Hello ! Pour celles et ceux qui connaissent déjà cette fic, sachez que je l'ai corrigée — définitivement,cette fois — améliorée, vaguement — très vaguement — modifiée, et j'ai retiré mes commentaires au cours de l'histoire qui, avouons-le franchement, faisaient lourd.

Voilà. Les coupures sont les mêmes, et ça reste un three-shot. Je vais publier les deux autres chapitres très rapidement, le temps de recopier les anciennes réponses aux reviews et de faire la mise en page.

Sinon, j'ai repris, presque mot pour mot, le début que m'a très gentiment proposé ombrelune, j'espère qu'il vous conviendra autant qu'il m'a plu. Il faut dire aussi, je n'étais pas inspirée par la manière de démarrer mon récit, et j'apprécie beaucoup l'aide apportée !

Pour la correction, il se trouve que j'ai décidé de revenir aux fondamentaux de l'orthographe. Je ne vais pas vous faire un cours barbant, simplement, pour les termes japonais, comme « ninja » ou « ramen » par exemple, j'ai choisi de respecter la règle française, à savoir de ne pas les accorder au pluriel, car il s'agit de termes étrangers transcrits depuis un autre alphabet. Voilà, il n'y aura donc plus de « s » aux termes d'origine japonaise !

Disclaimer : l'univers ne m'appartient pas, je remercie Kishimoto de me prêter ses personnages, promis, je lui rend sans dommage ! Seule Yuki et l'histoire en elle-même sont à moi !

Enjoy !

Bonne lecture ^^


Partie 1


Yuki, jeune fille d'une vingtaine d'années, tenait une petite maison d'hôte au sein d'un village neutre et paisible. Nul ninja n'y vivait ou n'y exerçait, ce qui faisait de ce hameau un lieu de villégiature ou de pause idéal.

Cependant, il arrive parfois des événements banals au premier abord qui ne le sont pas tant que ça, promesses d'aventures en devenir.

Ainsi, un beau jour, Yuki, qui avait hérité de la maison, gérait la propreté et toutes les attentions à apporter à ses rares clients, en plus de devoir vérifier les comptes. Vivant seule, elle n'avait néanmoins pas suffisamment d'économies pour s'offrir des possessions personnelles. Tout ce qu'elle dépensait était pour son commerce et ses besoins. Oh, il lui arrivait bien d'économiser pour s'offrir un kimono, un yukata, ou encore des parchemins et de l'encre, mais il lui fallait alors se rationner, et manger moins. Elle s'offrait même un livre ou deux, en de rares occasions, le prix du livre n'étant pas donné, loin de là.

Ainsi donc, en ce beau jour très pluvieux — ça faisait de la boue quand un client oubliait d'enlever ses chaussures, mais c'était un très beau jour ! —, le carillon de l'entrée retentit, informant la jeune propriétaire qu'un nouveau client venait de pénétrer son modeste établissement.

Assise derrière le comptoir de l'entrée, elle releva les yeux du registre qu'elle corrigeait de ses éventuelles fautes d'inattention, et demeura fascinée par la beauté de l'homme, malgré l'eau, la boue et le sang qui le maculaient.

Minute.

Le sang ?

Ah, oui, il avait un bandeau autour de son cou.

Rayé.

Un ninja déserteur.

Bon.

Ok.

Elle n'avait jamais eu affaire à un déserteur, mais à des ninja, si, alors ça ne devrait pas être trop différent. Elle conclut finalement que rester franche et naturelle était, après tout, sa marque de fabrique, et si sa manière d'être ne plaisait pas à son client, il n'avait qu'à se trouver un hôtel. Au moins, il serait sûr de ne pas être déçu. Et elle ne pourrait pas le tromper. Autant rester franche, donc.

« Bonjour, monsieur, je vous remercie d'avoir pensé à enlever vos chaussures. Je suppose que vous désirez une chambre ?

– Vous supposez bien. Une chambre. Une semaine.

– Très bien. Pour une personne ?

– Oui.

– Voulez-vous inclure le service des repas ?

– C'est-à-dire ?

– Que, si vous me le demandez dès maintenant, ou en tout cas, en avance, je peux vous préparer petit-déjeuner, déjeuner et dîner. L'établissement possède également un salon de thé. Je peux aussi vous faire du thé à toute heure de la journée, il suffit que vous me le demandiez.

– Vous n'avez pas d'employé ?

– Non. Je n'ai pas assez d'argent pour les rémunérer. Même si je n'en avais qu'un seul.

– Je vois.

– Si vous acceptez le service des repas, sachez qu'il y a un petit tarif supplémentaire, comme vous pouvez le voir sur ce parchemin. »

Et, ce faisant, Yuki déroula le parchemin en question sous les yeux de son potentiel client, qui demeurait désespérément impassible. Même ses questions étaient posées d'un ton plat et monocorde.

La jeune fille précisa :

« Les horaires y sont également indiqués.

– Ça n'est pas si cher, remarqua l'homme. Pourquoi n'augmentez-vous pas vos prix ?

– À cause de la situation politique entre les grands villages ninja, l'économie est en baisse. Si je décidais d'augmenter mes tarifs, je ferais, certes, comme les autres auberges et hôtels, mais je prendrais aussi le risque de perdre des clients. En ne changeant pas les prix, j'ai plus de chances de me faire une renommée de propriétaire honnête qui ne profite pas de la misère et d'avoir, ainsi, plus de clients.

– Hn. »

Après un temps de silence, où Yuki laissa l'homme réfléchir, elle l'interrogea, sans se montrer pressante :

« Donc, quelle formule prenez-vous ?

– Avec les repas.

– Très bien. Hum...

– Oui ?

– Vous désirez peut-être un bain ? Je peux laver vos vêtements, si vous voulez.

– Vous ne touchez pas à mes armes.

– Pas de problème. De toute façon, je ne saurais pas comment les laver.

– Y a-t-il d'autres clients ?

– Ah, eh bien non, le dernier est parti hier soir. J'allais justement entrer en période creuse. Vous comprendrez que je suis ravie de votre venue !

– Pourquoi est-ce une période creuse ?

– Eh bien, l'hiver approche, avec lui le mauvais temps, et c'est la fin des vacances, pour les rares qui en ont.

– Bien.

– Si un client arrive, je vous préviendrais.

– ...

– Vous pouvez aller vous laver, l'onsen est au bout de ce couloir, à gauche. Vous me laisserez les affaires que vous voulez que je lave devant la porte, par terre, ce sera très bien. Je vais vous préparer la chambre n°5 en attendant, elle est à l'étage, les portes sont numérotées, vous la trouverez facilement. Je ferai le ménage ensuite.

– ... »


Itachi, bien qu'il soit extérieurement impassible, était absolument sidéré par l'aisance avec laquelle la jeune propriétaire l'avait accueilli. Dans son bain, l'eau gouttant de ses longs cheveux sur sa nuque et son torse musclé, il était vaguement préoccupé.

Il était arrivé couvert de sang, et il avait remarqué la surprise sur le visage de son hôtesse, à sa vue. Il avait repéré une brève expression de soulagement passer ensuite dans ses yeux, il avait compris qu'elle avait remarqué que ce n'était pas son sang, et qu'il n'était donc pas blessé.

Mais quand même.

Il avait son col ouvert, son bandeau était visible. Elle n'avait pas pu manquer qu'il était un déserteur.

Alors, pourquoi n'avait-elle pas eu peur ? Pourquoi s'était-elle montrée si aimable ?

Certes, il était son seul client pour un temps, mais elle aurait tout de même pu tenter de le dénoncer, empocher la prime sur sa tête, et en profiter pour prendre deux ou trois employés.

Pourtant, il n'avait ressenti aucune mauvaise intention à son égard. Au contraire, même, s'il en jugeait par le premier regard qu'elle avait eu en sa direction avant de redevenir professionnelle, elle le trouvait à son goût.

Ah, oui. Il avait oublié que les Uchiwa étaient beaux à damner. Donc, qu'elle le trouve à son goût n'était que de la pure logique. Personne ne résistait au charme des Uchiwa.

Toutefois, cela n'enlevait rien au fait qu'elle savait qu'il était déserteur.

En premier lieu, l'interroger, et voir si elle était digne de confiance, même si elle lui avait fait bonne impression. Elle n'avait pas été lourde et n'avait pas insisté quand il avait refusé qu'elle touche à ses armes.

Bon point pour elle.

Un peu bavarde, mais si elle laissait filtrer des informations, ça ne pourrait être que bénéfique. Et puis, il ne la trouvait pas désagréable. Au contraire.

Hem. Bref. Ne pas s'égarer. Il réfréna la rougeur qui tentait de s'étaler sur ses joues et y parvint sans mal, grâce à la force que confère l'habitude.

Ensuite, utiliser un faux nom. Elle était gentille, mais si elle se faisait interroger, elle dirait ce qu'elle saurait, même si elle ne le voulait pas, elle avait l'air de laisser filtrer des informations un peu trop naturellement. De plus, elle n'était qu'une civile, et ne résisterait pas à un interrogatoire.

Par conséquent, prudence.


Pendant ce temps, Yuki avait fait ce qu'elle avait annoncé, à savoir passer la serpillière sur le parquet recouvert de sang et de boue, et préparer sa chambre. Il lui restait à laver les vêtements de son client, qu'elle avait rassemblés avec un autre tas de linge sale, son précédent client lui en ayant emprunté. Sa chambre, donc.

La n°5. Son chiffre préféré.

La plus belle, la mieux placée, la plus fonctionnelle, la plus pratique, celle qui bénéficiait le plus de la lumière du soleil — enfin, quand il y en avait —, et qui avait la plus belle vue.

La jeune fille avait même eu le temps de sortir des vêtements masculins propres à peu près adaptés à la taille de l'homme. Elle l'avait mal vu, à cause de la faible luminosité, malgré le fait qu'ils soient en plein milieu d'après-midi, mais elle avait acquis la capacité de jauger grossièrement la taille d'une personne, juste en regardant sa silhouette. Pour les clients qui ont besoin d'une tenue de rechange après le bain. Ou les ninjas qui détruisent leurs tenues à cause de combats trop violents.

Son client arriva dans le couloir, vêtu du kimono de coton noir d'intérieur qu'elle lui avait laissé, alors qu'elle sortait de la chambre. Elle venait de finir cette partie-là, mais il lui restait encore de quoi faire.

« Le kimono vous convient, monsieur ?

– Oui. La couleur est parfaite.

– Tant mieux, sourit la jeune fille. Oh, au fait, que voulez-vous pour le dîner, ce soir ? Et que prenez-vous, au petit-déjeuner ?

– Je mange de tout.

– Oui, mais vous avez peut-être une envie particulière ?

– Un bol de ramen.

– Très bien.

– ... »

Yuki rajusta son panier qui glissait sur sa hanche, et Itachi haussa un sourcil, voyant qu'elle allait ajouter autre chose.

« Parmi les horaires, à quelle heure désirez-vous être servi ?

– Huit heures et demie.

– Bien. Bonne fin d'après-midi, alors, et à ce soir. »

Alors qu'elle faisait demi-tour, son panier de linge sale dans les bras, le ninja la retint par l'épaule, doucement. La jeune fille tourna la tête, surprise, et plongea involontairement dans l'onyx de ses yeux. Elle fut soufflée par l'intensité de son regard.

Un ange passa et s'écrasa contre le carreau, sans qu'aucun des deux y prête la moindre attention.

Itachi était étonné et fasciné. Cette fille représentait la banalité, dans son état le plus pur, avec ses grands yeux chocolat noisette, ses longs cheveux bruns ondulés, son nez ni gros ni petit, juste la taille qu'il faut, une taille moyenne, un petit ventre. Le ninja remarqua qu'elle n'était pas en surpoids, elle était parfaitement proportionnée, mais elle manquait d'endurance physique, elle n'était absolument pas sportive. Il était même prêt à parier qu'elle détestait ça.

« Euh... Oui ? Qu'y a-t-il ?

– Pourquoi n'avez-vous pas eu peur ?

– Hein ? Comment cela ?

– Je suis un ninja déserteur, vous avez vu mon bandeau et avez compris en me voyant. Pourquoi n'avez-vous pas eu peur ?

– Eh bien, parce que vous êtes un client.

– Comment ça ?

– Eh bien... Comment dire ? Vous n'êtes pas là pour me tuer, mais pour vous reposer, ou pour mettre en place un plan, ou que sais-je encore ! Seulement, la seule chose qui compte pour moi, c'est que vous êtes un client. Peu m'importe d'où vous venez, qui vous êtes, ou quel est votre métier. Je suis soumise au secret professionnel. Et puis, tant que vous payez, le reste ne m'intéresse pas. Peu importe le système en place, ça ne change rien pour moi.

– Hn.

– Et puis, si vous aviez voulu me faire du mal, vous l'auriez déjà fait.

– Vous êtes intelligente.

– Ah ? Merci... rougit la jeune fille, embarrassée.

– Me dénoncerez-vous ?

– Q-quoi ?

– Allez-vous me livrer aux autorités ?

– Pourquoi ferais-je ça ?

– Pour l'argent.

– Il y a une prime sur votre tête ?

– Sur la tête de tous les déserteurs.

– Ah. Je ne savais pas.

– Dans quel monde vivez-vous ?

– Hum ? Monde ? Le mien. Vous savez, en-dehors des affaires de ma maison, je m'intéresse très peu au monde extérieur. Je sais ce qu'il se passe de manière générale, bien sûr, je me renseigne un minimum, mais à part ça...

– ...

– Mais, même en sachant maintenant qu'il y a une prime sur votre tête, je ne vous dénoncerai pas.

– Pourquoi ?

– Et pourquoi le ferais-je ? Je vous aime bien, moi. Vous n'êtes pas très causant, mais c'est vrai aussi que je parle pour deux. Et puis, j'aime bien parler, certes, mais j'aime aussi les moments de silence. Et avec vous, le silence a une signification. Vous exprimez des choses, rien que par vos yeux. Moi, je ne sais pas si j'en suis capable. C'est pour ça que je vous apprécie.

– ...

– Et puis, si j'avais eu envie de vous dénoncer, j'y aurais renoncé. Parce que je suis une civile, et vous êtes un ninja. Déserteur, certes, mais un ninja tout de même. En plus, vu la quantité de sang dont vous étiez couvert quand vous êtes arrivé, ça ne m'étonnerait pas que vous soyez redoutable. Vous n'étiez même pas blessé. Du coup, je serais incapable de faire quoi que ce soit contre vous, même si je le voulais.

– ...

– Bon, je vais laver ce linge, le mettre à sécher, puis préparer le dîner.

– Hn.

– Oh, tant que j'y pense, étant donné que vous êtes mon seul client, vous mangerez seul. Voulez-vous qu'on dîne ensemble ? Ce serait bête de manger seuls, on est deux dans la même maison. Enfin, sauf si vous ne voulez pas, bien sûr...

– Je veux bien. J'aime bien écouter les gens parler.

– Oh ? C'est gentil. Merci. Mais si vous trouvez que je parle trop, n'hésitez pas à me le dire. Parfois... Non, à chaque fois, je ne me rends jamais compte quand j'ennuie les personnes auxquelles je parle. Alors n'hésitez pas à me dire si je deviens soûlante. Je ne me vexerai pas.

– ... D'accord.

– Bien, alors à tout à l'heure ! »

La jeune fille repartit, guillerette d'avoir obtenu un dîner avec « son beau client », et alla finir ses corvées ménagères.


L'heure de dîner approchant, le ninja alla dans la salle à manger et s'installa, patientant tranquillement. L'atmosphère en ces lieux était véritablement relaxante. Il attendit une dizaine de minutes, avant que la cuisinière arrive avec les plats, car elle avait déjà mis la table.

Elle bafouilla des excuses, croyant être en retard, mais il la rassura, c'était lui qui était en avance. Il ajouta que le repas sentait très bon. Elle rougit. Déposa les plats, avant de devenir maladroite sous la gène. S'assit à son tour. Il sourit intérieurement. Lui demanda si elle n'avait rien oublié. Elle observa attentivement la table, vérifiant ce qui pouvait manquer. Devint cramoisie et se leva précipitamment pour courir à la cuisine. Revint avec les baguettes. Il sourit, de manière visible cette fois. Elle rit, se moqua d'elle-même. Lui dit que c'était mesquin, bas, vil, de se moquer d'elle de cette façon. Néanmoins, son sourire et le pétillement de ses yeux la contredisaient.

Ils commencèrent à manger en silence, avant que la jeune fille réalise quelque chose de tellement évident que ça lui était passé sous le nez.

« Au fait...

– Hm ?

– Comment, euh, comment vous appelez-vous ?

– Je commençais à croire que vous n'alliez jamais me le demander.

– Oh ça va, hein !

– Kaito.

– Kaito...?

– Juste Kaito.

– Bien, monsieur Kaito.

– Et vous ? Quel est votre nom ?

– Yuki Mitsuki.

– Joli nom.

– Merci. Mais j'espère que vous ne repartirez pas sans payer. [1]

– Très drôle.

– Désolée. Mais avouez que c'était facile.

– Certes.

– Et les ramens, comment les trouvez-vous ? Si c'est trop salé, ou pas assez, trop chaud ou trop froid, s'il n'y a pas assez de légumes, ou de viande par rapport aux nouilles, ou si...

– Non, c'est délicieux. Si je n'aime pas, je n'hésite pas à le dire. Si je ne dis rien, c'est que ça me convient parfaitement.

– Ah, très bien. Tant mieux. Et pour le petit-déjeuner, que prenez-vous ?

– Classique. Riz et soupe.

– Je peux vous faire du riz au lait, ou de l'omerice, aussi. [2]

– Peu importe, si c'est mangeable et non empoisonné, je mange de tout.

– Je n'ai pas l'intention de vous empoisonner, enfin ! »

Yuki était scandalisée. Pensait-il vraiment ça d'elle ? Ce fut à ce moment qu'elle vit son sourire — si on peut appeler son léger retroussement de lèvres un « sourire »—, et comprit qu'il se moquait d'elle.

« Oh, vous alors !

– Je n'ai rien fait, voyons.

– Vraiment ? Sous-entendre que je pourrais tenter de vous tuer, ce n'est rien, selon vous ?

– Je n'ai fait que constater un fait.

– Mais personne n'irait manger un plat empoisonné ! Ce n'est même pas de la logique, mais du bon sens ! Et enlevez ce foutu micro-sourire de vos lèvres, vous vous êtes assez foutu de moi comme ça, Kaito-san !

– Micro-sourire ?

- Euh... Eh bien... C'est-à-dire que...

– Je n'aime pas les gens qui mentent.

– Alors vous m'appréciez ? conclut la jeune fille.

– Hn. »

Elle pouffa, amusée de la réserve de l'homme. Il lui fit remarquer que les ramen se mangeaient chauds. Elle éclata franchement de rire, se tenant le ventre, les larmes aux yeux. Il leva un sourcil, sceptique quant à la cause de l'hilarité de son hôtesse. Elle remarqua son expression, ou plutôt la hauteur anormale de son sourcil. Inspira pour se calmer. Expira. Pouffa. Recommença à respirer profondément. Parvint enfin à être à peu près calme. Expliqua la cause de son fou rire à son client.

« Vous changez de sujet si facilement. Me parler du plat, alors que je vous demande si vous m'appréciez, j'adore !

– ...

– Vous avez raison, pour les ramen, mais j'attend quand même que ça refroidisse un peu. Je me brûle la langue quand c'est bouillant.

– Je vois.

– Au fait, êtes-vous bien installé dans votre chambre ?

– Oui. C'est parfait.

– Bien. Tant mieux. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas à me demander, tant que c'est dans la mesure de mes moyens.

– Merci. »

Après quelques minutes, où chacun mangea en silence, Yuki entama quelques explications qu'elle jugeait, sinon nécessaires, du moins importantes :

« Les habitants de notre village ne se mêlent pas de politique, ni d'affaires ninja, et moi non plus, ce qui fait que personne ne vous posera de question, mais je peux faire des emplettes pour vous. Je ferai les courses demain, dans l'après-midi, alors si vous avez besoin de quelque chose, dites-le-moi.

– Du riz.

– Quelle quantité ?

– Un kilo.

– Très bien. Autre chose ?

– Non. Dites-moi le prix du riz, et je le paye.

– Oh, je ne le connais pas parfaitement. Je l'achèterai demain, et vous dirai le prix ensuite, d'accord ?

– Hn. On fait comme ça.

– ...

– ...

– Un kilo de riz, des boulettes de viande, des sauces, des nouilles, des légumes, des vêtements masculins...

– Que faites-vous ?

– J'écris la liste de mes courses. »

Cette fois-ci, le silence fut coupé par Itachi :

« Avez-vous un couteau de cuisine ?

– Oui, bien sûr, plusieurs, même. Pourquoi en avez-vous besoin ?

– Affûter mes armes.

– Oh. D'accord. Euh... Est-ce que vous pourriez affûter mes ustensiles de cuisine, s'il-vous-plaît ? Je n'ai jamais su comment faire.

– Je peux vous apprendre.

– Vraiment ? Eh bien, merci !

– ... Comment avez-vous fait pour finir de manger, alors que vous n'arrêtez pas de parler ?

– Heu... Aucune idée. J'ai mangé sans réfléchir.

– ... »

Le brun était stupéfait, une fois de plus. Amusé et agacé en même temps. Cette fille était agréable, vraiment, mais à cause de cela, il baissait sa garde. Trop dangereux. Il fallait y remédier. Et très vite.

La demoiselle se leva, annonçant sa volonté de débarrasser la table, les deux convives ayant achevé leur dîner. Il ne bougea pas, la dévisageant. Il était client, et n'avait pas à l'aider. Elle lui demanda s'il voulait qu'elle prépare un thé et éventuellement des gâteaux, en dessert. Il accepta le thé, mais refusa les gâteaux. Elle s'inclina, rassembla adroitement les couverts et les restes, de manière à ne pas avoir besoin de faire d'aller-retour inutilement.

Elle revint une dizaine de minutes plus tard, avec un service à thé complet, sans les gâteaux. Elle le déposa, s'inclina, et s'assit face au jeune homme, silencieusement. Le temps de parler était passé. Elle servit les tasses, n'interrompant le silence que pour demander à son client s'il prenait du sucre ou du lait avec son thé. Il demanda un sucre, mais pas de lait. Elle-même prit trois sucres et un nuage de lait avec le thé, qui était du thé noir. Ils burent tranquillement, jouissant du calme et du repos que leur apportait cette atmosphère détendue.

Yuki buvait à petites gorgées, prenant garde à ne pas se brûler la langue, soufflant doucement à la surface de sa tasse. Le liquide chaud et sucré coulait lentement le long de sa gorge, la réchauffant, comme ses petites mains autour de la tasse. Ses doigts s'engourdissaient, elle ferma les yeux pour boire afin de mieux se concentrer sur ses sensations. Une douce torpeur l'envahissait peu à peu. Elle sourit, se sentant parfaitement bien ainsi, dans cette fraîcheur nocturne, son kimono violet foncé en coton, sa tasse et ses gorgées la réchauffant agréablement.

Le silence était apaisant.

Itachi l'observait tout en buvant, profitant de ce moment de calme après les combats qu'il avait menés. Il faudrait qu'il songe à parler de cet endroit à ses collègues de l'Akatsuki. Surtout Kakuzu, en fait. Lui qui veillait aux dépenses du groupe, en tant que trésorier, serait ravi de découvrir un lieu où il n'y avait aucune augmentation de prix. Et même, les tarifs ici étaient modestes. Certes, ce village était plutôt isolé et n'avait pas d'attraction particulière à offrir, mais c'était un lieu de passage obligé pour ceux qui ne prenaient que les routes. Il faudrait qu'il trouve le nom de ce lieu, s'il voulait en parler aux autres.

C'est ce qu'il allait faire.

« Yuki-san ?

– ... Oui ? demanda celle-ci, ouvrant doucement les yeux.

– Quel est le nom de ce village ?

– Le nom ?

– Oui.

– Vous devez bien être le premier à me demander ça. Vous savez, ce village n'a strictement aucun intérêt particulier. La plupart des gens qui y passent oublient son nom après en être partis.

– Je veux savoir.

– Oui, désolée. Son nom est Kaze no Kuni.

– Le village du vent ? [3]

– Oui, comme c'est un lieu de passage, on estime que les visiteurs sont comme des courants d'air. C'est dire l'importance qu'a notre village.

– Sarcastique ?

– Un peu. Mais bon, au moins, on a une vie tranquille, ici. Et puis, on est neutre. Vu qu'on ne se mêle pas de politique, on ne subit pas la guerre, sauf pour la crise et les périodes creuses, comme maintenant. Et tout le monde est libre de passer par ici.

– Hn. »

Le silence reprit ses droits, toujours apaisant.

Yuki acheva de boire sa tasse, toujours à petites gorgées, les yeux fermés, et poussa un soupir de contentement. Elle souleva ses paupières, lentement, et croisa à nouveau le regard onyx. Elle sourit, déposa sa tasse, et proposa à son client de le servir à nouveau. Il refusa, arguant qu'il ne dormirait jamais avec trop de thé, bien qu'il fut délicieux et parfaitement infusé. Elle rougit, son sourire s'accentuant sous le compliment, et le remercia. Elle se leva difficilement, les membres quelque peu engourdis, et rassembla le service sur le plateau afin de débarrasser.

Le jeune homme la remercia pour cette agréable soirée et lui souhaita une bonne nuit, se levant à son tour. Elle acquiesça, continuant à débarrasser, et lui demanda simplement à quelle heure il voulait son petit-déjeuner, et s'il le voulait dans sa chambre ou dans la salle à manger. Il répondit qu'il mangerait avec elle dans la salle à manger, entre huit et neuf heures, et partit en direction de sa chambre.

Restée seule, Yuki acheva de ranger la cuisine, fit la vaisselle, et rassembla les ustensiles et la nourriture dont elle aurait besoin pour préparer le premier repas de la journée du lendemain. Elle alla ensuite ranger la serpillière dans l'entrée et le couloir, finissant d'éponger et de laver les restes d'eau et de sang qu'avait laissé le déserteur. Elle retourna au comptoir, rangea les clés, les registres, vérifia les comptes avant de les placer dans un coffret, qu'elle dissimula dans un tiroir à double fond.

Elle laissa échapper un bâillement, plaçant sa main devant sa bouche, et estima qu'il était grand temps qu'elle aille dormir.


Pendant ce temps, « Kaito » était allé visiter le petit village, afin de faire un repérage des lieux et trouver les emplacements stratégiques. Lorsqu'il rentra à la maison d'hôte, la jeune propriétaire était couchée et dormait déjà d'un sommeil profond. Il vit le ménage et les préparatifs pour le lendemain qu'elle avait effectués et sourit, satisfait.

Il fit attention à ne rien salir ni rien déranger et retourna dans sa chambre, comme une ombre.


Le lendemain, Yuki se leva, passa à la salle d'eau faire une rapide toilette, s'habilla, et alla préparer le petit-déjeuner.

Pendant ce temps, Itachi était lui aussi levé, à la différence près qu'il était réveillé depuis plus longtemps que son hôtesse. Depuis le lever du soleil, pour être précis. Sentant une odeur alléchante remonter de la cuisine, il descendit s'installer dans la salle à manger. Il était aux environs de huit heures et demi.

La table déjà mise, Yuki entra, portant tout le nécessaire sur un plateau, lui présenta trois bols de riz, deux soupes miso, deux portions d'omerice, ainsi que du thé vert, servi avec du sucre et du lait à côté. Elle lui précisa qu'il y avait d'autres portions en cuisine qu'elle pourrait aller chercher, s'il avait encore faim. Il la remercia, ils se souhaitèrent un bon appétit, et mangèrent tranquillement en silence.


Le reste du temps qu'ils passèrent ensemble se déroula ainsi, au même rythme tranquille, et « Kaito », au lieu d'une semaine, allongea son séjour à un mois. Aucun autre voyageur n'était passé par le petit village, Yuki n'avait ainsi pas eu d'autre client.

Lorqu'Itachi partit, ce fut parce qu'il avait été rappelé pour une mission, sans que la jeune propriétaire ne le sache, la seule information qu'il lui donna étant qu'il était passé par là pour se reposer, et qu'il avait grandement apprécié son séjour.

Elle avait souri, rougi, bafouillé qu'elle n'avait rien fait de spécial. Elle fut coupée par une main sur sa bouche, des bras autour de sa taille. Une brève étreinte, des lèvres qui s'effleurent, un souffle brûlant. Un courant d'air froid.

Il avait disparu.

Une larme, solitaire, s'égara sur la joue féminine. Elle porta ses doigts à ses lèvres, tentant de retenir la chaleur qu'elle avait ressentie. Sourit, tristement. Ferma les paupières.

Un temps.

Elle rouvrit les yeux, déterminée. L'espoir de le revoir remplaçant la tristesse, puissamment. Cria que ce n'était qu'un au revoir, pas un adieu, priant pour qu'il l'entende.

Sa prière fut exaucée sans qu'elle le sache. Il était là, sur une branche d'arbre, en lisière de la forêt bordant le village, face à l'accueillante maison. Il avait suivi toutes les émotions sur le visage de la jeune fille.

Il sourit derrière son haut col noir, enveloppé dans son long manteau noir aux nuages rouges. La vit demeurer un moment sur le seuil avant de rentrer, fermant précautionneusement la porte. Il clôt ses yeux noirs, et les rouvrit pour dévoiler deux orbes rouges bordés de noir. L'exact inverse de son manteau.

Il se coiffa de son large chapeau de paille, auquel étaient accrochées deux petites clochettes se balançant doucement, et partit.


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[1] Référence au fait que « Kaito » veut dire « voleur ».

[2] Omerice = riz + omelette. Je m'en suis fait à plusieurs reprises, et si je dois vous donner un conseil, alors le voici : avec des lardons, des oignons —ou des échalotes— cuits avec les lardons, éventuellement un fond d'ail (seulement si vous aimez), du gruyère rapé —en option—, et en épice, soit du massalé, soit du curry. Pas besoin de sel ou de poivre, les lardons et le gruyère salent naturellement, ni besoin de mettre d'huile ou de beurre, le gras des lardons suffit à ce que ça n'attache pas. Je ne suis pas la meilleure des cuisinières, mais il s'agit d'un plat simple à réaliser. Vous pouvez même rajouter une courgette, et/ou des poivrons, ou d'autres ingrédients encore ! Ce n'est qu'une base que je propose, bien sûr. Sur ce, bon appétit ^^

[3] Kaze = vent.

... Reviews, please ?