Disclaimer: L'univers et les personnages appartiennent à J.K. ROWLING mais le scénario appartient à une amie, CrazyLittlePenguin, et moi-même.
L'idée nous est venue juste avant un cours de SPC - moi je vous dis, les sciences sont inspirantes - et elle s'est développée. D'un OS, nous sommes passées à une fic. Pour ne pas faire de jalouse, mdr, je poste une version avec une narration avec point de vue omniscient, et elle avec une focalisation interne. C'est donc une fic en parallèle en quelque sorte. Elle se trouve dans mes favoris pour ceux qui seraient intéressés.
Sinon, petite précision, tout ceci se passe au temps des Maraudeurs. Notre OC est loin d'être une Mary-Sue, mais dans le cas où ça "déraperait", n'hésitez pas à me le dire. J'attends vos critiques avec impatience.
En espérant que ça vous plaise :)
Prologue
Courir. Toujours plus vite, toujours plus avant. Courir. Simplement courir. Rien d'autre n'avait d'importance. Seuls comptaient le bruit assourdi de ses pas sur les pavés humides, le chuintement des gouttes d'eau sur sa peau et des flaques sous ses pieds, et le temps qui filait, bien trop rapidement à son goût. En sentant l'air glacé pénétrer dans sa gorge et ses poumons, Ann pouvait affirmer sans se tromper que l'hiver était en avance cette année. Oubliant le vent et la pluie qui lui fouettaient le visage, elle accéléra. Elle traversa une flaque d'eau boueuse qui éclaboussa ses chaussures et le bas de son long manteau noir et élimé, les maculant d'une trace marron peu engageante.
Courir. Vite, plus vite. Rien d'autre n'avait de sens. Il fallait qu'elle se dépêche. Ou bien elle finirait écrasée sous les événements passés, présents et à venir, semblables à un brasier intense la ravageant toute entière.
Entreprenant un brusque virage qui projeta une gerbe d'eau marron sale en direction du réverbère le plus proche, Ann s'engouffra dans la rue adjacente à toute vitesse. Elle aurait bien hurlé si ça l'avait fait aller plus vite.
Le ventre noué, la jeune femme qui n'était, Merlin l'en préserve, absolument pas croyante, était à deux doigts de prier d'avoir pris le chemin le plus court. Chaque seconde comptait désormais. Elle ne pouvait pas se permettre de s'égarer ou de ralentir. Alors elle accéléra encore.
Son angoisse se faisait plus vive à chaque pied posé sur le sol. Les gouttes qui tombaient autour d'elle se faisaient plus violentes mais elle n'en avait cure. Un peu de pluie n'était rien face à l'ampleur de la catastrophe qui était entrain de se dérouler.
"Cours, Ann. Cours pour les arrêter. Cours pour les empêcher de s'entretuer. Cours pour les sauver. Ils ont besoin de toi. Tu dois les sauver d'eux-mêmes!"
Trop essoufflée pour parler, elle s'encourageait mentalement, courant sans jamais s'arrêter.
Elle étouffait dans sa course folle, prise dans la tourmente de sa panique et de ses poumons en manque d'air. Elle se lançait en avant avec toute la force et tout le désespoir qui lui restaient, dans une ultime tentative de venir en aide à ceux qu'elle aimait. De longues vagues d'adrénaline la parcouraient, gorgeant ses membres faibles et tremblants d'un regain d'énergie, la poussant à courir malgré son état d'épuisement avancé.
Elle se mordit la lèvre en abordant un nouveau tournant.
"Plus vite!"
Elle vit, au loin, l'entrée de la rue où, elle le savait, ils se trouvaient, et piqua un dernier sprint, aussi dur, terrible et douloureux, qu'il était nécessaire. S'efforçant de ne pas s'écrouler, elle franchit les derniers mètres sous un ciel nuageux qui déversait sa haine et sa douleur sous forme de gouttes qui frappaient les pavés avec violence, rythmant les battements désordonnés de son cœur affolé.
Jetant un coup d'œil aux alentours, elle dut se stopper net, dérapant dans une gerbe d'eau. Elle se stabilisa de son mieux, agrippant un réverbère pour éviter de glisser en avant et de s'écraser face la première contre le sol.
Devant elle, deux hommes se faisant face.
Les deux hommes de sa vie.
Ann ferma les yeux, se demandant encore comme tout avait pu dégénérer à ce point.
Elle rouvrit les yeux, retombant sur le spectacle macabre. Des dizaines de moldus aux corps déchiquetés et fumants. Elle blêmit. Qui? Qui était la source de tous ces malheurs? Le monde qu'elle connaissait était en train de s'écrouler. Tous ses repères s'effondraient. Qui était le responsable?
Elle prit une profonde inspiration. C'était maintenant que tout se jouait. Ignorant le bruit de succion que faisaient ses pas à chaque fois qu'ils s'arrachaient de la terre boueuse, Ann se rua en avant pour le sprint le plus stressant de sa vie.
« S'il vous plaît, s'il vous plaît... non... »
La respiration hachée et décousue par les sanglots qui franchissaient désormais la frontière de ses lèvres. Les larmes et l'essoufflement ne la ralentissaient pourtant pas alors qu'elle se précipitait en direction des deux hommes de sa vie. Son corps protestait. Chaque pas, chaque inspiration était un supplice. Son sang battait à ses tempes, ses poumons en feu demandaient grâce, son cœur tambourinait dans sa poitrine comme s'il cherchait à s'en échapper. Son esprit n'était plus qu'un champs de ruines dévastées, envahit par une panique profondément vraie et douloureuse. Ne restait plus que le besoin de les sauver, intense, incontrôlable.
Sa progression était si rapide qu'elle était presque parvenue à leur niveau quand elle vit l'un des deux hommes lever sa baguette. L'autre se contenta de le regarder en riant aux éclats, comme fou. Et elle vit, comme dans un brouillard confus, le premier agiter son artefact dans un mouvement complexe, prononçant quelque chose qu'elle ne perçut pas.
-NOOOON !
Comment est-ce qu'ils avaient pu en arriver là?
Un regard paniqué. L'un des deux hommes venait de la voir. Elle ne devait pas être là. Elle ne devait pas mourir, pas maintenant, pas aujourd'hui. Elle méritait une vie longue et heureuse, emplie de bonheur. Et pour ça, il devait pouvoir la protéger. Il devait devenir plus fort. Même si cela impliquait d'envoyer celui qui fut son ami en enfer.
-Adieu.
Et le sort fut lancé, irréversible.
-NOOON!
Un rire semblable à un aboiement.
-NON! NON! Non... S'il vous plaît, non... S'il vous plaît...
Des cris et des suppliques.
Puis l'explosion, semblable à un coup de tonnerre, un bruit sourd et chaotique. Et la terreur qui menaçait de tout engloutir sur son passage. La fumée qui déroulait vicieusement ses longues tentacules, cherchant à l'étouffer.
Un visage pâle, celui du lanceur de sort. Du sang, de partout. Du sang qui giclait et éclaboussait. Salissant et souillant le sol. Il disparut dans la fournaise, s'évanouissant dans les ombres de la nuit qui tombait, recouvrant le monde comme une chape sombre, alourdie par les malheurs et la souffrance.
Ann hurla, plia sous la douleur et vomit, éructant sa faiblesse et sa douleur. Les ténèbres vinrent engourdir ses sens.
Où étaient-ils? Que leur était-il arrivé? Que se passait-il?
Son estomac se souleva face à ce chaos, ses jambes tremblèrent.
Pourquoi eux?
Ce fut le trou noir.
Oui, comment avaient-ils pu en arriver là? Comment, alors que tout allait si bien la veille encore? Comment alors qu'il y a quelques années, ils n'étaient que des étudiants insouciants et libres? Comment?
