peut être mais...

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase... sur une impulsion, Eragon et Saphira se virent s'approcher d'Oromis et le saisir de leurs serres puis s'envoler. Là ils le secouèrent dans tous le sens jusqu'à ce qu'il soit si pale qu'il semblait aussi blanc que les nuages dans le ciel. Eragon n'aurait pas voulu être à sa place...

S'arrachant de cette vision, Eragon et Saphira se rendirent compte que Glaedr riait encore.

Voilà ce qui arrivait à mon dragonnier quand il se posait trop de questions...

Saphira, malheureusement pour Eragon, retint l'idée et il la sentit vouloir l'essayer dès que possible. Il se promit d'arrêter de se morfondre dans ses pensées...

Sage décision petit-homme.

Il prit alors le chemin du retour afin de retrouver les elfes.

Lupusänghren l'attendait, seul dans une clairière circulaire qui n'existait pas avant leur arrivé. Les arbres qui la bordait étaient hauts et larges tandis que montaient en son milieu une douzaine d'arbres centenaires, liés par un large sentier dallé de pierres blanches. Sur chacun d'entre eux de longues branches droites et plates formaient un escalier en vis qui grimpait le long du tronc. Parfois des ponts, entrelacements de branches et de feuillages, permettaient de passer d'un arbre à l'autre dans ses hauteurs. Admirant le travail des elfes, le dragonnier s'approcha, devinant parfois des fenêtres perçant l'écorce des larges troncs.

- Qu'y a t il Lupusänghren-Elda?

- Tueur d'Ombre, nous avons finit de chanter les arbres pour le camps, sauf un.

Devant le regard interrogateur du dragonnier, il poursuivit.

- Nous avons pensé que vous voudriez chanter votre arbre, car si nous devons aussi former la demeure des dragonniers en hauteur dans la montagne, le temps que celle ci soit faite il vous faudra bien dormir dans un arbre.

- Certainement, mais en combien de temps pourrais je maitriser cette technique, car si je sais chanter pour former un arc, modeler un arbre sera d'une toute autre difficulté.

- Rassurez-vous, cela ne devrait pas être plus compliqué que de reformer des lèvres de bébé et ne devrait prendre au plus qu'une seule après midi pour former le gros du travail, mais les détails de chaque pièce seront beaucoup plus longues à chanter.

Glaedr prit alors la parole:

- Oui c'est une bonne idée, elfe, mais ne t'inquiète pas Eragon nous allons te guider avec notre expérience.

S'avançant au milieu de la clairière, Eragon posa une main sur l'énorme arbre plusieurs fois centenaire devant lui. Puis, suivant les conseils des Eldunarí, entonna un chant...


Voilà,j'espère que vous avez apprécié. Les choses avances assez vite je pense car je ne trouve pas que c'est ce passage le plus intéressant de l'histoire mais plus la mise en place réelle de la caste ainsi que les futurs problèmes de celle-ci... (oui y'aura un méchant :D mais bon on verra ça en temps voulu pour le moment on a même pas les dragonniers donc bon...)

N'hésitez pas à poster des review pour donner vos impressions/conseils/attentes (chapitres plus longs…?)

Au passage je serais curieux de savoir, selon vous quel serait le prochain dragonnier? (race, et si on le connaît?)