Quand Sasuke avait reçu son bulletin, il s'était empressé de le lire. Il était premier de la classe et cela le rendait fou de joie. Il avait couru hors de l'Académie et était rentré chez lui, le cœur bondissant d'impatience.
Lorsqu'il était rentré, il avait sauté dans les bras de sa mère, qui l'avait embrassé et félicité. Après lui avoir pansé les égratignures qu'il s'était fait à un entrainement, elle l'avait envoyé prendre un bain et se préparer à dîner.
Son père et son frère étaient revenus ensemble, l'un du travail et l'autre d'une mission. Ils s'étaient mis à table et Mikoto leur avait servit le plat préféré de Sasuke.
Puis, après le souper, Fugaku avait terminé sa paperasse et avait fait appeler ses fils dans son bureau. Il avait félicité Itachi de la réussite de sa mission, puis l'avait congédié.
Sasuke tremblait de joie, mais il avait réussi à se contrôler. Un Uchiha doit paraitre calme en toute circonstance. Il avait tendu le bulletin à son père, et avait observé son visage inexpressif parcourir le papier, dans l'espoir d'y déceler une once d'émotion.
Son cœur battait à la chamade, et il n'avait pas pu retenir l'ombre d'un sourire. Enfin, il allait entendre les cinq mots qu'il rêvait d'entendre depuis tout petit. Enfin, son père allait lui témoigner de sa fierté et de son amour.
"Tu es bien mon fils."
Une demi-dizaine de mots qui mettaient Sasuke dans état impossible.
Fugaku lui avait rendu la feuille et avait gardé le silence durant quelques secondes. Puis il avait regardé Sasuke, et murmuré :
-Continue ainsi, et tu seras aussi doué que ton frère.
Puis il s'était levé, laissant là l'enfant de quatre ans, et était sortit de la pièce.
Ce n'est pas cinq mots qu'il a prononcé, mais dix, pense Sasuke. Un grand vide se fait dans sa tête. La phrase tourne en boucle dans son crâne.
D'un coup, il a envie de rire. De rire tellement fort que les murs en trembleraient. De rire et de pleurer à la fois.
Comment avait-il pu être idiot au point de penser que son père lui ferait ce compliment qu'il attendait tant ? Après tout, cette phrase n'était réservée qu'à Itachi, et à personne d'autre. Surtout pas à Sasuke.
En plus, son père l'avait comparé à son grand frère.
"Tu seras aussi doué que ton frère."
Pourquoi est-ce que tout tournait toujours autour d'Itachi ? Pourquoi est-ce qu'il n'arrivait pas à être aussi fort que son aîné ? Sa mère lui avait dit qu'Itachi était un génie comme on n'en voyait pas souvent. Sasuke aurait tellement voulu être un génie aussi. Juste pour entendre cette phrase.
"Tu es bien mon fils."
Il se mord la lèvre pour s'empêcher de pleurer. Un garçon ne pleure pas, surtout pas un Uchiha. Il se lève et sort à son tour.
Lorsqu'il passe devant la chambre de son frère, il ne peut s'empêcher de couler un mauvais regard en direction de la porte. Puis il se reprend. Son frère l'aime. Il ne fait pas exprès d'attirer toute l'attention de son père. Ce n'est pas sa faute.
Ce soir-là, Sasuke se couche le cœur lourd. Qu'est-ce qu'il aurait aimé entendre ces paroles.
"Tu es bien mon fils."
