Mes souvenirs sont encore flous, comme embrumés dans un réveil difficile. Mes yeux, clos sous le choc de l'impact, que j'avais tant entendus et qui s'est fait attendre, s'ouvrent péniblement.
Je regarde autour de moi la pièce étrange emplie de voiles noires dansant sous un vent fictif. Mes pieds flottent sur une brume grisâtre qui vient s'échouer sur mes orteils en volutes lascives. Mon crâne résonne encore sous le choc qui m'a plongé dans le nuage cotonneux sur lequel flotte les multiples arches de pierre ourlées de runes bleuâtres qui pulsent faiblement.
Les rideaux s'enroulent et se déroulent au rythme des pulsations en une danse amoureuse. Ils semblent tendre leurs bras vers moi. Un appel résonne au cœur de mes entrailles. Une invitation à traverser une de ses arches et retourner chez moi.
Alors, suivant mon cœur, je m'avance vers les arcades et tente de reconnaitre celle qui m'a conduit ici. Hésitant, je m'avance vers une, puis une autre. Elles sont toutes semblables, indissociables dans leur unité. Je ne sais pas combien de temps je suis resté là, les bras ballant, en les regardant. Le temps ne semble pas avoir de prise ici.
Comment rentrer chez moi et retrouver les miens? Plus que le froid lugubre qui résonne en ces lieux, plus que le temps qui me file entre les doigts, alors que le silence ne résonne d'aucun tic-tac, c'est la peur, la peur de la solitude qui me guette. Elle rode autour de moi, je la sens dans mon être quand je repense aux derniers événements.
Comment Harry va t'il s'en sortir? Il doit me croire mort. Il a vu, mieux que moi, sans doute, l'éclair vert me projeter à travers l'arche. Je ne dois pas penser à la solitude qui me ronge. Je dois trouver une solution et rentrer dans mon monde.
Une fois mon esprit obscurcit devenu plus clair, je perçois un mince tiraillement entre mes épaules à chaque fois que je passe devant une arche. Las et fourbu je tends précautionneusement les bras devant moi et d'un pas hésitant la franchit. Le temps reprendre sa place, l'horloge de la vie se remet en branle.
A la sortie du dais, c'est l'apocalypse qui m'accueille dans ses bras. Avant même d'ouvrir mes yeux, je sens la tourmente s'abattre sur moi. Une odeur de sueur rance, de vieux grenier et de suie assaille mes narines. Cependant, l'odeur principale qui me chatouille le nez est une odeur d'huile et de bois sec. Toujours les yeux clos, ne parvenant pas à les ouvrir, je cherche à distinguer ce qui se passe autour de moi. Un sort malencontreux aurait vite fait de me renvoyer d'où je viens. Des bribes de cri me parviennent, non loin de mes oreilles qui tentent péniblement de capter le moindre son. Les voix me sont inconnues. A peine cette constatation faite, que je ressens des flammes venir me lécher le corps. Multiples flammèches qui se lancent à l'assaut de mon être. Un choc m'envoi rouler au loin sur les pavés rugueux. Tout s'est passé très vite, je n'ai pas le temps de m'appesantir sur mes questions que je me retrouve dos contre terre.
Le souffle coupé, je sens la pièce tourner autour de moi sous le choc. Le dos contre la pierre froide et les yeux levés au ciel, je contemple le plafond d'un air vide. Je ne reconnais pas le dôme de la salle du ministère. Mon cerveau tente d'assimiler tout ce qui se passe, mais sans succès. J'aperçois alors une masse du coin de l'œil
Un petit homme git à côté de moi. Le renâclement d'un cheval à ma gauche achève de me rendre perplexe, quant à un possible retour dans la salle du ministère de la magie. Et même dans n'importe quel endroit magique que je connais.
Un homme à la longue barbe blanche se penche au-dessus de moi. Il pourrait passer pour un cousin de Dumbledore s'il n'avait pas cette sorte de bâton blanc qui menace de me donner un coup et me renvoyer aussitôt dans la salle cotonneuse remplie d'arches.
Sa voix chaude et pourtant aussi tranchante que la pierre me fait frissonner, tandis que l'étrange homme m'aide à me relever.
Un mot, un seul mot, un nom qu'il vient de prononcer suivit d'une question sur ma santé achève de me consterner.
Mais où ai-je bien put atterrir? Et qui es ce Faramir?
Je m'évanouis sous l'émotion et la fatigue emportant avec moi une odeur de fumé acre et de chair humaine.
