Coopération
Chapitre 1
« Bon sang mais ils sont passés où ? À tous les coups ils se sont encore perdus ! »
Les bras croisés sur la poitrine, Zoro avançait à pas rapide dans une étroite ruelle. L'équipage avait prévu de descendre fêter dans une taverne de l'île la victoire de Luffy sur Ener. Ça faisait bien un quart d'heure que Zoro marchait, et il venait de se rendre compte qu'il était seul. Depuis combien de temps, ça, il l'ignorait.
Il continua donc à chercher la taverne, et, accessoirement, ses compagnons, lorsqu'il se retrouva dans une impasse. Il poussa un juron, puis, avisant une échelle appuyée à un mur, grimpa sur les toits.
L'escrimeur se déplaçait donc un peu au hasard, n'écoutant que son sens de l'orientation, et s'égarant donc un peu plus à chaque pas.
Brusquement il crut reconnaître une voix dans le brouhaha environnant. Se rapprochant du bord, il osa un œil avant de reculer précipitamment
« Oh non pas elle ! Qu'est-ce qu'elle fout là ? Je dois être maudit, c'est pas possible ! »
Elle, c'était la sergent Tashigi, subordonnée du colonel Smocker. Un véritable cauchemars ambulant pour l'escrimeur, la jeune femme ressemblait trait pour trait à Kuina, ce qui le mettait au supplice. « Ça va aller, se répétait-il, tant que je reste sur le toit elle ne pourra pas me voir. »
Pas rassuré pour autant, il tendit l'oreille. Avec un peu de chance, la marine n'était pas encore au courant de leur présence sur cette île...
« ...et vous, Tashigi », ordonnait la voix du colonel Smocker, « vous monterez la garde ici. Si le reste de la bande de chapeau de paille se montre, retenez-les le temps que l'on arrive. Lieutenants, suivez-moi avec le prisonnier. »
« Kyaaa ! L'enfumeur ! » Hurla la voix de Chopper
« Chopper. ? oh non... »pensa l'homme aux cheveux verts.
Une main sur la gardes de ses sabres, Zoro rampa jusqu'au bord du toit. Le petit médecin de bord était effectivement encadré par deux marines qui suivez Smocker dans une ruelle en contrebas, au coin de laquelle Tashigi montait la garde.
Il se préparait à agir quand une détonation retentit, et il eu la surprise de voir Smocker rouler contre un mur, prisonnier d'une balle-filet. Stupéfaits, ses soldats n'eurent pas le temps de se défendre contre une vingtaine d'homme qui les désarmèrent et enchainèrent. Chopper n'eut pas le temps de bouger non plus et se retrouva prisonnier d'un filet en granit marin, lui aussi.
« Bah, qu'est-ce qui se passe ici ? »
Luffy, Nami, Ussop, Sanji et Robin venaient de faire leur apparition. Du mauvais côté de la ruelle, celui qui n'était pas gardé.
« Chapeau de Paille!tonna celui des hommes qui semblait être le chef, tu tombes à pic. Toi et tes hommes, rendez-vous immédiatement ou l'espérance de ce... Raton laveur ? »
« Je suis un renne ! »
« De ce renne se comptera en seconde ! »
« Merde, Chopper ! » Hurla Ussop
« Luffy ? » Demanda Nami d'une voix anxieuse.
« On a pas le choix. » Décréta le capitaine en tendant ses poignets au garde afin qu'il lui passe les menottes en granit marin.
Toujours perché sur son toit, Zoro regarda, impuissant, ses nakama se rendre un à un.
« Il manque un pirate ! »remarqua l'homme qui avait menotté Luffy
« Et une marine ! Trouvez-les » tonna le chef. « mais attention : que personne n'ai vent de cette affaire ! »
Zoro recula lentement, en faisant le moins de bruit possible. Mais sa main décrocha une pierre du toit. Elle roula le long du toit et tomba dans la rue à grand bruit.
L'escrimeur se recula encore davantage, espérant que personne ne le verrait. Peine perdue.
« Il y a quelqu'un sur le toit ! »
« Qu'est-ce que vous attendez ? Tuez-le ! Peu m'importe de qui il s'agit, je veux la tête de celui qui nous espionne avant trois heures ! Ou vous serez tous punis ! »
L'escrimeur au trois sabres aurait bien découpé en rondelle très, très, très fines ses adversaire, histoire de leur faire passer le goût de s'en prendre à eux. Mais une simple lame sur le coup d'un de ses compagnons pouvait tout faire basculer en un rien de temps. Une seule option, donc : la fuite.
Avec un frisson de dégout pour ce qu'il était en train de faire, l'homme au cheveux vert sauta du toit (haut d'environ un étage), atterrit sur ses jambes... et se retrouva nez-à-nez avec Tashigi.
« Roronoa ! »s'exclama celle-ci en posant sa main sur son sabre
« Merde ! » jura-t-il en entendant des bruits de cavales sur le toit qu'il venait de quitter.
Sans prendre le temps réfléchir, Zoro empoigna la jeune femme par le poignet, et la traina derrière lui, ignorant ses protestations et insultes. Il remonta trois rues, les hommes toujours à ses trousses, tenta de les semer à travers la foule, et pour finir tourna brusquement dans une étroite ruelle cochère. Il s'appuya contre le mur et y plaqua Tashigi,, maintenant son bras sur sa poitrine et sa main sur sa bouche pour la réduire au silence et à l'imobilité.
« Mmg ! » fit-elle en signe de protestation.
Cependant leurs poursuivants venaient de les dépasser. Toujours collé au mur, Zoro attendit quelques secondes que le danger soit passé, et sursauta en sentant un sabre s'enfoncer dans sa cuisse.
Malgré le bras de Zoro qui bloquait la quasi-totalité de ses mouvements, Tashigi était parvenue à sortir son sabre de son fourreau et enfoncer deux bon centimètre d'acier dans la cuisse du bretteur.
« Arrête ça idiote ! Je suis en train de te sauver la vie ! »
« ...'lèves 'on bras... 'eux 'us 'espirer... » marmotta-t-elle
Il enleva vivement sa main, et la jeune femme put respirer librement.
« Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? hurla la jeune femme de toutes ses force une fois son aplomb retrouvé, depuis quand j'ai besoin qu'on me sauve la vie ? Et pourquoi toi, en plus ? Qu'est-ce qui se passe ici ? »
Il soupira et tenta de conserver son calme :
« Bonnes questions. Apparemment, les types qui nous couraient après veulent notre peau. D'après ce que j'ai pu voir – et range ce sabre s'il te plait, je n'aime pas me battre quand je réfléchit – ils ont déjà eu mes amis et ton escadron. »
« Régiment ! E pourquoi auraient-ils fait ça d'abord ? Ça n'a aucun sens ! »
«Va savoir, mais ils sont plutôt bien armés. Ils ont coincé Smocker dans une balle-filet, donc je pense que ce sont des chasseur de prime. »
« -T'as répondu qu'a une de mes questions. Pourquoi tu m'as sauvé la vie ? C'est parce que je suis une femme ? »
« J'en sais rien, mais vu comme tu braille, je commence à le regretter. » s'énerva Zoro
« Et pourquoi je t'écoute, en plus... Je vais te battre et récupérer le Wado Ichimonji ! »
« Toujours cette même rengaine... Tu pourrais pas changer de disque ? Je l'ai déjà cents fois, notre combat a déjà eu lieu. Je t'ai battu à Longtown, point final. »
« Tu ne m'a pas battue, puisque je suis toujours vivante ! Mais moi je te tuerai ! »
« Change d'abord de tête si tu veux espérer un autre duel ! »
« Qu'est-ce qu'elle t'a fait, ma tête ? »
« Ça te regarde pas ! »
« Un peu que ça me regarde ! »
« Non ! »
« Si ! »
Ils auraient pu continuer ainsi longtemps si leurs poursuivants ne les avaient pas retrouvé à cet instant précis. Les deux rivaux s'enfuirent dans des directions opposées. Zoro se concentrait sur son itinéraire, bien décidé à éviter Tashigi. Alors évidemment, il lui retomba dessus cinq minutes plus tard.
Ou plutôt, il lui rentra dedans à un croisement de deux rues. Ils échangèrent un long regard meurtrier, puis, avisant un cabanon désert, s'y engouffrèrent et tirèrent la porte sur eux.
« On les a semés. » déclara Tashigi au bout de quelques minutes, l'œil collé au trou de la serrure »
« T'es sûre ? »
« Oui »
S'en suivit un court silence. Zoro appuyait sur sa plaie pendant que Tashigi réfléchissait.
« Écoute, reprit-elle posément, j'ai peut-être une idée... »
« Je crains le pire... »
« Dans la mesure où nous avons le même adversaire dont nous ignorons tout, continua la jeune femme comme si elle n'avait rien entendu, et le même but de libérer nos amis, je te propose d'essayer de c... de co... »
« De casser leurs gueules à ces abrutis ? »proposa le jeune homme (elle le foudroya du regard)
« de coopérer »réussit-elle finalement à arrticuler.
Il la regarda comme si elle était folle. Quoi, lui, coopérer avec cette folle ? Elle avait fumé quoi, exactement ? Car il fallait bien ça pour lui faire une pareille proposition. Ils étaient incapables de se supporter ! Alors faire quelque chose ensemble, fallait pas rêver...
D'un autre côté, il leur était déjà arrivé de conclure, à Alabasta, une trêve momentanée pour sauver le pays. Mais elle n'avait pas durée une heure...
« Tu tiens vraiment à lui, hein ? » lacha-t-il
« Qui ça ? »
« À ton colonel. Faut vraiment que tu te fasses du soucis pour arriver à me proposer un truc pareil... »
« Apparemment, plus que toi à tes amis ! »rétorqua-t-elle méchamment.
« Qui t'as dis que je refusai ?»
« Tu acceptes de coopérer ? »
« Faut croire... »
Il espérait juste ne pas se tromper...
