Auteur : Flojiro (Avec en principe un accent circonflexe sur le dernier 'o' mais comme ff.net a décidé de faire la guerre aux accents circonflexes et ben je suis obligé de faire sans...)

Kou : Tout le monde s'en fout de ton histoire d'accent circonflexe, j'espère que t'en es consciente...

#assomme# Mais sans plus de préambule, passons donc à la suite...

Kou : x.x

Base : Gensomaden Saiyuki, évidemment... Y'a d'autres bases possibles pour des fics ?! Oo

Gojyo : #compte sur ses doigts# Prince of tennis, Naruto, Devil Devil, Stargate, Le seigneur des anneaux...

#saute sur un Kou en train d'émerger du coma# Oui mais chouchou n'y est pas !!

Kou : ... ==;;

Gojyo : K'so ! Evidemment, c'est encore à cause de cet abruti !! Un volontaire pour débarrasser définitivement notre série de ce boulet aux oreilles en pointe ?

Doku : #Tapotant son sabre dans sa main d'un air menaçant# ...

Gojyo : Faut savoir faire des sacrifices, aniki...

#Saute sur les frangins# Mais vous aussi je vous aime les gars !

#échange de regards désespérés#

Gojyo : Suicide collectif..?

Doku : Y'a plus que ça...

Genre : Angst... Très très angst ! Me demandez pas pourquoi... Chuis une fille plutôt gaie pourtant, dans la vie...

Kou : Tu es une erreur de la nature, voilà pourquoi ! ==

Gojyo : Ah, il a bon là, pour une fois...

#Ignore superbement# Sinon, c'est du POV à la troisième personne. POV de Kou pour ce chapitre.

Yaoi ? Hum... Pas explicite, maaaiiis...

Disclamer : Sont pas à moooiiiiiii !!!!! TT

Kou : Ben, encore heureux, manquerait plus que ça...

Blabla d'auteuse : C'est une petite fic en trois chapitre (qui était sensé être un one-shot au départ... Après on se demande pourquoi j'arrive pas à finir mes autres histoires ! = = ) et je décline toute responsabilité : c'est la faute à Kou sur mon fond d'écran !! o On n'a pas idée d'enlacer une croix aussi suggestivement... Ça peut donner que des idées sadiques...

Kou : Je vous ai déjà dit à quel point je la détestais..? ==

Le deuxième chapitre est déjà bouclé, je le mettrai sans doute en ligne le week-end prochain... Si j'ai suffisamment de reviews bien sûr ! #sourire innocent#

Remerciements : #Se tapit dans les hautes herbes, ses pupilles fendues guettant le moindre mouvement dans les cieux# ... #Se détend soudain et chope entre ses papattes griffues un malheureux goéland qui passait par là# #Assène à la bestiole un monstrueux câlin félin# ARIGATTO SEAGULL-CHAN !!!!!!! #Ronronneeeeeeeeee#

Spéciale dédicace : Pour toi ma Yui-copine-de-moi !! 3 3 3 #caliiinnnnneeeeeeeee sa copine#

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Serments et liens.

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Part I : Serment brisé.

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########## A prince's mind ##########

"Go... Gomen... nasai... Kougaiji-sama..."

Il regardait les yeux ambrés posés sur lui, noyés de larmes. Pourquoi s'excusait-elle ? Ses mains griffues se crispant imperceptiblement tandis qu'en face de son prince la jeune biochimiste continuait d'une voix entrecoupée :

"Je... ne peux rien faire... Rien de plus... C'est... trop grave. Je... Je ne pourrais pas... Il..."

Et elle se jeta soudain contre lui, le prenant totalement au dépourvu. Elle enfouit son visage au creux de son épaule et se mit à pleurer à sanglots convulsifs. Il resta un long moment sans réaction avant de refermer maladroitement un bras autour des épaules de la youkai.

Un lourd sentiment de malaise l'étreignait. D'anormalité.

Ce n'était pas ainsi que les choses se passaient. Yaone n'aurait jamais du venir pleurer dans ses bras. Jamais. Elle mettait bien trop de distance entre eux pour cela. Et ce n'était pas son rôle. Ce n'était pas lui dont la seule présence réconfortait. Dont la force tranquille vous faisait penser que rien ne saurait vous atteindre. Lui ne savait pas faire ça...

Alors pourquoi ?

Un autre corps vint se coller contre le sien. Timidement. Si inhabituellement timidement. Deux bras fins enserrèrent son torse alors qu'une tête surmontée d'une éclatante tignasse rousse se blottissait contre sa poitrine. Elle aussi pleurait. Moins bruyamment que Yaone, mais il pouvait sentir ses larmes glisser le long de sa peau nue.

Si froides.

Consoler sa sœur ? Oui, ça c'était son rôle. L'étreinte assurée qui accueillit l'enfant raffermit par là même celle dont il entourait la chimiste. Il fallait protéger ceux qu'on aimait, oui.

Mais qui le protégeait, lui ?

Le sentiment de malaise s'accentua encore davantage.

Aucun bras rassurant n'était posé sur ses épaules. Aucune main irrespectueuse n'ébouriffait ses cheveux. Il en ressentait un tel besoin pourtant, à cet instant.

Alors pourquoi ?

L'écho des sanglots de Yaone emplissait son esprit. La caresse glacée des larmes de sa sœur brûlait sa peau.

Et ses bras autour d'elles étaient forts. Protecteurs. Parce qu'il était prince. Parce qu'il était frère.

Mais au fond de sa poitrine son cœur battait comme un oiseau affolé.

Pourquoi ?

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Il était seul à présent.

La youkai aux longs cheveux avait peu à peu retrouvé son calme, s'était soudain éloignée de lui, évitant son regard, bafouillant des excuses. Et puis, les yeux toujours baissés, elle avait tendrement posé ses mains sur les épaules de Ririn, l'avait doucement attiré(e) vers elle. La rouquine pleurait toujours silencieusement. Elle n'avait pas protesté, pas réagi. Anormal, encore. Yaone l'avait emmenée, arguant que l'enfant avait besoin de repos. Il avait vaguement hoché la tête : elle avait raison.

Et il était seul.

Seul dans cette chambre qui était la sienne. Mais laquelle dégageait aujourd'hui une désagréable odeur de médicaments, mêlée au parfum douceâtre du sang. Ainsi qu'une autre odeur. Si familière. Il n'aurait jamais dû se sentir seul avec cette odeur flottant dans la pièce.

Et pourtant...

Ses yeux se déplacèrent malgré lui. Glissèrent vers la forme étendue. Sur les multiples bandages frais se teintant lentement de rouge. Sur la large poitrine aux mouvements quasi imperceptibles. Sur les yeux clos sous les courtes mèches noires que la sueur collait au visage inhabituellement pâle.

Pourquoi ?

Ses mains se crispèrent.

Tu avais promis !

Il s'approcha du lit d'une démarche raide.

Tu avais juré... De ne pas me laisser seul ! Jamais !

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Cette même pièce, des années plus tôt. Ses yeux vagues plongés dans la contemplation des flammes dansant dans l'âtre. Une présence à ses côtés. Quelque chose qui le réchauffait plus qu'aucun feu ne l'avait jamais fait. Son esprit embrumé par l'alcool. La douce intimité du moment. Sa tête venant se poser contre une épaule réconfortante tandis que ses yeux se fermaient. Sa voix qui s'élevait, lointaine :

"Promets..."

Des souvenirs se pressant derrière ses paupières closes. Souvenirs de pièces froides et désertes. Souvenirs d'un temps si long qu'il semblait infini. Un frisson parcourant son corps.

"Promets d'être toujours là. Promets que je ne serai plus jamais seul."

Deux bras puissants l'attirant dans une étreinte pleine de chaleur. Une voix solennelle s'élevant tout contre son oreille.

"Je te le promets Kou. Je jure de toujours être auprès de toi. Je jure que je ne t'abandonnerai jamais. Que plus jamais tu ne seras seul."

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Sa tête est posée sur les bandages humides. Si près de ce cœur battant si faiblement que ses propres pensées en dissimulent le bruit, même à son ouïe sensible de youkai.

Tu n'as pas le droit !

Il ferme les yeux en un enfantin réflexe de refus, ayant presque inconsciemment refermé autour de lui les bras inertes. Mais leur poids sur son dos ne lui apporte ni chaleur ni réconfort aujourd'hui.

Tu as promis !

Ses mains se crispent sur le drap supportant le corps immobile. Le tissu se déchire sous la morsure de ses griffes.

Pourquoi as-tu fait ça ? Baka ! Baka ! Baka ! Pourquoi ?

Le goût acre du sang dans sa bouche tandis que ses crocs entament ses lèvres. Que les souvenirs des quelques heures précédentes envahissent son esprit.

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L'un des cinq maten kyoumon. Entre eux et lui, une armée des leurs.

Etrange comme lui qui prétend ne pas apprécier donner la mort peut se laisser prendre par l'ivresse du combat. Ça lui fait presque peur parfois, quand il y réfléchit... Peut-être bien que le sang de son père coule plus profondément dans ses veines que beaucoup ne le pensent. Qu'il ne le pense lui-même...

Ils ne sont pas de taille. Pas contre lui. Mais ils ne sont pas seuls. Il sent arriver l'attaque. La déferlante de pouvoir dirigée sur lui. Il se retourne, incantant déjà une formule de protection qu'il sait parfaitement qu'il n'aura pas le temps de renforcer suffisamment, mais qui arrêtera peut-être en partie la vague de magie adverse.

Mais le pouvoir retombe soudain. Rien ne l'a touché et les mots meurent sur ses lèvres. Devant lui son garde du corps est tombé à genoux, son sang s'écoulant par les atroces blessures qui lui étaient destinées, à lui. Celui qu'il a nommé Dokugakuji, si peu de temps auparavant lui semble-t-il, tourne lentement son visage vers lui, lui adresse un sourire railleur malgré la douleur noyant son regard.

Il le voit tomber ensuite.

Et c'est la dernière chose qu'il voit avant qu'un voile écarlate n'obscurcisse son esprit.

Et puis reviennent les teintes du monde, le rouge se fondant dans celui du couchant, s'harmonisant au liquide sombre dont la terre se gorge, le même dégoûtant de ses griffes. Il est agenouillé au milieu d'un champ de cadavres, serrant contre lui un corps puissant revêtu d'un manteau blanc maculé de sang. Et sa voix résonne sur le charnier. Et il se demande depuis combien de temps il lui adresse ainsi des reproches qu'il ne peut entendre.

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Il ne se souvenait pas être rentré à la forteresse. Pas plus qu'il ne se souvenait avoir déposé le corps inerte sur son propre lit. Il y avait comme un étrange brouillard recouvrant son âme. Et puis...

"Go... Gomen... nasai... Kougaiji-sama..."

Elle s'était excusée. Elle avait fondu en larmes. Pourquoi s'était-elle sentie obligée de s'excuser ? Elle n'y était pour rien ! Ce n'était pas sa faute ! Lui aurait du rester sur ses gardes. Ne pas laisser le combat absorber toutes ses pensées. Se douter que les youkai travaillaient pour quelqu'un de plus puissant. Rester sur ses gardes. Alors il aurait eu le temps de générer le bouclier. Il aurait anticipé l'attaque. Et Doku...

De quel droit tu as fait ça ? De quel droit tu m'abandonnes sous prétexte de me sauver la vie ?

"Go... Gomen... nasai... Kougaiji-sama..."

Mais qu'elle se taise ! Ce n'était pas à elle de s'excuser ! Elle n'avait rompu aucune promesse, elle !

Je t'interdis de me laisser, tu entends ? Je t'interdits de partir sans moi ! Je suis ton prince ! Ton seul et unique maître, tu te souviens ? Je t'ordonne de rester près de moi ! Tu l'as promis !

L'étoffe n'était plus que lambeaux sous ses mains. Plus que plaies ses lèvres, sous la morsure de ses dents.

Vis ! Vis ! Vis ! Vis !

Toutes ses pensées se fondirent dans cette unique exhortation, rythmée pas les battements irréguliers que guettait avidement – presque douloureusement - son oreille. Il n'y avait plus rien d'autre que cette litanie sans fin dans laquelle se concentrait toute sa colère, toute sa douleur, toute sa frustration. Comme s'il tentait d'y infuser sa propre force, sa vie même.

Vis ! Vis ! Vis ! Vis ! Ecoute-moi ! Obéis-moi ! Prends en moi la force dont tu as besoin ! Tue-moi, peu importe... Mais vis !

Que n'en était-il réellement capable ! De le laisser puiser en lui suffisamment d'énergie pour... Un flash aveuglant traversa soudain son esprit alors que ses yeux s'ouvraient en grand, fixant le mur devant lui sans le voir. Une personne possédant ce pouvoir, il en connaissait une...

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Il se matérialisa à quelques centaines de mètres devant la jeep. Ses espions faisaient du bon travail, vraiment. Il entendit les exclamations étonnées, le crissement des pneus. Puis le claquement métallique caractérisant l'amorçage d'un colt qu'il commençait à bien connaître, alors que le pare-choc s'immobilisait à quelques centimètres de lui.

"Qu'est-ce que tu fous là ?"

"Kougaiji ! T'es venu te battre ? Hein, hein ?"

"Nan mais t'a quelque chose dans la tronche à part la bagarre et la bouffe ? Baka saru !"

"Maa, maa... Et si nous laissions Kougaiji-san s'expliquer, nee ?"

Il posait sur eux un regard froid, ses bras étroitement serrés sur sa poitrine. Une attitude pleine d'arrogance. Un secret espoir que cette posture leur dissimule les sourds battements de son cœur. Que comptait-il faire au juste ? Qu'allait-il expliquer ? Comment avouait-on à un ennemi qu'on avait désespérément besoin de lui ?

Il se crispa légèrement tandis que la pensée d'emmener de force le youkai qui avait été un humain lui traversait l'esprit. Mais avait-il jamais triomphé du sanzo-ikkou ? Et s'il perdait à nouveau cette fois ? Ou bien s'il gagnait... Mais arrivait trop tard... Et s'il était déjà trop tard ? Si...

"Kougaiji-san ? Daijobu desu ka ?"

Il tressaillit imperceptiblement, refoula la peur avant de planter sur le conducteur un regard vibrant de colère. Colère envers lui-même. Colère envers celui qui, là-bas, au cœur du Tenjiku, s'apprêtait à rompre le serment qu'il lui avait fait. Et colère envers cet homme qui était son ennemi et le seul à pouvoir l'aider. Et qui lui demandait d'un air prévenant si tout allait bien ! Il vit de la surprise traverser les yeux verts, et puis il distingua comme un étrange reflet de la peur qui le tenaillait. Un reflet passé, un miroir à la surface patinée par le temps... Une voix railleuse brisa soudain ce contact, dérangeante :

"Oi, ton pot de colle favori est pas dans le coin, Ohji-sama ? Qu'est-ce qui se passe, le frangin a décidé de se mettre en grève ?"

Malgré l'emprise qu'il tentait de garder sur lui-même, un changement dut se lire dans son attitude car le demi-youkai se redressa soudain par dessus le siège avant, son inquiétant regard cherchant le sien.

"C'est quoi le problème avec toi, ton altesse ? Où est mon frère ?"

Ça devint étonnamment facile face à lui. La colère. Face à ce hanyou qui semblait se croire davantage que lui le droit de s'en faire pour Doku. Mais peut-être en avait-il effectivement plus le droit que lui... Sa voix s'éleva. Froide. Lointaine. Avec l'étrange impression qu'il n'était que spectateur, que ce n'était pas lui, là, qui affirmait ces choses. Que ces choses elles-mêmes étaient fausses. Un mensonge. Ou un mauvais rêve...

"Il a été blessé. Gravement blessé."

Il vit la peur commencer à assombrir l'écarlate, y prit un plaisir amèrement pervers. Et les mots suivants coulèrent de ses lèvres sans qu'il ait souhaité les prononcer :

"Il est en train de mourir."

Froid. Détaché.

Ses bras se resserrèrent convulsivement sur ces battements qui menaçaient de lui déchirer la poitrine.

Froid. Impassible.

Onegai. Onegai. Onegai. Onegai.

Il avait détourné les yeux, les plantant loin derrière le demi-sang. C'est tout ce qu'il pouvait faire. Demeurer immobile et supplier en silence. Supplier... Supplier qui ? Supplier ses ennemis de comprendre ce qu'il ne parvenait pas à dire ? Supplier Dokugakuji de l'attendre, là-bas, à des centaines de milliers de kilomètres ? Comme s'il pouvait l'entendre. Comme s'ils pouvaient le comprendre...

Un claquement de porte attira son attention. Le youkai qui fut humain venait de mettre pied à terre. Un sourire se peignit sur son visage alors qu'il tapotait affectueusement la carrosserie de la jeep :

"Hakuryu, je te confies les autres, d'accord ? Je n'en ai pas pour très longtemps."

Un long "Kyyuuuuuu" à mi-chemin entre inquiétude et reproche lui répondit. Sa main se fit caressante, rassurante.

"Ne t'en fais pas. Tout se passera bien."

Alors que le véhicule kyu-kyutait d'un ton peu convaincu, une légère secousse l'ébranla. Le demi-sang atterrit souplement aux côtés du youkai dans une envolée de fines mèches rouge sang.

"T'en fais pas la bestiole ! Je l'accompagne, ton précieux maître ! Tu verras, il lui arrivera rien..."

Il ne fit pas cas du regard carmin lourd de sous-entendus qui se posa sur lui. Ses mains se crispaient sur ses bras, griffes entamant lentement la chair.

Attends-moi ! Tu as promis ! Attends-moi !

"Hakkai..."

Un ton bien plus menaçant que le minuscule revolver à présent pointé sur l'ancien humain. Un simple mot dans lequel même lui pouvait percevoir tout les non-dits : "C'est notre ennemi. Tu n'as pas à l'aider. On n'est pas des bons samaritains. Y'a toutes les chances que ce soit un piège et si tu tombes dedans je viendrais pas t'en tirer."

Seul un sourire répondit à la diatribe muette du moine. Un sourire décidé. Un sourire confiant. Ou résigné, peut-être ? Peu importait...

Onegai. Onegai. Onegai. Onegai.

"Ch' !"

L'arme disparut au fond d'une manche immaculée tandis que son propriétaire prenait place devant le volant.

"On vous attend à la prochaine auberge. Si vous êtes pas là demain matin on se barre sans vous."

Un "Kyuuuuuuu !" de protestation se perdit dans le ronronnement du moteur se remettant en marche.

"Tu dégages de devant les roues ou c'est toi que Hakkai devra soigner le premier..."

Il sursauta intérieurement alors que la violente interpellation le ramenait à la réalité. À la douleur de ses bras sous la morsure de ses griffes. À l'urgence de la situation. Il se décala avec un regard meurtrier à l'intention du bonze qui n'en fit aucun cas, tout occupé à tenir le volant d'une main tout en frappant de l'autre un Son Goku venant de prendre place sur le siège avant.

"Demo, Sanzo ! Puisqu'on est que deux je peux bien en profiter, non ?"

"C'est pas une place pour un singe, baka saru !"

"Chuis pas un singe !"

Un rire discret s'éleva alors qu'une détonation retentissait, claire malgré la distance croissante du véhicule. Au même instant, une main impérieuse se posait sur son épaule.

"Alors ? Où est Jien ?"

Il se dégagea d'une brusque secousse.

"Dokugakuji est à Hôtô."

Une fraction de seconde, son esprit s'étonna de la violence – de la possessivité ? – qu'il avait mise dans ces cinq syllabes. Juste avant que la peur ne s'empare plus que jamais de lui à l'idée que ce nom était peut-être déjà la seule chose qu'il lui restait...

Il ne prit pas la peine de répondre au regard écarlate plein de suspicion qui se posa sur lui. Saisissant sans douceur le bras du hanyou, il referma sa seconde main sur le poignet du youkai aux yeux verts. Puis il invoqua les mots du sort de déplacement.

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Il n'avait pas quitté cette pièce depuis plus de quelques dizaines de minutes. Pourtant, l'odeur lui semblait déjà y avoir changé. Une odeur lourde. Une odeur de mort.

Iie !

Son regard se déplaça vers le corps toujours étendu là, guettant fiévreusement le moindre signe de mouvement sous les bandages à présent sombres entourant la poitrine.

Tu as promis !

Il ne fit pas le moindre geste. Parce que la peur le paralysait. Et parce que déjà, une voix qui n'était pas la sienne brisait le silence oppressant.

"Aniki !"

Quelques pas rapides, des genoux heurtant le sol, puis une main se posant en tremblant sur la gorge de son second. Et ce n'était pas sa main. Un soupir de soulagement. Puis une voix douce mais impérieuse :

"Laisse-moi faire Gojyo."

Une main ferme relevant le hanyou. Une autre personne s'agenouillant à sa place. Deux mains fines se posant sur le torse puissant.

Et le pouvoir se mit à irradier, emplissant l'espace autour du youkai. Et lui referma de nouveau ses bras contre sa poitrine. Et son regard se détourna, fixant le paysage désertique, au dehors.

"Oi, ohji-sama !"

Tant de dédain dans ce titre. Il posa son regard sur le demi-sang. La magie pulsait toujours autour d'eux, déformant étrangement sa propre perception. Il avait l'impression d'un léger brouillard enveloppant la pièce. Feutré. Apaisant. Que les mots de l'enfant tabou éparpillèrent comme une rafale glacée :

"Il ne t'appartient pas !"

Il ne compris pas. Pas immédiatement. Ou peut-être qu'il préférait ne pas comprendre...

"Tu lui as pris son nom ! Tu lui as pris sa vie ! De quel droit ? Qui te crois-tu pour t'approprier ainsi l'existence d'un autre ?"

Il voulut répondre. Protester. Ça ne s'était pas passé comme ça ! N'est-ce pas..? Mais les mots moururent sur ses lèvres avant même qu'elles ne bougent. Dokugakuji. Il lui avait donné ce nom. Il l'avait nommé son bras droit. Parce que ça lui avait semblé la chose à faire. Naturelle. Parce qu'il avait besoin de lui. Lui avait-il jamais demandé son avis ? Lui avait-il jamais laissé le choix ?

Promets-moi...

On n'oblige pas les gens à promettre quelque chose, hein ? Ce n'est pas ainsi que ça marche...

"Il a failli mourir... Il serait mort sans Hakkai ! Ça suffit. Il ne te doit plus rien. S'il t'a jamais dû quoi que soit ! Toi, en revanche, tu lui dois sa liberté ! Parce que tu n'as rien pu faire pour lui !"

Chaque mot s'enfonça dans son esprit, comme autant de lames effilées. Il demeura immobile, impassible, ses yeux toujours fixés sur les iris écarlates. Jusqu'à ce qu'un doigt accusateur se tende en direction du lit. De la douce lueur irradiant toujours des mains guérisseuses. Rien... À part demander l'aide d'un ennemi...

Le silence s'appesantit. L'air vibrait toujours de pouvoir, mais il n'en tirait plus aucun apaisement. Ses yeux étaient demeurés fixés sur le corps immobile nimbé d'un léger halo. Et les mots du demi-sang résonnaient encore et encore dans son esprit.

Il ne t'appartient pas ! Il ne t'appartient pas ! Il ne t'appartient pas !

Les pulsations de magie décrurent lentement avant de disparaître. Un regard vert dont seul la surface souriait se posa tour à tour sur lui, puis sur le hanyou. Mais le youkai qui avait été humain ne prononça pas un mot, fronça même légèrement les sourcils en une expression d'étonnement. Il ne pouvait que ressentir la tension qui régnait. Les mots toujours en suspens dans l'air.

Il ne t'appartient pas !

Le vert se teinta d'interrogation, se posant avec insistance sur le demi-humain. Pour toute réponse, ce dernier s'approcha du lit, venant poser une main sur l'épaule de son frère dont la poitrine se soulevait à présent à un rythme régulier. Il aurait dû en être soulagé. Il l'était. Mais...

Il ne t'appartient pas !

"Jien vient avec nous."

Les yeux rouges étaient fixés sur lui, pleins de défi. Une attaque à son encontre, bien davantage qu'une réponse à la question muette de l'ancien humain. Il soutint son regard, aucun d'entre eux ne se préoccupant du léger sursaut du youkai agenouillé. Ses bras étaient toujours croisés sur son torse, ses sourcils dangereusement froncés. Rien dans son attitude ne laissait transparaître la douleur que chacun de ses battements de cœur occasionnait dans sa poitrine.

Il avait promis...

Il ne t'appartient pas !

Il hocha lentement la tête, quelques mèches rebelles venant caresser ses joues. Puis il tendit un bras, l'autre demeurant au contact de sa poitrine, en contenant les sourds élancements. Griffes pointées, il entama à voix haute l'incantation, ses yeux plus que jamais plantés dans les iris aux couleurs de sang.

Il n'aimait pas cette couleur. Il ne l'aimait vraiment pas.

Et sa voix continuait de s'élever, rauque, alors qu'un vent rouge tourbillonnant commençait à envelopper le groupe. Son regard voulut se détourner, contre sa propre volonté, se poser sur Lui. Il ferma les yeux. Se concentra sur les mots. Il les sentit disparaître, continua de les suivre jusqu'à ce que son pouvoir les relâche dans ce village humain, loin, loin au-delà des frontières du Tenjiku.

Alors seulement il releva ses paupières sur la pièce à présent vide.

Alors seulement il parvint à se déplacer, s'approchant lentement du lit inoccupé.

Les draps étaient tâchés de rouge. Lacérés par endroit, là où ses griffes avaient laissé leur marque. Il le constata, simplement. Son cœur s'était tu. Il ne cognait plus à coups redoublés contre ses côtes. Mais sa nouvelle immobilité était presque aussi douloureuse. Il tendit une main presque timide, la posant sur l'étoffe encore tiède.

Il avait froid.

Ses yeux errèrent sans véritable but, jusqu'à s'arrêter sur un long manteau blanc, strié de tâches brunâtres, abandonné au pied du lit. Tous ses gestes lui semblaient étrangement lents, comme engourdis, alors qu'il se baissait pour ramasser le vêtement gisant au sol. Il le drapa sur ses propres épaules, en refermant étroitement les pans sur sa poitrine.

Si froid.

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End of the first part.

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Reviews pleaseeeeee !! (Et je vous préviens que toute protestation du comité de défense des bishounen martyrisés sera inutile...)

Nan, pas de délire cette fois ! Gâchons pas l'ambiance dépressive du moment... On verra ça à la fin du dernier chapitre, peut-être... si vous êtes sages et que vous m'envoyez pleins de commentaires... #Grand sourire plein de crocs#