C'est mon travail d'écriture de l'année passée...

Il y a des choses qui ne seront jamais dites et encore moins écrites. Et d'autres choses que l'on pourra dire un jour, par des mots, un geste ou un regard…

Il y a des choses que nous laisserons à jamais dans notre cœur, sans jamais les dévoiler. Beaucoup de choses qui resteront secrètes, beaucoup de rêves ne se réaliseront jamais. Certaines vérités ne seront jamais découvertes. Certains mystères ne seront jamais dévoilés… Je ne peux aller contre ces lois, mais ce secret est encore un trop lourd fardeau pour moi. Il faut que je me libère… Je vais écrire cette histoire, puis je brûlerai ces feuilles.

Voici comment tout a commencé :

Chapitre1

J'essayais de résoudre une équation quand un océan de nombres et de signes me submergea. Depuis déjà quelques cours, l'eau avait commencé à monter. Je me débattis pour essayer de remonter à la surface, mais réussis juste à m'enfoncer un peu plus. L'eau était glacée. Elle prenait doucement possession de mes membres, me condamnant à l'immobilité. Je criai et un « 5 », un « x » et un « » s'engouffrèrent dans ma bouche. Alors que tout me semblait perdu, une main puissante me saisit et me remonta à la surface.

Lorsque je fus enfin au sec, je vis deux grands yeux noirs qui me fixaient. Argh ! Mon prof ! Je faillis m'étrangler de peur et de surprise.

- « Alors ? me demanda-t-il.

Ben… heu… je..

Je vois! Voilà ce qui arrive quand on ne se rattrape pas à temps !

Ben oui, mais je…

Vous me ferez cette page pour demain, dit-il en me donnant une feuille remplie d'équations. Maintenant filez à l'infirmerie et ne me faites plus jamais ça ! »

Il prononça ces derniers mots en me fusillant du regard. Je balbutiai quelque chose, pris mes affaires et sortis de la classe.

Je restai là, devant la porte, hébétée. Je ne repris mes esprits qu'en entendant quelque chose tomber dans la classe. Je me rendis à grande peine à l'infirmerie, après être passée deux fois devant sans la voir. L'infirmière qui se trouvait là, m'assit dans un fauteuil et me donna une petite pastille bleue à sucer.

Quelques minutes plus tard, tout s'éclaircit. Je sentis la chaleur circuler dans mes membres et je fus de nouveau d'aplomb. L'infirmière me donna encore une autre petite pastille bleue, à prendre dans dix minutes, et me conseilla d'aller prendre l'air.

Une fois dehors, je marchai lentement le long du grand bâtiment gris qu'était l'école. L'air était frais pour la saison. Le vent d'octobre balayait les feuilles mortes et les amenait au-delà le petit chemin en béton sur lequel je marchais. Quelques arbres trônaient sur la pelouse qui bordait le chemin.

Arrivée derrière le bâtiment, je m'assis sur un banc. Comme le contact du bois me refroidit, je suçai la deuxième petite pastille bleue pour me réchauffer et laissai errer mon esprit tout en regardant un petit oiseau qui sautillait dans l'herbe. Ce dernier m'aperçut et vint se poser à coté de moi, sur le banc.

– « Bonjour ! fit-il de sa petite voix sifflante.

Salut, dis-je d'une voix morne.

Pourquoi es-tu ici ? Tu ne devrais pas être en cours ?

Si, mais j'ai failli me noyer dans une équation !

Oooh ! fit-il d'un ton mi-étonné, mi-admiratif. Et comment était-ce ? »

Je commençai à m'énerver. J'étais fatiguée et ce petit oiseau de malheur venait m'embêter avec ses bêtes questions ! Je répondis quand même, irritée :

« C'est froid, c'est plein de chiffres, de lettres et de signes et ce n'est franchement pas agréable ! »

Puis, je lui tournai le dos, affichant clairement que la discussion était close. Mais ce petit oiseau bavard n'allait pas me lâcher comme ça. Il continua comme si de rien n'était et me demanda comment je m'appelais. Je lui répondis à contre cœur que je m'appelais Jade, espérant que si je lui répondais, il partirait. En vain.

– « En quelle année es-tu ?

Quatrième…

Et qu'est-ce que tu aimes dans la vie ?

QU'ON ME FICHE LA PAIX ! »

J'étais à bout de nerfs.

- « Ecoute-moi bien petit oiseau, tu as peut-être envie de parler mais moi je suis épuisée ! J'ai un cours de sciences dans un quart d'heure et si tu n'arrêtes pas je vais devenir dingue, j'aurai mal à la tête, je serai énervée et je ne comprendrai rien du tout ! Alors, TAIS-TOI ! »

Les mots que je lui avais jetés à la figure le percutèrent de plein fouet et il tomba du banc. Prise de remords en le voyant couché à terre, je l'aidai à se relever et m'excusai. Complètement sonné, il alla se poser au sommet d'un arbre, se cognant au passage deux ou trois fois à la même branche. Ayant de nouveau la paix, je me calmai.

Lorsque la cloche sonna, je me rendis à mon casier et pris mes livres de sciences. Juste au moment où je le refermais, Din, un gars de cinquième que j'aimais bien, se glissa derrière moi.

- « Salut ! »

Je sursautai et me retournai :

« Salut ! répondis-je un peu surprise et intimidée car je ne lui avais parlé que deux ou trois fois auparavant.

J'ai eu des échos sur ce qui s'est passé en math ! Ca va mieux ?

Ouais, ça va ! »

Il sembla hésiter un moment, puis se lança :

- « Si tu veux, heu… je pourrais t'expliquer des équations !

Ca m'aiderait beaucoup ! »

Comme soulagé, il se mit à sourire.

« Et… tu fais quelque chose cet aprèm. ?

Non.

On pourrait se voir pour que je t'aide ! » proposa-t-il.

J'acquiesçai. Nous nous fixâmes rendez-vous à 15 heures sur la place, devant la statue hurlante de Mlle Criarde pour aller au Bill James, café fréquenté par les ados

« Bon, ben… à tantôt alors ! » dis-je en m'éloignant.

Le cours de sciences passa à la vitesse de la lumière. J'eus à peine le temps de m'asseoir et de résoudre deux problèmes de forces que la sonnerie retentissait déjà. Liv, ma meilleure amie qui était pourtant bavarde, avait juste eu le temps de me demander si j'allais mieux. En sortant de la classe, je lui dis :

- « J'ai rendez-vous avec Din cet après-midi ! Il doit m'expliquer des équations !

- C'est génial, mais n'oublies pas que nous allons au cinéma à 17 heures !

- « Oh merde ! J'ai complètement oublié !

C'est pas grave ! Si jamais il n'a qu'à venir aussi, comme ça tu nous le présenteras ! » dit-elle en me faisant un petit clin d'œil.

Alors que nous nous dirigeâmes vers la classe de français, son petit ami, Kyle, surgit devant nous.

- « Salut les filles !

Salut ! » répondîmes-nous en chœur.

Kyle, s'adressant à moi :

- « Je peux t'emprunter Liv deux secondes ? »

J'acquiesçai et Liv me fit signe qu'elle me rejoindrait au cours de français.

Cinq minutes plus tard, elle venait s'asseoir à coté de moi en classe. Un sourire radieux illuminait son visage.

- « Qu'est-ce qu'il y a ? » eus-je le temps de lui demander avant que le prof n'entre dans la classe.

Elle me chuchota:

- « Il a réussi à avoir des places pour le concert de Zher! »

- C'est pas vrai !

- Siii !

Soudain, je vis une grosse tête toute rouge juste en face de nous !

- « Je ne vous dérange pas ? »

Je ne sais pas pourquoi, mais j'eus soudain envie de rire.

- « Qu'y a-t-il de si drôle ? »

Ca y était ! Je ne pouvais plus m'arrêter ! Liv à côté de moi essayait de me calmer, mais rien n'y faisait. Alors le prof dit :

- « Hum ! Peut-être qu'une retenue pourrait vous calmer… »

Aussitôt, mon rire s'arrêta. Il n'y a pas à dire, il est doué pour me calmer celui-là !

- « Voilà qui est mieux ! »

Et il commença son cours.

A 13 heures, la sonnerie retentit. Liv me prit par le bras et m'emmena à l'entrée du lycée où ma mère m'attendait dans la voiture.

-« Monte vite ! me dit-elle

Je montai à l'avant et dit : « Bonjour quand même !

Oui, oui ! » me répondit-elle distraitement.

Je lui annonçai que j'avais failli me noyer dans une équation et que j'allais voir un copain à 15 heures pour qu'il m'en explique. Je lui rappelai également que j'allais au cinéma à 17 heures.

« Ok. »

Je fus surprise de sa réponse. Je savais que ma mère n'était pas très bavarde quand elle était pressée et qu'elle mourait de faim, mais de là à ne pas réagir ! Bon, c'est vrai qu'elle était toute pâle et semblait à bout de force. Lorsqu'elle était dans cet état là, elle aurait avalé n'importe quoi. D'ailleurs, elle avait déjà commencé à manger le cuir qui recouvrait le volant car on y voyait la trace de ses dents.

- « Ca va ? » lui demandais-je, un peu inquiète.

Elle mordit dans le volant, mâcha et me fit un grand sourire :

- « Oui ça va et toi ? »

Je réussis à faire un rictus et acquiesçai.

Arrivées à la maison, ma mère prépara en vitesse des rats-violis, chaire de rats bouillis ; oui je sais, c'est dégueulasse ; entourée d'une pâte alimentaire et baignant dans de la sauce tomate. Je mangeai à toute vitesse, puis montai dans ma chambre.

Là, je me précipitai sur mon ordinateur portable, allumé en permanence. Un message masquait la moitié de l'écran. C'était Néo. Il disait qu'il ne pourrait plus me contacter pendant un certain temps. Il ne voulait pas que je m'inquiète et il m'expliquera plus tard.

Je fus déçue. J'avais très envie de lui parler et de lui poser toutes les questions qui m'étaient survenues dans la journée. Je me rendis tout de même sur le site privé où je l'avais rencontré. Peut-être que quelqu'un saurait me dire ce qu'il se passait. A ma grande surprise, le site avait disparu ! Il ne me restait plus qu'à attendre que Néo me contacte.

Je fis donc mes devoirs jusqu'à l'heure de mon rendez-vous avec Din, où je me rendis devant la statue hurlante avec ma feuille de math, un bloc de feuilles et de quoi écrire, le tout dans mon sac « Aspouk ».

A peine fus-je arrivée devant la statue que celle-ci, encore endormie, s'éveilla en sursaut et poussa un hurlement à me percer les tympans. Je me plaquai immédiatement les mains sur les oreilles. « Et zut ! me dis-je. Si je reste ici, elle va réellement me percer les tympans, mais si je bouge, Din risque de ne pas ma trouver ! » Je décidai de rester et de bâillonner la Criarde. Je cherchai autour de moi quelque chose qui puisse servir de bâillon. Je trouvai une vieille écharpe qui traînait par terre. Je la pris, tout en essayant de garder les oreilles bouchées, et m'approchai de la statue par derrière. D'un geste brusque et rapide, je la bâillonna et fit un solide nœud. Je constatai avec bonheur que les hurlements stridents avaient cessé. La Criarde se débattait en geignant pour essayer de retirer son bâillon, mais en vain. A chaque fois qu'elle tirait dessus, il se resserrait un peu plus. Elle finit par abandonner et par me fixer d'une œillade assassine. Je lui fis un grand sourire narquois et satisfait.

Quelques minutes plus tard, Din arriva. Dès qu'il aperçut la statue hurlante, qui ne hurlait plus, il éclata de rire.

- « C'est toi qui lui as mis ça ?

Et oui ! » répondis-je en riant aussi.

Il rit de plus belle et la Criarde le regarda, outrée. Puis nous entrâmes au « Bill James » en nous tenant les côtes tellement nous riions. Le « Bill James » était un café réservé aux jeunes qui ne servait pas de boissons alcoolisées de plus de 5 et en petite quantité. Jake et moi y allions souvent et emmenions parfois Liv et Kyle. C'était un de nos endroits préférés avec nos maisons, notre cachette dans le parc, connue seulement par moi et Jake, et le cinéma. Une ambiance chaleureuse y régnait. Il y avait un billard, deux baby-foot et des fauteuils placés autour de petites tables. Nous nous installâmes dans un fauteuil mis dans un coin de la pièce et commandâmes deux « Roulé-boulé », une spécialité de la maison à base de jus de bananes. Nous parlâmes un peu de tout et de rien avant de recevoir notre commande. Puis je sortis mes affaires et il commença à m'expliquer. Miracle ! Avec lui l'eau ne montait pas du tout, elle descendait !

Quand nous eûmes fini toute la feuille, il n'y avait plus aucune trace d'eau et j'avais tout compris !

- « Je ne sais pas comment te remercier ! lui dis-je

En faisant une partie de baby-foot avec moi ! me répondit-il en souriant.

OK ! »

Il me prit par le bras et nous nous dirigeâmes vers un baby-foot. Deux gars de 16 ans qui venait souvent ici s'apprêtaient à commencer une partie.

- « Vous jouez contre nous ? » leur demanda Din.

Ils échangèrent un regard entre eux et le plus grand finit par dire : « Ok ! »

La partie se déroula à toute vitesse. A chaque fois que nous marquions, nous sautions de joie et nous nous tapions dans la main. La partie s'acheva à 10-7 pour nous. Je sautai dans ses bras et il me souleva. Nos adversaires, qui râlaient, partirent en vitesse. Din me reposa sur le sol et nos visages devinrent proches. Tellement proches que je pouvais sentir son souffle sur ma peau. Je plongeai dans ses yeux d'un bleu intense et me retrouvai dans l'eau pour la deuxième fois de la journée. Mais, cette fois-ci, c'était agréable. L'eau était tiède et me léchait le corps tout en me gardant à la surface. Son visage se rapprocha encore et nos lèvres se frôlèrent. Puis il me sourit, ses yeux perdus dans les miens.

Quelques instants plus tard, nous sortions du café, après qu'il ait payé l'addition et que j'aie rassemblé mes affaires. Nous passâmes, bras dessus bras dessous, devant la statue hurlante qui était toujours bâillonnée et marchâmes longtemps, sans rien dire.

Ce fut moi qui rompis le silence : « J'ai oublié de te dire, je dois aller au cinéma à 17 heures avec mes amis et j'ai promis à Liv d'y aller ! Tu peux venir avec nous si tu veux !

Il me sourit et me dit que ça lui ferait plaisir de rencontrer mes amis. Puis il regarda sa montre et dit : « Il est cinq heures moins dix, on ferait peut-être bien d'y aller ! »

J'acquiesçai

Devant le cinéma, Liv, Jake et Kyle nous attendaient. Je leur présentai Din. Tous l'accueillirent avec enthousiasme, excepté Kyle qui, je ne sais pourquoi, ne semblait pas l'aimer.

- « Et, qu'est-ce qu'on va voir? demanda Din.

On ne sait pas encore, il faut qu'on choisisse ! répondit Jake.

Moi je veux voir « The zone »! dit Kyle

Oh non ! Pas encore un film d'horreur ! On en a déjà vu un la dernière fois ! s'exclama Liv

Et « Le gouffre »? demanda Kyle.

Ca a l'air nul ! dit Jake

Et pourquoi pas « Chais pas moi ! » demandais-je.

Tous approuvèrent, sauf Kyle.

Comme la séance allait commencer, nous nous dépêchâmes de payer nos places et de nous installer. Je me retrouvai assise entre Din et Liv. Les lumières s'éteignirent et le film commença.

Nous ressortîmes deux heures plus tard, tout à fait satisfaits… sauf Kyle évidemment ! Il n'avait pas arrêté de râler durant tout le film.

- « J'ai adoré ! s'exclama Jake

Moi aussi ! » dîmes-nous en chœur, Liv et moi.

Kyle tira Liv par le bras et bougonna : « Viens, on s'en va ! »

Elle le regarda bizarrement, haussa les épaules et nous dit au revoir.

- « Il est toujours comme ça ? » me demanda Din.

Je hochai négativement la tête. Nous nous dîmes à demain et je rentrai chez moi.

En rentrant dans ma chambre, je jetai un coup d'œil sur l'écran du PC, espérant avoir des nouvelles de Néo. Hélas, j'avais reçu un émail mais pas de lui. Il était de Kirk, un gars que je n'avais jamais vu et dont je me contrefichais, mais qui s'obstinait à vouloir me parler. Je l'avais déjà bloqué sur la messagerie instantanée mais il continuait à m'envoyer des messages que je supprimais sans lire.