Quelques gouttes d'encre sur les murs
Avant-propos : L'univers de la si célèbre JKR ne m'appartient pas, bien sûr. Seul l'héroine est le fruit de ma création, mais j'empreinte les personnages.
Une tente, seule au milieu des grandes plaines enneigées. Dans la forêt dénudée de feuillage, seuls quelques arbres rigoureux se dressent, menaçants, comme des barreaux de prison. Un épais brouillard s'est levé, entourant les alentours d'un épais manteau brumeux – et froid.
Solitude tenens quem amas. Ut non numquam novi vos.
Nam ut in tenebris cordis mei invenire. Indutum in manu anima moritur. Quod si locum currere.
Accende nigerrimus die me invenerit hic, qui morantur iam latet.
Quid vis latere teipsum?
Une courte pause, et le chant reprit. La voix, forte, suave et douce à la fois, parcourait la lande gelée alentour. Les rares oiseaux se taisaient, laissant place à la magnifique chanson. Comme un écho, les paroles rebondissaient sur les rochers, les arbres, amplifiant ainsi la mélodie
La solitude, c'est tenir celui qu'on aime. Quand on sait qu'on risque de ne plus jamais le tenir.
Même perdu dans les Ténèbres, mon coeur te retrouvera. L'âme meurt sous la main de celui qui la porte.
Si je pouvais trouver un endroit où fuir. La lumière du jour la plus ténébreuse me trouve ici, ceux qui attendent guettent déjà.
Comment échappe-t-on à soi-même ?
Amy se tenait dans la tente, se réchauffant auprès d'un feu de camp magique. Elle avait 17 ans, tout juste majeure. Sa longue chevelure blonde tombait en cascade sur l'une de ses épaules. Elle tenait fermement un livre, où, sur l'une des pages jaunies, étaient inscrites les paroles de la chanson. En latin et en anglais. Les dires de la complainte avaient tout un sens pour elle – pas seulement des mots nostalgiques qui faisaient une jolie musique.
La solitude, c'est tenir celui qu'on aime.Elle était seule, solitaire.
Quand on sait qu'on risque de ne plus jamais le tenir. Elle savait qu'elle ne reverrait plus son père.
Même perdu dans les Ténèbres, mon coeur te retrouvera. Elle était dans la tristesse, dans les Ténèbres. Son père avait emprunté la voie du mal. Mais elle savait que son cœur le retrouverait.
L'âme meurt sous la main de celui qui la porte. Son âme se mourait par les faits et geste de son père, un nom maudit.
Si je pouvais trouver un endroit où fuir. Oui, elle voudrait trouver un endroit où fuir de la « malédiction » de son nom.
La lumière du jour la plus ténébreuse me trouve ici, ceux qui attendent guettent déjà. Les fidèles de son père transforment la lumière du jour en une ténébreuse jumelle. Ceux qui attendent la mort de son père guettent dehors.
Comment échappe-t-on à soi-même ? Comment échappe-t-on à être la fille d'un homme que tout le monde craint, que tout le monde haït ?
Le livre possédait plusieurs de coupures de journal. Des articles parlant d'un retour éminent. Des images animées d'un jeune garçon à la cicatrice en forme d'éclair. Harry Potter.
Puis vint le portrait d'un homme au crâne chauve et aux yeux de serpent. Sur la page opposé était collé un autre portrait, du même homme néanmoins. Il était beau, charmant, séduisant.
Son père avant la montée au pouvoir.
Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. Tu-Sais-Qui. Le Mage Noir. Le Seigneur des Ténèbres. Tom Elvis Jedusor.
Lord Voldemort, autrement dit.
Durmstrang était un vaste domaine. Les étudiants nés de parents moldus n'y sont pas admis et l'institut a la réputation d'y enseigner la magie noire. Le père d'Amy l'avait inscrite à cette école car il jugeait Poudlard comme un collège trop « mixte », avec beaucoup de sang-de-bourbe et Beauxbâtons comme un collège trop doucereux et gentil.
L'institut était très grand et compte des lacs et des montagnes. Amy, enveloppée dans sa grande cape en fourrure, contemplait encore une fois, peut-être la dernière, l'école qui l'avait instruite. Le vent était mordant, si froid que la jeune fille avait du mal à ne pas greloter. Dans un soupir, elle porta son regard vers les montagnes. Amy ne savait même pas pourquoi elle était venue. Peut-être parce que c'était un endroit sentimental pour elle.
C'était également là que son paternel avait rencontré sa mère. Encore un soupir. Un énième soupir. La petite pause semi-romantique était passée.
Elle se retourna et partit dans la brume, comme elle était venue : dans un coup de vent. Il fallait qu'elle retrouve son père, il en était de sa vie.
Quelques jours plus tard, elle se trouvait dans la boutique de Barjow et Beurk. C'était une boutique vendant des objets destinés à la magie noire, située dans l'Allée des Embrumes. Le propriétaire, Mr Barjow connaissait bien son père. Cependant, par mesure de sureté, Amy avait rabattu le capuchon de sa cape sur sa tête, camouflant ainsi ses yeux verts trop reconnaissables.
- Bonjour, Mr Barjow.
- Mademoiselle ?
- Je préfère rester anonyme, répliqua-t-elle d'un ton désinvolte
- Je comprends. J'ai de nombreux clients qui préfèrent rester discrets…
Amy sauta sur l'occasion.
- Et, par hasard, dans vos clients, il n'y aurai-t-il pas un homme assez puissant ?
Le vendeur regarda la jeune fille en essayant d'apercevoir ses traits.
- De qui voulez-vous parler ?
- Je crois que vous le savez déjà, dit-elle avant un temps de silence. Je veux bien sûr parler du Seigneur des Ténèbres.
Le visage de Mr Barjow se décomposa. Son ton devint plus grave, ses yeux lancèrent des éclairs.
- Et qui êtes vous pour vouloir le contacter ?
Amy abaissa sa capuche, secoua sa tignasse brune et releva la tête, laissant ainsi la possibilité à son interlocuteur de scruter ses yeux – et de reconnaître le lien de parenté qui l'unissait à cet homme.
- Sa fille.
Amy se tenait à quelques pas derrière un fauteuil en velours noir. Elle se tenait droite, la tête de nouveau recouverte par sa coiffe. Dans la pièce, aux murs recouverts de tissu tendu, se tenait différentes personnes qui n'étaient pas inconnues à la jeune fille. Bellatrix Lestrange, Lucius Malefoy, mais aussi sa femme Narcissa, Severus Rogue et Peter Pettigrew. Tous étaient debout, de noir vêtus, encerclant Amy et l'homme assit dans le fauteuil.
La voix de l'homme s'éleva soudain.
- Heiz amena seis sei… Iz agona seis eiz ?demanda l'homme en Fourchelang
- Agona eim arg… Qui na sai ai na… répondit Amy de la même langue
Les Mangemorts se regardaient d'un air interrogateur.
- Je suis venue pour vous confier mes inquiétudes, Père, ajouta-t-elle.
Dans un claquement sonore et un courant d'air, le fauteuil tourna sur lui-même et l'homme apparu à l'adolescente.
Un visage au crâne chauve semblable à une tête de serpent se dévoila, avec deux fentes en guise de narines, des yeux rouges et luisants aux pupilles verticales, un teint si pâle qu'il semble scintiller d'une couleur nacrée. A cette vue, Amy s'agenouilla avec hâte. Un revers de main, un autre coup de vent, et le capuchon d'Amy fût rabattu.
Lord Voldemort se leva et s'avança vers sa fille. Doucement, il prit sa fille par le menton et releva sa progéniture.
- Père… murmura Amy
Voldemort ne dit rien. Il contempla seulement les yeux de sa fille. Elle a des yeux si incroyables, se dit-il, et j'avais oublié à quel point ils étaient beaux avec leurs cinq nuances de vert. En effet, Amy avait des yeux magnifiques avec différentes couleurs de vert. Trois cercles extérieurs, comme l'eau verte d'une émeraude, d'un jade et d'un bourgeon, l'iris comme une pousse tendre du printemps, et la pupille d'un vert sombre, mystérieux et envoûtant.
- Amy, ma fille…chuchota Voldemort en retour.
Ceux qui affirment que le Seigneur des Ténèbres n'est pas un sentimental se trompent. Cela faisait trop longtemps qu'il n'avait pas vu sa fille. Trop longtemps qu'il n'avait pas admirer ses yeux, sa bouche, ses cheveux. Trop longtemps, oui. La dernière fois qu'il l'avait vu, elle n'était encore qu'un petit bébé, un enfant de 3 ans à peine.
Prenant tout le monde par surprise, et surtout Bellatrix, il prit sa fille dans ses bras et la serra fort contre son cœur.
