« Maura,
Je ne peux plus continuer ainsi, te voir chaque jour sans avoir le droit de te parler, de rire ou tout simplement être près de toi, avec toi…..comme avant.
Tu n'auras plus à faire semblant, à être polie avec moi, je te facilite les choses, je ne veux que ton bonheur alors ma demande de mutation est faite et elle a été accepté. Elle est effective à compter de ce jour tu n'auras donc même pas à me dire au-revoir.
J'aurais voulu que les choses soient différentes mais je ne peux revenir en arrière, il est trop tard aujourd'hui.
Ne cherches pas à savoir ou je suis, ni à faire parler la famille ou les amis car personne n'a été au courant de ma volonté de partir et tous l'apprendront dès demain.
Saches que pour moi rien a changé, je t'aime et tu seras toujours dans mon cœur.
Sois heureuse,
Ta Jane. »
Six mois….
Cela fait maintenant six mois qu'elle est partie, tout le monde a cherché à la retrouver pendant plusieurs longues semaines sans résultats. Et depuis six mois, chaque jours je relis ces quelques lignes trouvées sur mon bureau le jour-même ou quelques instant plus tard, la nouvelle était annoncée par le chef à toute l'équipe.
Elle disait vrai, personne ne le savait avant cela et personne ne savait donc où elle était partie, et au vue de leurs réactions je sais qu'ils ne mentent pas. Je travaille toujours au même endroit avec les mêmes personnes mais plus rien n'est pareil. Je sais que certains m'en veulent, pensant que je suis responsable de son départ et je ne peux les en blâmer car je le pense moi-même. Même Angela qui jusque là me compter parmi la famille pour qui j'étais comme une fille, aujourd'hui me fuit, elle a déménagé de ma maison d'hôte quasiment le jour-même pour s'installer chez Jane.
Je n'ai jamais cessé de chercher, aujourd'hui encore je suis en permanence connectée à tout ce qui peux mentionner des actes de policiers dans tout le pays, et cela que ce soit dans la presse, dans les médias ou encore sur internet, mais tout reste désespérément silencieux. Pensant pouvoir passer par un autre biais, j'ai personnellement prit contact avec tous les médecins légistes du pays, particulièrement ceux assignés aux mêmes place que la mienne, après tout un flic comme elle est en contact quasi permanent avec notre profession et aucun ne pourrait l'oublier si ils avaient eu à faire à elle. Mais à moins que l'on me mente volontairement à sa demande, personne ne l'aurait vu ou ne la connaîtrait, je ne vois qu'une raison, peut-être a-t-elle aussi changé d'affectation.
La seule chose que l'on connait d'elle aujourd'hui c'est ce qu'elle accepte de dire dans ses mails, envoyés environ une fois par mois et qui ne me sont jamais adressés mais que les collègues me transfèrent en particulier Korsak qui a vite comprit la souffrance que m'offrait cette séparation forcée et qui va à l'encontre des demandes de Jane de ne pas me parler d'elle. Ses mails sont envoyés de partout dans le pays et même en essayant, je n'ai jamais pu obtenir de lieux précis, cela m'inquiète de plus en plus, je ne sais pas ce qu'il faut en conclure, bouge t'elle en permanence ce qui impliquerait des missions d'infiltrations ou pire et dans ce cas elle se met constamment en danger, ou a-t-elle simplement fait le nécessaire pour relayer les mails de façon à ne pas être retrouvée et dans ce cas, sachant que même notre collègue n'a pu trouver, elle a du avoir de l'aide.
Six mois que je suis partie, j'ai tout quitté sans explication et surtout sans adieu, à personne, pas même ma famille. Ma seule condition, que personne ne soit au courant et personne ne l'a été. J'ai eu tout juste le temps de lui écrire un mot pour la prévenir, je refusais qu'elle l'apprenne autrement que par moi, je lui devais bien cela. Je n'ai mentionné aucune date de retour pourtant j'aurais pu le faire, retour dans deux ans, mais je n'ai pas l'intention d'y retourner. Une fois sortie d'ici je reprendrais une nouvelle vie plus classique en mettant de côté ce métier qui m'a tant offert mais tant pris également et puis il faut avouer que même en six mois, la prison fédérale ça vous change un homme ou une femme.
J'aurais pu sans trop de difficulté m'y soustraire, l'éviter, passer par un procès et sûrement gagner mais il aurait fallut déterrer des secrets enfouis au plus profond et surtout il aurait fallut mettre sous les projecteurs la Chef du Service médico-légal de mon commissariat, il aurait fallut mettre en cause Maura et elle m'en voulait déjà tant, je n'ai pas pu m'y résoudre, elle a une vie, je ne pouvais pas lui ôter tout cela elle a déjà assez souffert. En même temps le fait qu'elle m'en veuille ainsi et tout ce qui s'était passé m'ont aidé puisque j'avais une raison valable de partir, de m'éloigner, même si je me doute que cela n'a pas dû être très facile pour elle car certains ont dû lui reprocher mais face à ce que je vis depuis chaque jour, c'est peu cher payer.
En six mois je n'ai eu qu'une visite, celle de mon ancien chef à qui j'ai demandé de ne plus revenir, ne voulant prendre aucun risque quant à ma situation.
Deux ans de prison fédérale, voilà ce que j'ai récolté pour avoir gardé le secret sur des informations importantes voire capitale pour la capture d'un parrain très recherché, auteur de plusieurs meurtres et autres faits de drogues entre autre., deux ans pour n'avoir pas fait tombé plus tôt Patrick Doyle.
Le jour où ils ont frappé à ma porte j'étais seule, un matin à 6h00, j'aurais pu me défendre, refuser mais à la place j'ai préféré payer ma dette. Alors j'ai accepté tous les chefs d'accusation et reconnus les faits à une seule condition ou plutôt deux, la première étant que Maura Isles ne soit en aucun cas inquiétée et la deuxième qui les a bien arrangé, que personne à l'exception de mon chef, ne soit au courant. Ils étaient tellement content de me coincer et que je les laisse faire qu'ils ont acceptés de suite et sans problème.
Mais aujourd'hui j'avoue que je ne sais pas comment on peut tenir deux ans sans voir personne qui compte pour nous, seule dans une cellule.
Je pense souvent à ma famille qui reçoit des mails très vagues, histoire de les rassurer sur le fait que je sois toujours en vie et qui vise à leur permettre de continuer la leur plus sereinement. Ils ont dû me chercher, se servir de ces mails pour tenter de me localiser mais ils ne le pourront pas, trop de relais et puis tout a été mis en place pour que ce soit ainsi.
Je pense aussi souvent à Maura, elle qui fût ma meilleure amie et que j'aimais bien plus que ça, bien plus qu'une amie le devrait, et qui du jour au lendemain n'a plus voulu de moi, a refusé que je lui parle, que je sois dans ses environs, qui m'a sortie de sa vie. Elle est devenue en l'espace d'un tir, un coup de feu comme j'en avais fait tant auparavant, mon ennemie, sans retour possible en me brisant le cœur comme jamais personne n'avait pu le faire auparavant.
