Bonjour à tous !

Je vous soumet une fic sur la Final Fantasy VII (Dieu que la série FF déchire !)

J'ai voulu développer nos chers Turks au cours de ces histoires. J'espère que ça vous plaira !

Bonne lecture !


Chapitre 1

Reno regarda encore une fois son reflet devant le miroir de la salle de bain et lâcha de nouveau un soupir. De quoi ressemblait-il ? Ses cheveux roux réputés pour leur indiscipline avait été soigneusement plaqués sur sa tête, laissant une raie au milieu bien prononcée et propre , quoique légèrement excentrée vers la droite. Une chemise soigneusement repassée et propre, joliment blousée hors de son pantalon, dont le col parfaitement dessiné lui serrait la gorge. Et le pire, une petite cravate, noire, tout ce qu'il y a de plus charmant, délicatement nouée. Il vit une petite pince à cravate… A quoi pouvait bien servir ce machin ? Son pantalon… Bon sang… Un pantalon à pince…

- Maman ! Pourquoi tu m'as fais mettre ça ? s'écria Reno de la salle de bain.

- Pour la énième fois, tu as un entretien d'embauche ! Montre-toi sous ton meilleur jour !

Le jeune homme tiqua et se retourna vers son reflet.

- En gros, pour trouver du boulot, 'faut que j'ai une tête de con ?

- Je t'ai déjà dis de ne pas parler comme ça ! s'exclama la mère en déboulant dans la salle de bain. Regarde, tu es tout beau comme ça !

Elle avait ajouté ces mots en époussetant gentiment, bien qu'inutilement, la chemise.

- Tu vas faire fureur !

Reno haussa les épaules et partit enfiler ses chaussures.

- Non, non, non et non ! Pas celles-ci !

- Quoi ? Elles sont bien mes baskets !

- Non ! fit-elle en lui arrachant ses baskets et lui tendant des chaussures noires en cuir. Je les ai achetés spécialement pour l'occasion ! Qu'est-ce que tu attends ? Prends-les !

Le jeune homme les saisit avec une moue boudeuse. Il n'en avait jamais porté et ce n'était pas comme si c'était sa tasse de thé…

Son pied droit rentra dans la chaussure avec une aisance déconcertante. En revanche, son pied gauche, c'était une autre affaire. Il tenta de l'y faire glisser en enlevant tout les lacets, sans succès. Il se plia dans touts les sens, mais c'était inutile.

- Il veut pas rentrer ! C'est la bonne pointure au moins ?

- Attends, essaye avec ça.

Il saisit le chausse-pied que sa mère lui tendait. Au prix de nombreux efforts et d'une grimace de douleur, son pied rentra finalement dans la chaussure.

- Essaye de marcher !

Reno se leva. Premières impressions : il était un peu serré mais les chaussures n'étaient pas si inconfortables. Il fit quelques pas… et là. À cet instant précis. Il crut marcher littéralement sur des œufs. Ce que ça faisait mal ! Il sentait même plus ses orteils ! Il lança un regard plein de souffrances à sa mère.

- Tu vas t'y faire, assura sa mère. Elles sont neuves !

Non mais sérieux ! Il aurait préféré mettre ses baskets ! Comment les gens faisaient-ils pour marcher avec toute la journée ? Et puis d'abord, pourquoi sa mère l'avait forcé à mettre ces horreurs ? Ah, c'est vrai… Ça remontait à quelques semaines… Après avoir échoués aux examens finaux de son école de commerce il y a trois mois, il squattait chez ses parents, n'ayant rien d'autres à faire. Son père avait déjà tenté de le pousser pour aller aux rattrapages, mais il ne s'y était jamais rendu. De toute façon, il n'avait jamais voulu étudier le marketing…

Il avait donc passé ses mois et ses journées entières à vivre comme il l'entendait, à défaut de trouver quelque chose à faire. Il s'endormait à pas d'heure et se levait le lendemain à quatorze heures passées, au grand désespoir de ses parents. Il sortait parfois et faisait un tour en ville avec toujours le même rituel : un petit tour dans les quartiers commerçants, puis il achetait une pomme et partait s'assoir sur un banc dans un parc pour enfant afin de la manger. Et il lui arrivait de s'endormir là. Enfin, lorsqu'il rentrait tard, il se faisait disputer. Les rares fois où il était à la maison pour le dîner, ses parents devaient s'armer de courage pour le faire descendre de sa chambre…

Puis certains jours, lorsque son père était excédé de son comportement et lui demandait d'un air découragé ce qu'ils allaient bien pouvoir faire de lui, quelle femme accepterait de vivre avec lui, quel travail il pourrait bien effectuer… À chaque fois, sa réponse restait inchangée : un haussement d'épaule, un petit bruit de bouche suivit d'un « j'sais pas ». Ce manège avait fini par agacer sa mère. Si bien qu'un beau jour, elle avait déposé une annonce sur la table de la salle à manger sous le nez de son fils. Elle provenait de la Shinra et il cherchait quelqu'un pour l'accueil. Sa mère ne lui avait pas laissé le choix et voilà où il en était : des fringues horribles, des chaussures qui lui faisaient un mal de chien et une coupe de cheveux à en faire même frémir le légendaire Sephiroth en personne…

- Oh ! Dépêche-toi ! C'est l'heure d'y aller !

La mère aida son fils à enfiler une veste tout en le pressant vers la porte.

- Tu n'oublieras pas d'appeler pour nous dire comment ça s'est passé, hein ?

- Oui… souffla Reno en levant les yeux au ciel.

- Tu es un bon garçon. Oh !

Elle lui attrapa le menton, humidifia un bout de mouchoir avec sa salive et le frotta contre sa joue.

- Maman ! J'aime pas quand tu fais ça ! C'est dégueulasse !

- Ce n'est pas « dégueulasse », je suis ta mère ! Allez, file !

Elle lui donna une claque sur les fesses pour l'inciter à partir. Reno se retourna en se massant, sa mère lui fit un signe de main.

- Bordel…

FFVII

Voilà une demi-heure qu'il était assis là, devant un homme plutôt gros. Il passait et repassait en revue son CV. Agacé par le silence et l'attente, Reno bougea nerveusement son pied sous la table.

- Bien, fit finalement l'homme. Vos compétences semblent correspondre au poste. C'est dommage que vos études n'aient pu aboutir.

- Ouais.

- Ahem… Parlez-moi de vous. Quels sont vos hobbies ? Pourquoi avoir postulé chez la Shinra ? Qu'est-ce que vous avez à apporter à l'entreprise ?

- Bin… J'aime bien bricoler, les moteurs surtout. Euh… J'ai postulé parce que…

Il réfléchit un instant. Il savait que ce ne serait mal perçu de dire que c'était sa mère qui l'avait poussé là. Même s'il ne voulait pas de ce job, il ne voulait pas décevoir ses parents.

- La Shinra Inc. est une entreprise très puissante et à la pointe de la technologie. J'ai donc naturellement pensé à votre entreprise car je suis désireux d'évoluer dans un environnement dynamique. De plus, j'ai un certain goût pour les énergies.

Il sourit à pleine dents. Reno remarqua à travers les yeux de l'homme qu'il avait argumenté dans le bon sens. Certes, ça sonnait faux et on aurait dit qu'il avait appris par cœur un texte mais, c'était le genre de phrase qui marchait à coup sûr !

- Sinon, j'ai pas beaucoup d'expérience professionnelle comme vous pouvez le remarquer. Mais je suis quelqu'un de volontaire et j'aime travailler en équipe.

- Très bien, conclu l'homme en notant quelque chose sur son cahier. Je ne vous cache pas que nous avons besoin de quelqu'un rapidement pour ce poste. Quand seriez-vous disponible ?

- Dès que possible ! s'exclama-t-il un peu trop vivement en se relevant de son siège qui tomba à la renverse.

- Bien, c'est noté… Mais, rasseyez-vous je vous prie.

Remarquant qu'il était debout et que sa chaise était par terre, il s'excusa un peu penaud et se rassit.

- De tous les candidats que j'ai pu voir en entretien jusqu'à ce jour, vous êtes le premier à réagir comme si votre vie en dépendait, analysa l'homme en relisant son carnet. Nos horaires de bureaux sont du lundi au vendredi de 8h30 à 18h30. Le service est en continu, êtes-vous fumeur ?

- Non.

- Donc la pause du midi dure 45 minutes. Vous aurez droit à une pause de 10 minutes le matin. Généralement, nous la prenons tous ensembles à 10h. Enfin, vous avez droit à une pause de 15 minutes l'après-midi, que vous organisez comme vous le souhaitez. Sachez cependant que nous possédons des locaux où vous pourrez vous reposer ou faire un peu d'exercice durant vos pauses. Concernant les avantages, la Shinra rembourse à 50% les tickets de transports si vous venez en train. Il y a aussi des tickets resto et une prime sur objectif en fin d'année. Le salaire est prévu à hauteur de 1498 gils. Etes-vous intéressé par le poste ?

- Oui !

- Fort bien. Je n'ai pas d'autres choses à ajouter. Avez-vous des questions ?

- Non… Mais, je suis pris ?

- Il faut d'abord que je concerte mes supérieurs. Je vous donnerai une réponse demain avant midi au plus tard. Je vais vous raccompagner à la sortie.

FFVII

Sur le quai et attendant le train, Reno soupira en dénouant enfin sa cravate et en déboutonnant son col. Il avait chaud et il était fatigué. Il sourit à cette pensée. Il avait été très loin de se douter qu'un entretien serait aussi crevant… Surtout qu'il ne voulait pas du poste en vérité… Mais, sa mère avait insisté. Du coup, il s'était défendu comme il pouvait. Sans doute avait-il mis trop de cœur à l'ouvrage… Bah ! C'était dans sa nature après tout ! Soit il faisait les choses entièrement, soit pas du tout. Et puis, lorsqu'il avait appelé sa mère pour tout lui raconter, le sourire qu'il avait entendu à travers son téléphone valait toutes les peines du monde !

Le train approcha et le contrôleur veilla à ce que chacun se recule des voies. Reno regarda l'heure sur son téléphone. Il avait du temps à tuer… Et s'il allait acheter une pomme pour la manger dans le parc et pourquoi ne pas dormir un peu ? Cette idée le séduisit instantanément et il s'engouffra dans le train.

Reno se choisit une banquette et se laissa tomber. Il jeta la tête en arrière et ferma les yeux, se laissant bercer par le train. Sa tête finit par osciller de gauche à droite, il avait envie de dormir. Sa fatigue l'emporta et il s'assoupit.

- Non, laissez-moi tranquille, fit une voix.

- Oh allez, on connaît un super endroit. Viens avec nous.

- Je vous ai dit non !

Reno ouvrit les yeux en entendant l'échange. Il remarqua rapidement que le train s'était vidé et qu'il avait raté son arrêt. Dans le wagon, il ne restait que lui, deux hommes d'âge mûr et une jeune femme. Elle était en tailleur. À en juger par la couleur, elle devait travailler pour la Shinra

Visiblement, les deux types étaient en train de l'importuner… Et lui voulait juste pioncer !

- Allez ma jolie, fais pas ta petite vierge effarouchée ! J'suis sûr que tu vas adorer !

L'un des hommes l'attrapa par le poignet.

- Lâchez-moi !

- Hé les mecs ! les interpella-t-il sans se lever. Y en a qui veulent pioncer ici !

- T'as un problème, nabot ? répliqua l'un d'eux.

- Ouais, z'êtes bruyants, les gars ! En plus, elle veut pas vous suivre.

- Bouge pas, j'm'en occupe ! fit le deuxième en massant ses poings.

L'homme fondit sur lui, prêt à lui décocher un bon coup de poing. Reno esquiva à la dernière minute et en profita pour lui infliger un coup de genoux dans l'entrejambe.

Son adversaire couina et se recroquevilla au sol en gémissant. L'homme qui se trouvait près de la jeune femme, la lâcha, et s'approcha de Reno qui fanfaronnait. Il eut à peine le temps de se retourner qu'il reçut un poing sur sa joue, le faisant tomber au sol. Le coup était puissant, il cracha un peu de sang.

- Enfoiré ! lança-t-il en se retournant et en lui décochant une droite.

L'homme para, mais reçut un coup de pieds dans le ventre. Ce qui eut pour effet de lui couper le souffle. Mais Reno n'en resta pas là et lui assena un revers avec son pied au visage, le faisant tomber en arrière. Son adversaire était maintenant sur le dos. Le jeune homme l'enjamba et ponctua ses mots à l'aide de ses poings sur le visage de l'autre :

- Tu. Vas. La. Laisser. Tranquille. Capiche ?

L'homme émit un piteux gémissement avant de perdre connaissance.

Reno se releva et s'approcha de la jeune femme qui était restée tétanisée.

- Ça va ? demanda-t-il.

Elle tremblait comme une feuille et semblait en état de choc. Il posa une main sur son épaule. C'est à ce moment-là qu'elle se reconnecta avec le monde. Elle poussa un cri strident, fouilla rapidement dans son sac et aspergea Reno de sa bombe anti-agression. Il gémit en se frottant les yeux. Le train s'arrêta et la jeune femme s'enfuit.

- Ah ! La saleté !

FFVII

Les yeux encore rouges, Reno franchit le pas de la porte de chez lui.

- Je suis rentré…

- Reno ! Tu as vu l'heure ? Où étais-tu ? enragea la voix de son père.

- Je me suis endormi dans le train et j'ai raté l'arrêt. J'ai voulu reprendre le train mais y avait des problèmes sur la voie…

- Reno ! s'exclama la mère qui venait à sa rencontre. Ton visage… Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Non content d'être fainéant, ton fils est devenu un délinquant !

- Chéri ! C'est le tiens aussi ! Tu t'es battu ?

- Ouais…

- Je te l'avais dit ! s'écria le père en arrivant vers eux. Monte dans ta chambre !

Reno explosa de rire, incapable de se retenir. Même sous les yeux assassins de son père il ne sut se calmer.

- Je suis plus un gamin ! J'ai vingt-quatre ans !

- Tant que tu vivras sous mon toit, tu iras dans ta chambre chaque fois que je te l'ordonne !

- T'inquiète, j'y vais.

Il monta les escaliers sans broncher. Il entendit toutefois son père soupirer :

- Qu'est-ce qu'on va faire de lui ?

FFVII

Le lendemain, Reno dormait emmitouflé dans ses couvertures. Seule la pointe de ses cheveux dépassait sur l'oreiller. Son téléphone sonna. Le dormeur sortit la tête des couvertures avec une expression digne de ceux qui ne sont pas du matin. Il lui fallut quelques instants pour comprendre qu'il s'agissait de la sonnerie de son téléphone et non pas de son réveil. Il le saisit sans tarder.

- Allô ? dit-il, la voix enrouée.

- Bonjour monsieur, je suis le responsable des ressources humaines de la Shinra Inc.

- B'jour…

- Je souhaitais revenir vers vous concernant votre entretien. Après délibération avec mes supérieurs, j'ai la joie de vous annoncer que nous avons retenu votre candidature.

- Ca veut dire ?

- Et bien, félicitation et bienvenue au sein de la Shinra Inc.

- Cool, fit Reno à moitié réveillé.

- Vous pouvez commencer dès cet après-midi. Êtes-vous disponible ?

- 'tendez, il est quelle heure ?

- I-Il est midi.

- Ok, dit-Il en raccrochant aussitôt.

- Attendez, mons-

Il s'habilla rapidement, autrement dit il remit les même vêtements que la veille, et dévala les escaliers. Tout en franchissant la porte d'entrée, il cria à sa mère, qui était dans la cuisine, qu'il partait travailler. Elle n'eut même pas le temps de comprendre…

- Fais attention, lui dit simplement sa mère, en sortant la tête.

FFVII

Reno affichait un sourire crispé derrière le guichet. Il n'avait toujours pas mangé… Lorsqu'il avait franchit le seuil de l'entreprise et demandé à voir le responsable des ressources humaines, il s'était directement senti comme chez lui. De plus, on lui avait fait visiter l'entreprise. Du moins, les locaux et les étages qu'il serait susceptible de fréquenter car, l'entreprise était… immense…

Le responsable du service accueil l'avait ensuite conduit vers un vestiaire où il lui avait donné ses vêtements de travail, soit une veste rouge sombre aux couleurs de l'entreprise. Son supérieur lui avait indiqué qu'une chemise blanche avec une cravate noire et un pantalon noir à pince était obligatoire en plus de la veste. Ceci avait fait grimacé Reno, il n'aimait pas les cravates…

Puis, l'homme lui avait présenté le service après qu'il se soit changé. Une équipe composée que de filles. Chacune l'avait salué chaleureusement, certaines avec des étoiles plein les yeux… N'importe quel homme se serrait damné pour être à sa place, mais lui n'avait jamais été à l'aise dans un environnement féminin… Elles se prenaient toujours la tête, surtout lorsqu'il était question de mecs, et c'était impossible de les taquiner sans les vexer… C'était chiant une fille…

Enfin, on lui avait expliqué ses tâches quotidiennes, et bien sûr, de façons non-exhaustives. Ainsi son travail de base, c'était d'accueillir les visiteurs… Il avait un téléphone à son bureau et on lui avait indiqué les numéros internes. Sur son ordinateur, il avait accès aux emplois du temps de chaque responsable de la Shinra. Sauf celui du président. Il fallait passer par sa secrétaire, qu'on lui avait présenté. Et il espérait ne jamais avoir à le faire… C'était l'autre fille qui l'avait attaqué dans le train la veille !

Reno soupira. Il avait très faim… Mais il ne pouvait pas quitter son service. En effet, chose qu'on ne lui avait pas dite, c'était qu'il ne pouvait prendre sa pause qu'à partir de seize heure… À ce rythme, il allait mourir avant la fin de la journée…

- Bonjour, c'est toi le nouveau, n'est-ce pas ? l'interpella une collègue près de lui.

- Non, ça fait dix ans que j'bosse ici, la taquina Reno.

La jeune femme gloussa comme une dinde tandis qu'il leva les yeux au ciel. Bon d'accord, ses collègues étaient très jolies. Mais pourquoi la première à lui parler devait être plus proche de la poule ?

- Ce que tu es drôle ! rit-elle niaisement. Je m'appelle Mia. Si tu as besoin de quoique ce soit, n'hésite pas.

- J'ai faim, dit-il le plus sincèrement du monde.

Elle gloussa de plus belle en cachant sa bouche derrière sa main, dans un geste qu'elle voulait gracieux mais qu'il trouva affreux. Qu'est-ce qu'il y avait de drôle là-dedans ? Il arqua un sourcil. Il avait vraiment les crocs ! Et il savait de source sûre qu'une fille avait toujours une cochonnerie à grignoter ou à mastiquer !

- Tu as déjà faim ? Mais il est à peine quatorze heures ! Oh, il y a un client pour toi.

Elle se recula en saluant le visiteur et regagna son poste. Reno se tourna vers l'individu, nonchalamment. C'était un homme d'âge mûr, en embonpoint. Il avait l'air riche à première vue, un cigare à la bouche et des grosses bagues dorées à chaque doigt. Deux types pas nets à ses côtés. Il semblait attendre quelque chose.

- Tu veux quoi ? demanda enfin Reno.

- Euh… Bonjour… répondit l'homme visiblement surpris.

- B'jour, fit le jeune homme.

- Hum, j'ai rendez-vous avec Monsieur le Président.

- Ok, prends l'ascenseur là, indiqua Reno en le pointant du doigt. 70ème étage.

- M-merci…

Il s'en alla en regardant l'hôte d'accueil d'un air circonspect et s'engouffra dans l'ascenseur. Mia regarda Reno avec de gros yeux alors que ce dernier lui fit un geste à l'aide de son pouce pour lui indiquer qu'il avait rondement mené l'affaire.

- Mais t'es pas bien, s'exclama-t-elle en se rapprochant de lui.

- Bah quoi ? J'ai fais le boulot !

- Non, mais… Tu sais qui c'est au moins ?

- Bah… Un mec riche qui veut voir le président…

- Mais… C'est le maire ! Monsieur Don Cornéo !

- Ah.

- Et tu ne lui as même pas demandé s'il avait rendez-vous ?

- Bin, pourquoi faire ? Il me l'a dit.

- Tu ne l'as même pas salué. Tu l'as même tutoyé ! En plus, tu n'as rien vérifié !

Reno la regarda et haussa les épaules devant l'expression ahurie de sa collègue. On ne lui avait pas dit lors de son entretien qu'il fallait faire tout ce manège ! S'il devait faire ça pour tout le monde, il n'était pas sorti !

Le téléphone sonna. Il regarda le numéro affiché. C'était la secrétaire du Président… La seule personne qu'il voulait éviter dans le monde…

- Et merde… Allô ? dit-il en décochant.

« C'est quoi cette histoire avec Monsieur le Maire ? Le Président est en déplacement à Junon et il ne sera pas de retour avant demain ! »

- Ah.

« Pourquoi personne ne m'a appelée ? »

- Bin…

« Attends… Je reconnais ta voix… T'es le pervers du train ! »

- Quoi ?

« Si je te croise, ça va chauffer ! »

- Attends, mais j'ai rien perversé du tout !

« Quoi qu'il en soit, j'ai dû renvoyer Monsieur le Maire. Tu te débrouilles avec lui ! Et il est furieux ! »

La secrétaire raccrocha aussi sec, laissant la tonalité du téléphone seule compagnie de Reno.

- Elle avait l'air en colère, lui chuchota Mia, inquiète. Qu'est-ce qu'elle t'a dit ?

- Je suis dans la merde, mais ça roule !

Reno rit nerveusement. Pour un premier boulot, il avait bien foiré sa première journée !

FFVII

Le distributeur lâcha une cannette de soda. Reno s'en empara et but à grande gorgée. Enfin, il avait droit à sa pause ! Et elle était amplement méritée ! Après avoir essuyé la colère du Maire et les remontrances de son supérieur, il avait sacrément besoin de sucre !

Il lui avait rappelé ses obligations et ses responsabilités. Il devait vérifier l'identité de la personne, s'assurer du rendez-vous et surtout si le personnel demandé était disponible. Il devait se montrer, courtois, poli, avenant et souriant en toutes circonstances. Il n'était en aucun cas tenu de frapper un visiteur mécontent, et en particulier un VIP ! Et surtout pas au point de créer du grabuge et qu'ils soient obligés d'appeler la sécurité pour régler le problème et protéger les employés ! La Shinra était l'entreprise la plus puissante au monde, mais il y avait leur image à protéger !

Son supérieur lui donnait une seconde chance pour se rattraper. En somme, il avait mit ces erreurs sur le dos de la jeunesse et du stress du premier jour. Mais le ton employé indiquait bien qu'il était en mesure de le virer à tout moment si cela se reproduisait. Après tout, il était encore en période d'essai…

- M'fait d'jà chier c'boulot à la con ! maugréa-t-il en s'asseyant dans un coin.

Il reprit une gorgée lorsque la porte de la cafétéria s'ouvrit, laissant apparaître une jeune femme de son service. A en juger par ses yeux, elle devait être originaire de Wutaï. Lorsqu'elle le vit, elle lui fit un signe de main et vint s'installer près de lui alors qu'il soupirait. Encore une pintade pour toute compagnie…

- Je ne savais pas que tu étais là, fit-elle. Je ne me suis pas présentée, je suis Ziu. Et toi, c'est Reno. Je l'ai entendu tout à l'heure lorsque le chef t'a crié dessus. Ca va ?

- Bah, je pense…

- C'était vraiment pas juste. Tu viens d'arriver ! C'est normal que tu ne saches pas tout, tout de suite. Il avait pas le droit de te crier dessus comme ça.

Le jeune homme haussa les épaules et continua de siroter son soda. On lui criait déjà dessus chez lui depuis vingt-quatre ans, alors au boulot…

- Ca fait trois ans que je travaille pour la Shinra. J'y suis entrée car mon père y travaille. Il supervise les équipes responsables du réacteur du secteur 7. Et toi ?

- Je suis là depuis cet après midi…

- Non, je voulais savoir pourquoi tu étais venu travailler ici. On est pas très bien payé pour ce qu'on fait et on nous traite comme des chiens… Donc, c'est pas hyper attractif comme job…

- Pour faire plaisir à ma mère. Elle voulait que je bosse. Donc j'ai postulé au premier truc qui s'est présenté.

- Oh, je vois. Tu sais, malgré les aspects négatifs de la boîte, l'ambiance est pas si mal…

- Ah ?

- Ouais, je t'assure ! Par exemple, à chaque fin d'année, l'entreprise organise une soirée pour fêter ça ! Et le Président en personne récompense chaque service pour leur implication !

Reno continua de siroter son soda. Il s'en fichait un peu de tout ça. Il voulait juste sa tranquillité et il était mal tombé pour ça. Où qu'il aille et quoiqu'il fasse, il y en avait toujours un pour l'emmerder….

- Oh ! On va devoir reprendre du service. Allez, viens. Je vais t'apprendre quelques trucs pour survivre à la Shinra !

Elle tira Reno par le bras et le força à quitter la cafétéria avec elle. En chemin, elle lui racontait comment s'était passé sa première journée. Il apprit comme quoi elle avait été aussi mauvaise que la sienne et qu'elle avait même songé à partir. Mais que ce qui l'avait fait changer d'avis, c'était le Vice-président. Il était chou, lui avait-elle dit… Reno avait tiqué à ce sujet. À moins d'être un marmot aux joues roses et pleines devant lequel les femmes s'ébahissaient, il ne voyait pas en quoi un homme digne de ce nom était « chou ».

Ils entrèrent dans l'ascenseur. Une question le turlupinait. Ce n'était peut-être pas si important mais, pour le coup il était assez curieux.

- Au fait, t'as dis que le Vice-président t'avait fait changer d'avis. Il t'a dit un truc ?

- Non. Mais ses yeux méritent tout le mal qu'on se donne… L'année dernière, Serris à la compta a pu échanger quelques mots avec lui. Je suis jalouse ! C'est pas donné à tout le monde une occasion comme ça ! C'est pas quelqu'un de facilement approchable.

Oh, génial… C'était pour ça qu'il n'aimait pas traîner avec des filles… Les cancans… La bagarre pour les yeux d'un beau mâle… Les coups de poignards dans le dos…

- Et c'était quoi ? demanda-t-il devinant que sa collègue attendait la question.

- Ça s'est passé à la machine à café. Cette pétasse avait tout prévu à l'avance ! Elle lui avait dit « Bonjour, monsieur le Vice-président. Comment allez-vous aujourd'hui ? » en lui tendant un café tout chaud. Lui il a répondu « Je vais bien, merci et vous ? » en prenant la tasse. Là elle a dit « Je vais bien, merci de vous en préoccuper. Il fait un peu frisquet aujourd'hui, vous ne trouvez pas ?». Il a fini par un « En effet, veillez à ne pas prendre froid ».

- Bah. Il est juste poli quoi.

- Non, mais… Fallait la voir… Après ça, elle s'est plus sentie ! C'est facile lorsqu'on porte une jupe courte et un décolleté léger et plongeant en plein hiver lorsque les radiateurs sont tombés en rade ! On était toutes en polaires sauf elle !

Reno éclata de rire dans l'ascenseur en se tenant l'estomac. Bon sang ce que les filles étaient prêtes à tout pour attirer l'attention !

- Il n'y a pas de quoi rire, gémit-elle en faisant la moue.

- J'vois même pas pourquoi tu boudes ! s'esclaffa-t-il. Il s'est foutu d'elle, mais d'une force !

- Tu crois ?

- À mon avis, il a surtout dû la trouver bête… Sauf si elle avait de jolies jambes !

Ziu lui asséna un coup de poing à l'épaule de façon amicale. Avec une moue réprobatrice mais qu'elle avait du mal à garder sérieuse.

- Cette fille est un vrai boudin. Y a rien qui va chez elle !

- J'sais pas. J'l'ai jamais vue.

- 'Vaudrait mieux pas. Elle se jette sur tout ce qui bouge et qui s'apparente de près ou de loin à un homme. Une fois, elle a même essayé avec Sephiroth… C'est plutôt rare que le Soldat vienne ici, mais le Président voulait le voir. Chez nous, il est un peu le boss final de la séduction… On était tous les trois dans l'ascenseur, je devais me rendre au 3ème étage pour imprimer des choses, il me semble. Et là, y a Serris qui lui complimente la couleur de ses yeux. Elle s'est pris une douche gla-cée ! Il a claqué la langue et il est sortit de l'ascenseur, sans la regarder. Moi, j'avais tout vu ! Et je jubilais de l'intérieur !

Elle explosa de rire au souvenir de la scène. Elle en avait même les larmes aux yeux. Reno sourit nerveusement. Les filles de cette société avaient quelque chose de terrifiant que le commun des mortels n'avait pas… Il était bien heureux de n'être la convoitise de personne. Il ne connaissait ni le Vice-président ni Sephiroth, du moins que de nom, mais il les plaignait de tout son cœur.

- Fallait voir sa tête ! ajouta-t-elle en se calmant.

Lorsqu'ils arrivèrent au rez-de-chaussée, Ziu saisit le bras de Reno de façon à lui murmurer à l'oreille.

- Tout ce que je t'ai dis, ça reste entre nous, ok ? Sinon, concernant Serris. On l'a toutes remarquée, mais elle essaye de mettre le grappin depuis quelques temps sur le Vice-président. Elle veut peut-être une promotion canapé. Ouvre l'œil quand il reviendra !

- Quand il reviendra ? demanda Reno sans comprendre.

- Ouais, Monsieur Shinra l'a envoyé étudier à Junon. Il vient de temps en temps pour assister à des réunions importantes !

Elle le lâcha, lui sourit et partit s'installer à son bureau comme si leur conversation n'avait jamais eu lieu. Reno rejoignit donc son poste. La fin de journée risquait de s'avérer longue…

Une boîte de biscuits atterrit sur son bureau. En levant les yeux, il vit Mia, à côté de lui, qui souriait gentiment.

- Désolée pour tout à l'heure… J'ai dit que je t'aiderai mais je n'ai fais que t'enfoncer. C'était pas cool de ma part. On recommence à zéro ?

- Ma foi…

- Tiens, je t'offre la boîte de biscuit alors !

Reno regarda le cadeau comme s'il s'agissait du plus beau trésor et s'empressa de l'ouvrir pour en avaler un petit gâteau sec en remerciant sa collègue, la bouche pleine. Pendant qu'il engloutissait les biscuits, elle s'accouda sur le bureau. Le menton dans les mains, elle l'observa avec un doux sourire.


Voilà pour ce premier chapitre ! J'espère qu'il vous aura plu !

N'hésitez pas à me faire part dans les commentaires de ce que vous en avez pensé (en bien ou en mal).

Je vous souhaite de bonnes fêtes de fin d'année ! (abusez pas sur le Champomy !)