Bonjour à toutes et à tous!

Hier c'était la nuit du FoF et comme le site a planté et qu'on était réunies toutes les deux pour l'occasion, DelfineNotPadfoot et moi, on s'est dit que ce serait bête de ne pas écrire malgré tout. On a donc pondu deux OS dont les thèmes sont pour le moins hétéroclites!

N'hésitez pas à aller voir son recueil: "Le marteau et autres Ratés du Sept"

Même principe que les nuits du FoF: thème donné, laps de temps: une heure.

Bonne lecture!

Premier thème: MARTEAU


Ridicule

- Aie !

Il serra fort son index en réprimant un juron. Courbé en deux, il se mordait tant les lèvres qu'il finit par sentir le goût du sang dans la bouche. Le marteau tomba lourdement sur le sol, près de son pied. Bruit sourd. Il jeta un regard noir au mur vierge en face de lui. Le clou qui était à peine figé dans le plâtre se décrocha soudain et glissa près du marteau dans un tintement d'excuse. Il frémit. A sa droite, posé sur la petite table de bois finement sculptée, leur photo. La seule. L'unique photo qu'ils avaient prise ensemble il y a très longtemps. Une photo un peu jaunie, mais qui reflétait tant de choses. Ils se faisaient face, tous deux de profil. Elle, elle était là, souriante, retenant son souffle. Un peu timide. Elle ne savait pas trop comment se comporter, et elle se tordait légèrement les mains avec une moue d'excuse. Lui, il avait perdu ses conventions. Il n'avait d'yeux que pour elle. Envolée sa réserve. Effacé son air guindé. Cet air noble qu'il avait pris soin d'apprendre chez ses parents. Cet air qu'il avait perdu quand il avait finalement pu l'approcher.

- Bonjour, qu'elle lui avait dit.

- Bonjour, qu'il lui avait répondu.

Ils étaient tous les deux parfaitement au fait de qui se tenaient devant eux et pourtant, ils allaient se parler pour la première fois comme des adultes. Leur première mission, et c'était ensemble qu'ils la faisaient. Il fallait mettre leur passé de côté. Il fallait oublier. Ils avaient été pros, cette fois-là. Ils avaient commencé à lier des liens. Rien de bien méchant, juste des mots de politesse, au départ. Ils avaient même commencé à se rendre visite dans leurs bureaux respectifs.

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Il posa un regard sur le marteau, à terre.

- Tu te moques de moi, hein ? lâcha-t-il d'un air désabusé.

Il eut un maigre sourire. Oui, sûrement, comme la première fois. Il n'avait jamais été doué avec les objets moldus. Alors, quand il avait dit qu'il voulait accrocher quelque chose au mur de son bureau et qu'elle avait accouru avec son marteau et des clous, il avait été surpris et n'avait su réagir. Il avait testé. Il avait échoué.

- Mais enfin, c'est super simple, Drago ! Comment peux-tu ne pas faire quelque chose d'aussi simple ? lui avait-elle demandé, ahurie.

Elle lui avait pris le marteau des mains et avait planté le clou d'un seul geste. Calculé. Mesuré. Un geste rapide et concis. Elle l'avait regardé par la suite, mi-fière, mi-surprise. Il n'avait rien dit. Il s'était approché. Il avait simplement pris son visage dans ses mains et il l'avait embrassé. Le goût de ses lèvres, l'odeur de sa peau. Son corps entier qui la désirait encore et encore.

- Merci… pour l'histoire du manoir, avait-elle simplement dit.

- Merci… pour la salle sur Demande, avait-il simplement répondu.

Et tout avait commencé par ce sourire timide. Ce sourire timide, mais pourtant si communicant.

- Immortalisé ! avait lancé une voix dans l'encadrure de la porte.

Dennis Crivey avec son affreux appareil photo. Ils s'étaient mis à courir pour récupérer la photo. Et tout avait été très vite. Ils avaient commencé à se fréquenter, à sortir ensemble, à rire ensemble. Ils avaient mis leurs griefs de côté et la paix avait enfin pu régner dans les cœurs. Bien sûr, leurs entourages respectifs n'approuvaient que peu leur choix. Mais ils faisaient bonne figure, et ça ne les dérangeait en aucun cas. Ni lui, ni elle. Et comme par évidence, ils avaient décidé de faire leur vie ensemble. Et ils avaient prévu le nombre d'enfants. La date du mariage. Le lieu de leur maison. Ils avaient tout programmé. Alors pourquoi ? Pourquoi ?

- Pourquoi ? murmura-t-il tout bas en se laissant tomber à terre, devant le mur vierge.

Tout devait être si parfait. Le parfait conte de fées qu'ils avaient prévu d'écrire ensemble. Bien sûr que non. La réalité n'est jamais comme elle se doit d'être.

- Je suis ridicule, lâcha-t-il dans un frisson de désespoir.

Il se cacha la tête dans les mains, pris d'un sanglot long et déchirant. Ridicule. Il était ridicule. Son index faisait toujours aussi mal. Ses lèvres saignaient toujours. Mais personne ne viendrait plus lui offrir un sourire réconfortant en lui disant : « Quel empoté tu fais ! » Personne ne lui tendrait la main en l'incitant à avancer. Parce qu'elle était partie. Parce qu'elle n'était plus là. Parce qu'à présent, il était seul. Elle l'avait laissé. Elle l'avait abandonné. Avec pour seule consolation, ses souvenirs. Leurs souvenirs. Et cette unique photo. Maintenant qu'il n'y avait plus personne, pourrait-il seulement se relever ? Redresser la tête ? Il en doutait. Elle était partie un beau jour, emportée par une fièvre plus grave que les autres. Elle avait eu un de ses plus beaux sourires alors qu'il se morfondait, le visage dévasté par les larmes. C'était toujours plus dur pour ceux qui restaient. C'était toujours plus douloureux pour ceux qui devaient continuer à se battre, à survivre. Si seulement il n'y avait jamais eu cette rencontre. Si seulement elle n'avait jamais eu ce marteau. Ils n'auraient pas fait tout ça. Ils n'auraient pas commencé tout ça. Et il serait encore libre. Libre de pouvoir être droit, méprisant, détaché de tous. Et il rirait. Il ne serait pas cette larve déprimée au fond du trou. Cet être qu'il détestait.

- Hermione… Je te hais, murmura-t-il, les dents serrées.

Oui. L'amour était douleur. L'amour était haine. Il aurait voulu ne l'avoir jamais rencontrée. Il aurait voulu. Mais il était reconnaissant de ces brefs restes de bonheur qu'il avait pu expérimenter. Il les chérissait au plus profond de son âme. Et ce combat incessant et paradoxal le déchirait et lui donnait envie de se détruire à petit feu. Oui. Si seulement, il n'y avait jamais eu ce marteau.

Il soupira. Lentement, il se releva. Lentement, il reprit le marteau et le clou. Avec des gestes mesurés, sans faire attention aux larmes qui dévalaient ses joues, il finit par ficher la pointe de fer dans le mur. Il accrocha alors le cadre de la photo à sa hauteur.

Voilà. C'était fait. Il recula de quelques pas, contemplant son œuvre. Il fallait bouger. Il fallait avancer. Il serra un peu plus fort le marteau dans ses mains, le regarda longuement en silence. Ce marteau qui lui retournait les tripes. Et avec un silence presque religieux, il le déposa dans une boite en velours qu'il referma et plaça dans un placard, au fond de leur chambre.

- Tu sais, Hermione, je t'aime… Mais je dois avancer, maintenant, tu comprends ? Oui, tu comprends. Alors, à bientôt, mon amour.


C'est euh... pas vraiment terrible. Mais vous me pardonnez, hein? Allez, une petite review pour me donner vos impressions et me dire que vous n'êtes pas contents!

Au plaisir,

Kumi